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15/02/2011

Montalbano, je suis

littérature; roman; livresAndrea Camilleri, La piste des sables (Fleuve Noir, 2011)

Revoilà donc, pour la seizième fois, notre sympathique commissaire Salvo Montalbano de Vigàta - bourgade imaginaire de Sicile, flanqué de ses inséparables acolytes, Fazio, Mimi et Catarella. Tout commence par un fait insolite: Près de la plage, en face de sa demeure de Marinella, gît un cheval mort couvert de sang, fracassé avec une barre de fer. Peu après, il est victime de cambrioleurs, une première fois. Puis, une seconde fois, mais lui restituant ce qui avait été volé. A ne rien y comprendre... Pour simplifier les choses, débarque une créature séduisante, Rachel Esterman, une amie d'Ingrid, déjà présente dans plusieurs autres épisodes: un de ses chevaux a disparu... Et notre défenseur de l'ordre, outre une plongée dans le monde pas très reluisant des courses clandestines, sent le démon de la chair raviver ses instincts premiers, ce qui, bien entendu, va obscurcir pour un temps son investigation!

Sans être le meilleur des Montalbano, ce nouveau roman d'Andrea Camilleri ressemble à ces amis fidèles qu'on retrouve toujours avec plaisir, au détour d'une ruelle, quelle que soit l'humeur du moment. Avec le sourire... Si vous n'avez jamais encore lu les enquêtes précédentes, ne manquez pas La forme de l'eau, Le voleur de goûter, La voix du violon, Le tour de la bouée, La patience de l'araignée et L'été ardent: les épisodes les plus réussis, mettant au mieux en lumière les complexités de la réalité sicilienne. Tous ces titres sont disponibles en coll. Pocket.  

16/01/2011

Aline Kiner

Bloc-Notes, 16 janvier / Les Saules

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Dans le domaine pléthorique du roman policier, le meilleur côtoie souvent le pire et si les titres intéressants demeurent stables, les mauvais - hélas! - sont en constante augmentation: auteurs flirtant avec le fantastique ou la haute technologie, escalade dans l'horreur masquant une intrigue sommaire ou peu crédible, qualité d'écriture défaillante ne justifiant souvent pas même une présentation en librairie... Alors, je ne vais pas bouder mon plaisir de vous partager une heureuse surprise en la personne d'Aline Kiner, nouvelle venue dans le monde du crime, passionnée d'histoire et d'archéologie - elle a publié avec François Guénet La cathédrale: livre de pierre aux Presses de la Renaissance en 2004 - et rédactrice en chef du mensuel Sciences et Avenir.

Avec Le jeu du pendu, elle signe un des meilleurs titres francophones de ces dernières années! L'auteur nous embarque en Lorraine où, un certain 24 décembre 1944, le petit village de Varange est le théâtre d'une pendaison au cimetière, celle de Johann Ziegler au vieux chêne du lieu. Un écriteau est posé, visible de tous, au pied de l'arbre. On peut y lire en grandes lettres: La corde pour les collabos... Soixante ans plus tard, une jeune fille, Nathalie, est retrouvée ligotée, avec une corde nouée autour du corps - comme la statue du Dieu piteux au cimetière - et étouffée sauvagement dans la boue d'une ancienne mine de la région.

Solidement documenté - les archives consultées, mais aussi les témoignages des habitants de cette région de la Moselle - Le jeu du pendu nous restitue, à travers des personnages complexes et attachants ces heures douloureuses de l'après-guerre où l'atmosphère était pire que pendant l'Occupation. Les familles qui rentraient d'exil retrouvaient leurs maisons sans dessus dessous, les jardins dévastés, les meubles volés par les voisins. On se traitait de collabos. Tant de haine...

Mais la Lorraine, c'est aussi le souvenir de la fermeture des mines de fer qui réveillent bien des blessures, exposées avec une rare sensibilité: Adolescente, Sarah avait souvent insisté pour que son père l'emmène au fond. Elle voulait voir, disait-elle. Seulement voir, une fois, où il travaillait. Il aurait pu. Certains le faisaient. Mais il n'avait pas voulu. La nuit presque totale, le vacarme des engins, le froid pénétrant, l'humidité. La poussière, ocre, du minerai qui leur collait à la peau et leur valait ce nom de gueules jaunes. Ce n'était pas un monde pour les enfants.L'odeur de la boue... Quand on était imprégné de cette odeur, jamais on ne s'en débarrassait. Elle ressortait, en même temps qu'une trace jaunâtre, sur le col des chemises blanches qu'on portait en été. Fille de mineur, Aline Kiner - originaire de cette région - sait de quoi elle parle et apporte de précieuses explications dans sa postface pour les lecteurs qui ont passé à côté de cette page d'histoire de France.

 L'intrigue policière qui repose sur les épaules des deux enquêteurs, Simon Dreemer - muté du service des SRPJ de Metz - et Jeanne Modover - qui renoue avec le pays de son enfance - ne laisse aucun répit et débouche, comme dans tout bon roman policier, sur un dénouement tout à fait inattendu. Un vrai plaisir le lecture où la recherche du meurtrier se mêle à une peinture sociale de la Lorraine, particulièrement convaincante.

 Découvrez vite Aline Kiner: vous ne le regretterez pas une seconde...   

Aline Kiner, Le jeu du pendu (Liana Levi, 2011)

 

13:26 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/01/2011

Rentrée littéraire

Bloc-Notes, 7 janvier / Les Saules

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Depuis mardi dernier, la rentrée littéraire marque son passage à l'an nouveau avec un livre très attendu, Des gens très bien d'Alexandre Jardin (Grasset) qui, contrairement au Roman des Jardin, revient avec une émotion douloureuse sur le passé de son grand-père aux commandes administratives d'une certaine rafle du Vel d'Hiv - de triste mémoire - et de son père pour un récit qui, dit-il, aurait pu s'intituler: Fini de rire... Controversé, haï ou adulé par des critiques qui ne l'ont probablement lu qu'en diagonale, il mérite, contrairement à d'autres de ses textes, une lecture plus attentive et réfléchie...

Chez les auteurs francophones, il est agréable d'évoquer aussi, brièvement - dans un premier temps! - Trésor d'amour de Philippe Sollers (Gallimard), un auteur qui vieillit plutôt bien. Une lecture jubilatoire qui nous emmène une fois encore à Venise, pour une histoire où se mêlent la célébration de la vie, de l'amour, de la beauté et de la musique, avec un personnage central qui n'est autre que Stendhal. Un autre univers - pas moins intéressant - nous est proposé avec La nonne et le brigand de Frédérique Deghelt (Actes Sud), où Lysange vivant une passion amoureuse avec Pierre découvre le manuscrit du journal écrit dans les années 50 par sa soeur Madeleine qui relate ses déchirements entre foi et amour, dont le contenu va modifier son regard sur sa propre vie. Quant à Aline Kiner - nouvelle venue dans le monde des lettres - elle nous offre, avec Le jeu du pendu (Liana Levi) l'un des meilleurs romans policiers français de ces dernières années, avec une intrigue solide qui se déroule en Lorraine dans un village où resurgissent les blessures secrètes de la guerre, la fermeture des mines de fer, les haines inavouables que déchiffrent tant bien que mal un couple d'enquêteurs fort sympathiques. Avec plaisir, nous retrouvons aussi Jean-Louis Kuffer qui, avec L'enfant prodigue (D'Autre Part) au rythme des saisons et des temps de la vie, de l'obscurité et de la lumière, nous livre des points de convergences et de rencontres où dansent les mots avec douceur et gratitude comme sur la toile d'un peintre, à jamais inachevée. Enfin, Les insurrections singulières de Jeanne Benameur (Actes Sud) scrute le monde ouvrier, le drame des délocalisations et du chômage à travers le destin d'Antoine, à lui seul la voix intime de ceux qu'on ne veut entendre...

Parmi les auteurs étrangers, est attendu Dernière nuit à Twisted River de John Irving (Seuil). Il y renoue avec ses thèmes de prédilection, les contrées sauvages - ici les bûcherons, les flotteurs de bois, les ours une fois encore - où se joue le destin d'un père et de son fils. Il en va de même pour La vie très privée de Mr. Sim de Jonathan Coe (Gallimard), l’histoire d’un quarantenaire raté qui est amené à percer les secrets de son propre passé. Mais la palme revient sans doute à Versions de Teresa de Andrès Barba (Bourgois) qui scrute les mécanismes du désir, de la passion et de la culpabilité dans ce roman choral abordant l'amour fou de Manuel pour Teresa, une jeune handicapée rencontrée dans un centre de vacances dont il est le moniteur. Le désir aussi de Véronica, sœur aînée de Teresa pour Manuel. Des voix - celles de Manuel et Veronica - qui se réverbèrent comme un écho, face au mondu du silence: Teresa. Une écriture lyrique, mais sobre échappant au dérapage ou au voyeurisme. Enfin, les fidèles de Donna Leon pourront retrouver le célèbre et sympathique commissaire Brunetti dans La petite fille de ses rêves (Calmann-Lévy), aux prises avec une secte, des secrets de famille et une fillette assassinée qui hante ses nuits...

Pour terminer, un document exceptionnel et un immense succès - mérité - à sa sortie en Italie: Dans la mer il y a des crocodiles - l'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari de Fabio Geda (Liana Levi), le récit d'un gamin de 10 ans qui fuyant son pays d'origine, l'Afghanistan, est abandonné par sa mère à la frontière pakistanaise. S'en suit un périple de cinq ans à travers l'Iran, la Turquie et la Grèce avant qu'il atteigne l'Italie. Dans cette réalité dure et cruelle, tout n'est pas noir et de nombreux personnages sont attachants, généreux, dépeints souvent avec humour. A ne manquer sous aucun prétexte, mais ce titre sera plus longuement évoqué dans les semaines qui suivent, ce qui vaut de même pour la plupart des textes cités dans cet article!    

04/01/2011

Dans le rétroviseur

Bloc-Notes, 4 janvier / Les Saules

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Voilà, c'est reparti! Le très sérieux Livres Hebdo - revue professionnelle consacrée au livre - n'annonce pas moins de 510 nouveaux romans à paraître au cours des deux premiers mois de l'année, dont 329 voués à la littérature francophone, mais... pas si vite, car l'année 2010 à peine achevée, je prends plaisir à vous partager les petites ou grandes joies que la saison dernière aura suscitées, au nez et à la barbe des statistiques qui, au contraire de la résonance affective des uns et des autres, masquent souvent l'essentiel, heureusement!

Avec un constat très encourageant: Le lecteur actuel cède beaucoup moins que par le passé, aux sirènes des prix littéraires. S'il les lit ou les offre, c'est parce qu'il les découvre ou les aime, qu'il s'agisse de Michel Houellebecq avec La carte et le territoire (Flammarion), de Jean-Michel Olivier avec L'amour nègre (De Fallois/L'Age d'Homme), de Maylis de Kérangal avec Naissance d'un pont (Verticales), de Patrick Lapeyre avec La vie est brève et le désir sans fin (P.O.L.), de Fatou Diome avec Celles qui attendent (Flammarion) ou encore de Sofia Oksanen avec Purge (Stock) et de David Vann avec Sukkwan island (Gallmeister).

Il est aussi plus curieux, exigeant et surtout... prend son temps pour choisir ses livres! Ainsi, il a jeté son dévolu - pour mon plus grand plaisir! - sur Douna Loup avec L'embrasure (Mercure de France), Valérie Zenatti avec Les âmes soeurs (L'Olivier), Rosa Montero avec Instructions pour sauver le monde (Métailié), Erri de Luca avec Le jour d'avant le bonheur (Gallimard) ou Sarah Hall avec Comment peindre un homme mort (Bourgois) - à mon avis le plus beau roman de l'année! - sans oublier Kathryn Stockett avec La couleur des sentiments (Jacqueline Chambon) dont le succès repose pour une part prépondérante sur le bouche à oreille entre lecteurs et le coup de pouce des libraires, ou Jean d'Ormesson avec C'est une chose étrange à la fin que le monde (Laffont), bel exemple de fidélité entre le public et un auteur qui n'a cessé de se remettre en question, de partager ses passions, ses convictions, ses interrogations, auprès des plus jeunes et des autres...  

Qu'on se le dise enfin: La poésie n'est pas reléguée aux oubliettes. Le succès de la correspondance entre René Char et Nicolas de Staël (Editions des Busclats), l'anthologie des Poètes de la Méditerranée (coll. Poésie/Gallimard) ou les écrits récents de Jean-Michel Maulpoix, Andrée Chédid et Charles-Ferdinand Ramuz en sont la preuve vivante.

Seuls auront manqué en 2010 quelques romans légers et attachants comme on les aime... Hormis une réédition - Les raisons du coeur de Mary Wesley (Héloïse d'Ormesson) - et une nouveauté, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi de Katherine Pancol (Albin Michel), je n'ai pas oublié - comme de nombreux lecteurs, ces plaisirs de lecture plus anciens que sont La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt (Actes Sud) ou Les bonnes dames de Jean-Louis Kuffer (Campiche) qui rencontrent aujourd'hui encore un succès aussi vif que celui des dernières parutions en librairie!

Pour en finir avec ce petit tour d'horizon de l'année écoulée, j'ajoute que le lecteur actuel - pour autant qu'il trouve dans les librairies ou bibliothèques ce qu'il cherche - n'est pas nécessairement conditionné par l'attrait de la nouveauté, ce qui me ravit! Savez-vous que le roman de Léon Tolstoï, Anne Karénine, demeure le roman le plus populaire de 17 à 87 ans, aux côtés de celui d'Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo, parmi les classiques? Que Lark et Termite, le chef d'oeuvre de Jayne Anne Phillips (Bourgois), paru en 2009, demeure l'un des choix préférés du public, avec L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon (Laffont et Livre de poche) paru en 2004? Qu'on lit toujours le roman d'Axel Munthe, Le livre de San Michele (Albin Michel) ou La montagne magique de Thomas Mann (Fayard et Livre de poche)?

Sur le site de Culture Café - http://500-livres.com/index.html - vous pouvez consulter les 500 meilleurs livres choisis par les internautes, en 2008 - peu de changements, sans doute, avec aujourd'hui - avec près de 5'000 votes et 3'000 titres proposés. Comme moi, vous y reconnaîtrez bien des vôtres...  

image: Jean-Honoré Fragonard, La liseuse (National Gallery of Art, Washington)

 

10/12/2010

Jean-Luc Coatelem

9782849900222.gifJean-Luc Coatelem, Mardi à Puerto-Azucar (Edition des Equateurs, 2005)

Ce récit d’aventures, d'escroqueries, de supercheries en tous genres truffées d’inventions littéraires, est servi par des dialogues truculents et corrosifs teintés d’humour noir, qui méritent à eux seuls un détour. L'histoire de ce garagiste de légende, Ulysse Rubirosa junior,devenu libraire bibliophile par opportunisme de Montevideo à Santiago en passant par Lima, est racontée avec brio, respire le grand large et vaut un détour. De plus, la présentation du livre est soignée, illustrée par Loustal. Un petit éditeur, un grand auteur, tous deux à encourager. Dans une bibliothèque, il peut être intégré parmi les polars déjantés !

22:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/07/2010

Elizabeth George

9782258071735.gifElizabeth George, Le rouge du péché (Presses de la Cité, 2008)

Après, et malgré, les événements dramatiques qui ont entraîné la mort de son épouse – voir Sans l’ombre d’un témoin et Anatomie d’un crime – l’inspecteur Thomas Lynley, pour le plaisir de tous ses fans, est de retour ! Fragile et désemparé, il vit retiré en Cornouailles, lorsqu’une tache rouge, apparue au loin au cours d’une de ses promenades solitaires, s’avère être un cadavre… Elizabeth George parvient une fois encore à surprendre ses lecteurs, puisque dans cet opus nous ferons connaissance, dans le rôle principal, de l’inspectrice locale Bea Hannaford, un personnage truculent et sympathique : ses conversations privées avec Barbara Havers – qui rejoint son ex-chef au cours de l’enquête - sont des morceaux d’anthologie sur la nature humaine ! Ébranlé dans ses certitudes, Lynley, qui se borne à une aide discrète pour élucider ce crime, nous montre un visage plus compatissant et humble que par le passé, alors que ses rapports souvent conflictuels avec Barbara gagnent en profondeur et en réciprocité.

Egalement disponible en coll. de poche (Pocket, 2009)

00:31 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/07/2010

Brian Freeman

Bloc-Notes, 5 juillet / Les Saules

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Je n'aurais pas dû, non, je n'aurais pas dû ouvrir ce livre. A cause de lui, j'ai trop fumé, trop lu malgré une chaleur caniculaire, pas assez dormi, renvoyé au lendemain pêle-mêle activités et rencontres,  car vous l'aurez compris: Je n'ai pu le lâcher qu'à la page 426, la dernière... J'étais pourtant prévenu, car le premier roman de Brian Freeman traduit en français, Jamais je ne reviendrai - paru en 2007 chez le même éditeur - m'avait déjà conquis sans réserve. Je lui avais par ailleurs consacré une modeste contribution dans ces colonnes, à l'époque.

Alors, de quoi est-il question cette fois-ci? Imaginez, au coeur de cet hiver toujours aussi rude du Minnesota, l'inspectrice Maggie Bel qui, après une soirée bien arrosée, retrouve chez elle le corps sans vie de son mari. Le fait que son arme ait servi au meurtre désigne Maggie comme le principal suspect. Prise au piège, elle appelle en désespoir de cause le lieutenant Jonathan Stride, son ami, pour lui demander de l'aide. Si Stride ne doute pas un instant de l'innocence de sa partenaire, il sent néanmoins que la jeune femme lui cache quelque chose. Et le silence dans lequel elle s'enferre ne plaide pas en sa faveur...

Avec sa compagne Serena Deal - femme-flic devenue détective privé - le sympathique Jonathan Stride va plonger dans les secrets bien gardés de la petite ville de Duluth, dont le dénominateur commun pourrait être le sexe, à moins que... car derrière ce faisceau de présomptions se profile une autre silhouette, un fantôme en quelque sorte, celui de Blue Dog, un criminel vicieux qui mijote une terrible vengeance dont Serena pourrait être l'objet, allez donc savoir pourquoi! Et pour ne rien arranger, Stride, mis sur la touche - car trop impliqué personnellement dans cette affaire - devra composer avec l'inspecteur Abel Teitscher, dont la conviction est presque acquise à propos de la culpabilité de Maggie.

Le premier chapitre - l'apparition de Blue Dog - et la dernière partie du roman - intitulée La Dame en Moi - sont terrifiants. Le suspense est soutenu, ne faiblit à aucun moment de l'histoire, ménageant des surprises même aux esprits les plus perspicaces, avec des personnages crédibles, aboutis jusque dans ses rôles secondaires, le tout baignant dans une violence sourde, sauf lors du coup de théâtre final.

Cette troisième enquête de Jonathan Stride est une réussite indiscutable pour ce roman policier qui, s'il était adapté au cinéma, mériterait tout de même un solide triangle rouge!

Brian Freeman, Le prix du péché (Presses de la Cité, 2010)

 

12:18 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; romans; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/07/2010

Margherita Oggero

9782226177087.gifMargherita Oggero, L'amie américaine (Albin Michel, 2007)

 

Peut-on être à la fois mère de famille, prof de lettres, sous le charme d’un commissaire et fin limier ? Margherita Oggero, avec son second roman policier, répond par l’affirmative avec ce personnage de Camilla Baudino, sorte de Miss Marple turinoise, terriblement sympathique. Proche de l’univers de Donna Leon, on jubile devant son humour, ses dialogues vifs et l’originalité de ses personnages, complexes et ancrés dans l’Italie contemporaine.

06:29 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/05/2010

Loriano Macchiavelli

9782350850818.gifLoriano Macchiavelli, Une blonde de trop (Bernard Pascuito, 2010)

Franchement, vous en connaissez beaucoup, des sergents qui ressemblent à Sarti Antonio, avec ses colites chroniques provoquées par son supérieur hiérarchique Raimondi Cesare, sa télévision en noir et blanc, sa vieille caisse de la police no 28 conduite par son souffre-douleur, l'agent Felice Cantoni? Non, bien sûr! Sauf que, chez nous, il se serait fait virer! En Italie, en revanche, il est - bien au-delà de Bologne -  aussi célèbre que le pape et soutient la comparaison avec deux autres enquêteurs célèbres: Guido Brunetti créé par Donna Leon et Salvo Montalbano crée par Andrea Camilleri.

Héros de trois autres romans - Les souterrains de Bologne, Bologne ville à vendre et Derrière le paravent - parus aux éditions Métailié, notre Sarti Antonio est confronté à un probable pourvoyeur de drogue, Kim, qui débarque chez son amie, une blonde à moitié nue et manifestement accompagnée, pour y mourir, du sang sur tout le corps. Et pour ajouter une touche poissarde à son enquête, il retrouve chez lui, un peu plus tard, une autre blonde - une cousine, prostituée avec laquelle il entretient des rapports affectueux dans plusieurs épisodes! - et bientôt son ami ténébreux Rosas venant lui livrer un nouveau téléviseur en couleurs. Apparemment, sa porte semble ouverte à tout Bologne... Les dialogues sont percutants, drôles, vifs, et malgré un climat désabusé à l'encontre des politiques et de la hiérarchie policière, la considération humaine prend toujours le dessus, heureusement. Du coup, jugé imprévisible et méfiant, le voilà cantonné au rôle de sergent à vie, mais voudrait-il, Sarti Antonio, qu'il en soit autrement?

31/01/2010

Les disparus de Dublin

Bloc-Notes, 31 janvier / Gare Cornavin Genève
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Mon amie de coeur a coutume de dire que sans mon ordinateur, je ressemble à une jolie femme sans trousse de maquillage. C'est malheureusement bien vrai, car mon portable IBM - la série des Thinkpad A31p de la belle époque - auquel je tiens comme la prunelle de mes yeux, que je bichonne et entretiens comme d'autres leur Porsche ou leur Ferrari, a donné des signes de faiblesse visuelle lundi dernier, puis des éblouissements, enfin m'a laissé devant un écran noir...

Privé d'accès à ma messagerie, à Internet, à la Scie rêveuse, dont j'escomptais concrétiser une mise à jour intensive des archives, la catastrophe programmée a tout à coup désorganisé mon plan de vacances, pour le pire... ou le meilleur? Car sans ma bête de course - pour une quinzaine de jours - je lis davantage que prévu, reprends goût aux notes manuscrites et savoure un repos nécessaire à mes (pas trop) jeunes artères. 

Entre autres remèdes pour lutter contre la colère, la frustration, la contrarieté qui m'envahissent malgré tout, rien de tel qu'un solide roman policier. Et j'en ai trouvé un, vraiment sensationnel, écrit par un certain Benjamin Black, pseudonyme de John Banville, auteur de La mer chez Robert Laffont. Son titre: Les disparus de Dublin aux éditions Nil. Comme dans une certaine tradition britannique, l'intrigue sert à révéler une réalité sociale. Ici, un trafic d'orphelins, orchestré par qui? Je n'en dirai rien, ce serait vraiment dommage! Sachez toutefois que l'Eglise catholique y joue un rôle plutôt inquiétant et que le personnage de Quirke, médecin légiste, veuf, secrètement amoureux de sa belle-soeur depuis toujours, porté sur la bouteille et nouveau venu sur la scène du crime (en traduction française) est particulièrement réussi, attachant, humain, autant qu'un certain Thomas Lynley créé par Elizabeth George, ce qui ne constitue pas le plus banal des compliments. Un style éblouissant, des caractères originaux, des liens familiaux complexes, une histoire qui, de Dublin à Boston, ne  fléchit à aucun moment, voilà qui suffit à faire mon bonheur, que je vous partage aujourd'hui avec joie! Car la découverte d'un nouvel auteur ajoute à mon enthousiasme dans un genre où les révélations sont aussi rares que les publications, hélas surabondantes...

Le livre refermé, me voici, par une après-midi ensoleillée, fonçant dans un cybercafé de la ville pour coucher ces notes sur mon blog chéri, pour vous. Rien n'est ainsi tout à fait impossible, comme vous le voyez, même par temps de crise!

Benjamin Black, Les disparus de Dublin (Nil, 2010)

12:34 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |