Alexandre Tisma (30/04/2013)

littérature; nouvelles; livresAlexandre Tisma, Une nouvelle que je n'ai pas écrite (Le Serpent à Plumes, 2007)

 

La soirée devenait de plus en plus inhospitalière et froide, l'humidité des nuages bas s'était muée en neige, nous allions d'une rue à l'autre, traversions - par des ponts qui m'étaient inconnus - la Vlatava toute ridée de vagues, franchissions des distances toujours plus grandes entre les hôtels qui se faisaient plus rares. J'étais en pardessus, la tête couverte d'un bonnet, mais l'homme et la femme étaient légèrement vêtus, nu-têtes, et ne montraient pourtant, contrairement à moi, aucun signe d'impatience : ils marchaient d'un pas égal, et leurs paroles murmurées, légères, harmonieuses, prononcées tantôt par lui, tantôt par elle, s'entrelaçaient avec délicatesse entre leurs deux têtes penchées l'une vers l'autre.


Au contraire de L’école d’impiété paru chez le même éditeur, ces nouvelles qui révèlent les différentes facettes d'Alexandre Tisma - l'un des plus grands écrivains serbes du XXe siècle - sont empreintes de douceur, même si le regard de l’auteur sur le monde et les hommes demeure cruel et désespéré.

08:34 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |