02/03/2013
Maile Meloy
Maile Meloy, Pieux mensonges (Editions de l'Olivier, 2006)
Une heureuse surprise que cette première traduction en langue française, dans un style familier et attachant à la fois, narrant l’histoire de cette famille dans laquelle bien des Américains de sa génération se reconnaîtront. De page en page, on veut en savoir davantage et les personnages, très proches de nous, nous laissent l’agréable sensation que nous aurions pu les connaître en voisins ou amis. Comme avec Ann Packer et son roman magique Un amour de jeunesse, nous ne sommes pas au cœur d’une littérature de contestation, mais les humeurs qui la traversent sont bien agréables.
Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2007)
03:58 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
01/03/2013
Vendanges tardives - De l'amour 1b
Un abécédaire - A comme Amour
Donne-moi tes mains pour l’inquiétudeDonne-moi tes mains dont j’ai tant rêvéDont j’ai tant rêvé dans ma solitudeDonne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piègeDe paume et de peur de hâte et d’émoiLorsque je les prends comme une eau de neigeQui fond de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverseCe qui me bouleverse et qui m’envahitSauras-tu jamais ce qui me transperceCe que j’ai trahi quand j’ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langageCe parler muet de sens animauxSans bouche et sans yeux miroir sans imageCe frémir d’aimer qui n’a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensentD’une proie entre eux un instant tenueSauras-tu jamais ce que leur silenceUn éclair aura connu d’inconnu
Donne-moi tes mains que mon cœur s’y formeS’y taise le monde au moins un momentDonne-moi tes mains que mon âme y dormeQue mon âme y dorme éternellement.
Louis Aragon, Le fou d'Elsa (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
11:57 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Vendanges tardives - De l'amour 1a
Un abécédaire - A comme Amour
Vois-tu, Fred, au bout du compte, l'amour - quand il ne se limite pas au désir, à la conquête, à la possession - est dangereux, toujours. Avec le recul, j'avoue. Ciel ou enfer quand il chahute les repères, abolit les frontières, brûle les habitudes les plus élémentaires, et, au plus obscur dépossède de soi, à la lisière de la félicité qui élargit ton horizon ou féconde tes rêves, mais risque de même, de te précipiter dans la folie la plus périlleuse ou le néant, si d'aventure le fil se romp et que tu te retrouves nu, sans armes et désespérément seul, abandonné. Oui, l'amour est dangereux, quand les mots sont impuissants à dire, à argumenter, à décrire le mystère qui t'envahit, te dépasse comme un territoire inconnu dont tu foules le sol pour la première fois.
Bien sûr, toutes tes rencontres amoureuses sont uniques, irremplaçables, et les souvenirs retenus, pour la plupart, aujourd'hui encore, n'entraînent ni regret ni amertume. Mais combien sont-elles, entre toutes, l'expression de l'amour, ce sentiment qui fait que non seulement tu te trouves aimable aux yeux de l'autre, mais indispensable, et que dans le reflet de l'être aimé, tu y lis le même émerveillement?
Et cet amour - les exemples en littérature ne manquent pas, de Tristan et Yseult à Roméo et Juliette, de Dante Alighieri à Catherine Pozzi - ce sont souvent les auteurs mystiques qui en ont parlé le mieux, encore que Ibn Hazm, philosophe et poète andalou du Xe siècle, lui consacre quelques vers inoubliables: Un jour, par surprise, j’ai donné un baiser, un baiser furtif, à celle qui tient mon coeur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant, car il a été vraiment toute ma vie.
Jean de la Croix, dans une orientation spirituelle, ne dit pas autre chose: Voyez ce qui arrive quand le feu a pénétré le bois: il le transforme en lui-même et se l'unit.
Alors, franchement, Fred: ta moitié, où la situes-tu? Et ne réfléchis pas trop, tu serais tenté de tricher...
Catherine Pozzi, Journal 1913-1934 (coll. Libretto, Phébus, 2005)
Marie Eugène de l'Enfant Jésus, Je veux voir Dieu (Editions du Carmel, 1998)
sources: Amélie Neuve-Eglise, Leyla et Majnûn - L’amour fou à l’orientale (www.teheran.ir)
image: La Revue de Téhéran (www.teheran.ir)
11:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature espagnole, Littérature étrangère, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | Facebook |
Morceaux choisis - Andrée Chedid
Andrée Chedid
A force de frayerAvec toutes nos parolesA force de voisinerAvec nos sombres passionsA force de s'effriterSur les corps de passageL'Amour a-t-il perduInnocence et plaisir? A force de renaîtreAuréolé de rêveA force de s'émouvoirAu passage du désirA force de s'animerAux couleurs de la vieL'Amour se perpétueDans l'êtreEt l'infini.
Andrée Chedid, L'amour I, dans: Zéno Bianu, Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française (coll. Poésie/Gallimard, 2012)
image: Willy Ronis, Mouche (espritsnomades.com)
00:17 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |