10/01/2014
Musica présente - 47 Ivo Pogorelich
Ivo Pogorelich
pianiste croate, né en 1958
*
Frédéric Chopin
Piano Concerto No. 2 in F minor, Op 21
(Chicago Symphony Orchestra, Claudio Abbado)
05:34 Écrit par Claude Amstutz dans Claudio Abbado, Frédéric Chopin, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Sam Savage
Sam Savage, Firmin - Autobiographie d'un grignoteur de livres (Actes Sud, 2009)
S’il est un seul livre vraiment jubilatoire qui mérite de trôner aux devantures des librairies, c’est bien celui de Firmin, rat difforme, insouciant et désespéré à ses heures qui, de grignoteur boulimique de livres, devient au contact de Norman puis de Jerry, lecteur érudit. S’inventant une destinée peu ordinaire entre réalité et fiction, il se prend au fil de ses découvertes, pour Moby Dick, Anne Frank ou Hamlet. Comme nous, n’est-ce pas ? Mais ce roman est bien plus qu’un voyage à travers les livres. Ballade nostalgique dans un quartier en voie d’extinction, quelque part entre Pembroke Books et le Casino Theater, il est aussi un reflet de notre époque pour ceux qui ne tolèrent pas la différence ou éprouvent un rejet devant ce miroir qui pourrait les révéler à eux-mêmes.
Egalement disponible en coll. Babel (Actes Sud, 2010)
05:32 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
09/01/2014
Morceaux choisis - Heinrich Böll
Heinrich Böll
Ils restèrent longtemps éveillés, fumant des cigarettes, tandis que le vent qui mugissait à travers la maison faisait tomber des pierres, arrachait, aux étages supérieurs, des plaques de crépi qui s'écrasaient à grand bruit et volaient en éclats. Il ne la voyait que comme une lueur, un souffle chaud et pourpre, quand ils tiraient sur leurs cigarettes; les formes moelleuses de ses seins mous sous la chemise, son paisible profil. Contempler le creux de ses lèvres minces, bien serrées, cette petite coulée noire au milieu de son visage le remplissait d'une immense tendresse. Ils bordèrent leurs couvertures et se blottirent l'un contre l'autre, c'était merveilleux de savoir qu'il faisait chaud et que l'on resterait toute la nuit au chaud. Les volets battaient, le vent sifflait à travers les carreaux cassés, balayait, là-haut, ce qui restait de la toiture. A intervalles réguliers, quelque chose heurtait violemment un mur avec un bruit métallique.
Elle murmura près de lui: C'est une gouttière, il y a si longtemps qu'il faut la réparer. Elle s'interrompit, une seconde seulement, lui prit la main et poursuivit tout bas: C'était avant la guerre, j'habitais déjà ici et, quand je rentrais à la maison, je voyais la gouttière et je me disais: "Il faut qu'ils la fassent réparer", mais elle n'était toujours pas réparée quand la guerre est arrivée, elle était toujours de guingois, l'une des fixations avait lâché, elle était prête à tomber. Je l'entendais chaque fois qu'il y avait du vent, chaque nuit de tempête, je couchais ici. Les traces humides apparaissaient nettement sur la façade chaque fois que la pluie frappait le mur à l'oblique, traînée blanche bordée de gris foncé, qui descendait en longeant la fenêtre, avec, à droite et à gauche, de grandes taches circulaires dont le centre était blanc, entouré de cercles d'un gris de plus en plus foncé... Par la suite, je suis partie loin, j'ai dû travailler en Thuringe et à Berlin et, lorsque la guerre a touché à sa fin, je suis revenue ici et les choses n'avaient pas changé. La moitié de la maison s'était effondrée - j'étais partie loin, très loin, j'avais vu beaucoup de souffrance, de mort et de sang, j'avais eu peur - et, pendant tout ce temps, cette gouttière endommagée n'avait pas bougé, elle projetait désormais la pluie dans le vide, puisqu'il n'y avait plus de mur. Les tuiles s'étaient envolées, des arbres avaient été abattus, le crépi était parti en lambeaux, mais ce morceau de zinc était finalement resté accroché six ans durant.
Sa voix se fit douce, presque chantante, elle lui pressa la main, il sentit qu'elle était heureuse... De nombreuses pluies étaient tombées en six ans, beaucoup d'hommes étaient morts, des cathédrales avaient été détruites, mais la gouttière était toujours là et je l'entendais claquer la nuit, quand il y avait du vent. Crois-tu que j'étais heureuse?
Oui, dit-il.
Heinrich Böll, Le silence de l'ange (Seuil, 1995)
traduit de l'allemand par Alain Huriot
03:18 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
08/01/2014
Le poème de la semaine
Georges Perros
merci à Maveric G
Ces envies de vivre qui me prennent Et cette panique, cette supplicationCette peur de mourirAlors que je n’ai pas encore vécuEt que dans ces momentsJ’ai ma vie sur ma langueIl me semble que ça va être possible, enfinQue je vais y aller d’une grande respirationQue je vais avaler le soleil et la luneEt la terre et le ciel et la merEt tous les hommes mes amisEt toutes les femmes mes rêvesD’un seul grand coupDe poitrine éclatéeQuitte à en mourir, oui,Mais pour de bonPas de cette mort ridiculeDéshonorante, inutile,Qui accuse la parodieQui accuse le défautDe ce qu’on appelle la vieSans trop savoir de quoi nous parlons. On se renseigne auprès des autresOn leur pose des tas de questionsAvec cette hypocrisie de bonne sociétéOn marque des points en silenceIls souffrent autant que nous, tant mieuxOn se dit mêmeQu’on est un peu plus vivants qu’euxO l’horreurEt la fragilitéDe nos amours. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
07:40 Écrit par Claude Amstutz dans Georges Perros, Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésiee | | Imprimer | Facebook |
07/01/2014
Anne Serre
Anne Serre, Débutants (Mercure de France, 2011)
La vie réserve parfois des surprises, agréables et douloureuses à la fois, pour Thomas et Anna, impossibles pour Guillaume, le mari de cette dernière depuis vingt ans. Leur couple ne voguait pas à la dérive: leur amour encore à vif, le désir tel un signe visible de leur union heureuse. Pourtant, leur histoire se lézarde, comme une mécanique trop bien huilée ne suscitant plus l'étonnement, la folie: Elle avait toujours cru qu'ils parlaient la même langue. Or, elle commence à comprendre: lorsqu'il dit aimer il veut dire être amoureux, plein de désir et d'émoi. Elle, non. Lorsqu'elle dit aimer elle veut dire englober ou être à l'intérieur de l'autre, le connaître dans presque toutes ses nuances, se sentir pleinement heureux avec lui.
Un roman léger et délicat sur le coup de foudre, sur le vieillissement et l'amour éprouvé envers deux hommes dont l'un - le malheureux Guillaume - s'excluera de lui-même, muré dans son incompréhension, son entêtement, sa possessivité. Une approche du sentiment amoureux célébré comme une liberté à deux qui préfère la brûlure de l'imprévu à un bonheur trop bien orchestré. Etre jeune dans le regard de l'autre, n'est-ce pas le bien le plus précieux au monde?
également en format de poche (coll. Folio/Gallimard, 2013)
10:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
06/01/2014
La citation du jour
Nathalie Clifford Barney
Le rire seul échappe à notre surveillance.
Nathalie Clifford Barney, Nouvelles pensées de l'amazone (Mercure de France, 1939)
image: Romaine Brooks, Portrait of Natalie Barney / 1920 (pinterest.com)
00:01 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
05/01/2014
Morceaux choisis - Gilles Baudry
Gilles Baudry
Les yeux fermés, parle de l’intérieur. Trouve des motsqui soient des portesderrière lesquelleson écoute la mer raconter une histoire,de ces portes qu’on pousseau-dedans de soi.A l’indicible sourcepuise des mots infusés de printempsdédiésà ce qu’il y a de plus fraisen chacun. Garde la page inapaisée.
Gilles Baudry, Nulle autre lampe que la voix (Rougerie, 2006)
image: Alphonse Osbert, Au coucher du soleil (pantherspirit.centerblog.net)
00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
03/01/2014
Henry Miller
Henry Miller, Le sourire au pied de l'échelle (Buchet-Chastel, 2001)
On peine à imaginer que l’auteur sulfureux de Sexus, Tropique du cancer et Tropique du capricorne ait pu écrire un texte aussi poétique. Et si le clown, l’acteur égaré dans le monde qui tend un miroir aux spectateurs que nous sommes, tantôt avec douceur et mélancolie, tantôt avec violence et provocation, n’était pas condamné à mourir pour que nous puissions vivre ? Fable sur l’ombre et la lumière des âmes, son contenu est riche, douloureux, universel. A noter que la présente édition est bilingue, en anglais et français.
Le clown, c'est le poète en action. Il est l'histoire qu'il joue. Le clown exerce sur moi un profond attrait, justement parce qu'entre le monde et lui se dresse le rire. Son rire à lui n'a jamais rien d'homérique. C'est un rire silencieux sans gaieté comme on dit. Le clown nous apprend à rire de nous-mêmes. Et ce rire-là est enfanté par les larmes. Henry Miller
00:04 Écrit par Claude Amstutz dans Contes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; récit; conte | | Imprimer | Facebook |
02/01/2014
Catherine O'Flynn
Catherine O'Flynn, Ce qui était perdu (Jacqueline Chambon, 2009)
Le personnage principal de ce roman est peut-être bien Green Oaks, un centre commercial nouvelle génération de Birmingham où se retrouvent les paumés, les désoeuvrés, les malheureux qui viennent y tromper leur ennui ou attendent la fin du week-end : Mais c’est ça la vie, non ? Perdre son temps jusqu’à ce qu’on meure. C’est tout ce qu’on peut faire … Pourtant, dans cette tour de verre, Kurt et Lisa, à la recherche d’une petite fille disparue, surmonteront leurs blessures intimes. Malgré une vision assez désenchantée de la vie fragilisée par la douleur, les non-dits ou la perte, Catherine O’Flynn nous réserve quelques morceaux d’anthologie d’humour noir, avec les délires verbaux de Crawford, manager de Young Music – ses craintes de l’inspection générale ou ses cours de management – ainsi qu’une tendresse particulière pour ces promeneurs éphémères d’un univers cacophonique et glacé. Premier roman.
publié dans Le Passe Muraille no 80 - décembre 2009
07:18 Écrit par Claude Amstutz dans Le Passe Muraille, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
01/01/2014
La musique sur FB - 1709 A.Diepenbrock
Alphons Diepenbrock
Stage Music for "Elektra"
Philharmonic Orchestra of The Hague
Neeme Järvi
22:55 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |