Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/05/2013

Patricia MacDonald

9782226173447.gifPatricia Mac Donald, J'ai épousé un inconnu (Albin Michel, 2006)

Victime de plusieurs tentatives de crime – alors qu’elle attend un bébé - Emma, en proie au doute, ne sait plus vers qui se tourner. Qui peut donc lui en vouloir au point de vouloir la tue? David, son mari, mystérieux, aimant, mais dissimulateur? Burke, un ami de jeunesse dont l’épouse s’est suicidée? Le père d’une anorexique, aujourd’hui décédée, dont elle assurait l’accompagnement? Ou encore un patient du Centre qui n’apprécierait pas son récent mariage? Patricia MacDonald joue habilement avec nos nerfs de la première page à la dernière et, comme dans tous les bons romans policiers, nous ouvre à une vérité insoupçonnable. Un suspense terrifiant.

Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2008)

09:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Vendanges tardives - De la mesure

Un abécédaire: M comme mesure

VT_FA 1.jpg

pour Charline K

Jamais je n'aurais imaginé me retrouver - surtout une veille de la fête de l'Ascension! - dans un box des urgences de l'Hôpital Cantonal, avec un blouse bleue et blanche et des tuyaux reliés à toutes les parties du corps, comme Victor Newman dans Les feux de l'amour. Et, tandis que je mesurais le temps qui s'étire, ponctué ça et là par le son aigu de l'échocardiographe signalant un dérapage, me venaient à l'esprit des pensées plutôt légères, malgré le lieu, malgré ce moment suspendu où j'étais encore incapable de savoir, si cette fois-ci en ce qui me concerne, le fil tendu entre le commencement de toutes choses et la fin de ces dernières dans l'ordre du monde, n'était pas sur le point de se rompre, comme il se doit, un jour ou l'autre.

Je me suis ainsi souvenu de ma mère qui me raconta que, lors de son premier infarctus, elle se voyait dans une vallée verdoyante et reposante, tandis qu'elle se remémorait les paroles du Psaume 22Sur des prés d'herbe fraîche, Il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles... Et elle se répétait pour elle-même: Eh bien non, je ne veux pas y aller! Elle ouvrit alors les yeux, se vit en salle de réanimation et esquissa un sourire. Le voyage était interrompu.

Et - tu connais mon côté farceur - j'ai aussi pensé à Woody AllenCe n'est pas que j'ai peur de mourir, je veux juste ne pas être là quand ça arrivera. Puis à Francis BlancheVienne la nuit, sonne l'heure, Des gens s'amusent, d'autres meurent.

Mais à toi, Fred, je peux bien le dire: alors que sur le départ - sans diagnostic critique ni séquelles inquiétantes - je restituais mes habits de cérémonie et le sac en plastique contenant mes effets personnels, malgré le légendaire contrôle de mes émotions en public, toute trace d'humour m'avait quitté et derrière cette absence de frivolité, quelle digue s'était donc rompue? Tu voudrais bien le savoir, mais entre hommes - pudeur, refoulement, absence d'abandon? - il m'est bien difficile de satisfaire ta curiosité!

Je vais plutôt téléphoner à notre amie Laurence qui te racontera - si le coeur lui en dit - ces éclats de ténèbres et de lumières qui somme toute, dans un désordre trompeur, célèbrent la vie: si précieuse, si incertaine...

Francis Blanche, Les pensées (Cherche Midi, 2011)

Woody Allen, Dieu Shakespeare et moi (coll. Points Virgule/Seuil, 2001)

image: Melody Thomas Scott et Eric Braeden dans: The Young and the Restless / Les feux de l'amour (globaltv.com)

08/05/2013

Le poème de la semaine

Paul Valéry

Il est une douleur sans nom, sans but, sans cause 
Qui vient je ne sais d’où, je ne sais trop pourquoi, 
Aux heures sans travail, sans désir et sans foi 
Où le dégoût amer enfielle toute chose. 
 
Rien ne nous fait penser, rien ne nous intéresse, 
On a l’esprit fixé sur un maudit point noir. 
Tout est sombre : dedans, dehors, le jour, le soir, 
C’est un effondrement dans un puits de tristesse. 
 
C’est surtout vers la nuit, quand s’allume la lampe. 
Cet ennui fond sur nous, aussi prompt qu’un vautour. 
Le découragement nous guette au coin du jour, 
Quand s’élève du sol l’obscurité qui rampe. 
 
Ce n’est pas celui-là qui mène à la rivière 
C’est un mauvais moment à passer, voilà tout. 
Il nous fait ressortir la joie, ce dégoût 
Comme l’obscurité fait aimer la lumière. 
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

07/05/2013

Malika Mokeddem

images-1.jpegMalika Mokeddem, Je dois tout à ton oubli (Grasset, 2008)

On dit souvent que l’ombre de la mère disparue peut longtemps soutenir les vivants. Mais ici – comme dans les romans de Katherine Pancol, par exemple – la blessure née du refus de la tradition, de la maternité obligée et de la soumission, amplifie l’absence d’amour de la mère pour sa fille Selma. Les circonstances de rencontre entre ces deux êtres sont découpées au scalpel, même si la mémoire de la narratrice est empreinte d’une profonde humanité. Par l’auteur de La transe des insoumis et de Mes hommes (Grasset, 2003 et 2005) autres chef d’œuvres à découvrir.

également disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2011)

08:22 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Malika Mokeddem | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature;récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/05/2013

Morceaux choisis - Robert Ganzo

Robert Ganzo

bxkgmgx3.jpg

Invente! Il n'est fête perdue
au fond de ta mémoire.
Invente les noirs béants de ce portail,
l'ombre chaude à l'Equateur bue,
et la foudre en tes mains reçue,
ouverte comme un éventail.
 
Ce cri, qu'il délivre ma vie!
Mais avant d'être ainsi ravie
à son silence d'autrefois,
déjà ma chair pouvait t'entendre,
printemps tout en fleurs de chair tendre
dont quels reflets portaient la voix?
 
Déjà, saisons des mots apprises
dans les chemins de vos rousseurs,
dans les glacis de tant d'émaux,
et dans les pleurs de vos nuits grises,
vous promulgiez - azur et brise -
la loi tremblante des ormeaux.
 
Bourgeons enceints de confidences;
asiles récents des rameaux...
Plus loin que ce temps d'évidences
une autre extase est prisonnière
en un langage de poussière
où sont allés mourir des mots.
 
Tout crisse en moi.
Je me suis pris aux pièges
de lueurs mouvantes;
et je m'émerveillais des gerbes
éclatant partout en semis,
quand l'avril qui m'était promis
s'en vint avec des douceurs d'herbes.
 
La figue où brûle un feu de lune;
l'amande au fond de sa rancune;
- il m'a fallu nommer le fruit -
la femme enclose dans la mangue...
S'il tient des clartés en sa langue,
un nom, 
l'univers est construit.
 
Il m'a fallu nommer le geste
offert jusqu'à la révérence,
ce murmure comme un duvet.
Baisers épars d'une Science!
Qu'il connaisse une impatience,
un mot,
et l'amour est défait.
 
Pèse en ton sang le poids d'un rêve;
le suc en fête de la sève;
ce qui s'ordonne en les débris;
les fils cassés des avalanches,
ou l'envol de bouquets aux branches,
puisque les oiseaux ont fleuri.
 
Parle: et l'air tourne sur lui-même
hors du jour vide et du chaos;
l'air tourne et parle 
et c'est l'écho qui fait
un sanglot du blasphème, 
une voix de songe expirant
au secret d'un cristal suprême.
 
Vos liens sont dénoué, paroles,
mes étoiles aux ciels des yeux.
L'instant m'interroge et je peux,
titubant de pleurer à rire,
tenter enfin de dire au mieux
ce qui reste à jamais à dire.
 

Robert Ganzo, Langage, dans: L'oeuvre poétique (Gallimard, 1997)

image: Robert Ganzo (manuelvichganzo.centerblog.net)

18:17 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Musica présente - 62 Vaclav Neumann

Vaclav Neumann

violoniste et chef d'orchestre tchèque, 1920 - 1995

*

Gustav Mahler

Symphony No 5 in C minor

(Gewandhausorchester Leipzig)


07:58 Écrit par Claude Amstutz dans Gustav Mahler, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/05/2013

Morceaux choisis - Patrice de la Tour du Pin

Patrice de la Tour du Pin

littérature; poésie; anthologie; livres

Cette odeur sur les pieds de narcisse et de menthe,
Parce qu’ils ont foulé dans leur course légère
Fraîches écloses, les fleurs des nuits printanières,
Remplira tout mon cœur de ses vagues dormantes;
 
Et peut-être très loin sur ses jambes polies,
Tremblant de la caresse encor de l’herbe haute,
Ce parfum végétal qui monte, lorsque j’ôte
Tes bas éclaboussés de rosée et de pluie;
 
Jusqu’à cette rancœur du ventre pâle et lisse
Où l’ambre et la sueur divinement se mêlent
Aux pétales séchées au milieu des dentelles
Quand sur les pentes d’ombre inerte mes mains glissent,
 
Laurence… Jusqu’aux flux brûlants de ta poitrine,
Gonflée et toute crépitante de lumière
Hors de la fauve floraison des primevères
Où s’épuisent en vain ma bouche et mes narines,
 
Jusqu’à la senteur lourde de ta chevelure,
Éparse sur le sol comme une étoile blonde,
Où tu as répandu tous les parfums du monde
Pour assouvir enfin la soif qui me torture!
 

Patrice de la Tour du Pin, Laurence endormie, dans:Zéno Bianu, Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

image: stephaniecphoto.ca

10:43 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Vendanges tardives - De la laïcité

Un abécédaire: L comme Laïcité

dsc_0386.jpg

Ta cousine Véronique a le don de m'agacer au plus haut point, quand elle s'engage sur ce sujet avec la ferveur qu'on lui connaît, ne supportant pas la moindre des contradictions ou d'opinions contraires aux siennes. Aurait-elle oublié ce qu'est à l'origine la laïcité, soit la séparation de l'Etat et de la religion, ou mieux encore: l'impartialité de l'Etat à l'égard des confessions religieuses. Ce que j'approuve - sans elle, pas de démocratie - quelle que soit la croyance envisagée.

Mais comme souvent, l'amalgame prête à toutes les dérives - verbales, institutionnelles, sociétales - parmi lesquelles pointe dans son cas le gommage obligé de toute référence religieuse: un point sensible dans l'éducation familiale et scolaire, par exemple. Et là, mon objection à ce rétrecissement de l'esprit ne se mue pas en propagande de l'enseignement ecclésiastique, ni en apologie d'une vérité avec Dieu contre une autre sans lui. Non, pas du tout, mais admets que pour appréhender au mieux les comportements humains, les soubresauts de l'histoire, les multiples ébauches de la pensée, la connaissance religieuse prolonge - parmi bien d'autres sources, indispensables elles aussi - tes facultés de discernement, ta compréhension de la terre, des arts, des hommes.

Et là, pas moyen de discuter sereinement avec ta cousine! Inutile de lui expliquer que ses revendications intransigeantes et idèologiques au nom de la liberté d'expression - qui, hélas, a si souvent été étouffée par le pouvoir religieux - n'aboutissent qu'à reproduire les erreurs du passé et caricaturer l'avenir; que le droit à la différence suppose un dialogue ouvert et respectueux, autour duquel peuvent se construire une esquisse de tolérance, de justice, de bienveillance: le contraire de l'ironie, du blasphème ou de la dérision, en permanence.

Tu souris? Oui, je sais Fred, il faut user de patience et de retenue avec Véronique: chez elle, il est vrai, toute forme d'appartenance ou de manifestation identitaire est devenue, au quotidien, un acte politique, cet incidieux cancer qui gangrène toute la beauté possible du monde... 

image: Amala Dianor Dance Company, Crossroads (http://emilerabate.wordpress.com)

00:28 Écrit par Claude Amstutz dans Le monde comme il va, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : danse; philosophie | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/05/2013

La citation du jour

André Velter

1572_829581855_000_1129_H172952_L.jpg

Je me sais plus nomade que jamais. Il n'y a pas de suite à ce qui est sans fin. Notre gîte n'est pas une maison, un reliquaire, un temple ni un livre. Notre ermitage n'a pas de toit, pas de fronton, il est de plein vent et de pleine clarté le passage où nous sommes, esquif aimanté qui s'éloigne de la terre, reste à l'écart du ciel, sans renier la terre ferme, sans congédier le ciel.

André Velter, Ascension du Mont Analogue / extrait, dans: L'amour extrême et autres poèmes pour Chantal Mauduit (coll. Poésie/Gallimard, 2007)

image: voyage-bons-plans.aufeminin.com 

11:49 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Lire les classiques - Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine

littérature; poésie; anthologie; livres

Il est un nom caché dans l'ombre de mon âme, 
Que j'y lis nuit et jour et qu'aucun oeil n'y voit, 
Comme un anneau perdu que la main d'une femme 
Dans l'abîme des mers laissa glisser du doigt.
 
Dans l'arche de mon coeur, qui pour lui seul s'entrouvre, 
Il dort enseveli sous une clef d'airain; 
De mystère et de peur mon amour le recouvre, 
Comme après une fête on referme un écrin.
 
Si vous le demandez, ma lèvre est sans réponse, 
Mais, tel qu'un talisman formé d'un mot secret,
Quand seul avec l'écho ma bouche le prononce, 
Ma nuit s'ouvre, et dans l'âme un être m'apparaît.
 
En jour éblouissant l'ombre se transfigure;
Des rayons, échappés par les fentes des cieux, 
Colorent de pudeur une blanche figure 
Sur qui l'ange ébloui n'ose lever les yeux.
 
C'est une vierge enfant, et qui grandit encore; 
Il pleut sur ce matin des beautés et des jours; 
De pensée en pensée on voit son âme éclore, 
Comme son corps charmant de contours en contours.
 
Un éblouissement de jeunesse et de grâce 
Fascine le regard où son charme est resté. 
Quand elle fait un pas, on dirait que l'espace
S'éclaire et s'agrandit pour tant de majesté.
 
Dans ses cheveux bronzés jamais le vent ne joue. 
Dérobant un regard qu'une boucle interrompt, 
Ils serpentent collés au marbre de sa joue, 
Jetant l'ombre pensive aux secrets de son front.
 
Son teint calme, et veiné des taches de l'opale, 
Comme s'il frissonnait avant la passion, 
Nuance sa fraîcheur des moires d'un lis pâle, 
Où la bouche a laissé sa moite impression.
 
Sérieuse en naissant jusque dans son sourire,
Elle aborde la vie avec recueillement; 
Son coeur, profond et lourd chaque fois qu'il respire, 
Soulève avec son sein un poids de sentiment.
 
Soutenant sur sa main sa tête renversée,
Et fronçant les sourcils qui couvrent son oeil noir, 
Elle semble lancer l'éclair de sa pensée 
Jusqu'à des horizons qu'aucun oeil ne peut voir.
 
Comme au sein de ces nuits sans brumes et sans voiles,
Où dans leur profondeur l'oeil surprend les cieux nus,
Dans ses beaux yeux d'enfant, firmament plein d'étoiles, 
Je vois poindre et nager des astres inconnus.
 
Des splendeurs de cette âme un reflet me traverse;
Il transforme en Éden ce morne et froid séjour. 
Le flot mort de mon sang s'accélère, et je berce 
Des mondes de bonheur sur ces vagues d'amour.
 
- Oh! dites-nous ce nom, ce nom qui fait qu'on aime; 
Qui laisse sur la lèvre une saveur de miel! 
- Non, je ne le dis pas sur la terre à moi-même; 
Je l'emporte au tombeau pour m'embellir le ciel.
 

Alphonse de Lamartine, Un nom, dans: Poésies diverses, précédé de: Méditations poétiques et Nouvelles méditations poétiques (coll. Poésie/Gallimard, 2000)

image: Herbert James Draper, The Gates of Dawn / Detail (arteemtelasaoluis.blogspot.com)

 

00:15 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |