16/04/2014
Le poème de la semaine
Fernand Gregh
Il pleut, Les vitres tintent. Le vent de Mai fait dans le parc un bruit d’automne. Une porte, en battant sans fin, grince une plainte Mineure et monotone. Il pleut... On dirait par moments qu’un million d’épingles Se heurte aux vitres et les cingle. Il pleut, Les vitres tintent. Le ciel cache un à un ses coins légers de bleu Sous de rapides nuées grises. Il pleut: La vie est triste! — N’importe! Souffle le vent, batte la porte, Tombe la pluie! N’importe! J’ai dans mes yeux une clarté qui m’éblouit; J’ai dans ma vie un grand espace bleu; J’ai dans mon cœur un jardin vert ombré de palmes Que balancent en plein azur les brises calmes: Je songe à elle! Il pleut... — La vie est belle! Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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La musique sur FB - 2084 A.Bliss
Arthur Bliss
Meditation on a Theme by John Blow
Bournemouth Symphony Orchestra
David Lloyd-Jones
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15/04/2014
Lire les classiques - Victor Hugo
Victor Hugo
Aimons toujours! Aimons encore!Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.L'amour, c'est le cri de l'aurore,L'amour c'est l'hymne de la nuit. Ce que le flot dit aux rivages,Ce que le vent dit aux vieux monts,Ce que l'astre dit aux nuages,C'est le mot ineffable: Aimons! L'amour fait songer, vivre et croire.Il a pour réchauffer le coeur,Un rayon de plus que la gloire,Et ce rayon c'est le bonheur! Aime! qu'on les loue ou les blâme,Toujours les grand coeurs aimeront:Joins cette jeunesse de l'âmeA la jeunesse de ton front! Aime, afin de charmer tes heures!Afin qu'on voie en tes beaux yeuxDes voluptés intérieuresLe sourire mystérieux! Aimons-nous toujours davantage!Unissons-nous mieux chaque jour.Les arbres croissent en feuillage;Que notre âme croisse en amour! Soyons le miroir et l'image!Soyons la fleur et le parfum!Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,Se sentent deux et ne sont qu'un! Les poètes cherchent les belles.La femme, ange aux chastes faveurs,Aime à rafraîchir sous ses ailesCes grand fronts brûlants et réveurs. Venez à nous, beautés touchantes!Viens à moi, toi, mon bien, ma loi!Ange ! viens à moi quand tu chantes,Et, quand tu pleures, viens à moi! Nous seuls comprenons vos extases.Car notre esprit n'est point moqueur;Car les poètes sont les vasesOù les femmes versent leur coeurs. Moi qui ne cherche dans ce mondeQue la seule réalité,Moi qui laisse fuir comme l'ondeTout ce qui n'est que vanité, Je préfère aux biens dont s'enivreL'orgueil du soldat ou du roi,L'ombre que tu fais sur mon livreQuand ton front se penche sur moi. Toute ambition alluméeDans notre esprit, brasier subtil,Tombe en cendre ou vole en fumée,Et l'on se dit: "Qu'en reste-t-il?" Tout plaisir, fleur à peine écloseDans notre avril sombre et terni,S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,Et l'on se dit: "C'est donc fini!" L'amour seul reste. O noble femmeSi tu veux dans ce vil séjour,Garder ta foi, garder ton âme,Garder ton Dieu, garde l'amour! Conserve en ton coeur, sans rien craindre,Dusses-tu pleurer et souffrir,La flamme qui ne peut s'éteindreEt la fleur qui ne peut mourir!
Victor Hugo, Aimons toujours! Aimons encore!, dans: Les contemplations (coll. Folio/Gallimard, 2010)
image: centruldepsihologie.com
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14/04/2014
Musica présente - 96 Alfred Deller
Alfred Deller
contreténor et musicologue britannique, 1912 - 1979
*
John Dowland
Luth Songs
(with Robert Spencer)
pour Claude V
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13/04/2014
Fabio Geda
Fabio Geda, Dans la mer il y a des crocodiles - l'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari (coll. Piccolo/Liana Levi, 2012)
Enaiatollah Akbari, âgé de dix ans à peine, est né dans la province de Ghazni, au sud-est de l'Afghanistan. Il est hazara, une ethnie méprisée et souvent réduite à l'esclavage tant par les talibans que les patchounes. Son père est mort. Sa famille - comme bien d'autres - connaît l'oppression, la sueur et les larmes, mais surtout la peur face à la violence et aux menaces qui les entourent. Un jour - la plus terrible des preuves d'amour - sa mère, fuyant leur maison de Nava, l'abandonne à Quetta, un village pakistanais non loin de la frontière afghane, avec trois commandements pour tout bagage: Ne pas prendre de drogues, ne pas utiliser d'armes, ne pas voler.
Commence alors pour Enaiatollah Akbari un périple de cinq ans, le conduisant du Pakistan à l'Italie, en passant par l'Iran, la Turquie, la Grèce. Un voyage long, dangereux, à haut risque. Il apprend à se débrouiller pour survivre et même s'il côtoie l'horreur ou la misère, son regard toujours tourné vers l'avenir reste sensible à la beauté des sentiments - qui lui sera marquée à certaines heures en raison de sa bonne éducation, de sa politesse, de son habileté - traduite par un sourire de gratitude qui ne le quitte jamais.
Ce livre est le récit de son incroyable aventure, transcrite par Fabio Geda avec un souci de coller au plus près de sa vérité, non sans nous partager une oeuvre littéraire à part entière. Si son odyssée racontée avec naturel et simplicité nous touche tant, c'est qu'elle transpire de l'empathie de son auteur, lui-même éducateur depuis une dizaine d'années auprès de mineurs immigrés à Turin et qui ne nourrit d'autre souci que de décliner une histoire dont il ne se veut que le témoin. Mais au-delà de ces fragments de vie que nous expose Enaiatollah Akbari, ce livre nous sensibilise aux réalités de l'immigration - le trafic des êtres humains, les coups qui pèsent sur les clandestins, la fuite par nécessité - dont Dans la mer il y a des crocodiles montre avec une douce ironie qu'elle n'est ni noire, ni blanche.
Aujourd'hui, notre jeune rescapé a 22 ans, un permis de séjour depuis 2007, étudie, profite enfin d'une vie bien à lui, a des amis et parle l'italien comme un turinois! Dans le dernier chapitre du livre - l'un des plus émouvants que je vous laisse découvrir - vous verrez qu'il renoue avec les siens. Il rêve de repartir en Afghanistan pour s'y rendre utile ou devenir - en Italie - le porte-parole de sa communauté, nous dit Fabio Geda. Une belle leçon de vie qui n'occulte malheureusement pas l'aventure d'autres enfants semblables à lui qui ont fait le voyage avec la même détermination, mais qui n'ont survécu à l'enfer. Ce livre est aussi la trace de leur histoire, transparente, invisible, engloutie dans le ventre des baleines ou des crocodiles...
Du même auteur ont paru trois autres livres: Pendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les indiens (coll. Piccolo/Liana Levi, 2011), La séquence des gestes (Gaïa, 2011) et Le dernier été du siècle (Albin Michel, 2014).
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12/04/2014
La musique sur FB - 2083 F.Chopin
Frédéric Chopin
Boléro, Op 19
Vladimir Ashkenazy
08:55 Écrit par Claude Amstutz dans Frédéric Chopin, La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique classique; facebook | | Imprimer | Facebook |
La citation du jour
Fernando Pessoa
J'entends passer le vent, et je trouve que rien que pour entendre passer le vent, il vaut la peine d'être né.
Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeaux - suivi de: Poésies d'Alvaro de Campos (coll. Poésie/Gallimard, 1987)
image: laplumediroise.superforum.fr.over-blog.com
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11/04/2014
La musique sur FB - 2082 J.S.Bach
Jean Sébastien Bach
Violin Sonata No.1 in G minor, BWV 1001
I. Adagio
Maria Cantagrill
merci à Romain H
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10/04/2014
Morceaux choisis - François Beaune
François Beaune
Il commence à faire frais au pied des Alpes, mais dans un beau soleil. Un pays de cocagne de Haute-Provence, les mannequins ont sorti leurs moignons de métal vibrants, des prolongements de bras pour gratter les olives. C'est l'heure de la cueillette. Les pommiers eux hibernent sous la moustiquaire antigel. Toute la vallée de la Durance asséchée, qui n'est plus le fléau de personne, profite du ciel uni. Je crois qu'aujourd'hui même le dernier des anxieux se sentirait en paix sur ce chemin de pierres. Je suis en train de me fondre je sens, de faire partie du décor, de m'installer dans cet arrière-pays de Méditerranée.
Je grimpe le raidillon. La terre qui devait hier être en boue a été griffée, sculptée par les sabots des moutons. Elle fait penser à une écorce d'arbre. Les empreintes sont profondes et similaires, une nouvelle écriture d'un brun assez clair, foncé par l'ombre des jeunes chênes bordant le sommet de la colline. J'évite de marcher sur ses phrases, de peur de faire dévier le sens. J'imagine un troupeau, cette machine à mille doigts escaladant la pluie. Mais il ne s'agit pas d'imaginer, il s'agit d'accepter l'inspiration des bêtes, abstraite et éphémère. Pour comprendre ça, il n'y a rien à lire.
Sur la tortille du canal, entre Manosque et Foix, je retrouve Suzanne, emmitouflée dans ses couches de châles, car elle craint le vent. A son âge avancé, elle aime autant se promener que moi, on se croise souvent. Cette fois elle se rend à Manosque pour voir son avocat, car elle est en bisbille avec une parente de George Brassens, qui lui loue une petite maison dans les collines, mais cherche à se débarrasser d'elle pour des histoires d'impayés. Suzanne, depuis qu'elle a quitté Paris après de nombreuses années à faire la secrétaire dans différentes boîtes privées, vit le plus souvent en ermitage, selon les places disponibles.
Un chien nous rejoint. Elle me raconte comment les chiens la suivent, comme elle les attire. Pour elle les chiens ont une âme, pas la même que la nôtre, mais une âme tout de même. Quand on regarde dans leurs yeux on peut voir leur bonté, leurs malheurs, leur peur ou leur envie de mourir. Rien à craindre d'elle, par exemple, me dit-elle en caressant la vieille chienne qui se frotte à mon pantalon.
François Beaune, Manosque le 15 novembre 2011, dans: La lune dans le puits - Des histoires vraies de Méditerranée (Verticales, 2013)
image: Place de la Mairie, Manosque / France (la.fenetre.pagesperso-orange.fr)
15:47 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récits; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
09/04/2014
Le poème de la semaine
Andrée Chedid
Par les jardins de la terre,Par les fontaines du seul amour,Par le blé et le liseron,Par l'élan et le roitelet,Par ma jeunesse tant promise,Par l'ami retrouvé,Par tous les mots que je veux dire,Par les mortels que j'aimerai:Que je vive, ah! que je viveEncore un espace de ce temps,De ce temps qui nous est compté. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
04:33 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |