30/09/2013
Musica présente - 78 Monique Haas
Monique Haas
pianiste française, 1909 - 1987
*
Frédéric Chopin
12 Etudes, Op 10
pour Charline K et Michel B
00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Frédéric Chopin, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique; facebook | | Imprimer | Facebook |
28/09/2013
Brigitte Giraud
Brigitte Giraud, Une année étrangère (Stock, 2009)
Elle est touchante, l’histoire de Laura, qui laisse derrière elle une famille à la dérive, submergée par la culpabilité et les non-dits, à la suite de l’accident mortel de son petit frère. Jeune fille au pair en Allemagne, elle est confrontée à une autre langue, découvre un nouveau pays et s’efforce de s’intégrer à un milieu différent du sien, plus harmonieux en apparence, car il dissimule aussi ses blessures, ses secrets, ses fissures. Le portrait émouvant d’une adolescente qui se voit grandir et dans cette métamorphose gagne peut-être sa libération.
également disponible en format de poche (Coll. J'ai Lu, 2011)
06:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
27/09/2013
Lire les classiques - William Shakespeare
William Shakespeare
La musique qu'on entend, pourquoi l'ouïr sans entrain?Le doux se plaît au doux, la joie va à la joie;Comment aimer ce qu'on n'aime qu'à contrecoeur,Ou n'avoir de plaisir qu'à ce qu'on soit fâché?Si la concorde des sons ensemble bien accordés,Par l'hymen réunis, offense ton écoute,Ils te grondent doucement de jouer au singulierLa partition des sons qu'ensemble tu devrais jouer;Entends comme cette corde en épouse une seconde,Comme, par écho mutuel, les autres sont éveillées,On dirait du bonheur d'un fils, son père, sa mère,Chantant à l'unisson une seule mélodie: Chanson privée de mots, ensemble une et plusieurs,Et qui t'avertirait "Toi, tout seul, tu n'es rien."
William Shakespeare, Sonnet VIII, dans : Sonnets - édition bilingue (Grasset, 2013)
traduit de l'anglais par Jacques Darras
image: www.maxisciences.com
00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
25/09/2013
Ann Beattie
Bloc-Notes, 25 septembre / Curio - Cologny
Ann Beattie est à peu près inconnue chez nous, en Suisse ou en France. Pourtant, cette américaine née en 1947, a immédiatement attiré l'attention, au début des années 70, en publiant des nouvelles dans diverses revues, dont le prestigieux New Yorker. On l'a souvent comparée à Raymond Carver et son succès tient à sa manière personnelle d'appréhender une classe moyenne passive et déboussolée - celle de son époque - qui a perdu ses illusions, revenue de ses rêves d'un meilleur des mondes possible. A ce jour, une dizaine de recueils de nouvelles ont été édités aux Etats-Unis, ainsi que huit romans. En France, seul Promenades avec les hommes a été traduit l'année dernière, avant Nouvelles du New Yorker, que je vous recommande vivement de lire.
Chez Anne Beattie, s'il fallait déterminer un lien récurrent à tous ses textes, c'est celui d'êtres qui connaissent - ou survivent à - l'érosion de leur couple, sans nécessairement franchir le pas, appuyés au passé qui a souvent l'apparence d'un mensonge, en proie à un inconfort ainsi que l'explique Kate à son nouveau compagnon Howard, dans That's where you will find me: J'ai l'impression d'être un oiseau dont la cage a été recouverte d'un tissu pour la nuit. Je m'apitoie sur mon sort, puis je vois mon bras comme une aile brisée, tout paraît si triste soudain que mes yeux se remplissent de larmes.
A mon âge on n'a pas nécessairement envie de connaître très bien quelqu'un. On veut juste être... en arriver au point où on est compatible, dit la mère à sa fille Ann dans Au suivant, lui annonçant son prochain mariage. Ce mal-être se retrouve de même dans Les estivants, où Tom réfléchit sur son ex-femme, Jo, qui lui manque, mais que même si elle revenait à cet instant, quelque chose manquerait encore.
Le langage de Ann Beattie est très concret, voisin souvent de la peinture ou de la photographie . L'introspection y joue un rôle mineur, l'auteur se contentant de montrer les failles - et parfois les lueurs - de ce que son oeil perçoit, sans juger. Instantanés de vie baignés de mélancolie, de moments volés sans nécessaire conclusion, captés avec la précision d'une entomologiste pour dire la solitude profonde, l'isolement dans l'espace, les choses qui changent comme dans un puzzle et prennent une direction qui n'a pas été envisagée sous l'angle juste, les rencontres espérées, mais jamais concrétisées. Il en va ainsi de la narratrice de Entre secrets et surprises qui attend ses amis de toujours, Corinne et Lenny: Nos échanges sont souvent ternes, pourtant j'attends leurs visites avec impatience. Ils sont ma famille de substitution.
Ce désarroi est particulièrement sensible dans les personnages masculins, souvent irrésolus, faibles ou fuyant les discussions, se réfugiant dans l'alcool ou autres paradis artificiels. Emouvants, pourtant, à l'image de Drew qui va revoir son ancienne petite amie Charlotte dans Coney Island: Ils sont sortis ensemble pendant deux ans. Un monde les rapprochait. Comment les gens peuvent-ils échanger des propos futiles quand ils ont partagé un monde? Elle l'aimait réellement, et elle en a épousé un autre? Elle s'est lassée d'essayer de le convaincre qu'elle l'aimait?
La famille - avec ses oeillères et ses fractures entre générations - est un autre thème majeur de ces nouvelles, à l'image de Cynthia dans Rêves de loups, dont les parents prédisent qu'elle ne sera heureuse nulle part, et qui, paupières closes, voit une haute montagne dont elle découvre le sommet enneigé, glacial - haut, immaculé, pas un arbre - et frissonne de froid.
Parmi les seize nouvelles de ce recueil, il en est deux particulièrement réussies: La première, La maison de Marie, nous raconte l'histoire de Marie vue par son compagnon qui réalise ses erreurs, son égoïsme, ses rentrées tardives, ses pertes d'argent au jeu et peine à comprendre pourquoi leur couple vole en éclats: Je n'ai jamais quitté ma femme (...) La plupart du temps, nous nous efforçons d'être joyeux. Or, tandis que Marie prépare une réception - qui, croit-il va sceller leur réconciliation - et qu'il attend les invités, il voit Marie descendre l'escalier et lui lancer: Il n'y a pas de réception, dit-elle. Je souhaite que tu comprennes ce que c'est d'avoir préparé de la nourriture - même si ce n'est pas toi qui a préparé la cuisine - et d'attendre ensuite. D'attendre encore et encore. Peut-être qu'alors tu comprendras ce que c'est.
Quant à la seconde de ces nouvelles, Le terrier de lapin - une explication plausible, elle rassemble à elle seule, dans toute sa complexité, l'ensemble des thèmes chers à Ann Beattie: Une mère qui a des absences et perd un peu la tête, entre impuissance et rage; une fille - la narratrice - revenue dans ce village de Virginie pour s'occuper d'elle; un fils, Tim, sur le point de se remarier, en retrait sur cette grave situation familiale; et, en point de mire, une intégration en milieu hospitalier au long cours. Plus chaleureuse et compatissante qu'en d'autres textes, Ann Beattie y développe en contrepoint un humour doux-amer. Vic et moi avons pensé à nous marier, dit la narratrice, mais j'avais beaucoup de difficultés à m'occuper de ma mère, et je ne pouvais jamais lui accorder assez d'attention. Lorsque nous avons rompu, Vic a consacré tout son temps au chien de sa secrétaire, Banderas. Je pense que s'il a pleuré, c'était quand il allait au parc canin.
A cette douleur répond celle de la mère, confiant à sa fille: Peut-être que toutes ces années où nous avons été une famille t'ont paru être une longue fête de Halloween: nous étions costumés en enfants, et ensuite nos déguisements sont devenus trop petits pour nous, car nous avions atteint l'âge adulte. Une éclaircie toutefois, quand celle qui nous raconte cette histoire s'adresse à Vic: Pourquoi penses-tu que ça pourrait marcher? Nous n'avons jamais été bien assortis. J'ai plus de cinquante ans. Ce serait mon troisième mariage, et qu'il lui répond: Allons-y doucement, alors. Tu pourrais m'inviter à t'accompagner le soir de Thanksgiving.
Une succession de mises en perpective dans laquelle bon nombre de lecteurs, au-delà des années 70, sauront se reconnaître, au rythme des chansons qui accompagnent les récits de Ann Beattie: In my solitude et Gloomy Sunday de Billie Holiday ainsi que That's where you'll find me de Judy Garland.
Sur La scie rêveuse - dans Morceaux choisis - vous pouvez retrouver un extrait de l'une de ces épatantes nouvelles: Sur une colline du Vermont. Bien du plaisir à tous!
Ann Beattie, Nouvelles du New Yorker (Bourgois, 2013)
Ann Beattie, Promenades avec les hommes (Bourgois, 2012)
traduits par Anne Rabinovitch
19:30 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; nouvelles; livres | | Imprimer | Facebook |
La musique sur FB - 1239 C.Franck
César Franck
Ce qu'on entend sur la montagne - poème symphonique
Orchestre Symphonique de la RTBF
Brian Priestman
08:53 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
Jacques Prévert
Démons et merveillesVents et maréesAu loin déjà la mer s'est retiréeEt toiComme une algue doucement caressée par le ventDans les sables du lit tu remues en rêvantDémons et merveillesVents et maréesAu loin déjà la mer s'est retiréeMais dans tes yeux entr'ouvertsDeux petites vagues sont restéesDémons et merveillesVents et maréesDeux petites vagues pour me noyer.Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:33 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
24/09/2013
Patricia MacDonald
Patricia MacDonald, Rapt de nuit (Albin Michel,2008)
Certains auteurs ont le don de jouer avec nos nerfs, y mettant un malin plaisir et beaucoup d’habileté, jusqu’au dénouement. C’est le cas le Patricia MacDonald. Dans ce roman, nous suivons Tess, témoin de l’enlèvement de sa sœur, que l’on retrouvera violée et assassinée. Sur la foi de son témoignage, un coupable est arrêté, puis exécuté. Seulement voilà : vingt ans plus tard, il s’avère que l’ADN n’appartient pas au meurtrier. L’enquête – au point mort – reprend, et Tess va s’acharner à retrouver le véritable tueur… Suspense garanti !
Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2009)
09:23 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
23/09/2013
Musica présente - 72 Guiomar Novaes
Guiomar Novaes
pianiste brésilienne, 1896 - 1979
*
Frédéric Chopin
Etudes, Op 10
Etudes, Op 25
06:50 Écrit par Claude Amstutz dans Frédéric Chopin, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
22/09/2013
Lire les classiques - Victor Hugo
Victor Hugo
Or, nous cueillions ensemble la pervenche. Je soupirais, je crois qu'elle rêvait. Ma joue à peine avait un blond duvet. Elle avait mis son jupon du dimanche; Je le baissais chaque fois qu'une branche Le relevait. Et nous cueillions ensemble la pervenche. Le diable est fin, mais nous sommes bien sots. Elle s'assit sous de charmants berceaux Près d'un ruisseau qui dans l'herbe s'épanche; Et vous chantiez dans votre gaîté franche, Petits oiseaux. Et nous cueillions ensemble la pervenche. Le paradis pourtant m'était échu.En ce moment, un bouc au pied fourchuPasse et me dit: Penche-toi. Je me penche.Anges du ciel! je vis sa gorge blancheSous son fichu! Et nous cueillions ensemble la pervenche. J'étais bien jeune et j'avais peur d'oser.Elle me dit: Viens donc te reposerSous mon ombrelle, et me donna du mancheUn petit coup, et je pris ma revanchePar un baiser. Et nous cueillions ensemble la pervenche.
Victor Hugo, Toute la vie d'un coeur / 1819, dans: Toute la lyre / Poésie, vol. 4 (coll. Bouquins/Laffont, 2002)
image: Janine Niepce, Le pont des Arts (janineniepce.com)
09:00 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
21/09/2013
Morceaux choisis - Laurent Costantini
Laurent Costantini
Beyrouth, tu es pour moi la ville la plus mystérieuse du monde. Beyrouth, pardonne-moi, j'ai écrit que tu te donnes au premier venu, ce n'est pas vrai. Beyrouth, les étrangers ne te connaissent pas, ils ne font que passer, ce sont des amants de passage, même pas des amants puisqu'ils ne t'aiment pas. Ils me le disent. Comment osent-ils dire du mal de toi? Beyrouth, je ne répéterai pas ce qu'ils disent de toi. Non, Beyrouth, tu ne t'offres pas au premier venu, il faut marcher dix heures par jour dans tes rues comme je le fais pour mériter les surprises que tu dérobes aux yeux du visiteur trop pressé.
Beyrouth, quelquefois j'ai l'impression que tu es une ville fantôme, je marche dans tes rues et ce ne sont que maisons vides, fenêtres brisées et rideaux déchirés qui volent au vent.
Beyrouth, parfois je ne te comprends pas, tu laisses détruire tes vieilles maisons qui ont réussi à survivre à la guerre alors que tu as déjà tant perdu. Beyrouth, tu as tort de vendre ton âme au diable. Beyrouth, charmouta, tu fais ça pour de l'argent.
Beyrouth, j'aime entendre le chant des klaxons qui s'élève dans le ciel le matin comme le cri des oiseaux. Sa mélodie lointaine me rappelle que je suis dans une ville d'Orient.
Beyrouth, tu fumes trop et parfois je me demande comment tu fais pour tenir encore debout.
Beyrouth, lorsque je suis loin, la nuit, je rêve de toi.
Dans l'ombre de tes jardins où je pénètre en escaladant des murs démolis à moitié, je frissonne parfois devant le mystère du temps arrêté. Ici, la nature a commencé à reprendre ses droits et l'homme n'a pas encore fait valoir les siens.
Derrière les arbres immenses émerge en filigrane la façade oubliée d'une grande maison à triple arcade. Et si sa présence incertaine dans un monde qui l'a fuie depuis longtemps perdurait quelques années encore et continuait de nourrir mes rêves d'abandon et d'oubli...
Beyrouth au mois de mai on cueille les fleurs de gardénia qui embaument dans les jardins. Et tu en portes une à ton oreille. Beyrouth, tu es brune ce jour-là et je ne parviens pas à détacher mon regard de cette fleur blanche dans tes cheveux noirs. Beyrouth, approche-toi, je veux sentir la fleur, je veux t'embrasser.
Laurent Costantini, Beyrouth Beyrouth - récit poétique (Editions Z, 2013)
préface de Gilberte Favre
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; voyages; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |