18/03/2013
Claire Genoux
Claire Genoux, Ses pieds nus (Campiche, 2006)
Sept nouvelles marquées par les blessures non dites, une subtile observation du quotidien, par la difficulté de communiquer et par les sentiments non exprimés, non vécus...
Révélée par ses recueils de poèmes, Soleil ovale en 1997, Saisons du corps en 1999 et L’heure apprivoisée en 2004, Claire Genoux signe ici son second recueil de nouvelles, après Poitrine d’écorce paru en 2000. Un talent fou dans ses deux orientations littéraires, usant d’un style à la fois concret ou réaliste dans certains textes, imaginatif ou presque fantastique dans d’autres. L’imposture, nouvelle majeure de ce nouvel écrit, est à elle seul un petit chef-d’œuvre.
07:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: récit; livres | | Imprimer | Facebook |
17/03/2013
Vendanges tardives - De l'écrivain
Un abécédaire: E comme Ecrivain
Là, Fred, tu as mis dans le mille en glissant dans ma besace le bouquin de Jean-Pierre Rochat, L'écrivain suisse allemand. D'abord parce que le visage de l'auteur me plaît: dans son oeil l'acuité d'un aigle et la tendresse silencieuse d'un amoureux des espaces entre plaine et montagne. Ensuite, il est écrivain et paysan, habite à la Bergerie de Vauffelin, dans le canton de Berne. De quoi me sentir d'emblée proche de son univers, moi qui pendant une cinquantaine d'années, n'ai connu et loué que les bonheurs de la ville avant de me retirer à la campagne, progressivement, loin du tumulte assourdissant des architectes du temps présent et comme soudé au fil des ans aux amis connus et inconnus de mes origines, épris de la terre, de valeurs simples, intemporelles, dont une qualité de regard et d'écoute suffit à débroussailler en moi tant de mots inutiles, d'air rarefié, d'ancrage souvent artificiel dans un réel qui me dépasse.
Roman court - le neuvième ouvrage de cet auteur - L'écrivain suisse allemand vient bouculer l'appréhension du monde et des autres chez un paysan de montagne devenu son ami, prétexte à nous parler de sa terre ingrate, familière et indomptable à la fois. Tiens, par exemple: C'était un jour chaud et lourd avec un effet loupe sur le panorama, à portée de main semblait-il. C'est à crever de beauté, on a beau s'empiffrer, il reste des morceaux de partout. Nous sommes nous-mêmes de petits dieux à vivre ici en haut. C'est grandiose, ça ne marche pas chaque fois, par temps couvert c'est renvoyé, ou d'autres fois on est pas sensibles, on s'en fout, le panorama n'a plus de relief. On pense à autre chose pendant qu'on s'élève. On cherchait l'eau du glacier. Il ajoute, un peu plus loin: Ma liberté, c'est ma foi en la montagne.
Histoire d'une amitié, L'écrivain suisse allemand parle bien sûr aussi de lecture et d'écriture: Le goût des livres, je disais, je les ai tous lus la nuit, des fois même à la bougie. Fatigué j'ai toujours été, mais je prenais un peu de fatigue, mélangée à l'histoire, elle réveille l'imaginaire, enfin des livres, des pages, des gros doigts de paysan. Ami de l'esprit, j'étais en phase de rémission de lecture quand l'écrivain suisse allemand est arrivé pour organiser ma rechute, l'institutrice m'envoyait plus de livres depuis sa maison de retraite, elle n'était pas ma seule source, mais les autres aussi tarissaient, mangées par l'agriculture, par le travail, par la marche infinie en montagne. L'écrivain m'avait dit: quoi, tu lis plus? Comme si j'étais son vieux copain, et il m'a refilé des vieux bouquins en français qu'il avait ramenés dans une caisse et qui était la base de l'édifice. De grands classiques écrits en petits caractères qui s'illuminent quand on persévère. J'aurais pu être un illettré et revendiquer mon illettrisme comme on est tenté de le faire en passant à côté d'un truc, l'écrivain est arrivé à point pour réveiller une passion moribonde, une double vie, une maîtresse en cavale.
Tout dans ce livre respire l'odeur du bon vieux bois de pin, des fromages de l'Alpe et des femmes: celles du paysan et de l'écrivain, la biographe, le souvenir truculent de la femme du boucher! Mais tu as raison, ce roman n'est pas une carte postale pour touriste amateur de fondues et de parcours flechés. Pas le moins du monde. Plutôt une magie qui fait que tu entres dans le tableau que brosse Jean-Pierre Rochat; tu apprends à respirer à son rythme, à partager sa cigarette à l'aube ou son mulet qui s'arrête à la montée.
Drôle, poétique, tendre et sensuel, ce petit bouquin qui tient dans la poche intérieure de ma veste, est ma joie de ce jour...
Jean-Pierre Rochat, L'écrivain suisse allemand (D'Autre Part, 2012)
11:38 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
16/03/2013
Morceaux choisis - Gustave Roud
Gustave Roud
Je pose un pas toujours plus lent dans le sentier des signes qu'un seul froissement de feuilles effarouche. J'apprivoise les plus furtives présences. Je ne parle plus, je n'interroge plus, j'écoute. Qui connaît sa vraie voix? Si pure jaillisse-t-elle, un arrière-écho de sang sourdement la charge de menace. C'est l'homme de silence que les bêtes séparent seul de la peur. Hier une douce biche blessée a pris refuge tout près de moi, si calme que les chiens des bourreaux hurlaient en vain loin de ses traces perdues. Les oiseaux du matin tissent et trouent à coups de bec une mince toile de musique. Un roitelet me suit de branche en branche à hauteur d'épaule. J'avance dans la paix.
Qu'importe si la prison du temps sur moi s'est refermée? Je sais que tu ne m'appelleras plus. Mais tu as choisi tes messagers. L'oiseau perdu, la plus tremblante étoile, le papillon des âmes, neige et nuit, qui essaime aux vieux saules, tout m'est présence, appel; tout signifie. Ces heures qui se fanent une à une derrière moi comme les bouquets jetés par les enfants dans la poussière, je sais qu'elles fleurissent ensemble au jardin sans limites où tu te penches pour toujours. La houle des saisons confondues y verse à tes pieds comme une vague le froment, la rose, la neige pure. Un Jour fait de mille jours se colore et chatoie au seul battement de ta mémoire. Tu sais enfin.
L'ineffable. Et pourtant, l'âme sans défense ouverte au plus faible cri, j'attends encore.
Gustave Roud, Requiem / extrait, dans: Ecrits, 3 volumes (Bibliothèque des Arts, 1978)
image: Blonay / Vaud, Suisse (2013)
22:35 Écrit par Claude Amstutz dans Gustave Roud, Littérature francophone, Littérature suisse, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 56 Isabelle Faust
Isabelle Faust
violoniste allemande, née en 1972
*
Johannes Brahms
String Sextet in G major, Op 36
I. Allegro non troppo
(Christian Tetzlaff, Stefan Fehlandt, Hanna Weinmeister, Gustav Rivinius, Julian Stecke)
06:52 Écrit par Claude Amstutz dans Johannes Brahms, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
13/03/2013
Paul Nizon
Paul Nizon, La fourrure de la truite (Actes Sud, 2006)
Stolp est un marginal, un sympathique bon à rien qui aime sa liberté avant tout. Ayant hérité d'un minus-cule appartement à Paris, il y pose ses bagages un peu malgré lui et, plutôt que de prendre possession des lieux, laisse Paris l'apprivoiser. A travers rues et cafés, il faut fuir l'atmosphère pesante de ce nouvel habitat, mais aussi les désespoirs latents d'un amour perdu.
Ce texte court, léger, non dénué d’humour, est un petit bijou ! Un homme déambule dans les rues de Paris. Hanté par un amour perdu, il nourrit l’espoir d’une nouvelle vie et partage, dans les bras d’une femme seule rencontrée dans un bar, une relation éphémère, libératrice, esquisse de sa guérison. A rapprocher d’un autre très beau récit de cet auteur, Maria Maria , situé à Rome, écrit avec Colette Fellous, en 2004.
également disponible en coll. de poche (Babel, 2008)
12:03 Écrit par Claude Amstutz dans Colette Fellous, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
Paul Eluard
Il y a sur la plage quelques flaques d’eauIl y a dans les bois des arbres fous d’oiseauxLa neige fond dans la montagneLes branches des pommiers brillent de tant de fleursQue le pâle soleil recule C’est par un soir d’hiver dans un monde très durQue je vis ce printemps près de toi l’innocenteIl n’y a pas de nuit pour nousRien de ce qui périt n’a de prise sur toiEt tu ne veux pas avoir froid Notre printemps est un printemps qui a raison. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
07:40 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Paul Eluard, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
12/03/2013
Sarah Hall 1b
Morceaux choisis
Quand nous sortions, c'était le plus souvent en ville, du côté des pubs, là où Manda pensait peut-être apercevoir un garçon qu'elle avait remarqué. De temps en temps, si un de ses frères ne voyait pas d'objection à ce que nous l'accompagnions pour une livraison ou à un concert, nous poussions jusqu'à Carlisle. C'était toujours un trajet complètement dément. Ces deux-là conduisaient de façon insensée et multipliaient les dépassements dangereux, car ils étaient fous de vitesse. Ils en raffolaient à cheval, à moto, à ski, tout véhicule capable d'accélérer à leur aplatir la cervelle contre le crâne.
Il y avait deux nationales qui partaient de la ville: la vieille route à péage et celle qu'avaient tracée les Romains, pour ainsi dire abandonnée et qui traversait l'échine de Lazonby Fell. Et puis il y avait la M6. C'était un tronçon d'autoroute désert, la dernière longueur avant l'Ecosse, si bien qu'elle paraissait ne mener nulle part.
J'étais tassée contre la portière, la joue plaquée contre le froid de la vitre, agrippée à la ceinture qui me barrait la poitrine. Manda se battait pour avoir la mainmise sur les boutons de la radio. Un de ses frères était au volant. C'était le plus souvent Aaron. Il brûlait le bitume comme s'il se trouvait sur un circuit privé. Nous traversions cette portion d'arrière-pays comme les gens le font encore aujourd'hui, comme ils l'ont toujours fait et le feront probablement toujours, sans se soucier de radars ou de policiers embusqués: à fond de train, à tombeau ouvert, comme si on nous donnait la chasse.
Je détestais le trajet pour aller en ville, les vingt-cinq minutes de traversée de ce sinistre bas-fond. On avait, tout au long, le sentiment que quelque chose nous coursait. C'étaient les badlands originels, apprenait-on à l'école si on ne le savait déjà. On n'avait aucune envie d'y moisir. Aucune envie de se retrouver toute seule, roulant lentement, visible comme le nez au milieu de la figure, dans cette rase campagne. C'était là que les maraudeurs se retrouvaient, venus du sud ou du nord. C'était le territoire des fermes brûlées, des rivières de sang, des viols. Un paysage de jupes lacérées et de gorges tranchées, où les toitures étaient arrosées de pétrole et incendiées, où les fenils servaient pour découper et saler des enfants. En baissant sa vitre, on pouvait presque entendre tout ça: les alertes au feu et le crépitement des flammes, les femmes éventrées, hurlant tandis que leurs hommes suffoquaient, des tendons enfoncés dans le gosier. Quand elles n'étaient pas fortifiées, les maisons situées dans la zone frontalière étaient provisoires, faites de clayonnage en terre et bouse de vache, faciles à démonter; car lorsque survenaient les pillards, ou bien on leur tenait tête derrière deux mètres cinquante de pierre équarrie, ou bien on pliait bagage et décampait.
La camionnnette embardait violemment au passage des chicanes, m'écrasant la pommette contre la vitre, tandis qu'Aaron chantait à tue-tête en accompagnement des Stone Roses...
Sarah Hall, Le parfum du boucher, dans: La belle indifférence (Bourgois, 2013)
traduit de l'anglais par Eric Chédaille
00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis, Sarah Hall | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; nouvelles; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
Sarah Hall 1a
Bloc-Notes, 12 mars / Les Saules
Connaissez-vous Sarah Hall? Si tel n'est pas le cas, lisez de toute urgence, aux éditions Bourgois, Le Michel-Ange électrique, son premier roman traduit en français (2004) ou mieux encore, son chef d'oeuvre, Comment peindre un homme mort (2010) qui a été présenté dans ces colonnes au moment de sa sortie en librairie. Mais pourquoi ne pas tenter votre chance avec sa dernière parution, La belle indifférence, un recueil de nouvelles, de quoi vous familiariser avec son style et son univers?
Sept nouvelles donc, qui ont pour cadre la Cumbrie - au nord-ouest de l'Angleterre -, l'Afrique et la Finlande, dont le personnage principal est, à chacun de ces récits extrêmement diversifiés, une femme. Mais quels traits communs peut-on trouver entre la redoutée Mandy qui ressemble à un chien enchaîné et rudoyé dans Le parfum du boucher, l'infirmière qui attend son amant et ne parvient pas à franchir le mur de l'indicible dans La belle indifférence, ou Dolly convertie à la chasse afin de confectionner une pélerine de vison pour son amie Magda, gravement malade dans La rivière de la nuit?
Ces nouvelles qui peuvent être comprises à des niveaux de lecture différents - comme ses deux précédents romans - fournissent un début de réponse, ici: une femme, à chaque fois, dans toute son intériorité charnelle et multiple, se trouve confrontée à l'autre - homme ou animal - ainsi qu'aux éléments naturels, à même de révéler en elle des zones d'ombre, des dysfonctionnements, des désirs enfouis, des pulsions instinctives.
Si la tonalité change d'une histoire à l'autre, les mêmes défis pour survivre à un monde émotionnel qui s'atrophie et bascule dans le néant habite ces personnages: le besoin de sexe sans connection aucune avec le vernis quotidien dans L'Agence; le culte sauvage et familial des chevaux dans Le parfum du boucher; les coups d'aviron pour déjouer la peur d'un paysage silencieux et crépusculaire dans Vuotjäarvi; ou la forme blanche et blessée sur la plage, reflet peut-être de la bête - incontrôlée et fragile - qui se tapit en chacun de nous dans Elle l'assassina, lui qui était mortel. Une plongée vertigineuse dans l'inconscient féminin, envahissante comme un parfum obsédant qui ne nous lâche plus.
La vérité de la mort est chose singulière. Car quand ils nous quittent, les êtres chers sont comme s'ils n'avaient jamais été. En disparaissant de cette terre ils disparaissent de l'air même. Ne restent que les landes et les montagnes, le monde matériel sur lequel nous nous trouvons et sur lequel nous régnons. Nous sommes les loups. Nous sommes les lions. L'ultime défi - ou déni? - dans La rivière dans la nuit...
Avant de devenir romancière, Sarah Hall aspirait à la poésie, et cela est tout particulièrement perceptible dans l'écriture de Les abeilles, Elle l'assassina, lui qui était mortel, et Vuotjärvi, la plus angoissante de ces nouvelles dont la fin ne lève pas tous les voiles!
Une lecture à recommander à tous les écrivains en herbe, pour leur apprendre comment se construit un texte capable de donner l'impression de glisser à la surface des choses et de finalement presque tout révéler, sans tabous ni esbroufe, tel un torrent d'une sensualité envoûtante, dans une progression dramatique constante, hors du commun. Leila Sanai, dans les colonnes de The Independent note que, dans La belle indifférence, on se noie comme dans une peinture de Rothko.
Et comme elle a raison!
Sarah Hall, La belle indifférence (Bourgois, 2013)
traduit de l'anglais par Eric Chédaille
00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Sarah Hall | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; livres | | Imprimer | Facebook |
11/03/2013
Philippe Besson
Philippe Besson, Se résoudre aux adieux (Coll. 10/18, 2008)
Clément l'a quittée. C'était il y a quelques semaines. Après avoir cherché refuge dans l'isolement et le silence, elle a choisi de partir. Et de lui écrire. De Cuba, de New York, de Venise, de longues lettres auxquelles il ne répond jamais. Seule en ces terres étrangères, elle tente par les mots d'échapper au chagrin, aux questions, aux souvenirs. De l'espoir, encore, au renoncement, déjà, elle vacille entre un passé qui s'évanouit et un avenir qui se dérobe...
L’auteur de L’arrière-saison nous revient avec ce texte intimiste, récit sous forme épistolaire d’une femme abandonnée par son amant, sauvée par l’écriture. Plus solaire que dans ses romans précédents, Philippe Besson nous expose le deuil amoureux avec une sensibilité généreuse, discrète, et le vécu quotidien de son personnage sonne juste, avec ses hauts et ses bas qui nous invitent à découvrir et intégrer cette histoire avec infiniment de plaisir.
07:29 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
09/03/2013
Lire les classiques - Marguerite de Valois
Marguerite de Valois
J'ai un ciel de désir, un monde de tristesse,Un univers de maux, mille feux de détresse,Un Etna de sanglots et une mer de pleurs.J'ai mille jours d'ennuis, mille nuits de disgrâce,Un printemps d'espérance et un hiver de glace;De soupirs un automne, un été de chaleurs. Clair soleil de mes yeux, si je n'ai ta lumière,Une aveugle nuée ennuitte ma paupière,Une pluie de pleurs découle de mes yeux.Les clairs éclairs d'Amour, les éclats de sa foudre,Entrefendent mes nuits et m'écrasent en poudre:Quand j'entonne mes cris, lors j'étonne les cieux. Belle âme de mon corps, bel esprit de mon âme,Flamme de mon esprit et chaleur de ma flamme,J'envie à tous les vifs, j'envie à tous les morts.Ma vie, si tu vis, ne peut être ravie,Vu que ta vie est plus la vie de ma vie,Que ma vie n'est pas la vie de mon corps! Je vis par et pour toi, ainsi que pour moi-même;Je vis par et pour moi, ainsi que pour toi-même:Nous n'aurons qu'une vie et n'aurons qu'un trépas.Je ne veux pas ta mort, je désire la mienne,Mais ma mort est ta mort et ma vie est la tienne;Ainsi je veux mourir, et je ne le veux pas! ...
Marguerite de Valois et Benjamin Jamyn, Stances amoureuses, dans: Conversations amoureuses - Poèmes d'amour choisis par José Belin (Géraldine Martin, 1999)
image: Lucas Cranach l'Ancien, Sybille princesse de Clèves (en.wikipedia.org)
08:49 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |