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31/05/2010

Erri de Luca

Bloc-Notes, 30 mai / Les Saules

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Il m'arrive de dire, parfois - tant pis si je me répète - que je viens de connaître un moment de bonheur absolu à la lecture d'un roman au charme et à la qualité d'écriture hors du commun. Tel est le cas du dernier roman de Erri de Luca, l'auteur de Trois chevaux et Montedio (Gallimard) parmi d'autres.

Il nous raconte ici dans le Naples de l'après-guerre, l'histoire d'un orphelin qui, sous la protection généreuse et attentive du concierge de l'immeuble - Don Gaetano, orphelin lui aussi - distille ses souvenirs d'enfance, puis, adulte, deviendra le narrateur de cette histoire troublante. Il se remémore ses années d'école où il y avait les pauvres et les autres, ceux dont on rasait la tête à cause des poux et les autres - enfants de familles aisées - qui gardaient leurs cheveux tout au long de l'année. Deux évenements, au cours de cette période, vont bouleverser sa vie: La première, quand par curiosité il pénètrera dans une grotte, en réalité un entrepôt de contrebande avec un lit de camp et des livres où Don Gaetana avait caché un juif pendant la guerre. Dans ce lieu naîtra sa passion pour les livres, avec la complicité du libraire du village, Don Raimondo, qui lui en prêtera gratuitement, à condition qu'il lui partage ses impressions de lecture.

Le second événement surgira lors d'une partie de football, quand il apercevra, derrière un balcon, une fillette de huit ans, Anna, aux yeux écarquillés et dont la pensée ne le quittera jamais: Devant les buts à défendre s'étalait une mare, due à une fuite d'eau. Au début du jeu, elle était limpide, je pouvais y voir le reflet de la petite fille à la fenêtre, pendant que mon équipe attaquait. Je ne la croisais jamais, je ne savais pas comment était fait le reste de son corps, sous son visage appuyé sur ses mains.

Dix ans plus tard, il la retrouvera mais, fréquentant un jeune de la Camorra en prison, Don Gaetano tentera bien de l'avertir du danger, mais l'adolescent passera outre. Ainsi, réunis une seule fois pour le meilleur et pour le pire, nos deux tourtereaux connaîtront leur premier acte d'amour, comme une dette payée au désir de leur enfance, mais aux conséquences irréversibles. Je n'en dis pas davantage: Vous les apprendrez en chemin! Le jour après le bonheur, j'étais un alpiniste qui titubait dans la descente, dira notre amoureux...

En marge de cette délicate musique du coeur, ce roman, par la voix de Don Gaetano, témoigne de la douleur et de la dureté des temps de guerre à Naples - où moururent davantage de civils que de soldats - dont le narrateur, par son écoute attentive, fidèle, admirative, deviendra le témoin indirect. C'est aussi l'histoire d'une ville, d'une appartenance, d'un code d'honneur qui peu à peu deviendront un reflet unique de l'âme de notre héros. A Naples, le soleil aime ceux qui vivent en bas, là où il n'arrive pas. Plus que tous, il aime les aveugles et leur fait une caresse spéciale sur les yeux. Le soleil n'aime pas les adorateurs qui se mettent à nu sous son abondance et s'en servent pour colorer leur peau. Lui veut réchauffer ceux qui n'ont pas de manteau, ceux qui claquent des dents dans les ruelles étroites. Il les appelle dehors, les fait sortir de leurs petites pièces froides et les frictionne jusqu'à ce qu'ils sourient sous la chatouille. (...) Les vitres sont ses marches d'escalier, la lumière les descend par amour pour toi. C'est signe que le soleil te protège... parole de Don Gaetano!

Et de protection, justement - un couteau offert par le vieil homme - notre héros en aura besoin pour grandir dans la douleur et laver son honneur, à la napolitaine...

Ce livre enchanteur rappelle beaucoup son chef d'oeuvre - à mon sens - Tu mio (Rivages) , l'histoire d'un adolescent de seize ans qui découvre l'amour, la guerre et la mer auprès d'un pêcheur et qui sera prochainement évoqué sur ce site.

Erri de Luca, Le jour avant le bonheur (Gallimard, 2010)

publié dans Le Passe Muraille no 83 - mars 2010

28/05/2010

George Steiner

Bloc-Notes, 28 mai / Les Saules

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Avec un certain retard sur le calendrier - la première parution, chez Albin Michel, remonte à 2003 - je découvre avec émerveillement et reconnaissance ces entretiens entre Cécile Ladjali et George Steiner. Un bon nombre des thèmes abordés ici, sont évoqués dans d'autres ouvrages de cet amoureux de la vie, de la littérature, de la philosophie, de la musique. Peu importe, car l'éclairage n'y est jamais tout à fait le même.

Tout ce qui est souligné dans ce livre bien modeste - 130 pages à peine - est essentiel à mes yeux: La tradition orale dans le drame et la poésie, la connaissance des langues étrangères, la vertu des classiques, l'importance du silence et plus que tout, la passion d'apprendre, de transmettre, de partager le savoir, avec honnêteté et clairvoyance.

Ces quelques passages peuvent nourrir notre réflexion, nous convaincre que tout n'est pas perdu et que l'espoir demeure:

Ce que vous avez appris par coeur change en vous et vous changez avec, pendant toute votre vie. Personne ne peut vous l'arracher. Parmi les salauds qui gouvernent notre monde, la police secrète, la brutalité des moeurs, la censure, ce que l'on posède par coeur nous appartient. C'est une des grandes possibilités de la liberté, de la résistance.

*

Je crois passionnément que chaque langue est une ouverture sur un monde totalement nouveau.

*

Que veut dire classique? Cela signifie strictement un texte inépuisable. On le relit, on le redit, on le réinterprète, et, tout à coup, il est presque toujours nouveau. (...) On reprend un grand moment de Dante, d'Homère, de Shakespeare, de Racine, et on se dit: "Mais oui, je connais ça par coeur" et je ne connais pas du tout; je n'avais pas compris. Cette puissance de renouveau est une des définitions du classique.

*

C'est celui qui murmure, qui balbutie, qui parle mal, qui jouit de la réputation d'être un honnête homme. (...) Mal parler, ça veut dire: voilà quelqu'un qui dit la vérité. A l'inverse, trop bien parler,c'est le symptôme même de la malhonnêteté. C'est une chose importante, et qui pourrait avoir des conséquences allant loin au-delà du contexte actuel.

*

Personne ne peut prédire quelles vont être les crises de déplacements de populations et de cultures entières. De cela pourrait surgir un oecuménisme de l'enchantement, c'est-à-dire une sorte de chance.

Avec un tel professeur, vous l'aurez compris, je n'aurais été sur mes bancs d'école, ni cancre, ni paresseux! Hélas...

George Steiner et Cécile Ladjali, Eloge de la transmission - Le maître et l'élève (Coll. Pluriel/Hachette, 2007)

26/05/2010

Le poème de la semaine

René Char


Je sais bien que les chemins marchent

Plus vite que les écoliers

Attelés à leur cartable

Roulant dans la glu des fumées

Où l’automne perd le souffle

Jamais douce à vos sujets

Est-ce vous que j’ai vu sourire

Ma fille ma fille je tremble

N’aviez-vous donc pas méfiance

De ce vagabond étranger

Quand il enleva sa casquette

Pour vous demander son chemin

Vous n’avez pas paru surprise

Vous vous êtes abordés

Comme coquelicot et blé

Ma fille ma fille je tremble


La fleur qu’il tient entre les dents

Il pourrait la laisser tomber

S’il consent à donner son nom

A rendre l’épave à ses vagues

Ensuite quelque aveu maudit

Qui hanterait votre sommeil

Parmi les ajoncs de son sang

Ma fille ma fille je tremble


Quand ce jeune homme s’éloigna

Le soir mura votre visage

Quand ce jeune homme s’éloigna

Dos voûté front bas et mains vides

Sous les osiers vous étiez grave

Vous ne l’aviez jamais été

Vous rendra-t-il votre beauté

Ma fille ma fille je tremble


La fleur qu’il gardait à la bouche

Savez-vous ce qu’elle cachait

Père un mal pur bordé de mouches

Je l’ai voilé de ma pitié

Mais ses yeux tenaient la promesse

Que je me suis faite à moi-même

Je suis folle je suis nouvelle

C’est vous mon père qui changez


Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:25 Écrit par Claude Amstutz dans Quelques traces de craie dans le ciel - Anth, René Char | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anthologie; littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/05/2010

Editions La Dogana, Chêne-Bourg (Suisse) - 1b

A titre d'illustration, voici une session d'enregistrement consacrée à Gustav Mahler, avec Angelika Kirchschlager et Helmut Deutsch.


00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Gustav Mahler, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteur; musique; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Editions La Dogana, Chêne-Bourg (Suisse) - 1a

Bloc-Notes, 22 mai / Les Saules

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Connaissez-vous les éditions de la Dogana? Florian Rodari - discret comme le sont souvent les amis des poètes - la présente comme suit:

Les Éditions La Dogana ont été créées à Genève en 1981 dans le but de mieux faire connaître toute espèce de textes entrant en relation avec la poésie : recueils en langue française ou étrangère, cycles de poèmes, essais, souvenirs, méditations et proses rythmées et même lieder chantés, qui répondent à la sensibilité des lecteurs et amis qui se sont regroupés pour rendre viable ce projet. Lieu de transit plus que de contrôle, favorable aux échanges et qui accorde littéralement un visa à la parole, La Dogana – la douane, en italien – souhaite particulièrement mieux faire connaître les poètes de Suisse romande en France et dans les autres pays francophones, comme elle s’efforce de diffuser l’œuvre de poètes français qui n’ont pas encore pu se faire entendre à l’intérieur de nos frontières. Cet élargissement de l’espace, les éditions souhaitent l’étendre également au temps, puisqu’elles s’efforcent de multiplier les traductions de textes anciens ou lointains qui résonnent à nos oreilles d’aujourd’hui comme singulièrement modernes et proches. Ce n’est pas par le nombre de publications que nous souhaitons nous distinguer, mais par leur qualité et la cohérence des choix. Et pour cette même raison que la poésie demeure à nos yeux – au sein des discours scientifiques, didactiques ou idéologiques dont nous sommes trop souvent devenus la proie – une des rares paroles à la fois légère, durable et nécessaire, nous avons accordé un soin particulier à l’aspect extérieur de nos livres : afin d’aboutir à une sorte de point d’équilibre entre la petite masse de papier, de colle et d’encre et l’énorme densité des œuvres qui s’y trouvent inscrites.

Parmi les très belles publications de cet éditeur, citons Simple promesse d'Ossip Mandelstam, Reliques de Pierre-Alain Tâche, Les élégies de Duino de Rainer-Maria Rilke, La parole est moitié à celuy qui parle de Jean Starobinski, Hyperion de John Keats, Libretto, Truinas, Le bol du pélerin, Une constellation tout près, D'autres astres plus loin de Philippe Jaccottet, Les solitudes de Gongora, Arbres, chemins, fleurs et fruits d'Anne-Marie Jaccottet, 47 poèmes d'Emily Dickinson, Les fleurs et les saisons de Gustave Roud. La plupart de ces ouvrages seront évoqués - s'ils ne le sont pas à ce jour - dans ces colonnes, au fil du temps qui passe.

Aujourd'hui, je voudrais tout particulièrement attirer votre attention sur trois livres-disques parus à ce jour. Le premier, en 2004, est consacré au Tombeau d'Anacréon de Hugo Wolf. Outre les poèmes de Goethe, Mörike, Eichendorff, Byron et Keller qui ont inspiré ces Lieder en version bilingue, vous y trouverez un essai de Florian Rodari et Frédéric Wandelière (le traducteur) et, cerise sur le gâteau, un CD avec pour interprètes Angelika Kirchschlager (mezzo-soprano) et Helmut Deutsch (piano).

Le second, plus connu, en 2006, s'intitule L'amour et la vie d'une femme de Robert Schumann. Les Lieder, d'après Chamisso, Goethe, Marie Stuart, Mosen, Heine, Rückert, Mörike, Kerner et Eichendorff, sont également proposés en version bilingue, signés par le même traducteur, accompagnés par un essai de Hédi et Feriel Kaddour, ainsi qu'un CD avec les mêmes interprètes que celui consacré à Hugo Wolf.

Le dernier à ce jour, en 2009, fait honneur à Gustav Mahler et s'appelle A jamais. Cette fois-ci, les Lieder s'articulent autour des poèmes de Rückert, Mong-Kao-Jen et Wang-Wei, toujours en version bilingue assurés par le même traducteur, un essai de Jean Starobinski et Pierre Michot. Le CD qui accompagne cet ouvrage a pour interprètes Bo Skovhus (baryton) et Stefan Vladar (piano).

Ces trois ouvrages sont magnifiquement réalisés, mis en page et illustrés, tout à l'honneur de la poésie allemande et de la musique classique. Comme l'a dit Hermann Hesse, l'art n'est rien d'autre que la contemplation du monde pénétré par la grâce...

http://www.ladogana.ch

 

20/05/2010

Virginie Lou

VL.jpgVirginie Lou, Eloge de la lumière au temps des dinosaures (Actes Sud, 1997)

 

A couper le souffle, ce récit vécu aborde un sujet délicat : Le viol. Avec une économie de mots et une émotion contenue, l’auteur décrit le rapport de forces, la tentative de survie sans voyeurisme ni complaisance. Véritable œuvre littéraire, le livre de Virginie Lou nous montre aussi la vie d’après qui remet en question la vie d’avant. Rien ne sera plus pareil ... Bouleversant !


Egalement disponible en coll. Babel (Actes Sud, 2001)

10:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/05/2010

Jules Renard

Bloc-Notes, 17 mai / Les Saules

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Jules Renard est méconnu. Hormis Poil de Carotte et Histoires naturelles, qui donc a lu son théâtre - Le plaisir de rompre, Le pain de ménage - ou son Journal? D'une trentaine d'oeuvres littéraires sont tirées ces pensées, trompeuses comme son auteur réputé méchant, misogyne, mais capable derrière son humour ravageur de tendresse, de sensibilité poétique ou de lucidité, tout simplement. Préfacée par Jean-Louis Trintignant, cette anthologie est publiée aux éditions du Cherche Midi, en 2010.

Jules Renard

La sottise pousse sans qu'on l'arrose.

*

La vie n'est ni longue ni courte; elle a des longueurs.

*

La vieillesse, c'est quand on commence à dire: "Jamais je ne me suis senti si jeune."

*

Femme pareille à une cheminée. Il est temps de lever ta robe: le feu doit être pris.

*

Les bourgeois, ce sont les autres.

*

Un rire triste comme un clown en habit noir.

*

Le style, c'est l'oubli de tous les styles.

*

Quand il se regardait dans une glace, il était toujours tenté de l'essuyer.

*

Quand je pense que si j'étais veuf, je serais obligé d'aller dîner en ville!

*

La peur de l'ennui est la seule excuse du travail.

*

La nature m'émeut, parce que je n'ai pas peur d'avoir l'air bête quand je la regarde.

*

J'aime à sortir par ces temps froids où il n'y a de monde dans les rues, que le strict nécessaire.

*

Mon pays, c'est où passent les plus beaux nuages.

*

Pour vivre tous les jours avec les mêmes personnes, il faut garder avec elles l'attitude qu'on aurait si on ne les voyait que tous les trois mois.

*

L'homme vraiment libre est celui qui sait refuser une invitation à dîner sans donner de prétexte.

*

Pourquoi m'appelle-t-on mauvais coucheur? Je couche avec si peu de gens!

*

Le rêve, c'est le luxe de la pensée.

*

Il y a de la place au soleil pour tout le monde, surtout quand tout le monde veut rester à l'ombre.

*

Quand je regarde une poitrine de femme, je vois double.

*

L'espérance, c'est sortir par un beau soleil et rentrer sous la pluie.

*

Un jeune, c'est celui qui n'a pas encore menti.

*

Tout homme a dans le coeur un orgue de Barbarie qui ne veut pas se taire.

*

Au fond de tout patriotisme il y a la guerre: voilà pourquoi je ne suis point patriote.

*

C'est la plus fidèle de toutes les femmes: elle n'a trompé aucun de ses amants.

*

Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.

*

L'artiste, c'est un homme de talent qui croit toujours qu'il débute.

*

Si tu crains la solitude, n'essaie pas d'être juste.

*

Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s'effrayer: ça passe.

Jules Renard, Pensées (Cherche Midi, 2010)


 

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

15/05/2010

La citation du jour

Georges Perros

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L'écriture a cette vertu de nous faire exister quand nous n'existons plus.

Georges Perros, Papiers collés vol. 1 (Coll. Imaginaire/Gallimard, 1999)

00:30 Écrit par Claude Amstutz dans Georges Perros, La citation du jour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

13/05/2010

Coup de gueule

Bloc-Notes, 14 mai / Les Saules

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Il ne s'écoule de jour, sans qu'il soit question dans nos médias de Facebook: ses dangers, ses violations de la sphère privée, ses détournements ou vols de données. Si, à titre personnel, j'ai rencontré peu de problèmes depuis mon inscription en février 2010, il est peut-être nécessaire de fixer quelques règles à l'attention de celles et ceux tentés par l'expérience Facebook, et non aux utilisateurs actuels qui en règle générale maîtrisent le sujet.

Dans la rubrique infos, ne manquez pas de prendre du temps pour personnaliser votre profil. Capital pour mettre à jour des affinités possibles - biographie, citations, centres d'intérêt - il devient plus délicat à propos d'autres éléments - opinions politiques et religieuses, formation et emploi - sauf si ces précisions sont prioritaires dans votre recherche d'amis. Enfin, certaines notions - date de naissance, situation familiale ou amoureuse - méritent d'être réservées aux seuls amis: pas même aux amis de vos amis... Reste la question épineuse de la photographie, bien tentante surtout pour le sexe à tort dit faible, mais plus exposé. Sachez qu'un tableau, la photographie d'un artiste que vous aimez, un bouquet de fleurs en lieu et place d'un cliché attractif ne vous privera pas d'amis - si vos centres d'intérêts sont clairement définis! - mais éloignera bon nombre de relations désagréables. En revanche, expérience faite, le 90% des utilisateurs usant de la silhouette par défaut, n'exposent aucune information à leur sujet - paresse ou parano? - et ne risquent pas de se faire des amis sur Facebook. Personnellement, je les rejette systématiquement. Tant pis pour eux!

Pour conclure sur ce chapitre des dangers liés à Facebook en matière de confidentialité, les utilisateurs dont je cherche à me rapprocher ne sont, la plupart du temps, pas des amis au présent, mais susceptibles de le devenir. Rarement, j'ai été déçu d'avoir effectué le premier pas. En revanche, méfiez-vous des suggestions de Facebook qui, au fil du temps vous suggère des ami(e)s pour le moins ambigü(e)s...

Facebook est un lieu d'échange gratifiant, si... si on ne s'en sert pas uniquement comme d'un distributeur de boisson (!), mais si vous vous intéressez aux fenêtres des autres - le fil d'actualité - et mettez en ligne des sujets originaux, si vous aimez écrire, partager vos humeurs ou passions, vous découvrirez bien vite après quelques semaines, que certains amis soi-disants virtuels vous connaîtront mieux que vos voisins ou collègues de travail! Tout est donc question d'interprétation, d'affinités, de savoir-vivre, de sensibilité.

Reste le plus difficile pour tous: La gestion du temps... Désactivez les avis d'événements - vous pouvez les retrouver sur le fil d'actualités, dans la colonne de gauche - ce qui vous permettra de consacrer davantage de temps à l'essentiel et d'éviter une surcharge de mails dans votre messagerie. Enfin, les discussions instantanées sont à n'en pas douter enrichissantes, mais personnellement je ne m'y connecte jamais. On ne peut tout faire: Gérer sa vie professionnelle, cultiver les amitiés de proximité, assurer la continuité d'un blog, faire un tour de Facebook au pas d'un montagnard, savourer des moments de solitude, de silence, de sommeil...

Alors, dangereux, Facebook? Coupons la poire en deux: Disons, comme dans la Bible, qu'il faut être prudents comme les serpents et candides comme les colombes (Matthieu 10,16) ...

12:44 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Le monde comme il va | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bloc-notes; actualités; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/05/2010

Denis Arché

9782021005196.gifDenis Arché, Dans la fuite incessante (Seuil, 2010)

Johanna décide de partir, de quitter Frans, son mari, qu'elle n'aime plus. Elle se rend à Berck et y rencontre Eric, un voyageur de commerce auquel elle se présente sous le nom d'Isa, sa meilleure amie et probable maîtresse de Frans. Après plusieurs rencontres, elle lui fait une proposition pour le moins saugrenue: Elle vivra une semaine avec lui et en échange, il lui fera un enfant. Ensuite, ils redeviendront étrangers l'un à l'autre, pour toujours... Banal me direz-vous, mais dans le même temps, Hilda, une serveuse que nos deux protagonistes avaient rencontrée à Ostende, est assassinée... Johanna se persuade qu'elle est morte à sa place. Elle va se recueillir sur sa tombe avant de chercher, dans le passé d'Hilda, un sens à cette tragédie et, qui sait, à sa propre vie.

Ainsi commence cette histoire qui semble avoir été écrite dans la pierre brute, en bordure de mer sous un ciel changeant, indéfinissable, énigmatique. Elle nous entraîne dans un jeu de miroirs - Johanna et Hilda - où la réalité et l'imagination s'entremêlent dans une atmosphère sensible, lourde, aux confins de la folie, proche de l'univers d'un Olivier Adam ou d'un Pierre Péju, ce qui n'est pas un mince compliment pour ce premier roman déroutant qui nous attire dès les premières lignes, dans l'ivresse de ses profondeurs !

 

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |