06/06/2012
Le poème de la semaine
René-Guy Cadou
Pour atteindre le ciel A travers ce feuillageIl faut que tous les yeuxSe soient réunis là Je dis les yeux d’enfants Pareils à des parvenchesOu à ces billes bleus Qui roulent sur la mer On va dans les alléesComme au milieu d’un rêve Tant la grand-mère a mis De grâce dans les fleurs Et le chat noir et blanc Qui veille sur les rosesSonge au petit oiseau Qui viendrait jusqu’à lui C’est un jardin de féesOuvert sur la mémoireAvec des papillons Epinglés sur son coeur Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
05/06/2012
Donna Leon 1b
Bloc-Notes, 5 juin / Les Saules
En complément à la présentation du livre-CD de Donna Leon consacré à Georg Friedrich Haendel, voici Vieni, o caro, che senza il tuo cuore de l'opéra Rinaldo de Georg Friedrich Haendel, avec Ann Hallenberg et l'orchestre Il Complesso Barocco, sous la direction de Alan Curtis. Cet extrait ne figure pas sur le CD d'accompagnement!
Donna Leon, Le bestiaire de Haendel (Calmann-Lévy, 2012)
00:38 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Georg Friedrich Haendel, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Donna Leon 1a
Bloc-Notes, 5 juin / Les Saules
Voici un Donna Leon sans le célébrissime commissaire Brunetti, et pour cause: car elle aborde ici une autre de des passions, l'opéra. En l'occurence, Georg Friedrich Haendel, son compositeur préféré. Dans son avant-propos, elle nous dit: Enlevez le moteur. Faites-le disparaître de votre conscience: coupez tout, carrément. Puis jetez un regard neuf sur le monde ou - pour mieux dire - regardez le monde tel qu'il était avant d'avoir été bouleversé par l'introduction du moteur et par tous les changements qui l'ont accompagnée. Le degré d'importance accordé à certaines choses va soudain changer. Qui a besoin de pétrole? Où puis-je trouver un bon cheval? L'une des premières réévaluations exigées par l'absence de moteurs sera une redéfinition de l'ordre de la création, dans laquelle les animaux retrouveront leur ancienne importance.
Elle s'attache ainsi à l'un des aspects les plus originaux des opéras de Haendel, soit les animaux qu'elle nous présente au fil de ce modeste ouvrage - 140 pages - illustré par Michael Sowa et accompagné d'un CD contenant les extraits des oeuvres évoquées, avec l'Ensemble Il Complesso Barocco sous la direction de Alan Curtis. Il ne s'agit pas d'un traité de musicologie dans ce bestiaire, mais plutôt d'une promenade amoureuse que Donna Leon veut partager avec les esprits curieux, bien au-delà de la musique. Citant souvent les Saintes Ecritures, les historiens ou les poètes, elle nous tend ainsi le miroir de ces compagnons parfois mal-aimés qui sont autant de miroirs ou de visages de nos impulsions profondes.
Pari réussi, car à la fin de ce livre, on se sent moins bête, soucieux d'en savoir davantage sur les opéras et oratorios de Haendel qui ont éclairé son propos, entre autres: Giulio Cesare in Egitto, Judas Maccabaeus, Arianna en Creta, Berenice regina in Egitto, Deidamia, Alcina ou Theodora.
Une lecture agréable et pleine de charme!
Donna Leon, Le bestiaire de Haendel (Calmann-Lévy, 2012)
00:38 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Georg Friedrich Haendel, Littérature étrangère, Littérature italienne, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; musique; livres | | Imprimer | Facebook |
04/06/2012
Morceaux choisis - Alexandre Dumas
Alexandre Dumas
Mon cher Maximilien,
Il y a une felouque pour vous à l'ancre. Jacopo vous conduira à Livourne où M. Noirtier attend sa petite-fille, qu'il veut bénir avant qu'elle vous suive à l'autel. Tout ce qui est dans cette grotte, mon ami, ma maison des Champs-Elysées et mon petit château du Tréport sont le présent de noces que fait Edmond Dantès au fils de son patron Morrel. Mlle de Villefort voudra bien en prendre la moitié, car je la supplie de donner aux pauvres de Paris toute la fortune qui lui revient du côté de son père, devenu fou, et du côté de son frère, décédé en septembre dernier avec sa belle-mère.
Dites à l'ange qui va veiller sur votre vie, Morrel, de prier quelquefois pour un homme qui, pareil à Satan, s'est cru un instant l'égal de Dieu, et qui a reconnu, avec toute l'humilité d'un chrétien, qu'aux mains de Dieu seul sont la suprême puissance et la sagesse infinie. Ces prières adouciront peut-être le remords qu'il emporte au fond de son coeur.
Quant à vous, Morrel, voici tout le secret de ma conduite envers vous: il n'y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d'un état à un autre, voilà tout. Celui-là seul qui a éprouvé l'extrême infortune est apte à ressentir l'extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir, Maximilien, pour savoir combien il est bon de vivre.
Vivez donc et soyez heureux, enfants chéris de mon coeur, et n'oubliez jamais que, jusqu'au jour où Dieu daignera dévoiler l'avenir à l'homme, toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots: Attendre et espérer!
Votre ami.
Edmond Dantès, Comte de Monte-Christo
Alexandre Dumas, Le comte de Monte Cristo - 3 volumes (coll. Livre de poche/LGF, 1998)
16:24 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
Au bar à Jules - De la fête
Un abécédaire: F comme Fête
Peu de gens connaissent l'oeuvre prolifique de Marcel Jouhandeau, dont la plupart des soixante-dix ouvrages - les fameux Journaliers, entre autres - sont presque tous épuisés. Dans l'un de ces volumes, Que la vie est une fête, publié en 1966, il note à propos de l'amour, qui lui inspira ses plus belles pensées: Ce que je cherche, ce n'est ni tout à fait l'amour, ni la beauté, ni le plaisir, mais une sorte de défi à l'orgueil et l'occasion de vaincre quelqu'un par une suprême élégance du coeur.
Dans un autre extrait, il ajoute: Ceux qui peuvent haïr ou songer à se venger ne savent pas ce que c'est que le coeur, ne savent pas ce que c'est que d'aimer. Le coeur sous le sarcasme de ceux qui le broient aime toujours.
L'amour - même douloureux - la plus belle des fêtes? Il sait en parler mieux que personne, et pourtant, Marcel Jouhandeau, secret et controversé, catholique et quelque peu mystique, homosexuel et néanmoins marié à Elisabeth Toulemont - dite Elise dans ses oeuvres - en a connu la plupart des limites, des contradictions, des artifices, des mystères et des voluptés. Sans doute pour tous ces chemins de traverse, sa sensibilité d'écorché vif peut-elle émouvoir, interroger ou plaire, bien davantage - en contrepoint aux relations ambigües avec son épouse: quarante ans de scènes de ménages - qu'au temps de son vivant, débarrassée de l'image sulfureuse de son auteur qui, par ailleurs, l'avait peut-être imprudemment entretenue. Aimer, c'est une présence qui domine sur tout ce que nous sommes. (...) La bonté consiste à vivre avec ceux qui nous ont meurtris, comme si de rien n'était.
Cet écrivain à la recherche de la grandeur de l'homme, ennemi de l'hypocrisie et du mensonge, a pourtant aussi sa part d'ombre: un suicide raté dans sa jeunesse et la publication en 1938 d'un opuscule intitulé Le péril juif, écrit semble-t-il sous l'influence d'Elise, farouche et active antisémite. Un livre qu'il tenta de faire disparaître, mais sans en renier une seule ligne...
De quoi gâcher la fête - hélas! - en ce qui me concerne... Malgré ces réserves, il vaut la peine de lire La prudence Hautechaume et Chaminadour, deux de ses chefs d'oeuvres par l'originalité des récits, la qualité du style et l'acuité du regard, à la fois magnanime et cruel sur les vertiges de la nature humaine.
Marcel Jouhandeau, Chaminadour - Contes, nouvelles, récits (coll. Quarto/Gallimard, 2006)
Marcel Jouhandeau, Que la vie est une fête - Journaliers VIII / 1961 (Gallimard, 1966)
00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Au bar à Jules - Un abécédaire 2012, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: récits; essais; livres | | Imprimer | Facebook |
01/06/2012
Morceaux choisis - Malek Haddad
Malek Haddad
Je me souviens des routes bleuesLa mer était gentilleLa montagne gardait un sourire bourruTa main tremblait comme une angoisseIl faisait chaud sur les baisersLes raisins rosissaientUne cascade en chevelure avait mouillé mes yeuxIl reste sur la route un air de mandolineEt quand le soir dort dans mes yeuxJe ne rêve jamaisTellementLa cascade a le goût des aurores
Malek Haddad, Le malheur en danger (Editions Bouchene/Alger, 1988)
image: Marcel Dreyfus, Marcel Dyf, 1899-1985 / Jeune femme a la mandoline (artvalue.com)
09:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | | Imprimer | Facebook |
Au bar à Jules - De l'enfance 1b
Un abécédaire: E comme Enfance
Voici deux magnifiques chansons, illustrant ce thème. Intitulées Mon enfance, la première est signée par Barbara, la seconde par Jacques Brel ...
00:07 Écrit par Claude Amstutz dans Au bar à Jules - Un abécédaire 2012, Barbara, Chansons inoubliables, Jacques Brel | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; variété | | Imprimer | Facebook |
Au bar à Jules - De l'enfance 1a
Un abécédaire: E comme Enfance
Il se promène au bord de la rivière, ses pas dansent sur les galets. Ses doigts s'accrochent aux branches des ormes. Le soir descend, il a le temps. C'est son royaume, sa vie rêvée. Ailleurs il se sent seul au monde. Il a un caillou sur le coeur.
Ses yeux brillent comme une pierre de soleil rouge. Les oiseaux du ciel lui tiennent compagnie. La solitude console sa peine. Ses mots tutoient les disparus, qu'il effleure dans les eaux sombres et l'entraînent dans leur courant. Sa foi n'est pas celle du charbonnier. Il se moque des éducateurs - les carreaux de l'école, sa fronde les a cassés - et n'a que faire des puissants. Il se rit de leur imposture et préfère la tendresse des noyés.
Un instant, il se voudrait autre: mousquetaire, ou cendre, ou rose des vents. Et tourner, tourner encore jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la fin, dans la source claire devenue profonde, dans l'ombre fragile et sans raison de l'aube présente.
Loin des autres: apôtres de l'obéissance, ennemis de l'envol, bâtisseurs de prisons. Pensées blanches d'un jour cassé sur l'épuisant chemin du retour.
Et le mur du silence, un matin se brisa... Jacques Brel
image: André Kertesz
00:07 Écrit par Claude Amstutz dans Au bar à Jules - Un abécédaire 2012, Jacques Brel | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |