05/10/2012
Lire les classiques - Jean Racine
Jean Racine
Le soleil est toujours riant, Depuis qu'il part de l'Orient Pour venir éclairer le monde.Jusqu'à ce que son char soit descendu dans l'ondeLa vapeur des brouillards ne voile point les cieux;Tous les matins un vent officieux En écarte toutes les nues:Ainsi nos jours ne sont jamais couverts; Et, dans le plus fort des hivers, Nos campagnes sont revêtues De fleurs et d'arbres toujours verts. Les ruisseaux respectent leurs rives,Et leurs naïades fugitivesSans sortir de leur lit natal,Errent paisiblement et ne sont point captivesSous une prison de cristal.Tous nos oiseaux chantent à l'ordinaire, Leurs gosiers n'étant point glacés; Et n'étant pas forcés De se cacher ou de se taire, Ils font l'amour en liberté.L'hiver comme l'été. Enfin, lorsque la nuit a déployé ses voiles,La lune, au visage changeant,Paraît sur un trône d'argent,Et tient cercle avec les étoiles,Le ciel est toujours clair tant que dure son cours,Et nous avons des nuits plus belles que vos jours.
Jean Racine, Cantiques spirituels et autres poèmes (coll. Poésie/Gallimard, 1999)
image: Elly Wright, Campagne (http://www.art-en-france.eu/ellywright.html)
12:35 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 34 Arthur Grumiaux
Arthur Grumiaux
violoniste belge, 1921-1986
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Maria Theresia Paradis: Sicilienne in E major
Wolfgang Amadeus Mozart: Serenade no 7 in D major, K 250 - IV. "Rondo" (arrang. Fritz Kreisler)
Enrique Granados: Danzas for Piano, Op 37 - V. "Andaluza" (arrang. Fritz Kreisler)
Fritz Kreisler: Schön Rosmarin - Liebesleid - Liebesfreud
Francesco Maria Veracini: Allegro for Violin and Basso Continuo
Antonio Vivaldi: Concerto for 2 Violins and Cello in D minor No 11, Op 3
Franz Schubert: Ellens Gesang III, D 839 - VI. "Ave Maria"
Antonín Dvorak: Humoresques for Piano No 7 in G major, Op 101
Jules Massenet: Thaïs Meditation
Piotr Ilitch Tchaïkovski: Morceaux for Piano, Op 51 - VI. "Valse sentimentale"
Francesco Maria Veracini: Largo for Violin and Piano in F minor
Fritz Kreisler: Rondino on a theme by Beethoven - Andantino in the style of Martini
Edward Elgar: La capricieuse, Op 17
Franz von Vecsey: Valse triste
Manuel Ponce: Estrellita (arrang. Jascha Heifetz)
Jean Sibelius: Belshazzar's Feast, Op 51 - II. "Nocturne" (arrang. M. Press)
Giovanni Battista Pergolesi: Andantino
Franz Schubert: Schwanengesang, D 957 - IV. "Ständchen"
Wolfgang Amadeus Mozart: Divertimento for 2 Horns and Strings no 17 in D major, K 334 - III. "Menuetto"
Robert Schumann: Kinderszenen, Op 15 - VII. "Träumerei"
Antonín Dvorak: Sonatina for Violin and Piano in G major, Op 100 - II. "Larghetto"
Charles Gounod: Ave Maria (based on J.S. Bach's Prelude no 1 in C from "The Well-Tempered Clavier")
Niccolo Paganini: Sonata for Violin and Guitar No 6 in E minor, Op 3
Henri Wieniawski: Souvenir de Moscou, Op 6
Maurice Ravel: Pièce en forme de Habanera
Pablo de Sarasate: Zigeunerweisen, Op 20
Gabriel Fauré: Les berceaux No 1, Op 23
Maurice Ravel: Tzigane for Violin and Piano
Ernest Bloch: Baal Shem - II. "Nigun" / Improvisation
Gabriel Fauré: Après un rêve No 1, Op 7
Christoph W. Gluck: Orfeo ed Euridice - "Dance of the Furies"
Ludwig van Beethoven Minuet for Piano No 2 in G major, WoO 10
Isaac Albeniz: Hojas de album Espana, Op 165 - II. Tango (arrang. Fritz Kreisler)
Antonín Dvorak: Zigeunermelodien, Op 55 - "Als die alte Mutter"
Joseph-Hector Fiocco: Pièces de clavecin, Op 1 - I. Allegro (arrang. A. Bent and N. O'Neill)
Zoltan Kodaly: Adagio for Violin, Viola, Cello and Piano
Arthur Grumiaux (Violin), Istvan Hajdu
merci à Zar T
04:08 Écrit par Claude Amstutz dans Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
04/10/2012
Morceaux choisis - Hermann Hesse
Hermann Hesse
pour Catherine P et Judith S
Certaines années, notre été tessinois ne peut se décider à prendre fin. Si, assez souvent, après de fortes chaleurs, il se déchaîne soudain vers la fin d'août ou au début de septembre en un brutal orage et en plusieurs jours de pluies torrentielles, puis se retrouve busquement vieilli, brisé et s'éclipse, l'air morne et tout honteux, les autres fois il se maintient semaine après semaine sans orages, sans pluie, aimable et paisible comme ces étés finissants que décrit Stifter, tout azur et or, tout de paix et de douceur, interrompu seulement parfois par le foehn qui, un jour ou deux, secoue les arbres et fait tomber prématurément les châtaignes prisonnières de leurs bogues vertes, rend le bleu encore un peu plus bleu, le mauve tendre et chaud des montagnes encore un peu plus clair et ajoute un degré de limpidité à l'air cristallin. Lentement, au fil de nombreuses semaines, les feuilles se colorent, la vigne devient jaune, marron ou pourpre, le cerisier d'un rouge écarlate, la ronce dorée, tandis que les petites feuilles ovales prématurément jaunies des acacias scintillent comme autant d'étoiles dispersées dans le bleu sombre de leur feuillage.
Depuis bien des années, douze déjà, j'ai vécu ici ces étés finissants et ces automnes, promeneur sans but, spectateur recueilli, peintre; et lorsque commençaient les vendanges et que flamboyaient, entre la vigne d'un brun doré et les grappes d'un bleu noir, les fichus des femmes et que retentissaient les cris de joie des jeunes gens, ou que, par jours sans vent et légèrement couverts, je voyais s'élever partout dans le vaste paysage de notre vallée lacustre les petites colonnes de fumée bleue des feux d'automne campagnards enveloppant dans leurs volutes le proche comme le lointain, il n'était pas rare que je ressentisse un désir et une mélancolie tels que l'errant les éprouve en automne ou lorsque, vieillissant, il jette un regard par-delà les clôtures vers les autres, les sédentaires, ceux qui récoltent leurs grappes, les pressurent, engrangent leurs pommes de terre, marient leurs filles, font brûler leurs petits feux capricieux et griller les premières châtaignes ramassées à l'orée des bois.
Hermann Hesse, Tessin - textes de prose et poèmes / avec 16 aquarelles hors texte (Metropolis, 2000)
traduit de l'allemand par Jacques Duvernet
image: Hermann Hesse, Blick gegen Porlezza (1933)
16:21 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis, Rosebud | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; voyages; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
03/10/2012
Le poème de la semaine
Anne Perrier
Le temps est mûrJe n'en sais rienJe vois le murEt le cheminLa vie peut-être qui s'arrêteUn plomb d'or dans la têteEt moi toute déserteLes mains bien lisses bien ouvertesVivant d'aumônesA l'entrée des palaisEt des miettes que les balaisChassent au vent pour personne Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
19:37 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
01/10/2012
Christian Signol
Christian Signol, Une si belle école (Albin Michel, 2010)
Ce roman est un hommage émouvant à la vocation des enseignants en milieu rural: leur passion de transmettre des valeurs, une culture, un bagage - surtout auprès des enfants défavorisés ou marginaux, promis au désespoir de leurs parents - dans un environnement peu préparé à cette appréhension de l'avenir. Emboîtant les pas d'une institutrice de village - et de son futur époux - nous suivons l'évolution de cette école qui passe de l'âge de la craie et des encriers à celui des feutres et des ordinateurs. Véritable journal d'une époque, entre 1954 et 1989, avec des difficultés qui s'estompent et d'autres qui voient le jour, ce livre est aussi une magnifique histoire d'amour qui puise toute sa sève dans cette passion commune d'éduquer et d'instruire par des chemins souvent ingrats, exposant à des bonheurs inattendus mais aussi à une grande solitude intérieure, face à ceux qui, de réformes en contre-réformes, élaborent un système scolaire pour tous et ne privilégient plus l'approche pédagogique de chacun, défendue par notre couple d'instituteurs, jusqu'au bout. Une évocation poignante, chaleureuse et poétique, ravivant nos souvenirs d'enfance comme les délicieux crépitements d'un feu de bois. A offrir à tous nos amis enseignants: ils le méritent bien!
également disponible en édition de poche (coll. Pocket, 2012)
Du même auteur, parmi une trentaine de romans, ne manquez pas de lire Les cailloux bleus (1984), Les menthes sauvages (1985) et Marie des brebis (1989) parus en coll. Pocket. Trois petits chef d'oeuvres...
06:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |