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12/07/2012

Yves Navarre

images-4.jpegYves Navarre, Le temps voulu (Flammarion, 1979 et LGF, 1983 - épuisés)

Ce roman est l'histoire d'un coup de foudre entre Pierre Forgue, un professeur de lettres, et Daniel Carbon dit Duck, un jeune homme dont le coeur est trop grand pour habiter celui d'un seul homme. Le temps voulu est celui de l'espoir, de l'attente, de la rupture, de l'absence, thèmes chers à son auteur et abordés avec une sensibilité poignante. Sur le plan de l'écriture, le roman le plus abouti d'Yves Navarre.

Quand ça arrive, en fait, on ne s'y attend pas. On n'attend plus. Un petit moment d'étourderie, et quelqu'un entre dans votre vie, bouscule, caresse, attaque, prend place. Avant même que tout commence, c'est déjà trop tard. On ne sait pas qui choisit qui, quand, comment, pourquoi. On ne le sait qu'après, quand tout est terminé, l'un rejetant sur l'autre toute la responsabilité, et inversement. Et si je te raconte l'histoire du jeune homme de l'été dernier, ce ne sera pas pour l'accabler. Ce que nous avons vécu, ensemble, un temps, est accablant, vivant, exaltant, blessant, dérisoire. Je dois aller jusqu'au bout de cette histoire. Non pour m'en défaire mais pour la porter, comme un habit neuf, pour les jours à venir. (Yves Navarre, Le temps voulu)

à nouveau disponible (Editions H & O, 2010)

 

07:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

11/07/2012

Le poème de la semaine

Henri Michaux

Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre.
D'autres préfèrent le monologue intérieur.
Moi non.
J'aime mieux battre.
Il y a des gens
qui s'assoient en face de moi au restaurant
et ne disent rien,
ils restent un certain temps,
car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au portemanteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le décroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire
(je commence à m'énerver, il faut en finir),
je le masse, je le serre, je le résume
et l'introduis dans mon verre,
et jette ostensiblement le contenu par terre,
et dis au garçon: Mettez-moi donc un verre plus propre...
 
Mais je me sens mal,
je règle promptement l'addition et je m'en vais

 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

08:55 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

Morceaux choisis - George Steiner

George Steiner

George Steiner.jpg

C'est dans et au travers de la musique que nous sommes le plus immédiatement en présence de cette énergie que la logique et la parole ne peuvent exprimer, mais qui n'en est pas moins parfaitement tangible, énergie de l'être qui communique à nos sens et à notre réflexion le peu que nous pouvons comprendre du mystère total de la vie. Je considère la musique comme la nomination de la nomination de la vie. Il s'agit, au-delà de toute spécificité liturgique ou théologique, d'un mouvement sacramentel.

Ce que tout être humain qu'émeut la musique, pour qui la musique est vivifiante, peut en dire ne relève que de la platitude. La musique signifie. Elle regorge de significations qui ne sauraient se traduire dans des structures logiques ni dans les mots. Dans la musique, la forme est le contenu, et le contenu la forme. La musique est en même temps cérébrale au degré le plus élevé - je répète que les énergies et les relations de formes qu'implique l'exécution d'un quatuor, les interactions entre voix et instrument, font partie des faits les plus complexes auxquels l'homme ait à faire face - et en même temps somatique, charnelle, à la recherche de résonances dans notre corps situées à des niveaux plus profonds que la volonté ou la conscience. 

George Steiner, Réelles présences - Les arts du sens (coll. Folio Essais/Gallimard, 1994)

10/07/2012

Au bar à Jules - De Liszt 1b

Un abécédaire: L comme Liszt

Voici la version pour piano seul - plus saisissante que celle pour piano et orchestre - du célèbre Totentanz / Danse funèbre S 126 de Franz Liszt, interprété par Valentina Lisitsa. 


Au bar à Jules - De Liszt 1a

Un abécédaire: L comme Liszt

littérature; musique; livres

Ce n'est pas un hasard, si aujourd'hui sur La scie rêveuse - entre La musique sur FB, Musique classique, Musica présente et autres illustrations musicales - vous pouvez trouver 47 extraits ou oeuvres complètes de Franz Liszt, car ce dernier, aux côtés de Wolfgang Amadeus Mozart et de Jean Sébastien Bach, remporterait parmi mes compositeurs préférés la palme d'or, d'une très courte tête. 

Pourquoi donc? Je pourrais citer de mémoire - en miroir de ses phases de vie parfois tumultueuses - le répertoire extrêmement riche et varié de ses compositions, des Concertos pour piano à Via Crucis, de la Sonate pour piano aux Rhapsodies hongroises, des Années de pélerinage au Rosario pour orgue, sans oublier les célèbres Harmonies poétiques et religieuses, les Rêves d'amour, les variations sur le Salve Regina, ainsi que ses Lieder et les multiples transcriptions de Schubert, Beethoven, Wagner, Donizetti, Verdi, Bellini, Gounod ou Berlioz. Mais tout cela ne suffit à le hisser au sommet de mon panthéon. Il y a autre chose...

Dans chacune de ses notes, j'y lis l'immobilité et le mouvement, l'humilité et l'excès, la décomposition et le renaissance; ça sent le soufre - souvent - comme sur une terre volcanique, où tout est voué à l'anéantissement et renaît pourtant de ses cendres; tout respire la création, la fécondité, les orages intimes, le feu intérieur, la séduction, le mystère, la dissonance et, au bout du compte, un sentiment de paix rejoignant les origines. Aucun compositeur - hormis Hector Berlioz - n'aura autant révolutionné la musique en son temps. Dans les oeuvres de la plupart des compositeurs de génie alternent la tristesse et la joie, l'angoisse et l'apaisement, les forces de la vie et celles de la mort. Chez lui au contraire, ces expressions du coeur humain sont simultanées: une phrase musicale peut contenir à elle seule toutes ces pulsions de l'être. Et c'est là, dans ce souffle obscur et salvateur, que se dessine une parenté bouleversante qui fait la différence.

Le Totentanz - Danse macabre - en est sans doute la plus belle des illustrations. A ce jour, elle est mon oeuvre préférée de Franz Liszt. En annexe, vous pouvez écouter cette oeuvre et comprendre ce que je cherche à exprimer avec un vocabulaire limité, bien au-dessous de son inégalable talent. 

Et si nous valions mieux que le bonheur? dit Franz Liszt, lui dont la vie fut tout entière vouée à l'Amour...

Liste des oeuvres de Franz Liszt: 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_œuvres_de_Franz_Liszt_(S1_à_S350)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_œuvres_de_Franz_Liszt_(S351_à_S999)

Pierre Magnan

Pierre Magnan.jpgPierre Magnan, Elégie pour Laviolette - Une enquête du commissaire Laviolette (coll. Folio Policier/Gallimard, 2012)

Je l’aime décidément beaucoup, ce commissaire Laviolette: émouvant, drôle, érudit, malicieux, fin limier de surcroît. Aucune de ses enquêtes tortueuses à souhait - situées au pays de Giono en Provence – ne m’a déçu à ce jour et cette dernière pas davantage, dans laquelle un cimetière joue une nouvelle fois un rôle déterminant… Laissé pour mort dans un précédent roman - Le parme convient à Laviolette - le nez dans une touffe de thym, et baignant dans une mare de sang, guéri de ses sept impacts de chevrotine dans le dos, il est chargé d’une nouvelle enquête: la routine, soi-disant, comme l’affirme le conseiller Honnoraty. Presque rien, en somme: un homme vient de mourir à l’hôpital de Gap, et les neveux spoliés portent plainte pour captation d’héritage. Le coup classique, quoi! Pas de quoi fouetter un chat. On a même demandé une autopsie et ça n’a rien donné: la mort est naturelle. Deux détails pourtant: la veuve avait célébré ses noces avec le mourant quatre jours auparavant en évinçant la maîtresse en titre, et on avait trouvé sur les mains de la victime d’abondantes traces de talc….C’est ainsi que Laviolette et le juge Chabrand se retrouvent pour l’enterrement à  La Roque-du-Champsaur...

Une agréable lecture de vacances, qui clôt le cycle de Laviolette. Si vous n'en avez jamais lu, suivez ses enquêtes dans l'ordre chronologique: toutes disponibles dans la même collection de poche. C'est mieux!

Pierre Magnan nous a quittés au mois de mai 2012...

08:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; policier; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

La citation du jour

Jules Renard

paya 13.jpg

La vie n'est ni longue ni courte; elle a des longueurs.

Jules Renard, Journal (coll. Bouquins/Laffont, 2011)

image: Clown (maluespacio.blogspot.com)

00:31 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/07/2012

Morceaux choisis - Octavio Paz

Octavio Paz

littérature; poésie; anthologie; livres

pour Jean-Louis Kuffer

 
L'encre verte crée des jardins, des forêts, des prés,
des feuillages où chantent les lettres,
des paroles qui sont des arbres,
des phrases qui sont de vertes constellations.
 
Laisse que mes paroles, oh blanche,
descendent et te couvrent
comme une pluie de feuilles un champ de neige,
comme le lierre la statue,
comme l'encre cette page.
 
Les bras, la taille, le cou, les seins,
le front pur comme la mer,
la nuque de forêt en automne,
les lèvres qui mordent un brin d'herbe.
 
Ton corps se constelle de signes verts
comme le corps de l'arbre de bourgeons.
Que t'importe tant de petites cicatrices lumineuses:
regarde le ciel et son vert tatouage d'étoiles.
 

Octavio Paz, Ecrit à l'encre verte (Le Temps de la Poésie no  5/GLM, 1950)

image: Sophie Delaporte (http://www.sophiedelaporte.com)

Quentin Mouron

littérature; roman; livresQuentin Mouron, Au point d'effusion des égouts (Olivier Morattel, 2011)

Au point d’effusion des égouts, premier roman formidable de Quentin Mouron, nous entraîne dans un road movie à travers les States qui, dans la tête de ce découvreur à couteaux tirés avec la réalité, absorbe le quotidien, l’imaginaire des autres, les paysages à grande vitesse, avec une virtuosité de vieux baroudeur. De Los Angeles à Las Vegas, en passant par Trona, la Death Valley et Beatty, Quentin brosse un portrait souvent pathétique, terrifiant et sans fard de ses lieux de passage, dont Los Angeles, où tout a commencé: C’est la Cité des anges, c’est entendu. Mais des anges poussiéreux, noirs à l’os - et qui tombent à grosse grêle sur le dur des trottoirs.

Le jeune auteur n’est pas plus tendre avec Pasadena - un petit satellite universitaire qui suit en moutonnant les révolutions qui lui échappent - ou Las Vegas: Des centaines d’hystéries qui se tissaient sous chaque enseigne, des pâmoisons. Dans ces décors un peu felliniens, l’un des points culminants du roman se situe à Trona, un bled au milieu de nulle part. Bref, il faut vraiment lire Au point d’effusion des égouts. Vous n’en sortirez pas indemne ou blanchi, mais gonflé comme la voile d’un trois-mâts qui nous aspire vers un ailleurs possible et assouplit nos artères saturées de cholestérol... 

publié dans Le Passe Muraille no 89 - juin 2012

07:53 Écrit par Claude Amstutz dans Le Passe Muraille, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/07/2012

Musica présente - 20 Jacqueline du Pré

Jacqueline du Pré

violoncelliste britannique, 1945 - 1987

(épouse et partenaire musicale de Daniel Barenboim)

*

Robert Schumann

Cello concerto in A minor, Op 129

I. Nicht zu schnell

New York Philharmonic Orchestra

Leonard Bernstein