Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/04/2014

La musique sur FB - 2087 G.Fauré

Gabriel Fauré

Elegy for piano and cello, Op.24

 

Jacqueline du Pré, Gerald Moore


05:14 Écrit par Claude Amstutz dans Gabriel Fauré, Jacqueline du Pré, La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/04/2014

Morceaux choisis - Jean-Louis Kuffer

Jean-Louis Kuffer 

littérature; chroniques; morceaux choisis; livres 

La peinture de Nicolas de Staël se jette et nous jette dans le vide et rien n'est moins surprenant que le geste ultime du peintre de se jeter dans la mer alors même qu'il touche à la plénitude de son art et s'exclame: joie! en se tuant.

NdS est à l'évidence un plongeur mais vers le haut, en tous cas pour l'élan et le bond, le mouvement, la vitesse et l'intensité du geste. La mort de joie qu'il se donne relève de ce qu'on appelle l'absolu et plus précisément en l'occurrence: l'absolu de l'art, qui se perçoit dans sa phase sommitale et dernière avec l'exultation liée au saut dit justement: de l'ange...

Peu importent les circonstances exactes de sa mort, anticipée ou lui fondant dessus comme l'éclair; on dira peut-être plus tard qu'elle était inscrite mais qu'en sait-on, sachant comme lui la part d'ombre de toute illumination à ce point du risque pris, et la faiblesse de toute force.

L'exigence d'absolu est ce qu'on pourrait dire une folie de jeunesse, et celle-ci jette en avant de nous son défi d'orgueil dans cette forme qui ouvre un nouvel espace et nous arrache au temps comme un Lascaux futur sans l'artifice de vaniteuses fusées ou de chiens et de singes ligotés, dans un ciel rose ou vert qui se déploie dans ce qu'on pourrait dire l'ouvert obscur que salue le Devancier de René Char qu'on dirait écrit pour lui: Sans redite, allégé de la peur des hommes, je creuse dans l'air ma tombe et mon retour.

Que la joie demeure, cependant, avec l'Objet.

L'Objet est à la fois unique et multiple, qui se révèle par accidents successifs sous l'effet de la constante obsession. Telle est, une parmi la centaine d'objets de la dernière folle profusion rappelant celle de Van Gogh, La Lune de 1953 toute tramée de gris sableux et de bleus lessivés en camaïeux lissés au couteau sur plancher de bois à stries. On est très loin des musiciens de Sydney Bechet et des footballeurs du parc des Princes, entre les cyprès noirs et rouges du Sud profond, les arbres en quilles bleues de Ménerbes comme alignés sur les murs ocre et mauve, et c'est parti de Provence en Sicile sous le soleil blanc qui fusille toute nuance, mais tout reste à regarder dans cet autre théâtre sans dehors ni dedans où la table est suspendue au ciel et les bateaux immobiles dans le port que seules les couleurs délimitent. Abstrait ou figuratif? On s'en fout, étant entendu que, depuis qu'on met des adjectifs dans des boîtes, la peinture s'en échappe de plus belle, écrit NdS.

On voit bien dans Les mâts (Marine) de 1955 des espèces de mâts qui pourraient être des aiguilles à tricoter des bonnets d'anges ou de fins crayons à dessiner dans le ciel des motifs ailés comme les Mouettes d'à côté; on voit le billot de cette nature morte où poser sa tête, ou ce nu bleu ondulant en vague entre lit de lait et ciel de sang; on voit un Coin d'atelier fond bleu qui est la double quintessence du coin et de l'atelier tels que les ont connu un Héraclite ou un Hölderlin - ou tout cela serait plutôt de la musique genre Berg ou Schönberg, comme il l'a entendue à Paris la veille du 16 mars où, revenu à Antibes, il s'apprêtait à descendre le Concert sur l'immense toile de six mètres sur six quand Dieu sait quoi l'a happé soudain vers le ciel d'en bas...

Mais quelle joie y a-t-il donc à mourir si violemment, se demandent Madame et Monsieur Tout-le-monde ne percevant pas bien la nécessité de tuer le banal et de faire descendre ainsi le ciel sur de la toile? Or lui-même a parlé de joie dans la plus extrême difficulté, et qui le verrait couler ses vieux jours ou gérer ses avoirs sans sacrifier à la fois cette joie? La mort de Nicolas de Staël est aussi dure et pure que son absolu, aussi terrible que sa joie. 

Jean-Louis Kuffer, Cette joie terrible, dans: L'échappée libre - Lectures du monde 2008-2013 (L'Age d'Homme, 2014)

image: Nicolas de Staël, Concert / 1955 (parfumdelivres.niceboard.com)

La musique sur FB - 2086 P.Haas

Pavel Haas

String Quartet No 2

 

Pavel Haas String Quartet

merci à Christophe B


00:05 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

20/04/2014

Morceaux choisis - Maurice Carême

Maurice Carême 

1.jpg

Joie de je ne sais quoi,
Joie du vent, joie de la feuille,
Joie flamme d’écureuil,
Joie de myrtille au bois.
 
Joie d’être un peu de givre
Sur la branche au printemps,
Joie de ne jamais suivre
Que les chemins montants.
 
Joie d’être tout à coup,
Sans même le vouloir,
Cet appel de coucou,
Ce reflet de miroir.
 
Ne pouvoir que crier,
Crier, crier encor
Des mots comme un pont d’or
Sur une eau débordée.
 
Embrasser un bouleau
Pour tenir contre moi
Quelque chose de beau,
Quelque chose de droit.
 
Sans pouvoir apaiser
Ni la nuit ni le jour,
Cette envie de parler
Au ciel de mon amour.
 
Ce plaisir de bercer
Le monde dans mes bras,
D’entrer dans une ronde
Avec n’importe quoi
 
Et d’être devenu
Joie de vent, joie de feuille,
D’être myrtille au bois
Et flamme d’écureuil
 
Et sans jamais savoir
Ni pourquoi ni comment
Je traverse en miroir
Tous les palais du temps.

Maurice Carême, Joie, dans: Colette Nys-Masure et Christian Libens, Piqués des vers - 300 coups de coeur poétiques (Espace Nord, 2014)

image: http://4.bp.blogspot.com 

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/04/2014

Jay McInerney

9782879295336.gifJay McInerney, La belle vie (Editions de l'Olivier, 2007) 

 

Deux couples, incarnant la réussite américaine, voient leur vie voler en éclat – avec en toile de fond la tragédie du 11 septembre – en proie au poids des habitudes, à l’érosion des sentiments, au conflit des valeurs. Rarement traité en littérature, le thème du traumatisme collectif avec ses doutes, son poids de responsabilité et son chaos qui imprègnent ou envahissent l’individu, est traité magistralement. Une peinture lucide, humaine, un brin mélancolique de la société actuelle.

 

également disponible en coll. Points (Seuil, 2008)

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/04/2014

La citation du jour

Graham Greene

1.jpg

Les saints ont employé le langage de l'amour humain pour décrire leur vision de Dieu; de même, je suppose, pourrions-nous faire usage des mots prière, méditation, contemplation, pour traduire l'intensité de l'amour que nous ressentons pour une femme. Nous aussi, nous renonçons à la mémoire, à l'intelligence et à la science, et nous aussi nous subissons l'épreuve du dépouillement, de la noche sombre, avec parfois, en manière de récompense, une sorte de paix.

Graham Greene, La fin d'une liaison (coll. 10-18/UGE, 2000)

00:15 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/04/2014

La musique sur FB - 2085 L.N. Clérambault

Louis Nicolas Clérambault

Sonate "L'Anonima"

 

Odile Edouard, Jan de Winne

Roberto Gini, Yves Rechsteiner 


00:03 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/04/2014

Le poème de la semaine

Fernand Gregh

Il pleut, 
Les vitres tintent. 
 
Le vent de Mai fait dans le parc un bruit d’automne. 
Une porte, en battant sans fin, grince une plainte 
Mineure et monotone. 
Il pleut... 
 
On dirait par moments qu’un million d’épingles 
Se heurte aux vitres et les cingle. 
Il pleut, 
Les vitres tintent. 
 
Le ciel cache un à un ses coins légers de bleu 
Sous de rapides nuées grises. 
Il pleut: 
La vie est triste! 
 
— N’importe! 
Souffle le vent, batte la porte, 
Tombe la pluie! 
N’importe! 
 
J’ai dans mes yeux une clarté qui m’éblouit; 
J’ai dans ma vie un grand espace bleu; 
J’ai dans mon cœur un jardin vert ombré de palmes 
Que balancent en plein azur les brises calmes: 
Je songe à elle! 
 
Il pleut... 
 
— La vie est belle! 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:16 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

La musique sur FB - 2084 A.Bliss

Arthur Bliss

Meditation on a Theme by John Blow

 

Bournemouth Symphony Orchestra

David Lloyd-Jones


00:05 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

15/04/2014

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

SR_whispy.com_borderline.jpg

Aimons toujours! Aimons encore!
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour c'est l'hymne de la nuit.
 
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable: Aimons!
 
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c'est le bonheur!
 
Aime! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront:
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front!
 
Aime, afin de charmer tes heures!
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux!
 
Aimons-nous toujours davantage!
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage;
Que notre âme croisse en amour!
 
Soyons le miroir et l'image!
Soyons la fleur et le parfum!
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un!
 
Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et réveurs. 
 
Venez à nous, beautés touchantes!
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi!
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi!
 
Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur coeurs.
 
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
 
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
 
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit: "Qu'en reste-t-il?"
 
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit: "C'est donc fini!"
 
L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour!
 
Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir!

Victor Hugo, Aimons toujours! Aimons encore!, dans: Les contemplations (coll. Folio/Gallimard, 2010)

image: centruldepsihologie.com

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |