26/06/2012
Musica présente - 18 Wilhelm Kempff
Wilhelm Kempff
pianiste allemand, 1895 - 1991
*
Franz Schubert
Piano sonata in A minor, D 845
09:04 Écrit par Claude Amstutz dans Franz Schubert, Musica présente, Musique classique, Wilhelm Kempff | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
25/06/2012
Morceaux choisis - François-René de Chateaubriand
François-René de Chateaubriand
Il en est des monuments de la nature comme de ceux de l'art; pour jouir de leur beauté, il faut être au véritable point de perspective; sans cela les formes, les couleurs, les proportions, tout disparaît. Dans l'intérieur des montagnes, comme on touche à l'objet même et que le champ de l'optique est trop resserré, les dimensions perdent nécessairement leur grandeur: chose si vraie, que l'on est continuellement trompé sur les hauteurs et sur les distances. J'en appelle aux voyageurs: le Mont-Blanc leur a-t-il paru fort élevé du fond de la vallée de Chamouni? Souvent un lac immense dans les Alpes a l'air d'un petit étang; vous croyez arriver en quelques pas au haut d'une pente que vous êtes trois heures à gravir; une journée entière vous suffit à peine pour sortir de cette gorge à l'extrémité de laquelle il vous semblait que vous touchiez de la main. Ainsi cette grandeur des montagnes dont on fait tant de bruit, n'est réelle que par la fatigue qu'elle vous donne. Quant au paysage, il n'est guère plus grand à l'oeil qu'un paysage ordinaire.
Mais ces monts qui perdent leur grandeur apparente, quand ils sont trop rapprochés du spectateur, sont toutefois si gigantesques qu'ils écrasent ce qui pourrait leur servir d'ornement. Ainsi, par des lois contraires, tout se rapetisse à la fois dans le défilé des Alpes, et l'ensemble et les détails. Si la nature avait fait les arbres cent fois plus grands sur les montagnes que dans les plaines; si les fleuves et les cascades y versaient des eaux cent fois plus abondantes, ces grands bois, ces grandes eaux, pourraient produire des effets pleins de majesté sur les flancs élargis de la terre; mais il n'en est pas de la sorte: le cadre du tableau s'accroît démesurément, et les rivières, les forêts, les villages, les troupeaux gardent les proportions ordinaires. Alors il n'y a plus de rapport entre le tout et la partie, entre le théâtre et la décoration. Le plan des montagnes étant vertical devient en outre une échelle toujours dressée, où l'oeil rapporte et compare malgré vous les objets qu'il embrasse, et ces objets viennent accuser tour à tour leur petitesse sur cette énorme mesure. Les pins les plus altiers, par exemple, se distinguent à peine dans l'escarpement des vallons, où ils paraissent collés comme des flocons de suie. La trace des eaux pluviales est marquée dans ces bois grêles et noirs, par de petites rayures jaunes et parallèles, et les torrents les plus larges, les cataractes les plus élevées ressemblent à de maigres filets d'eau, ou à des vapeurs bleuâtres.
Ceux qui ont aperçu des diamants, des topazes, des émeraudes dans les glaciers sont plus heureux que moi; mon imagination n'a jamais pu découvrir ces trésors. Les neiges du bas du Glacier des Bois, mêlées à la poussière du granit, m'ont paru semblables à de la cendre; on pourrait prendre la Mer de Glace, dans plusieurs endroits, pour des carrières de chaux et de plâtre; ses crevasses seules offrent quelques teintes du prisme, et quand les couches de glace sont appuyées sur le roc, elles ressemblent à de gros verre de boutelle.
Ces draperies blanches des Alpes ont d'ailleurs un grand inconvénient; elles noircissent tout ce qui les environne, et jusqu'au ciel dont elles rembrunissent l'azur. Et ne croyez pas que l'on soit dédommagé de cet effet désagréable par les beaux accidents de la lumière sur les neiges. La couleur dont se peignent les montagnes lointaines, est nulle pour le spectateur placé à leurs pieds. La pompe dont le soleil couchant couvre la cime des Alpes de la Savoie, n'a lieuque pour l'habitant de Lausanne. Quant au voyageur de la vallée de Chamouni, c'est en vain qu'il attend ce brillant spectacle. Il voit comme du fond d'un entonnoir au-dessus de sa tête, une petite portion d'un ciel bleu et dur sans couchant et sans aurore; triste séjour où le soleil jette à peine un regard à midi, par-dessus une barrière glacée.
François-René de Chateaubriand, Voyage au Mont-Blanc et réflexions sur les paysages de montagnes (Séquences, 1994)
image: Massif du Mont-Blanc (blog.bikersequipement.com)
16:18 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; voyages; livres | | Imprimer | Facebook |
Le goût de la lecture
Le goût de la lecture - présenté par Michèle Gazier (Coll. Le petit Mercure / Mercure de France, 2010)
La particularité du Petit Mercure consiste à présenter dans chacun de ses ouvrages - plus petits en taille et prix qu'un livre de poche - un sujet vu par les écrivains venus de tous les horizons et de tous les temps. Une trentaine de noms par volumes vient ainsi éclairer votre perception des voyages (Lisbonne, Naples, Istanbul, Montréal ou Vienne) et autres thèmes intéressants (les chats, le désert, la danse, les parfums, le café ou le tabac) qui agrémentent cette promenade littéraire. Dans le présent titre, Le goût de la lecture, vos pas épouseront ceux de Jean-Jacques Rousseau, Marcel Proust, Valéry Larbaud, John Ruskin mais aussi, plus près de nous, Henry Miller, Alberto Manguel, Pascal Quignard, Daniel Pennac. Pour ma part, je retiens l'extrait consacré à Michel de Montaigne: Je ne cherche dans les livres que le moyen de me donner du plaisir pur une honnête distraction, ou, si j'étudie, je n'y cherche que la science qui traite de la connaissance de moi-même - et une science qui m'apprenne à bien mourir et à bien vivre: Tel est le but vers lequel mon cheval doit courir en sueur...
A vous de choisir un autre texte emblématique de cette anthologie aux multiples clartés!
07:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature francophone, Marcel Proust, Pascal Quignard | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; anthologie | | Imprimer | Facebook |
24/06/2012
Morceaux choisis - Paul Fort
Paul Fort
Le silence orageux ronronne.Il ne passera donc personne?Les pavés comptent les géraniums.Les géraniums comptent les pavés.Rêve, jeune fille, à ta croisée. Les petits pois sont écossés.Ils bombent ton blanc tablierque tes doigts roses vont lier. Jeune fille,ou c'est donc ma vue?Tes petits pois tombent dans la rue.Sombre je passe.Derrière moi les pavéscomptent les petits pois.Le silence orageux ronronne.Il ne passera donc personne?
Paul Fort, Ballades du beau hasard - Poèmes inédits et autres poèmes (coll. GF/Flammarion, 2009)
image: Place Champollion, Figeac (http://www.fond-ecran-image.com)
00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; livres | | Imprimer | Facebook |
22/06/2012
Prix Edelweiss 2012
Prix Edelweiss 2012 - Première sélection
Editorial de Joëlle Brack, Payot Libraire (extrait)
Lancé en 2007 à l’initiative du magazine féminin romand Edelweiss avec Payot Libraire pour partenaire, le Prix des Lectrices Edelweiss a immédiatement gagné ses lettres de noblesse!
D’un côté, dix femmes, lectrices du magazine Edelweiss mais de bien d’autres choses aussi, qui ont proposé de mettre leur été - voire un peu plus - de lectures à la disposition de la littérature. De l’autre, dix romans francophones parus au premier semestre 2012, que cinq libraires Payot ont (é)lus pour faire partie de la première vague de sélection. Entre eux, Laurence Desbordes, rédactrice en chef d’Edelweiss, et Pascal Vandenberghe, directeur général de Payot Libraire, qui arbitrent les choix et les débats.
Le schéma a beau rester le même – et Payot Libraire est partenaire de l’aventure depuis la première heure – l’excitation est chaque fois renouvelée, les curiosités affûtées à neuf, la soif de découverte et la disponibilité à la séduction du texte intactes! Et cet enthousiasme n’est pas de trop pour aborder ces centaines de pages aux styles divers, aux thèmes variés, aux sensibilités multiples… Un kaléidoscope littéraire à savourer pour les jurées Edelweiss en pro de la lecture et de la critique, tandis que les libraires Payot traquent déjà parmi les promesses de la Rentrée les sept nouveautés qui, dès le mois d’août, complèteront le choix des candidats au Prix des Lectrices 2012!
Première sélection
Emmanuel Arnaud, Le théorème de Kropst (Métailié)
Delphine Bertholon, Grâce (Lattès)
Caroline Boidé, Les impurs (Serge Safran)
Yasmine Char, Le palais des autres jours (Gallimard)
Caroline de Bodinat, Marâtre (Fayard)
Kéthévane Davrichewy, Les séparées (Sabine Wespieser)
Grégoire Delacourt, La liste de mes envies (Lattès)
Raphaël Jérusalmy, Sauver Mozart - Le journal d'Otto J. Steiner (Actes Sud)
Sabri Louatah, Les sauvages (Flammarion)
Marc Michel-Amadry, Deux zèbres sur la 30e Rue (Héloïse d'Ormesson)
Au cours des éditions précédentes, ont été couronnés: Olivier Adam, A l'abri de rien (L'Olivier, 2007); Claudie Gallay, Les déferlantes (Rouergue, 2008); Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (Olivier, 2009); Fatou Diome, Celles qui attendent (Flammarion, 2010); Tonino Benacquista, Homo Erectus (Gallimard, 2011).
Vous pouvez retrouver l'ensemble des présentations de ce prix littéraire Edelweiss, sur le site Payot mentionné ci-dessous.
http://www.payot.ch/fr/nosLivres/selections/edelweiss.html
http://www.edelweissmag.ch
16:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; romans; livres | | Imprimer | Facebook |
21/06/2012
Morceaux choisis - Octavio Paz
Octavio Paz
Dans mon front a poussé un arbre.Il a poussé au-dedans.Ses racines sont des veines,des nerfs ses branches,ses feuillages confus des pensées.Tes regards l’enflammentet ses fruits d’ombressont orange de sang,grenades de lumière.
Le jour se lèvedans la nuit du corps.Là au-dedans, dans mon front,l’arbre parle.Approche, tu l’entends?
Octavio Paz, L'arbre parle (Gallimard, 1990)
traduit de l'espagnol par Frédéric Magne
image: photograff.blogspot.com
08:58 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature sud-américaine, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Musica présente 17 - Valentina Lisitsa
Valentina Lisitsa
pianiste ukrainienne, née en 1973
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Serge Rachmaninov
6 Moments Musicaux, Op 16
03:33 Écrit par Claude Amstutz dans Serge Rachmaninov, Valentina Lisitsa | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
John Burnside
John Burnside, Les empreintes du diable (Métailié, 2008)
Hanté par un drame qui s’est déroulé au cours de son enfance, Michael n’a jamais quitté le petit village de pêcheurs de Coldhaven, dont il est raconté que le diable a laissé la trace de ses pas dans la neige, une nuit d’hiver. Un voyage intérieur sur lequel planent peurs, culpabilités et folies, avec pour toile de fond la jeune Hazel dont la présence auprès de Michael cache peut-être un secret aussi crépusculaire que la beauté terrifiante des paysages évoqués au fil de ce récit d’une vie sensible et ordinaire.
02:49 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
20/06/2012
Au bar à Jules - Du hasard
Un abécédaire - H comme hasard
Alors que j'étais un jeune premier plutôt décalé, le propos de Jacques Monod - célèbre biologiste, professeur et directeur du Collège de France - concluant son ouvrage Le hasard et la nécessité, a longtemps voyagé dans ma tête, tel un météore qui refuserait obstinément de s'écraser sur la terre: L’ancienne alliance est rompue ; l’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers, d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le royaume et les ténèbres.
Il est vrai que le hasard - ou la chance? - a marqué bon nombre d'épisodes de ma vie: une armoire en bois massif qui s'est abattue dans mon dos à l'âge de neuf ans - à la suite d'un balancement suspect à l'une de ses portes - sans autres séquelles qu'une dent cassée; un choc frontal en scooter avec une Mercedes toute neuve à la descente du Salève, vingt ans plus tard, qui me vit atterir indemne dans un champ; enfin une rencontre de plein fouet, en piéton distrait, avec un tramway de la ligne 12 à Genève qui m'a projetté sur le trottoir - détail cocasse - devant une pharmacie du quartier de Plainpalais avec là aussi, une veine éclatée, spectaculaire mais sans danger! A trois reprises donc, j'en conclus que mon heure n'était pas encore venue, l'ayant ardemment souhaitée à l'époque des culottes courtes, et soudain réjoui de jouer les prolongations.
De quoi m'interroger tout de même. Au mot de hasard, je préfère sans doute aujourd'hui celui de providence, au sens le plus large du terme: cet étrange globe qu'on nomme le monde et qui, entre des mains parfois inconnues ou mystérieures, semble gouverner la vie... Le destin, ce mystère de la survie que tant de sans nom ont vécu - par une situation traumatisante, un accident de la route, un deuil ou pire - sans forger davantage de réponses que je ne le puis.
Demain, un autre hasard - par une cellule devenue folle et se multipliant en quelques secondes - me signifiera peut-être qu'il est temps. Et alors? La belle affaire... Tant que l'oeil s'accroche aux beautés du moment présent, tant que la douleur physique est aux abonnés absents, tant que les amitiés vraies supplantent les doléances les plus mesquines, tant que l'espérance et l'insurrection l'emportent sur le cynisme, chaque jour qui passe est un bal de lumière plutôt qu'une leçon de ténèbres. En compagnie de ce proche et insaisissable ami dont parle Blaise Pascal: Votre béatitude? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas: si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter.
Pari tenu!
Jean Monod, Le hasard et la nécessité (coll. Points Essais/Seuil, 1973)
Blaise Pascal, Les pensées (coll. GF/Flammarion, 2006)
image: Sophie Delaporte (http://www.sophiedelaporte.com)
16:53 Écrit par Claude Amstutz dans Au bar à Jules - Un abécédaire 2012, Le monde comme il va, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; science; livres | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
René-Guy Cadou
Je ne crois pas en les miracles de LourdesJe crois dans une belle journée Avec des ramasseuses de colchiques Et des jeunes gens égayés Car Dieu sur la montagne est bien près de me plaire Qui dans la double écuelle de ses mains Assaisonne la soupe noire de la terre D'un peu de sel puisé dans les yeux du matinQuelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
08:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |