23/10/2013
Le poème de la semaine
René Char
Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier,fontaine où se mire ma monarchie solitaire,comment pourrais-je jamais vous oublierpuisque je n’ai pas à me souvenir de vous:vous êtes le présent qui s’accumule.Nous nous unirons sans avoir à nous aborder,à nous prévoircomme deux pavots font en amour une anémone géante.Je n’entrerai pas dans votre coeur pour limiter sa mémoire.je ne retiendrai pas votre bouchepour l’empêcher de s’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir.je veux être pour vous la liberté et le vent de la viequi passe le seuil de toujoursavant que la nuit ne devienne introuvable.
Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
06:30 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth, René Char | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
22/10/2013
Lire les classiques - Alfred de Musset
Alfred de Musset
Avec tout votre esprit, la belle indifférente,Avec tous vos grands airs de rigueur nonchalante, Qui nous font tant de mal et qui vous vont si bien, Il n'en est pas moins vrai que vous n'y pouvez rien. Il n'en est pas moins vrai que, sans qu'il y paraisse, Vous êtes mon idole et ma seule maîtresse;Qu'on n'en aime pas moins pour devoir se cacher, Et que vous ne pouvez, Ninon, m'en empêcher. Il n'en est pas moins vrai qu'en dépit de vous-même, Quand vous dites un mot vous sentez qu'on vous aime, Que, malgré vos mépris, on n'en veut pas guérir, Et que d'amour de vous, il est doux de souffrir. Il n'en est pas moins vrai que, sitôt qu'on vous touche, Vous avez beau nous fuir, sensitive farouche, On emporte de vous des éclairs de beauté, Et que le tourment même est une volupté. Soyez bonne ou maligne, orgueilleuse ou coquette, Vous avez beau railler et mépriser l'amour,Et, comme un diamant qui change de facette,Sous mille aspects divers vous montrer tour à tour; Il n'en est pas moins vrai que je vous remercie,Que je me trouve heureux, que je vous appartiens, Et que, si vous voulez du reste de ma vie,Le mal qui vient de vous vaut mieux que tous les biens. Je vous dirai quelqu'un qui sait que je vous aime:C'est ma Muse, Ninon; nous avons nos secrets.Ma Muse vous ressemble, ou plutôt, c'est vous-même; Pour que je l'aime encor elle vient sous vos traits. La nuit, je vois dans l'ombre une pâle auréole, Où flottent doucement les contours d'un beau front;Un rêve m'apparaît qui passe et qui s'envole; Les heureux sont les fous: les poètes le sont. J'entoure de mes bras une forme légère;J'écoute à mon chevet murmurer une voix; Un bel ange aux yeux noirs sourit à ma misère; Je regarde le ciel, Ninon, et je vous vois; O mon unique amour, cette douleur chérie, Ne me l'arrachez pas quand j'en devrais mourir! Je me tais devant vous; - quel mal fait ma folie? Ne me plaignez jamais et laissez-moi souffrir.
Alfred de Musset, A Ninon, dans: Poésies complètes (coll. Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1986)
image: Gustave Jean Jacquet (artrenewal.org)
07:46 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
21/10/2013
Chloe Hooper
Bloc-Notes, 21 octobre / Les Saules
Fiançailles, le troisième livre de Chloe Hooper traduit en langue française, se décline en trois journées, autour desquelles Liese Campbell, employée dans une agence immobilière en Australie, venue d'Angleterre, accepte l'invitation d'Alexander Colquhoun, un client de l'agence: passer un week-end prolongé avec lui, rémunéré par ce dernier et lui permettant de réduire ses dettes, avant de s'en retourner au pays. Une relation trouble qui, nous apprend Liese, a été ébauchée par des jeux érotiques avec ce même Alexandre - rémunérés eux aussi - au gré d'appartements visités avec lui, dans le cadre de son travail.
Présenté ainsi en quelques lignes, les mauvaises langues diront que c'est le scénario idéal d'un roman érotique à la mode de Erika Leonard James qui, dans ce registre, connaît un immense succès en librairie. Or, il n'en est rien, et les amateurs du genre auront déboursé 23 euros en pure perte. Au contraire, la comparaison avec les meilleurs romans de Patricia Highsmith - dont Ce mal étrange, proche de Fiançailles par son atmosphère - est beaucoup plus pertinente.
Un jeu de rôle seulement, entre Liese qui s'invente un passé sulfureux, et Alexandre qui lui offre une bague de fiançailles, au cours de ces trois jours? Pas sûr, car au-delà d'une attirance sexuelle réciproque, Chloe Hooper nous tend le miroir trompeur de l'imaginaire capable d'inspirer les mécanismes souterrains du désir: un pouvoir qui transcende le réel mais peut de même s'abîmer dans le malaise ou l'effroi, quand la mythologie devient plus plausible que la réalité et que le jeu se substitue à la vraie vie.
Est-ce que tout le monde a une pièce privée dans sa tête? On y entre et on ferme la porte derrière soi. Il peut se passer n'importe quoi, personne ne vous voit. Vous pouvez faire ce que vous voulez, et même le refaire; vous pouvez passer la scène au ralenti ou en accéléré jusqu'à ce que chaque seconde se mette à rayonner, comme électrifiée...
Au fil de ce récit où Liese semble perdre ses repères, entre une vérité trompeuse et une fantaisie plus vraie que nature, une correspondance anonyme adressée à Alexandre, apprend à ce dernier les épisodes les plus embarrassants de son passé de... prostituée. Qui donc la connaît à ce point et veut lui nuire? A moins qu'Alexandre en soit inexplicablement l'auteur, ravi que, fou d'amour pour elle, il puisse endosser l'habit du rédempteur magnanime qui l'arrache à sa vie de débauche? J'étais dans la pièce qui se trouvait à l'intérieur de sa tête et lui il avait fermé la porte à clé.
Construit tel un roman policier, le suspense est entretenu jusqu'à la dernière partie de Fiançailles où, lors d'un repas devant sceller leur union, apparaît Annabel, la soeur d'Alexandre, la réminiscence de la mère aimée - morte, peut-être? - et l'étrange révérend Graeme Smythe. Au cours de cette fête, le conte un peu pervers échafaudé par Liese et Alexandre volera en éclats. Fini de jouer! pourrait-on dire, mais pour lequel de ces deux protagonistes? Vous le découvrirez en lisant cette histoire insolite qui baigne dans une ambiance où s'insinue progressivement un sentiment aigu de claustrophobie: Chaque fois que je me retournais, j'avais l'impression que quelque chose se déplaçait à la périphérie de mon champ de vision. C'était un mélange entre la poussière et l'idée de me savoir prise au piège de cet endroit, là où la maison était la plus froide et la plus humide. Je ne pouvais le supporter et je m'agitais comme un oiseau qui vient se cogner aux vitres alors qu'il essaie de sortir.
Le titre original en langue anglaise - The Engagement - joue mieux que le titre français sur l'ambiguïté de la relation entre Liese et Alexandre: S'engager y signifie se fiancer bien sûr, mais aussi exécuter un travail, combattre quelque chose ou quelqu'un, louer les services d'une personne, concrétiser une promesse, Fiançailles étant tout cela, à la fois, même si, en filigrane, il met crûment en évidence le manque d'amour, au nom duquel la raison n'a pas nécessairement le dernier mot.
De Chloe Hooper, australienne née en 1973, ont déjà paru auprès du même éditeur, Un vrai crime pour livre d'enfant (un roman, en 2002) et Grand homme (un essai, en 2009).
Chloe Hooper, Fiançailles (Bourgois, 2013)
traduit de l'anglais (Australie) par Florence Cabaret
Patricia Highsmith, Ce mal étrange (coll. Livre de poche/LGF, 2000)
Erika Leonard James, Cinquante nuances de Grey (Lattès, 2012)
18:00 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 84 Ivry Gitlis
Ivry Gitlis
violoniste israélien, né en 1922
*
Ludwig van Beethoven
Violin Sonata No 9 in A major, Op 47 - "Kreutzer"
(Martha Argerich)
pour Marie Christine DA
08:15 Écrit par Claude Amstutz dans Ivry Gitlis, Ludwig van Beethoven, Martha Argerich, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
19/10/2013
Morceaux choisis - André Gide
André Gide
Elle tourna les yeux vers les naissantes étoiles. Je connais tous leurs noms, dit-elle; chacune en a plusieurs; elles ont des vertus différentes. Leur marche, qui nous paraît calme, est rapide et les rend brûlantes. Leur inquiète ardeur est cause de la violence de leur course, et leur splendeur en est l’effet. Une intime volonté les pousse et les dirige; un zèle exquis les brûle et les consume; c’est pour cela qu’elles sont radieuses et belles.
Elles se tiennent l’une à l’autre toutes attachées, par des liens qui sont des vertus et des forces, de sorte que l’une dépend de l’autre et que l’autre dépend de toutes. La route de chacune est tracée et chacune trouve sa route. Elle ne saurait en changer sans en distraire aucune autre, chacune étant de chaque autre occupée. Et chacune choisit sa route selon qu’elle devait la suivre; ce qu’elle doit, il faut qu’elle le veuille, et cette route, qui nous paraît fatale, est à chacune la route préférée, chacune étant de volonté parfaite. Un amour ébloui les guide; leur choix fixe les lois, et nous dépendons d’elles; nous ne pouvons pas nous sauver.
André Gide, Hymne, dans: Les nourritures terrestres, suivi de: Les nouvelles nourritures (coll. Folio/Gallimard, 2007)
image: Les nourritures terrestres / page manuscrite (e-gide.blogspot.ch)
18:55 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
Virginie Ollagnier
Virginie Ollagnier, Rouge argile (coll.Piccolo/Liana Levi, 2013)
Au sein de la bonne bourgeoisie parisienne, la vie de Rosa ressemble à un paysage mélancolique dont tout éclat s’estompe peu à peu, malgré la réussite de son époux Antoine avec lequel elle ne partage plus que des silences. Quant à ses enfants, Maurice a trouvé sa voie à la Caisse des Dépôts et Consignations, tandis que sa soeur Julie s'est tournée vers le journalisme. Quand Rosa apprend le décès de son père adoptif Egon Baum, elle revient sur les lieux de son enfance au Maroc, à Sejâa plus précisément. Elle y rejoint sa maison, celle où elle aurait bien voulu mourir un jour, si Egon était encore là, alors que maintenant, seule au monde en quelque sorte avec le poids de cette douleur irréparable, que faire?
Là-bas, en France, elle a depuis longtemps abdiqué et si elle a réussi un beau mariage vingt ans plus tôt dans la capitale, qu'en reste-t-il? Devant ce nouveau deuil qui frappe l'un des deux hommes de sa vie - le premier fut son père Gabriel, mort alors qu'elle n'était encore qu'une petite fille - tout un passé défile devant ses yeux: sa mère Suzanne - si touchante, si tendre, si aimée -, sa marraine Monde - l'amie de France - soeur de sa mère et la vieille Sherifa - la nounou, la confidente - qu'elle est heureuse de retrouver aux côtés de son fils Mehdi. Au fil des jours, elle perd ses artifices de la métropole, laisse ressurgir son accent pied-noir dont autrefois elle avait honte, comme de cette maison, fardeau d'un passé colonial qu'elle refuse de lèguer à ses enfants: Le temps est venu de rompre avec sa culpabilité, de rendre la terre.
Enveloppée par la chaleur bienfaisante des siens, face à son propre destin et ce mort tant aimé qui lui parle, elle pénètre ainsi l'intimité du coeur d'Egon et se voit révéler un fragment de sa vie dont elle ignorait tout ou presque... Après cette immersion douloureuse et tendre, plus rien ne sera comme avant.
Un roman plein de délicatesse où le deuil, charriant ses blessures profondes, oriente Rosa vers ses propres choix de vie, réveillant ses besoins d'appartenance et de liberté.
00:26 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
18/10/2013
La citation du jour
H.B. dit Stendhal
Je viens d'éprouver ce soir que la musique, quand elle est parfaite, met le coeur exactement dans la même situation où il se trouve quand il jouit de la présence de ce qu'il aime; c'est-à-dire qu'elle donne le bonheur apparemment le plus vif qui existe sur cette terre. S'il en était ainsi pour tous les hommes, rien au monde ne disposerait plus à l'amour.
H.B. dit Stendhal, De l'amour (Coll. Garnier-Flammarion, 1965)
image: Michael Mao, Morning Light (tuttartpitturasculturapoesiamusica.com)
10:50 Écrit par Claude Amstutz dans H.B. dit Stendhal, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
Morceaux choisis - Sylvie Germain
Sylvie Germain
Un reliquat de sens résiste, il glisse, insaisissable. C'est ainsi que le désir court, sans fin, et qu'il s'accroît - désir de voir encore, davantage, autrement, désir de comprendre plus, et mieux. Désir de caresser la peau de la réalité, d'en palper la chair, d'en sonder l'épaisseur, d'en sentir battre le pouls - comme ces mains aux doigts écartés dont les hommes des temps préhistoriques ont laissé des traces, en négatif et en positif, sur les parois des grottes. Mains à l'écoute de la roche, de la pénombre, des énergies de la terre, de la vie et aussi de la mort. Paumes offertes et demandeuses, posées contre le flanc du corps prodigieux du monde. Mains de gloire et de quête.
Le désir court, il tâte le monde, il se collette avec la réalité, il empoigne et étreint l'humanité dans l'espoir d'accéder à leur coeur, d'en comprendre le fonctionnement, le processus, mais parfois il s'arrête, saisi d'effroi, d'impuissance...
Sylvie Germain, Rendez-vous nomades (Albin Michel, 2012)
image: Sylvie Germain (mediatecafranceza.wordpress.com)
00:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
17/10/2013
Kim Thuy
Bloc-Notes, 17 octobre / Les Saules
Si vous avez aimé le premier livre de Kim Thuy, Ru - paru chez le même éditeur en 2010, et présenté dans ces colonnes - vous tomberez à nouveau sous le charme de son nouveau livre, Man, écrit à la première personne. Parcours d'une femme qui a choisi de toujours rester debout, et qui, évoquant le visage de sa mère restée au Vietnam, nous parle de sa terre en guerre et de sa nouvelle patrie, le Canada - conquise à la faveur d'un mariage arrangé - à travers des retours en arrière, des anecdotes, des différences de coutumes, de langages ou de comportements entre les deux pays, montrés tels des estampes délicates au lecteur attentif: récit d'un déracinement et d'une quête identitaire où la joie se mêle à la tristesse sans jamais sombrer dans la sociologie populaire ou les clichés: Peut-être parce que nous acceptons les choses telles qu'elles sont, telles qu'elles nous arrivent, sans jamais questionner le pourquoi ni le comment.
Tenant un restaurant, la cuisine est l'un des ressorts importants dont elle dispose pour cerner l'espace de sa mémoire qui la relie à sa terre des origines: L'un des clients était originaire de Rach Gia, une ville côtière où l'on a inventé une soupe-repas au poisson poché avec des vermicelles, rehaussée de porc et de crevettes caramélisées dans les oeufs de crevettes. Des larmes ont coulé sur sa joue lorsque j'ai arrosé son bol d'une petite cueillerée d'ail mariné au vinaigre. En mangeant cette soupe, il m'a susurré qu'il avait goûté sa terre, la terre où il avait grandi, où il était aimé.
Préparée au bonheur - assimilé à la protection, au bien-être, à la sécurité - davantage qu'à l'amour, la première partie du récit de Man peut se résumer ainsi: Je m'appelle Man, ce qui veut dire "parfaitement comblée" ou "qu'il ne reste plus rien à désirer", ou "que tous les voeux ont été exaucés". Je ne peux rien demander de plus, car mon nom m'impose cet état de satisfaction et d'assouvissement. Contrairement à la Jeanne de Maupassant, qui rêvait de saisir tous les bonheurs de la vie à sa sortie du couvent, j'ai grandi sans rêver.
Mais Man est aussi l'histoire d'un apprentissage, d'une libération intérieure et d'un accomplissement dont je vous laisse le soin de découvrir les contours. Nous baladant de Saïgon à Montréal en passant par Paris, l'écriture de Kim Thuy est sensuelle, poétique et tendre, même si son propos demeure grave, douloureux sous une apparente frivolité.
Kim Thuy est née en 1968 à Saigon, la capitale du Sud du Vietnam qui est devenue Hô Chi Minh Ville. Elle a quitté le pays avec d’autres boat people à l’âge de 10 ans, pour se retrouver dans un sordide campement de réfugiés en Malaisie. C'est le Québec qui a fini par l'accueillir. Elle y vit depuis trente ans, mère de deux enfants maintenant, et est retournée plusieurs fois au Vietnam. Son parcours est quelque peu atypique. En effet, elle a été couturière, interprète, avocate, restauratrice, chroniqueuse culinaire avant de devenir écrivain en langue française...
Sur La scie rêveuse - dans Morceaux choisis - vous pouvez découvrir un extrait de son dernier livre.
Kim Thuy, Man (Liana Levi, 2013)
Kim Thuy, Ru (coll. Piccolo/Liana Levi, 2011)
07:33 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
16/10/2013
Le poème de la semaine
Robert Desnos
merci à Christiane H
Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.Ferme les yeux.Je voudrais les fermer avec mes lèvres.Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le ventqui balance bizarrement la flammeet le drapeau entoure ma fuite de son manteau.La fenêtre s'ouvre: ce n'est pas toi.Je le savais bien.Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |