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02/05/2013

Morceaux choisis - Paul Claudel

Paul Claudel

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C'est vrai que Vos saints ont tout pris, mais il me reste mes péchés! Quand je serai sur mon lit de mort, Seigneur, fort jaune et bien mal rasé, quand je repasserai ma vie et ferai mon examen général, je suis riche! et si le bien est rare, il me reste tout le mal. Je n'ai pas mis un jour à Vous préparer, Seigneur, de quoi me pardonner. Ce n'est dans aucun mérite que je m'assure mais dans mes péchés. Chaque jour a le sien, les voici, et j'en sais le compte comme un avare. 

S'il Vous faut des vierges, Seigneur, s'il Vous faut des braves sous Vos étendards, s'il y a des gens à qui, pour être chrétien, les paroles n'aient pas suffi, et qui aient su que s'il est beau de Vous suivre, c'est qu'il y va de la vie, voici Dominique et François, Seigneur, voici Saint Laurent et Sainte Cécile!

Mais si Vous aviez besoin par hasard d'un paresseux et d'un imbécile, s'il Vous fallait un orgueilleux et un lâche, s'il Vous fallait un ingrat et un impur, un homme dont le coeur fut fermé et dont le visage fut dur, et tout de même ce n'est pas les justes que Vous êtes venu sauver mais ceux-là, quand Vous en manquiez partout, il Vous restera toujours moi! Et puis il n'est d'homme si vulgaire qui ne Vous ait gardé quelque chose de nouveau, et qui n'ait fabriqué pour Vous, en dehors de ses heures de bureau, espérant que l'idée un jour Vous viendra de le lui demander, et que peut-être ça Vous plaira, quelque chose d'affreux et de compliqué, où il a mis tout son coeur et qui ne sert à quoique ce soit.

Ainsi, ma petite fille, le jour de ma fête qui s'avance avec embarras, et qui m'offre, le coeur gonflé d'orgueil et de timidité, un magnifique petit canard, oeuvre de ses mains, pour y mettre des épingles, en laine rouge et en fil doré.

Paul Claudel, Le jour des cadeaux, dans: Ecoute ma fille (Egloff, 1934)

image: www.lacolline-auxdoudous.com

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; spiritualité; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/05/2013

Le poème de la semaine

Aimé Césaire

N’y eût-il dans le désert
qu’une goutte d’eau qui rêve tout bas,
dans le désert n’y eût-il
qu’une graine volante qui rêve tout haut,
c’est assez,
rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres
désert, désert, j’endure ton défi
blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

08:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |