Les disparus de Dublin (31/01/2010)

Bloc-Notes, 31 janvier / Gare Cornavin Genève
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Mon amie de coeur a coutume de dire que sans mon ordinateur, je ressemble à une jolie femme sans trousse de maquillage. C'est malheureusement bien vrai, car mon portable IBM - la série des Thinkpad A31p de la belle époque - auquel je tiens comme la prunelle de mes yeux, que je bichonne et entretiens comme d'autres leur Porsche ou leur Ferrari, a donné des signes de faiblesse visuelle lundi dernier, puis des éblouissements, enfin m'a laissé devant un écran noir...

Privé d'accès à ma messagerie, à Internet, à la Scie rêveuse, dont j'escomptais concrétiser une mise à jour intensive des archives, la catastrophe programmée a tout à coup désorganisé mon plan de vacances, pour le pire... ou le meilleur? Car sans ma bête de course - pour une quinzaine de jours - je lis davantage que prévu, reprends goût aux notes manuscrites et savoure un repos nécessaire à mes (pas trop) jeunes artères. 

Entre autres remèdes pour lutter contre la colère, la frustration, la contrarieté qui m'envahissent malgré tout, rien de tel qu'un solide roman policier. Et j'en ai trouvé un, vraiment sensationnel, écrit par un certain Benjamin Black, pseudonyme de John Banville, auteur de La mer chez Robert Laffont. Son titre: Les disparus de Dublin aux éditions Nil. Comme dans une certaine tradition britannique, l'intrigue sert à révéler une réalité sociale. Ici, un trafic d'orphelins, orchestré par qui? Je n'en dirai rien, ce serait vraiment dommage! Sachez toutefois que l'Eglise catholique y joue un rôle plutôt inquiétant et que le personnage de Quirke, médecin légiste, veuf, secrètement amoureux de sa belle-soeur depuis toujours, porté sur la bouteille et nouveau venu sur la scène du crime (en traduction française) est particulièrement réussi, attachant, humain, autant qu'un certain Thomas Lynley créé par Elizabeth George, ce qui ne constitue pas le plus banal des compliments. Un style éblouissant, des caractères originaux, des liens familiaux complexes, une histoire qui, de Dublin à Boston, ne  fléchit à aucun moment, voilà qui suffit à faire mon bonheur, que je vous partage aujourd'hui avec joie! Car la découverte d'un nouvel auteur ajoute à mon enthousiasme dans un genre où les révélations sont aussi rares que les publications, hélas surabondantes...

Le livre refermé, me voici, par une après-midi ensoleillée, fonçant dans un cybercafé de la ville pour coucher ces notes sur mon blog chéri, pour vous. Rien n'est ainsi tout à fait impossible, comme vous le voyez, même par temps de crise!

Benjamin Black, Les disparus de Dublin (Nil, 2010)

12:34 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |