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27/03/2015

Morceaux choisis - Mikhaïl Chichkine

Mikhaïl Chichkine

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Les Suisses, selon eux, ne font pas partie du monde. L'alliance (en italien fascio) sur le Grütli est dans notre patrie le modèle d'une saine gouvernance. Si le monde s'écroule, cela ne veut pas dire que cela concerne aussi la Suisse. La Suisse du Suisse meurt d'une mort sociale. Aujourd'hui déjà, un Suisse sur quatre est un étranger. Si les Suisses n'ont plus les moyens d'avoir des enfants, si la génération actuelle s'éteint au siècle prochain, alors il n'y aura plus de vrais Suisses. La Suisse devient un pays sans peuple qui lui soit propre. ils n'existent plus, les intellectuels suisses qui voudraient conserver la Suisse. Oui à la fin de la Suisse. Nous sommes partout des étrangers, sauf dans notre propre pays. C'est pour beaucoup de Suisses une expérience quotidienne que les étrangers se montrent arrogants et se rendent impopulaires de bien des manières. Autrefois, c'étaient les Italiens que l'on n'aimait pas. Aujourd'hui, ils sont considérés presque comme des alliés contre les Yougoslaves, qu'on ressent comme agressifs à l'égard de la population suisse, et qui par là font peur. Les Albanais seront-ils demain comme des alliés contre le nombre croissant des Africains et des Russes?

*

Le Suisse est convaincu que quelqu'un du dehors ne peut pas bien comprendre notre pays et notre peuple. Il se sent donc obligé de corriger les propos d'un étranger - qu'ils soient positifs ou négatifs -, de redresser ses erreurs. Peut-être ce qui ressemble le plus à ce rapport contradictoire du Suisse à son pays est-il celui d'un époux avec sa femme: il veut seul avoir le droit de trouver à redire, de critiquer. Les gens de l'extérieur n'ont pas à s'en mêler. D'un ami, le Suisse ne supporte même pas l'éloge sans avoir envie de contredire, mais la critique l'indigne.

*

Chaque peuple prétend être l'élu de Dieu, d'une façon ou d'une autre, mais les Suisses modestes, taciturnes, savent très bien au fond d'eux-mêmes sur qui le choix de Dieu est réellement tombé. Ne croyez pas que l'arche se soit échouée sur le dos du Mont Ararat. En ce monde nous ne pouvons survivre que si nous comprenons que tous, un couple de chaque espèce, nous sommes dans le même bateau et qu'à chacun est donné le droit de vivre, que tous, même les plus faibles et les plus insignifiants, nous sommes les créatures de Dieu. Et si la Suisse a un sens et une prédestination, alors c'est de donner au monde un exemple d'organisation sociale dans laquelle la chaîne sans fin de la violence et de la contre-violence est interrompue. S'il y a un commandement suisse, c'est celui qui nous demande de respecter l'homme dans la réalité vivante. La Suisse est un modèle qui fonctionne, un modèle réel de l'arche de Noé, où nous tous, si différents que nous soyons, vivons côte à côte et unissons nos efforts pour préserver notre bateau de la tempête et du déluge. Et quand il n'y aura plus de violence en ce monde, plus de gens persécutés à cause de leurs convictions, alors seulement il n'y aura plus de guerre, plus de pourchassés, de réfugiés et de demandeurs d'asile, alors la mission de la Suisse sera accomplie et la Suisse se volatilisera. Et ce sera une digne fin. 

Mikhaïl Chichkine, Dans les pas de Byron et Tolstoï - Du Lac Léman à l'Oberland bernois (Noir sur Blanc, 2002)

image: Villa Poncini / Curio, Tessin

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; voyages; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/03/2015

La citation du jour

Pascal Quignard 

citation; livres

Quand on cesse de se soumettre au jugement de ceux dont on s'est retranché, tout ce qui blesse s'effiloche et se gomme d'un coup comme une brume sur la rivière à l'instant où monte le soleil.

Pascal Quignard,  Les désarçonnés (Grasset, 2012)

image: J.M.W.Turner, Looking across the Lagoon / Venice 1840 (www.cineclubdecaen.com)

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25/03/2015

Le poème de la semaine

Paul-Jean Toulet

Douce plage où naquit mon âme; 
 Et toi, savane en fleurs 
Que l'Océan trempe de pleurs 
 Et le soleil de flamme;
 
Douce aux ramiers, douce aux amants, 
Toi de qui la ramure 
Nous charmait d'ombre, et de murmure, 
 Et de roucoulements;
 
Où j'écoute frémir encore 
 Un aveu tendre et fier - 
Tandis qu'au loin riait la mer 
 Sur le corail sonore.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

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La musique sur FB - 2232 N.J.Hullmandel

Nicolas Joseph Hullmandel

Sonate No 2, Op 3

 

Giulia Nuti


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24/03/2015

Morceaux choisis - Paul Celan

Paul Celan

littérature; poésie; anthologie; livres

Personne ne nous pétrit de nouveau
dans la terre et l'argile,
personne ne souffle la parole sur notre poussière.
Personne.
 
Loué sois-tu, Personne.
C'est pour te plaire
que nous voulons fleurir.
Pour t'aller à l'encontre.
 
Néant nous étions,
nous sommes,
nous resterons, fleurissant;
la rose de néant,
la rose de personne.
Avec le style
clarté d'âme,
le filet d'étamine ravage de ciel,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions
au-dessus,
oh! au-dessus de l'épine.
 

Paul Celan, Psaume dans: Anthologie bilingue de la poésie allemande (Bibliothèque de la Pléiade, 1995)

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23/03/2015

La citation du jour

Virgile 

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Je sais une terre qui exhale une vapeur ténue et une flottante buée, qui boit l'humidité, la transpire à son gré, qui se revêt toujours de son vert gazon naturel, et qui n'attaque pas les outils de la rouille due au sel. C'est là qu'un mariage unira dans l'abondance la vigne aux ormes, là que les oliviers feront pleuvoir l'olive. Le maître de cette terre éprouvera qu'elle est propre aux troupeaux et docile au soc aigu. Telle est celle qui laboure la riche Capoue, et la contrée qui est sous le joug du Vésuve, et celle qu'arrose le Clain si funeste à Accera la déserte.

Virgile, Géorgiques (coll. Poésie/Gallimard, 1983)

image: Auguste Préault - Virgile (Musée d'Orsay, 1853)

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22/03/2015

La musique sur FB - 2231 F.Raymond

Fred Raymond

Famous Melodies

 

Münchner Rundfunkorchester

Werner Eisbrenner


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21/03/2015

Morceaux choisis - Kanstantsyïa Bouïlo

Kanstantsyïa Bouïlo

littérature; poésie; livres

J'aime notre pays,
ce petit coin où je suis née, où j'ai grandi,
où j'ai versé mes premières larmes d'infortune.
 
J'aime notre peuple biélorusse,
nos petites fermes dans la verdure des vergers,
les plaines dorées de champs de blé,
le bruissement de nos bosquets et de nos forêts;
et la rivière qui entraîne impétueusement
ses eaux vers des lointains inconnus,
et le jaune des plages de sable,
et l'éclat de leurs vagues limpides.
 
J'aime le printemps qui verdoie, fleurit,
parant gaiement la terre.
J'aime le craquettement des cigognes 
dans leurs nids,
et le chant de l'alouette,
la chaleur torride de l'été,
les pluies estivales et l'orage,
le grondement du tonnerre
et, à travers les nuages noirs,
les éclairs de feu.
 
L'automne incertain, je l'aime aussi,
et le premier sifflement des serpes et des faux,
lorsque les moissonneuses
s'apprètent à couper le blé,
et les faucheurs - le foin.
 
J'aime l'hiver et ses gelées
qui décorent les fenêtres d'arabesques,
et la neige blanche
qui, recouvrant les champs,
brille avec incandescence
sous les étoiles claires.
 
J'aime, quand la nuit est belle, 
tard dans la cour rester,
suivre des yeux le scintillement des étoiles,
ou les rayons dorés de la lune.
 
Et j'aime la chanson de mon pays
que les filles fredonnent dans les champs,
les modulations de leurs voix
s'élevant de la plaine
où elles flottent et chatoient.
 
Tout dans ce pays est cher à mon coeur,
tant j'aime mon pays natal,
où j'ai rencontré mon premier bonheur,
et versé de chagrin mes premières larmes.
 

Voix de femmes - Anthologie / Poèmes et photographies du monde entier (Editions Turquoise, 2012)

image: Biélorussie (voyages.ideoz.fr)

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20/03/2015

La citation du jour

littérature; poésie; livres

Nadia Tuéni

Tu as sali la mer par tendresse, Etranger, mais tu ne savais pas qu’elle est espace vide, qu’elle est tout ce qui reste du chemin nécessaire à la respiration des bibles, au pacte entre nous et nous, à la mort fertile et qui devient jardin de sommeil et d’eau pour délivrer les races, nécessaire au sens de chaque pierre dont je suis la neige royale, pour que la terre apprenne à vivre avec son double, ne plus connaître l'absence. Etranger, le sable est langage du monde, nos pieds ont déchiffré ce qui brûle ton soleil et t’empêche d’être libre comme enfant. Etranger, voilà pourquoi ce soir sous les murs derniers de l’Asie, j’offre mon corps mobile au rasoir de la vague.

Nadia Tuéni, Oeuvres poétiques complètes (Éditions Dar An-Nahar, 1986)

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19/03/2015

La musique sur FB - 2230 E.du Caurroy

Eustache du Caurroy

Fantaisies

 

Hespèrion XX

Jordi Savall


 

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