Philippe Claudel (14/08/2011)

images.jpgPhilippe Claudel, Le rapport de Brodeck (Stock, 2007)

 

Brodeck revient de l’enfer des camps d’extermination. De retour dans son village, sa première vision est celle d’un monument aux morts où son nom est gravé dans la pierre. On le croyait disparu, mort. On se réjouit de sa survie. On est emprunté, aussi...

 

Homme silencieux, discret, pacifique, le voici chargé par l’administration de sa commune de dresser des notes sur la faune, la flore et la nature en général, jusqu’au jour du drame lié au sort d’un pensionnaire mystérieux de l’auberge, surnommé der Andere – l’autre – assassiné dans des circonstances mystérieuses. Les autorités, parce qu’il est jugé honnête, précis et inoffensif, vont alors demander à Brodeck de rédiger, pour la forme, un rapport sur ce qui s’est passé. Mais il va, au fil de son enquête, réveiller un passé douloureux dont le sien n’est pas épargné.

 

Sans lever le voile sur la conclusion de l’histoire – ce serait vraiment dommage – disons que la thématique de ce roman admirable est universelle : La culpabilité historique des individus, la férocité ou la lâcheté des communautés, la nécessité de la mémoire pour les uns et de l’oubli pour les autres.

 

Si le lieu du récit demeure indéterminé, probablement situé dans un pays de l’Est, il pourrait tout aussi bien se dérouler en Alsace, mais peu importe. Le personnage de Brodeck, de sa famille scellée par un lourd secret au temps de la guerre, est bouleversant d’humanité.

 

Le style de Philippe Claudel est exceptionnel, épuré, imprégné pourtant d’une douceur à la mesure des blessures évoquées, en contrepoint au climat oppressant qui transpire tout au long des événements qui ponctuent la dure réalité de son (anti) héros.

 

Après Les âmes grises évoquant la guerre de 14, Philippe Claudel revisite celle de 39-45 dans ce roman magnifique qui mériterait d’être étudié dans les écoles, car la force de ce livre tient dans son absence de jugement, de son intrigue limitée aux faits justifiés par les différents protagonistes auxquels on tente de s’identifier pour comprendre. Un sujet de réflexion inépuisable et intemporel.

 

L’un des romans francophones les plus marquants de la décennie, Prix Goncourt des Lycéens 2007, amplement mérité!

 

également disponible en coll. de poche (Livre de poche/LGF, 2009)         

00:16 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |