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31/01/2014

La citation du jour

Czeslaw Milosz

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De la matière friable que peut-on retenir? Rien, si ce n’est la beauté. Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers et les chrysanthèmes et la pleine lune.

Czeslaw Milocz, Rien de plus , dans: Poèmes 1934-1982 (Luneau Ascot,1984)

image: chantouvivelavie.centerblog.net 

09:16 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/01/2014

Musica présente - 66 Riccardo Muti

Riccardo Muti

chef d'orchestre italien, né en 1941

*

Wolfgang Amadeus Mozart

Die Zauberflöte, K 620

(René Pape, Diana Damrau, Genia Kühmeier, Paul Groves, Christian Gerhaher, Wiener Philharmoniker)


00:07 Écrit par Claude Amstutz dans Musica présente, Musique classique, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/01/2014

Le poème de la semaine

Jean-Pierre Schlunegger

Musique ruisselante, pluie heureuse
Qui s'obscurcit de chute en chute, haletante
Jusqu'à cette limite où les cordes s'étranglent,
S'enrouent à devenir une musique blanche,
La voix de sable au bord de la douleur
Qui dit l'enfance irrémédiable, dit l'amour
Inaccessible à l'instant même où il se chante,
Une anémone fermée sur l'aile de la mer,
Distend l'accord, sépare
Les cordes soeurs, les cordes fières, jusqu'au cri...
Puis le bruit sec de la cassure et le silence. 
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

28/01/2014

Philippe Sollers

9782070445356_1_75.jpgPhilippe Sollers, Discours parfait (coll. Folio/Gallimard, 2012)

Avec la vaste culture de son auteur et sa passion de l'écrit auxquelles s'ajoutent, pour cet ouvrage en particulier, un formidable élan ainsi qu'un enthousiasme contagieux, Philippe Sollers nous embarque pour un tour du monde de la pensée et de la littérature à travers les siècles, illustré d'anecdotes savoureuses, de citations qui donnent des ailes à ces amis de passages ou compagnons de toujours, comme les célèbres corbeaux de Van Gogh au-dessus des champs de blé.  

A titre d'exemple, les chapitres consacrés  à Shakespeare, Châteaubriand, Stendhal, Mauriac ou Céline, valent à eux seuls une lecture attentive. Ainsi que pour l'auteur de Discours parfait, mes choix - forcément subjectifs - sont le reflet de rencontres marquantes, et vous en trouverez d'autres assurément, dans ce livre: Nietzsche, Flaubert, Joyce, Bataille, Beckett ou Houellebecq parmi d'autres. Vous avez l'embarras du choix.

A propos de mon écrivain préféré, l'immense et indémodable William Shakespeare, il écrit: C'est le plus grand. on ouvre ses oeuvres, et aussitôt, le globe tourne, les passions se déchaînent, la nature entière se déploie, les flèches du rythme vibrent, criblent la scène, viennent vous frapper en plein coeur.

Quelques centaines de pages plus loin, à propos de François Mauriac - l'écrivain moderne dont je me sens le plus proche depuis mon adolescence - il note: On dit qu'un vin vieillit bien, surtout s'il est de Bordeaux, mais la vérité est qu'il rajeunit de l'intérieur, et c'est l'étonnante fraîcheur qui arrive, de plus en plus, au journaliste Mauriac, l'écrivain qui s'est le moins trompé sur toutes les grandes tragédies du XXe siècle (...) Impeccable, direct, précis, implacable.

Avouez que lorsqu'on nous présente la littérature avec autant de ferveur, une allégresse diffuse nous étreint, celle qui nous fait prendre la mesure du temps - aussi rare et recherché que l'oxygène - pour lire ou relire les auteurs qu'il convie dans son livre. Pas tous, heureusement! On ne peut aimer tout le monde. Et c'est bien ainsi... 

00:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/01/2014

Jean Cocteau

jeancocteau2b2b663ds6.jpgDominique Marny, Jean Cocteau, archéologue de sa nuit (Textuel, 2010)

Dominique Marny n'en est pas à son coup d'essai. Elle a déjà consacré deux études à cet intarissable créateur sous toutes ses formes - par les chemins multiples de la littérature, du cinéma, du dessin - en signant Les Belles de Cocteau (Lattès, 1995) et La Belle et la Bête, les coulisses du tournage (Le Pré aux Clercs, 2005).

Dans l'esprit de la collection de cet éditeur - voir les ouvrages consacrés à Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Guillaume Apollinaire, Colette, Marcel Proust, Jacques Brel ou Barbara - Dominique Marny vous invite à feuilleter un album de famille truffé de photographies, lettres et documents souvent inédits. Cette promenade poétique permet de mesurer combien Jean Cocteau a marqué de son empreinte tout le XXe siècle. Jugé souvent frivole par ses contemporains, déroutant parfois et indifférent à aucune expression artistique, il a soigneusement caché ses blessures - le suicide de son père, les années de guerre ou la condescendance de ses pairs - et répondu à ses détracteurs: Pour quelqu'un que l'on accuse de dilettantisme, j'ai beaucoup travaillé.

Un bien bel hommage à celui qui a célébré - outre son immense talent - la constance dans ses amitiés et pratiqué le luxe de la désobéissance.

Faire semblant de pleurer mes amis - conclut Jean Cocteau - puisque le poète ne fait que semblant d'être mort. (Le testament d'Orphée)

26/01/2014

Morceaux choisis - Erri de Luca

Erri de Luca

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Vis en aventureux comme font les saints, les cigognes,
vis en desséché comme fait l'herbe en cas de sécheresse,
elle se blottit sous terre pour renaître sous l'averse.
Vis en pollen gaspillé un million de fois
sur les trottoirs, les cailloux
et une seule par hasard dans l'ovaire.
Vis en déserteur d'une guerre,
proclame les vaincus non pas le vainqueur,
trinque à l'insurrection des cibles.
Prends par le bras petite soeur la mort
qui a déjà dû te chercher plusieurs fois,
dis-lui que tu l'invites au cinéma, qu'on donne ta vie,
assise à ta droite,
dis-lui de se préparer,
c'est toi qui passeras la prendre à cette heure-là.
 

Erri de Luca, Aller simple  - édition bilingue (Gallimard, 2012)

traduit de l'italien par Danièle Valin

image: Giuseppe Tornatore, Cinema Paradiso - film (1989)

25/01/2014

Cédric Morgan

9782752901019.gifCédric Morgan, Oublier l'orage (Phébus, 2005)

Dans sa maison de l'île de Groix, Jason. médecin généraliste de son état, ouvre chaque jour ses fenêtres sur la rive où la très jeune Arthure, compagne de ses treize ans, fut retrouvée un jour noyée et nue. C'était en 2012, par un été torride que nul n'a oublié. dans une France livrée mieux que jamais à l'ordre moral - le chef du parti intégriste chrétien était installé à l'Elysée et les milices chargées de combattre l'impudicité faisaient la loi dans la rue et jusqu'au sein des familles...

Si vous ne savez quel roman entreprendre, choisissez vite celui-ci, sans hésiter. Il nous entraîne sur les pas de trois adolescents insouciants, confrontés au tragique de l'existence. Le narrateur, qui aura connu auprès de cette jeune fille ses premiers émois, cherche à comprendre, plus tard, le mystère qui a entouré sa mort. Une sensibilité à fleur de peau et une poésie instinctive, aussi discrète que son auteur : Magnifique! 

05:15 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

24/01/2014

Morceaux choisis - Marcel Proust

Marcel Proust

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Les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l'habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avons oublié, parce que c'était insignifiant, et que nous lui avons ainsi laissé toute sa force. C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-mêmes ce que notre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. 

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu - A l'ombre des jeunes filles en fleurs (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1954)

image: Odilon Redon, Béatrice / 1885 (art-kingdom.com)

00:19 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

23/01/2014

La citation du jour

Louis Calaferte

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Bien entendu, je ne suis ni celui-ci, ni celui-là, ni un autre, ni comme ça, ni autrement, ni tout à fait différent, ni ce que vous croyez, ni ce que je pense, ni ce mensonge, ni ce qu'on suppose, ni ce que je laisse voir, ni ce que je prétends, ni ce que j'invente, ni ce qu'on dit, ni ce que j'approuve, ni ce qui m'est défendu, ni ce que je rêve, ni rien de tout cela. Je suis tel que je suis. 

Louis Calaferte, Choses dites (Cherche-Midi, 1997)

00:09 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/01/2014

Le poème de la semaine

Maurice Chappaz

Notre vie avec ses oeuvres
ne dure pas plus qu'un paquet de tabac,
y compris le pays où j'attends;
telle la petite fumée qui s'échappe
comme si j'étais cette petite fumée
au moment où la pipe reste chaude dans la main
après avoir été expirée.
 
Les années s'éteignent.
 
Le savoure la dernière braise.
 
Je trébuche après avoir fumé
entre un "Pater" et un "Ave".
J'ouvre, je ferme les yeux.
Tout se mélange,
et dans ma mémoire qui s'efface
je me retrouve avec les petits lacs
qui bougent dans les montagnes
telles des paupières.
 
Le soleil à peine disparu,
il y eut une giclée de lune:
le croissant s'infléchit très jaune
dans une échancrure de la montagne,
une gorge l'avale.
 
Elle surgit,
brille de plus en plus,
m'éblouit.
 
D'un instant à l'autre,
je vois deux lunes
qui voisinent puis s'enfoncent.
 
De nouveau une seule lèche les ténèbres.
Un brasier de feu remue,
enfin quelques tisons se dissipent dans les rochers.
 
Mes pensées me dépassent,
filent en moi, obscures, tronquées,
s'évanouissent en traits plus noirs que la nuit.
Elle limpidement obscure.
 
Il y a des traits noirs.
 
Ces traits noirs sont de petits oiseaux inconnus,
leurs ailes cernent en allées et venues
les parois du chalet,
à peine ai-je le temps de les apercevoir. 
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle