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19/04/2015

Lire les classiques - Joris Karl Huysmans

Joris Karl Huysmans

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O toi dont l'oeil est noir,
les tresses noires,
les chairs blondes,
écoute-moi, ô ma folâtre louve!
 
J'aime tes yeux fantasques,
tes yeux qui se retroussent sur les tempes;
j'aime ta bouche rouge comme une baie de sorbier,
tes joues rondes et jaunes;
j'aime tes pieds tors,
ta gorge roide,
tes grands ongles lancéolés,
brillants comme des valves de nacre.
 
J'aime, ô mignarde louve, ton énervant nonchaloir,
ton sourire alangui,
ton attitude indolente,
tes gestes mièvres.
 
J'aime, ô louve câline, les miaulements de ta voix,
j'aime ses tons ululants et rauques,
mais j'aime par-dessus tout, 
j'aime à en mourir, ton nez,
ton petit nez qui s'échappe des vagues de ta chevelure,
comme une rose jaune éclose
dans un feuillage noir.
 

Joris-Karl Huysmans, Le drageoir aux épices (Champion, 2003)

image: Jun Kumaori (paloma511.skyrock.com)

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12/04/2015

Lire les classiques - Jean Moréas

Jean Moréas

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Roses, en bracelet autour du tronc de l'arbre,
Sur le mur, en rideau,
Svelte parure au bord de la vasque de marbre
D'où s'élance un jet d'eau,
 
Roses, je veux encor tresser quelque couronne
Avec votre beauté,
Et comme un jeune avril embellir mon automne
Au bout de mon été.
 

Jean Moréas, Oeuvres (Mercure de France, 1981)

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05/04/2015

Lire les classiques - Paul Verlaine

Paul Verlaine

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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
 
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
 
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
 

Paul Verlaine, Green, dans: Romances sans paroles/Cellulairement (coll. Livre de poche/LGF, 2002)

image: Jean-Paul Proix, La belle endormie / 1932 (arcadja.com)

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17/03/2015

Lire les classiques - Paul Verlaine 1b

Paul Verlaine

Si tous les poèmes ne supportent pas une illustration musicale - classique ou non - voici, avec O triste, triste était mon âme, l'exemple d'une belle réussite, signée Léo Ferré... 



Paul Verlaine, Romances sans paroles, précédé de: Poèmes saturniens (coll. Poésie/Gallimard, 2007)

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Chansons inoubliables, Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique; variété | |  Imprimer |  Facebook | | |

Lire les classiques - Paul Verlaine 1a

Paul Verlaine 

littérature; poésie; anthologie; livres

O triste, triste était mon âme
À cause, à cause d’une femme.
 
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,
 
Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
 
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé.
 
Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme: Est-il possible,
 
Est-il possible, - le fût-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?
 
Mon âme dit à mon cœur: Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège
 
D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés?
 

Paul Verlaine, Romances sans paroles, précédé de: Poèmes saturniens (coll. Poésie/Gallimard, 2007)

image: Eugène Carrier, Paul Verlaine / 1891 (www.apreslapub.fr)

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28/02/2015

Lire les classiques - Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine.jpg

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds; 
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
 
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
 
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
 
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs:
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
 
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
 
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend. 
 
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé!
 
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil? je n'attends rien des jours.
 
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts:
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.
 
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux!
 
Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour!
 
Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi!
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
 
Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie:
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!
 

Alphonse de Lamartine,  Méditations poétiques, suivi de: Nouvelles méditations poétiques (coll. Poésie/Gallimard, 2006)

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02/02/2015

Lire les classiques - William Blake

William Blake

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Gai, gai moineau,
Sous les feuilles plus vertes
Une fleur de bonheur te voit
Toi qui vas comme la flèche
Vers ton petit nid,
Tout près de mon coeur.
 
Joli, joli, rouge-gorge,
Sous les feuilles plus vertes,
Une fleur de bonheur
T'entend sangloter, sangloter,
Rouge-gorge, joli rouge-gorge
Tout près de mon coeur.
 

William Blake, Chants d'innocence et d'expérience (Quai Voltaire, 2007)

traduction de Marie-Louise et Philippe Soupault

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24/12/2014

Lire les classiques - François Coppée

François Coppée

littérature; poésie; anthologie; livres

merci à Hélène H

C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain. 
A travers la brume automnale 
Tombent les feuilles du jardin.
 
Leur chute est lente. Ou peut les suivre 
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre, 
L'érable à sa feuille de sang.
 
Les dernières, les plus rouillées, 
Tombent des branches dépouillées : 
Mais ce n'est pas l'hiver encor.
 
Une blonde lumière arrose 
La nature, et, dans l'air tout rose,
On croirait qu'il neige de l'or.

Francois Coppée, Matin d'octobre, dans: Promenades et intérieurs (poesie.webnet.fr)

image: http://ecrireagentilly.blogspot.ch

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16/12/2014

Lire les classiques - Juana Inès de la Cruz

Juana Inès de la Cruz

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Dehors, dehors, mon angoisse;
que le respect ne t'immobilise pas:
car c'est louange à la peine
que perdre la crainte des maux.
 
Que la douleur sorte à grands cris
si elle veut montrer sa grandeur,
et qu'on la croie insupportable
ne pouvant pas se cacher.
 
Jaillissent des signes dans la bouche
de ce que le coeur brûle,
car personne ne croira à l'incendie
si la fumée ne donne des signes.
 
Qu'à empêcher le cri ne soit
le respect suffisant;
car il n'est pas très courageux le prisonnier
qui ne brise pas la prison.
 
Qui estime son souci,
ne taise ses sentiments;
car c'est offenser le motif
que ne pas exhiber la douleur.
 
Plus grande est ma peine que moi;
et ceci posé, il sera plus facile
qu'elle me vainque moi,
plutôt que je la domine.

Soeur Juana Inès de la Cruz, Poèmes d'amour et de discrétion (La Délirante, 1987)

traduit de l'espagnol par Frédéric Magne

07/12/2014

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

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On a tant abusé du regard dans les romans d'amour qu'on a fini par le déconsidérer. C'est à peine si l'on ose dire maintenant que deux êtres se sont aimés parce qu'ils se sont regardés. C'est pourtant comme cela qu'on s'aime et uniquement comme cela. Le reste n'est que le reste, et vient après. Rien n'est plus réel que ces grandes secousses que deux âmes se donnent en échangeant cette étincelle. 

Victor Hugo, Les misérables (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2000)

image: Robert Archibald Graafland, Young Love / 1912 (tumblr.com)

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