11/07/2012
Le poème de la semaine
Henri Michaux
Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre. D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi non.J'aime mieux battre.Il y a des gensqui s'assoient en face de moi au restaurantet ne disent rien,ils restent un certain temps,car ils ont décidé de manger.En voici un.Je te l'agrippe, toc.Je te le ragrippe, toc.Je le pends au portemanteau.Je le décroche.Je le repends.Je le décroche.Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.Je le salis, je l'inonde.Il revit.Je le rince, je l'étire(je commence à m'énerver, il faut en finir),je le masse, je le serre, je le résumeet l'introduis dans mon verre,et jette ostensiblement le contenu par terre,et dis au garçon: Mettez-moi donc un verre plus propre... Mais je me sens mal,je règle promptement l'addition et je m'en vaisQuelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
08:55 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
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