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15/08/2011

Paul Claudel

Paul Claudel

Il est midi.
Je vois l'église ouverte.
Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur,
savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
 
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire,
mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle,
parce que vous êtes immaculée.
 
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier
et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu
au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement
parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras,
et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme,
l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup
et fait jaillir les larmes accumulées,
Parce que vous m'avez sauvé,
parce que vous avez sauvé la France,
Parce qu'elle aussi, comme moi,
pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
Parce qu'à l'heure où tout craquait,
c'est alors que vous êtes intervenue,
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus,
Parce qu'il est midi,
parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
parce que vous êtes là pour toujours,
simplement parce que vous êtes Marie,
simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

05:24 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

14/08/2011

Philippe Claudel

images.jpgPhilippe Claudel, Le rapport de Brodeck (Stock, 2007)

 

Brodeck revient de l’enfer des camps d’extermination. De retour dans son village, sa première vision est celle d’un monument aux morts où son nom est gravé dans la pierre. On le croyait disparu, mort. On se réjouit de sa survie. On est emprunté, aussi...

 

Homme silencieux, discret, pacifique, le voici chargé par l’administration de sa commune de dresser des notes sur la faune, la flore et la nature en général, jusqu’au jour du drame lié au sort d’un pensionnaire mystérieux de l’auberge, surnommé der Andere – l’autre – assassiné dans des circonstances mystérieuses. Les autorités, parce qu’il est jugé honnête, précis et inoffensif, vont alors demander à Brodeck de rédiger, pour la forme, un rapport sur ce qui s’est passé. Mais il va, au fil de son enquête, réveiller un passé douloureux dont le sien n’est pas épargné.

 

Sans lever le voile sur la conclusion de l’histoire – ce serait vraiment dommage – disons que la thématique de ce roman admirable est universelle : La culpabilité historique des individus, la férocité ou la lâcheté des communautés, la nécessité de la mémoire pour les uns et de l’oubli pour les autres.

 

Si le lieu du récit demeure indéterminé, probablement situé dans un pays de l’Est, il pourrait tout aussi bien se dérouler en Alsace, mais peu importe. Le personnage de Brodeck, de sa famille scellée par un lourd secret au temps de la guerre, est bouleversant d’humanité.

 

Le style de Philippe Claudel est exceptionnel, épuré, imprégné pourtant d’une douceur à la mesure des blessures évoquées, en contrepoint au climat oppressant qui transpire tout au long des événements qui ponctuent la dure réalité de son (anti) héros.

 

Après Les âmes grises évoquant la guerre de 14, Philippe Claudel revisite celle de 39-45 dans ce roman magnifique qui mériterait d’être étudié dans les écoles, car la force de ce livre tient dans son absence de jugement, de son intrigue limitée aux faits justifiés par les différents protagonistes auxquels on tente de s’identifier pour comprendre. Un sujet de réflexion inépuisable et intemporel.

 

L’un des romans francophones les plus marquants de la décennie, Prix Goncourt des Lycéens 2007, amplement mérité!

 

également disponible en coll. de poche (Livre de poche/LGF, 2009)         

00:16 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Philippe Claudel | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

13/08/2011

La citation du jour

Colette Fellous

citations; livres

Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays, je reviens encore et encore, juste pour voir. Pour essayer de reconnaître, de comparer mais aussi de retoucher, de comprendre, d'éclairer, de recomposer. Je rends visite aux disparus, aux balbutiements, aux fissures, aux tremblements, aux éblouissements, je m'arrête pile là où un jour j'ai perdu la voix. Je reviens pour la retrouver cette voix, phrase à phrase, seconde à seconde, pour essayer de bâtir un édifice fluide: regarde comme cette étoffe vient soudain se poser sur tes épaules, n'aie plus peur. Je reviens aussi pour faire face, pour vivre avec la stupéfaction, pour la mettre en scène, la draper, la nourrir, la décorer d'objets, de masques, de gestes, de couleurs, de rues, de visages fugitifs. Je n'ai plus peur des répétitions, elles forment un labyrinthe. Revenir, c'est construire son propre labyrinthe, c'est le porter sur soi comme un vêtement et l'offrir ensuite en partage, c'est garder sous ses doigts le goût du vertige, c'est surtout sauter dans le vide sans mourir. Dire non, désobéir à la chronologie, écouter le silence des ancêtres, de tous ces corps disparus qui sont encore si vivants dans le mien. Temples grecs, colonnes d'albâtre brisées, tombeaux d'enfants près de la plage, herbes fraîches, allées de mimosas tracées au milieu des ruines. Trouver enfin une terre pour chacun, pour être ensemble.

Colette Fellous, Un amour de frère (Gallimard, 2011)

00:37 Écrit par Claude Amstutz dans Colette Fellous, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/08/2011

Francesco De Filippo

littérature; roman; policier; livresFrancesco De Filippo, L'offense (Métailié, 2011)

Comment donc peut-il s’en sortir à Naples, Gennarino Sorrentino? A 21 ans à peine, le voilà paralysé par la peur, entraîné dans une guerre de clans qui n'est pas la sienne, ne sachant comment faire pour qu’une étincelle puisse le purifier du dedans et libérer une énergie autre que celle de la culpabilité, de l’horreur ou de la mort. Issu d'un milieu modeste, il se trouvait plutôt du bon côté de la barrière et, un peu trop naïf ou enthousiaste, n'a pas très bien compris les choses, quand Don Rafaele a honoré la promesse faite à son père - au cas où les siens reposeraient sous quatre planches - de veiller sur lui et de lui offrir une brave petite, Pamela, pour fonder une famille, et vivre mieux... Mais un petit service en entraîna un autre, puis encore un autre, et maintenant, ce gamin des rues se trimballe sous l'ombre menaçante de Don Rafaele aux côtés de Paolini, un fou dangereux aux pulsions perverses et meurtrières. Aujourd'hui, il est à bout de forces, il pleure comme jamais depuis son enfance, les pieds dans une mare de sang... A quoi donc peut-elle désormais servir, sa vie tenue en laisse derrière des murailles invisibles, loin de sa femme Pamela et de ses deux minots prêts à embarquer pour l’Argentine?

Ils ont tout démoli, Gennari. Ils ont mis du poison partout, de tous les côtés, comme si ceux qui habitent là étaient des rats, et pourtant ils ont survécu, tout empoisonnés qu'ils étaient.

Davantage qu’un polar, ce roman est une radiographie effrayante d’une certaine réalité napolitaine, déconseillée aux âmes sensibles... 

11/08/2011

André Pieyre de Mandiargues

9782070122431.gifAndré Pieyre de Mandiargues, Nouvelles complètes (Coll. Quarto/Gallimard, 2009)

Voici enfin exhumé de ses injustes cendres, l’un des auteurs les plus marquants du XXe siècle. Outre ses romans La motocyclette, Le lis de mer ou La Marge – chez le même éditeur – c’est bel et bien dans la nouvelle que ses talents d’orfèvre de la langue française s’expriment avec un talent incomparable. Lisez surtout, dans la présente édition, Le soleil des loups et Le Musée noir célébrant la fascination de l’interdit, le fantastique, les transgressions du désir. Un érotisme noir, lumineux ou terrifiant.

Tout écrivain, tout artiste, avouera, s'il ne cache pas son jeu, qu'il cherche à créer une certaine beauté, aussi originale qu'il se pourra. Moi, je suis particulièrement sensible à ce que William Butler Yeats appelle la beauté terrible. C'est cette beauté-là, quand l'occasion s'y prête, que je cherche à faire naître. André Pieyre de Mandiargues

07:43 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

10/08/2011

Le poème de la semaine

Gustave Roud

Tu ne sens pas ces taches de marbre glacé
là-bas derrière ton épaule.
Et pourtant le dernier sillon
touchait le mur des tombes, tu le sais.
Mais tu vis,
et ce mur aux yeux aveugles des vivants,
c'est un jardin comme les autres qu'il enclôt,
les vieilles roses visitées des mêmes abeilles.
Elles donnent comme les autres
leur miel et leur odeur.
La pluie aux pierres trop lisses
lave et dédore les noms
plus vite que l'oubli.
Pierres toujours froides,
le sang des paumes vivantes
les sépare de votre secret!
 
Quelle main de petite fille dans le brasier d'août
sur vous naïvement posée
(l'autre pleine de roses mortes)
sentira jamais la terrible source profonde
qui glace votre coeur?
 
Le tondeur des buis se retourne sous le porche
et prend joie aux primevères dorées
par le soleil moribond,
sans vous voir grelottantes, 
de roses rayons vainement, grossièrement fardées,
toutes blêmes de votre gel intérieur.
 
vous êtes lourdes comme le temps,
plus légères que le givre,
vous êtes de grands oiseaux fermés
qui épient sans trêve au-delà des siècles
l'embrasement futur de l'autre aurore,
la flèche aiguë des trompettes
qui les transpercera d'un cri.
 
Vivants aveugles!
Ils s'adossent à ce frisson qui monte en vous
nuit et jour de l'affreuse banquise souterraine
et tandis que vous tremblez contre eux
comme le rôdeur d'hiver aux portes fermées,
ils rêvent de repos.
Aveugles et sourds dans ce lieu
où chaque chuchotement de feuille est une parole,
où les lèvres de la plus pauvre fleur
crient un sombre secret d'abîme!
 
Ils respirent comme une innocente fumée
l'odeur des roses
par le vent d'un revers d'aile rabattue;
en vain l'oiseau fait scintiller
sur la grappe des feuillages obscurs
son chant d'étoile!
 
Ils s'en vont,
ils traînent dans le gravier la porte rouillée,
et derrière eux,
sous le baîllon de glaise glaciale,
fouillés de monstrueuses racines,
ceux qui ne parlent plus,
de toutes les fleurs, de tous les oiseaux,
de toutes les feuilles jettent,
jettent au vent leurs appels
comme des graines perdues...
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

09/08/2011

Michela Murgia 1b

Bloc-Notes, 9 août / Les Saules

Au festival d'Arezzo en 2010, Michela Murgia présente son roman Accabadora, malheureusement pour plusieurs d'entre vous, en italien sans sous-titres...


 

Michela Murgia, Accabadora (Seuil, 2011)

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vidéo; littérature; document | |  Imprimer |  Facebook | | |

Michela Murgia 1a

Bloc-Notes, 9 août / Les Saules

littérature; roman; livres

La littérature italienne affiche, décidément, une santé insolente. Après quelques années d'errance, empêtrée dans ses années Aldo Moro et les brigades rouges, la voici revenue sur les devants de la scène, avec Fabio Geda, Silvia Avallone, Milena Magnani, Caterina Bonvicini et Michela Murgia, dignes successeurs de Michele Fois, Alessandro Piperno ou Tiziano Scarpa et, remontant un peu plus loin, d'un Erri de Luca ou d'un Guido Ceronetti.

Michela Murgia est née en 1972 à Cabras, en Sardaigne, auteur de quatre livres à ce jour: Il mondo deve sapere (2006), Viaggio in Sardegna - Undici percorsi nell'isola che non si vede (2008), Accabadora (2009) et Ave Mary - E la chiesa inventò la donna (2011). Compatriote de Michele Fois et de Milena Agus, Accabadora est son premier roman traduit en langue française.

Il nous conte l'histoire de Maria, enfant tardif d’un foyer modeste qui en compte déjà trois, cédée par sa mère Maria Teresa Listru à une vieille femme, Tzia Bonaria. A cette fill'e anima - fille d'âme - elle apprend le métier de couturière, l’élève comme sa propre fille, lui inculquant une éducation rigoureuse mêlée à une sincère tendresse, comme s'il s'agissait de son propre enfant. Maria, fière de son nouveau foyer, apprend vite. Malgré son caractère sauvage, indépendant, elle se conforme à l'enseignement et aux exhortations de sa mère adoptive. Un seul point la chagrine, une zone d'ombre qui la préoccupe chaque jour davantage: Souvent, tard dans la nuit, Tzia Bonaria s'absente, sans autres explications. Mais la curiosité de la jeune fille est trop forte. Un soir, elle verra de ses propres yeux et comprendra son surnom de Accabadora, c'est-à-dire la dernière mère... Sa douleur filiale s’en trouvera bouleversée à tout jamais, mêlant les sentiments confus de l'indignation, de la révolte, de la trahison, et les eaux du pardon prendront du temps à laver les plaies de Maria.

Un roman très attachant dont - intentionnellement - je ne vous donne toutes les clefs, qui nous immerge dans le monde des sortilèges et coutumes sardes, des non-dits, des secrets de famille, avec un rare talent.  

Michela Murgia, Accabadora (Seuil, 2011)

sources: Wikipedia

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Caterina Bonvicini, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/08/2011

Sacha Sperling

Bloc-Notes, 6 août / Les Saules

littérature; roman; livres 

Peut-être vous souvenez-vous de ce jeune auteur, âgé de 21 ans à peine aujourd'hui, qui m'avait littéralement bluffé - si l'on peut dire - avec un premier roman étonnant: Mes illusions donnent sur la cour (Fayard, 2009). 

J'attendais avec quelques craintes un second texte. Souvent en effet, je me suis retrouvé déçu devant une soudaine conscience d'écriture plutôt agaçante, sans cette originalité initiale dans le sujet ou la forme, sans cette magie des commencements. Avec Sacha Sperling et Les coeurs en skaï mauve, il en va par bonheur tout autrement. L'histoire pourtant, est banale à souhait: Deux jeunes un peu fous dans leur genre, Jim et Lou, qui se rencontrent, s'inventent une autre vie et qui, pour un temps, font semblant de croire aux mirages. 

Auprès de Lou, Jim se sent comme un Buffalo Bill qui flotte au-dessus des périphériques, un mercenaire à travers les cités d’or; il veut être gavé de rayonnements cathodiques, rêve de bolides, de non-lieux quand les miroirs ne reflètent rien d'autre que du vide: Jim semble toujours au bord d'un gouffre immense. Se tenir près de lui, c'est accoster sur une île que l'on croit déserte. La plage est un bras mince entre l'écume argentée et la forêt qui exhale des odeurs de pamplemousse. La lumière s'insinue entre les palmes. Les ombres dessinent des formes sombres mais éclatantes comme l'ébène.

En Lou, il voit un sourire à dix millions de dollars, un regard parme, une dégaine de Cadillac, une battante qui voudrait plus de glaçons dans son verre; auprès d'elle, un peu par hasard, il lui semble être enfin passé de l'autre côté du monde: Tu m'as appris que c'est la poussière qui donne sa superbe au soleil quand il se couche. Un peu plus loin, il lâche: J'ai besoin de toi pour garder les yeux ouverts. (...) Elle est Baby Lou. Celle qui est trop jolie pour qu'on l'appelle seulement par son prénom. Celle qui reste dans son champ de vision. Le plus gros oeuf de Pâques caché dans le jardin.

Mais même les supernovas s’éteignent à un moment, et Lou s'aperçoit au fil des jours que son héros n'est qu'un rêveur immobile prisonnier de son présent imaginaire, qu'il joue toujours un rôle, incapable d'être lui-même face à celle qu'il croit aimer: Jim appartenait aux faces cachées des lunes, aux plaines arides, aux villes fantômes. Il sentait l'infini et le soleil qui tape trop fort. Sa peau était douce comme les vents nocturnes qui traversent les canyons. 

Chronique d'une attraction irrésistible puis d'un désamour, ce roman est bien le négatif d'un Roméo et Juliette moderne. Le ton grinçant et lucide, servi par une écriture d’une incroyable maturité, renverse ou détourne en permanence les clichés qui foisonnent chez les auteurs classiques et les autres, se refermant sur une image inoubliable de Jim: Il ne savait pas qu'une poussière provoquerait une éclipse en passant devant le soleil.

Sacha Sperling, Les coeurs en skaï mauve (Fayard, 2011)

00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/08/2011

Le poème de la semaine

Henri Pichette

Soleil, ouvre grandes les Portes:
Ce monde est parsemé d'oeuvres douces et fortes.
Eclaire-moi, qui me veux illuminateur
Tel un fou, tel un sage, oui, tel un créateur.
Que paroles du coeur voient le jour sur mes lèvres!
Si j'ai, d'interminables nuits, tremblé
De perdre la flamme tandis que je suais la fièvre,
Jamais les champs ne m'ont apparu noirs de blé.
J'ai vu la petite Aube sourire à l'Océan.
Je ne suis plus l'animal seul
A se lamenter entre deux néants,
Ni l'insane qui songe à déserter le sol.
Parmi les hommes à la peine
Je m'instruirai.
Touché, je haïrai la haine.
Je participerai plein de coeur aux efforts
De la verte forêt toutes feuilles dehors.
L'espoir, voici l'espoir, le grave espoir lucide
Qui veut qu'âme, ombre et chair on se décide.
O prometteuses fleurs! possibles fruits heureux!
Que le sang vénéré provigne, généreux.
O le travail de la contemplative prière,
Une rosée en larmes de lumière.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

10:28 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |