05/06/2015
Morceaux choisis - Louis Aragon
Louis Aragon
Tant qu’un enfant rêvera de l’aurore,tant qu’une rose embaumera la nuit,tant qu’un coeur quelque part éprouvera le vertige,tant qu’un pas chantera sur la chaussée,tant que l’hiver quelqu’un se souviendra du printemps,tant qu’il y aura dans la tête d’un seul hommeune manière de musique,et dans le silence une douceur comparable à la femme aimée,tant qu’il flottera un peu de jour sur le monde et sa destinée … … on entendra la chanson de France. Tant qu’il y aura dans la dernière maison de l’universun restant de chaleur et de tendresse,tant que dans la dernière chambre humaine dévastéeun bout de miroir encore se souviendra de la beauté,tant qu’une trace de pied nu attestera le passaged’un être de chair et de sang sur une plage,tant qu’un livre sera pour des yeux la porte des songeries,tant que de la cathédrale à l’audace des ponts,de la fresque à la carte postale,et de la prose de Sainte-Eulalieà la parole enregistrée d’un poète qui naîtra,toute forme de la mémoire n’aura pas été saccagée,anéantie … … on entendra la chanson de France. Tant qu’une petite fille bercera sa poupée,tant qu’on aura plaisir à Peau d’Aneou à la Belle au bois dormant,tant que les garçons lanceront des pierres platessur l’eau des rivières,tant qu’on s’appellera tout bonnement Marie ou Jean,tant qu’on jouera à la main chaude, aux billes,aux barres, à chat-perché,tant qu’on cachera des fèves dans la brioche au jour des Roiset qu’on fera des crêpes en carnaval,tant que les tout-petits s’essaieront à retrouver sur les pianosl’air d’Au clair de la Lune,tant qu’on dira d’Yseut, de Manon, de Nana … … on entendra la chanson de France. Mais surtout, mes amis,quels que soient les péripéties de l’immense troupeau,les catastrophes des continents,les aléas monstrueux de l’histoire,surtout, surtout,quelles que soient les transformations imprévisiblesd’une humanité en proie aux miracles de son esprit,aux conséquences infinies de l’immense partie d’échecsqui va donner la clé de l’avenir,quels que soient les développements de ce qu’elle enfante,et l’apocalypse commencée,ô mes amis surtout,tant que s’élèvera la double harmonie aux répons merveilleux,qui de deux noms dit tout un peuple,et c’est Jeanne d’Arc et Fabien,soyez-en sûrs, on l’entendra … … car c’est la chanson de France.
Louis Aragon, Le crève-coeur, suivi de: Le nouveau crève-coeur (coll. Poésie/Gallimard, 1989)
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15/04/2015
Le poème de la semaine
Louis Aragon
Il m’aurait fallu
Qu’un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne
Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours aux semaines
Sa réalité
A l’immense été
Des choses humaines
Moi qui frémissais
Toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi
Pour faire à ma vie
Un grand collier d’air
Rien qu’un mouvement
Ce geste en dormant
Léger qui me frôle
Un souffle posé
Moins une rosée
Contre mon épaule
Un front qui s’appuie
A moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m’a semblé
Comme un champ de blé
Dans cet univers
Un tendre jardin
Dans l’herbe où soudain
La verveine pousse
Et mon cœur défunt
Renaît au parfum
Qui fait l’ombre douce
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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28/01/2015
Le poème de la semaine
Louis Aragon
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
23:10 Écrit par Claude Amstutz dans Louis Aragon, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
21/11/2014
Morceaux choisis - Louis Aragon
Louis Aragon
Sauras-tu jamais ce qui me traverseCe qui me bouleverse et qui m’envahitSauras-tu jamais ce qui me transperceCe que j’ai trahi quand j’ai tressailli Ce que dit ainsi le profond langageCe parler muet de sens animauxSans bouche et sans yeux miroir sans imageCe frémir d’aimer qui n’a pas de mots Sauras-tu jamais ce que les doigts pensentD’une proie entre eux un instant tenueSauras-tu jamais ce que leur silenceUn éclair aura connu d’inconnu Donne-moi tes mains que mon cœur s’y formeS’y taise le monde au moins un momentDonne-moi tes mains que mon âme y dormeQue mon âme y dorme éternellement.Louis Aragon, Le fou d'Elsa (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
image: Guy Cambier (s019.radikal.ru)
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07/10/2014
La citation du jour
Louis Aragon
Si on a regardé un homme jusqu'à ne plus voir en lui que ce qui le fait différent des autres, le particulier en lui, il est bouleversant de retrouver, avec d'autant plus de force qu'on l'oubliait déjà, que l'essentiel en lui c'est ce qui ressemble aux autres.
Louis Aragon, Aurélien (coll. Folio/Gallimard, 2006)
image: https://farm4.staticflickr.com
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04/06/2014
Le poème de la semaine
Louis Aragon
Moi qui n'ai jamais pu me faire à mon visageQue m'importe traîner dans la clarté des cieuxLes coutures les traits et les taches de l'âgeMais lire les journaux demande d'autres yeux Comment courir avec ce cœur qui bat trop viteQue s'est-il donc passéLa vie et je suis vieuxTout pèseL'ombre augmente aux gestes qu'elle imiteLe monde extérieur se fait plus exigeantChaque jour autrement je connais mes limitesJe me sens étranger toujours parmi les gensJ'entends mal je perds intérêt à tant de choses Le jour n'a plus pour moi ses doux reflets changeantsLe printemps qui revient est sans métamorphosesIl ne m'apporte plus la lourdeur des lilasJe crois me souvenir lorsque je sens les rosesJe ne tiens plus jamais jamais entre mes brasLa mer qui se ruait et me roulait d'écumeJusqu'à ce qu'à la fin tous les deux fussions las Voici déjà beau temps que je n'ai plus coutumeDe défier la neige et gravir les sommetsDans l'éblouissement du soleil et des brumesMême comme autrefois je ne puis plus jamaisPartir dans les chemins devant moi pour des heuresSans calculer ce que revenir me permetRevenir Ces pas-ci vont vers d'autres demeuresJe ne reprendrai pas les sentiers parcourusDieu merci le repos de l'homme c'est qu'il meureEt le sillon jamais ne revoit la charrueOn se fait lentement à cette paix profondeElle avance vers vous comme l'eau d'une crueElle monte elle monte en vous elle fécondeChaque minuteElle fait à tout ce lointainAmer et merveilleux comme la fin du mondeEt de la sentir proche est plus frais qu'au matinAvant l'épanouissement de la lumièreLe parfum de l'étoile en dernier qui s'éteintQuand ce qui fut malheur ou bonheur se nomme hier Pourtant l'étoile brille encore et le cœur batPourtant quand je croyais cette fièvre premièreApaisée à la fin comme un vent qui tombaQuand je croyais le trouble aboli le vertigeOublié l'air ancien balbutié trop basQue l'écho le répète au loinVoyons que dis-je Déjà je perds le fil ténu de ma penséeInsensible déjà seul et sourd aux prodigesQuand je croyais le seuil de l'ombre outrepasséLe frisson d'autrefois revient dans mon absenceEt comme d'une main mon front est caresséLe jour au plus profond de moi reprend naissance. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
12/04/2013
Morceaux choisis - Louis Aragon
Louis Aragon
Il y a des choses que je ne dis à Personne AlorsElles ne font de mal à personne MaisLe malheur c’estQue moiLe malheur le malheur c’estQue moi ces choses je les sais Il y a des choses qui me rongent La nuitPar exemple des choses commeComment dire comment des choses comme des songesEt le malheur c’est que ce ne sont pas du tout des songes Il y a des choses qui me sont tout à faitMais tout à fait insupportables même siJe n’en dis rien même si je n’enDis rien comprenez comprenez-moi bien Alors ça vous parfois ça vous étouffeRegardez regardez-moi bienRegardez ma boucheQui s’ouvre et ferme et ne dit rien Penser seulement d’autre choseSonger à voix haute et de moiMots sortent de quoi je m’étonneQui ne font de mal à personne Au lieu de quoi j’ai peur de moiDe cette chose en moi qui parle Je sais bien qu’il ne le faut pasMais que voulez-vous que j’y fasseMa bouche s’ouvre et l’âme est làQui palpite oiseau sur ma lèvre O tout ce que je ne dis pasCe que je ne dis à personneLe malheur c’est que cela sonneEt cogne obstinément en moiLe malheur c’est que c’est en moiMême si n’en sait rien personneNon laissez-moi non laissez-moiParfois je me le dis parfoisIl vaut mieux parler que se taire Et puis je sens se dessécherCes mots de moi dans ma saliveC’est là le malheur pas le mienLe malheur qui nous est communÉpouvantes des autres hommesEt qui donc t’eut donné la mainÉtant donné ce que nous sommes Pour peu pour peu que tu l’aies ditCela qui ne peut prendre formeCela qui t’habite et prend formeTout au moins qui est sur le pointQu’écrase ton poingEt les gens Que voulez-vous direTu te sens comme tu te sensBête en face des gens Qu’étais-jeQu’étais-je à dire Ah oui peut-êtreQu’il fait beau qu’il va pleuvoir qu’il faut qu’on ailleOù donc Même cela c’est tropEt je les garde dans les dentsCes mots de peur qu’ils signifient Ne me regardez pas dedansQu’il fait beau cela vous suffitJe peux bien dire qu’il fait beauMême s’il pleut sur mon visageCroire au soleil quand tombe l’eauLes mots dans moi meurent si fortQui si fortement me meurtrissentLes mots que je ne forme pasEst-ce leur mort en moi qui mord Le malheur c’est savoir de quoiJe ne parle pas à la foisEt de quoi cependant je parle C’est en nous qu’il nous faut nous taire
Louis Aragon, Le fou d'Elsa (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
image: www.lexpress.fr
22:27 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
03/04/2013
Le questionnaire Marcel Proust - 2/3
Mes auteurs favoris en prose?
William Shakespeare (d'accord, c'est du théâtre, mais...), Thérèse d'Avila (et les autres auteurs de spiritualité carmélitaine), Bernard de Clairvaux, H.B. Stendhal, Emily Brontë, Albert Camus, Simone Weil, Marcel Proust, François Mauriac, puis: Fiodor Dostoievski, Alexandre Dumas, Erri de Luca, Mario Rigoni Stern, Charles-Albert Cingria, Gustave Roud, Georges Simenn et j'en oublie...
Mes poètes préférés?
Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Dante Alighieri, Giacomo Leopardi, Pétrarque, Rainer-Maria Rilke, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova, Fernando Pessoa, Mahmoud Darwich, Emily Dickinson, René Char, Louis Aragon, Paul Eluard, Maurice Chappaz, Jean-Michel Maulpoix, Abdellatif Laâbi, les auteurs de la Bible, et tant d'autres...
Mes héros dans la fiction?
Heatcliff ("Les hauts de Hurlevent"), Edmond Dantès ("Le comte de Monte Cristo"), Prospero ("La tempête").
Mes héroïnes favorites dans la fiction?
Cathy ("Les hauts de Hurlevent"), Tatiana ("Le songe d'une nuit d'été"), puis la Tosca et Carmen.
Mes compositeurs préférés?
Wolfgang-Amadeus Mozart, Franz Liszt, Jean-Sébastien Bach, Franz Schubert, Gustav Mahler, Ludwig van Beethoven, Joseph Haydn, Frédéric Chopin, Serge Rachmaninov, Antonio Vivaldi, Robert Schumann, Hector Berlioz, Alexander Scriabin, Bela Bartok, John Coltrane et (pour la chanson...) Barbara. Et ceux qu'il est injuste de ne pas mentionner...
(à suivre)
08:46 Écrit par Claude Amstutz dans Abdellatif Laâbi, Albert Camus, Alexander Scriabin, Anna Akhmatova, Barbara, Bela Bartok, Charles Baudelaire, Charles-Albert Cingria, Erri de Luca, François Mauriac, Franz Liszt, Franz Schubert, Frédéric Chopin, Georges Simenon, Guido Ceronetti, Gustave Roud, H.B. dit Stendhal, Hector Berlioz, Jean-Michel Maulpoix, Joseph Haydn, Le questionnaire Marcel Proust, Louis Aragon, Mahmoud Darwich, Mario Rigoni Stern, Maurice Chappaz, Paul Eluard, Rainer-Maria Rilke, René Char, Robert Schumann, Serge Rachmaninov, Simone Weil, William Shakespeare, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : autobiographie | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
Louis Aragon
A la première Pâque il fleurie des lilasLa terre est toute verte oublieuse d'hiverTout le ciel est dans l'herbe et se voit à l'enversA la première PâqueA la Pâque d'été j'ai perdu mon latinIl fait si bon dormir dans l'abri d'or des meulesQuand le jour brûle bien la paille des éteulesA la Pâque d'été
A la Pâque d'hiver il soufflait un grand ventOuvrez ouvrez la porte à ces enfants de glaceMais les feux sont éteints où vous prendriez place À la Pâque d'hiver Trois Pâques ont passé revient le Nouvel AnC'est à chacun son tour cueillir les perce-neigeL'orgue tourne aux chevaux la chanson du manègeTrois Pâques ont passé
Revient le Nouvel An qui porte un tablierComme un grand champ semé de neuves violettesEt la feuille verdit sur la forêt squeletteRevient le Nouvel An
Saisons de mon pays variables saisonsQu'est-ce que cela fait si ce n'est plus moi-mêmeQui sur les murs écris le nom de ce que j'aimeSaisons de mon paysSaisons belles saisons.
Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:52 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
01/03/2013
Vendanges tardives - De l'amour 1b
Un abécédaire - A comme Amour
Donne-moi tes mains pour l’inquiétudeDonne-moi tes mains dont j’ai tant rêvéDont j’ai tant rêvé dans ma solitudeDonne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piègeDe paume et de peur de hâte et d’émoiLorsque je les prends comme une eau de neigeQui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverseCe qui me bouleverse et qui m’envahitSauras-tu jamais ce qui me transperceCe que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langageCe parler muet de sens animauxSans bouche et sans yeux miroir sans imageCe frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensentD’une proie entre eux un instant tenueSauras-tu jamais ce que leur silenceUn éclair aura connu d’inconnu
Donne-moi tes mains que mon cœur s’y formeS’y taise le monde au moins un momentDonne-moi tes mains que mon âme y dormeQue mon âme y dorme éternellement.
Louis Aragon, Le fou d'Elsa (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
11:57 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |