Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/06/2013

Morceaux choisis - Paul Fort

Paul Fort

67864_506582602733370_1905671962_n.jpg

- Ecureuil du printemps, écureuil de l'été,
qui domines la terre avec vivacité,
que penses-tu 
là-haut de notre humanité?
 
- Les hommes sont des fous
qui manquent de gaîté.
 
- Ecureuil, queue touffue, doré trésor des bois, 
ornement de la vie et fleur de la nature,
juché sur ton pin vert,
dis-nous ce que tu vois?
 
- La terre qui poudroie sous des pas
qui murmurent.
 
- Ecureuil voltigeant, frère du pic bavard,
cousin du rossignol, ami de la corneille,
dis-nous ce que tu vois
par delà nos brouillards?
 
- Des lances, des fusils
menacer le soleil. 
 
- Ecureuil, cul à l'air, cursif et curieux,
ébouriffant ton col et gloussant un fin rire,
dis-nous ce que tu vois
sous la rougeur des cieux? 
 
- Des soldats, des drapeaux
qui traversent l'empire. 
 
- Ecureuil aux yeux vifs, pétillants,
noirs et beaux, humant la sève d'or,
la pomme entre tes pattes,
que vois-tu sur la plaine autour de nos hameaux?
 
- Monter le lac de sang
des hommes qui se battent. 
 
- Ecureuil de l'automne, écureuil de l'hiver,
qui lances vers l'azur, avec tant de gaîté,
ces pommes...
que vois-tu? 
 
Demain tout comme Hier. 
 
Les hommes sont des fous
et pour l'éternité.
 

Paul Fort, L'écureuil, dans: Ballades du beau hasard - Poèmes inédits et autres poèmes (coll. GF/Flammarion, 2009)

image: Les Saules / Cologny (2013)

 

05:49 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

28/06/2013

Donna Leon 1b

Bloc-Notes, 28 juin / Les Saules

Extrait du CD d'accompagnement de Curiosités vénitiennes consacré à Antonio Vivaldi, interprété par Il Complesso Barocco sous la direction de Riccardo Minasi, voici le premier mouvement / allegro du Concerto pour violon en mi mineur RV 277, Il Favorito...


Donna Leon, Curiosités vénitiennes / avec un CD d'Antonio Vivaldi (Calmann-Lévy, 2013)

00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Antonio Vivaldi, Littérature étrangère, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

Donna Leon 1a

Bloc-Notes, 28 juin / Les Saules

294991_331063530328163_1113913109_n.jpg

Si vous aviez la chance d'habiter Venise, songeriez-vous à abandonner la Sérénissime en plein été? Vous, peut-être non, mais le commissaire Guido Brunetti, oui! Accablé par une chaleur suffocante, il prépare ainsi tant bien que mal ses vacances, alors que la ville tout entière fonctionne au ralenti, que même les malfrats en tous genres se montrent réticents à faire les poches des touristes ou cambrioler les maisons inoccupées pendant la période estivale.

Avant son départ, il lui reste tout de même un peu de temps libre pour recueillir les confidences de son fidèle inspecteur Vianello, soucieux à propos de sa tante, Zia Anita, fascinée ou abusée par un cartomancien qui lit dans l'avenir et résout les problèmes, inclus ceux qui touchent à la santé, non sans succès. Ancien séminariste, ce dernier a exercé en qualité de psychologue clinicien - sans la moindre licence en ce domaine, ce qui lui a valu une amende salée - puis guérisseur avant de se livrer à ses bonnes oeuvres.

Brunetti va ainsi enquêter discrètement sur cette affaire, avec la complicité inévitable de la signorina Elettra - secrétaire du vice-questeur Patta - spécialiste en contournement des autoroutes informatiques.  Ses investigations, en marge d'un autre dossier, vont le conduire à de troubles dossiers immobiliers, à des décisions de justice déconcertantes: reports de comparutions, retards, renvois... Avec, au coeur de cette exploration, un certain Araldo Fontana, greffier au palais de justice - un monsieur très bien, très gentil, honnête homme - et une femme, la juge Coltellini, qui, en apparence tout au moins, semble subjuguer ce fonctionnaire exemplaire. Mais je m'arrête ici, et pour en connaître davantage, ce sera à vous de le découvrir dans Brunetti et le mauvais augure!

Sachez toutefois, que, sur le point de rejoindre sa famille à Malles - dans la province de Bolzano - notre commissaire devra faire marche arrière, à la suite de l'assassinat du monsieur très bien, très gentil, honnête homme, soit Araldo Fontana... Et l'autopsie révèlera un détail inattendu s'inscrivant dans la lignée d'autres secrets obscurs bien gardés à Venise. L'enquête, dès lors, prendra une toute autre orientation, et, plongé dans les Pensées de Marc Aurèle, Brunetti s'approchera peu à peu de la vérité, contenue dans les premières lignes de ce dix-neuvième épisode, signée Lorenzo da Ponte, dans le Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart: L'empio crede con tal frode di nasconder l'empietà / L'impie croit par la ruse pouvoir cacher son impiété...

Je vous invite à lire aussi un opuscule de Donna Leon, paru simultanément chez le même éditeur - autour de son autre passion, la musique - Curiosités vénitiennes: un ensemble de légendes qui font partie du patrimoine vénitien. Est inclus à cet ouvrage richement illustré par Pietro Longhi, Giovanni Antonio Canal et Jacopo Robusti dit Le Titien, un magnifique CD consacré à Antonio Vivaldi, fil rouge et illustrateur de chacune des histoires contées.

N'hésitez donc pas à emporter ces deux livres dans vos bagages, cet été: de délicieux moments en perspective, sans prétention ni arrière-pensées. Simplement pour le plaisir...

Agréables vacances à toutes et à tous! 

Donna Leon, Brunetti et le mauvais augure (Calmann-Lévy, 2013)

Donna Leon, Curiosités vénitiennes / avec un CD d'Antonio Vivaldi (Calmann-Lévy, 2013)

image: www.crystalinks.com

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Antonio Vivaldi, Littérature étrangère, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/06/2013

Morceaux choisis - Jean-Pierre Lemaire

Jean-Pierre Lemaire

Jean-Pierre Lemaire.jpg

Le soleil de Pau
découpe dans les murs successifs des années
des trous circulaires
à travers lesquels tu vois se parler
la mère et la fille en robes de mariée,
Eurydice âgée et la jeune ménade
qui lui rapporte enfin la tête d'Orphée;
il chante à nouveau sur le mode majeur
en respirant l'odeur résineuse des Landes.
Il entend de loin le choeur de l'océan
avec toutes ses voix étagées dans le temps,
formidables déjà
comme les trompettes qui proclameront
à la fin sur les toits
ce qu'au fil des jours, dans l'ombre des maisons,
aura murmuré la fidélité.
 

Jean-Pierre Lemaire, Choral, dans: Faire place (Gallimard, 2013)

22:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Delphine de Vigan

littérature; roman; livresDelphine de Vigan, Les heures souterraines (Lattès, 2009)

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au coeur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser... Le monde du travail peut être impitoyable, comme l’auteur nous le fait découvrir par ces destins croisés. Ni sentimentalisme, ni affirmation politique dans ce récit sobre, dépouillé, qui laisse les nerfs à vif et donne envie de crier, face à l’usure, à l’injustice ou au désespoir. Un temps fort de la littérature.

également disponible en coll. de poche (Livre de poche/LGF, 2011)

08:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/06/2013

Le poème de la semaine

René-Guy Cadou

Un soir de pauvreté comme il en est encore
Dans les rapports de mer et les hôtels meublés
Il arrive qu'on pense à des femmes capables
De vous grandir en un instant de vous lancer
Par-dessus le feston doré des balustrades
Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés
Les filles de la pluie sont douces si je hèle
À travers un brouillard infiniment glacé
Leur corps qui se refuse et la noire dentelle
Qui pend de leurs cheveux comme un oiseau blessé
Nous ne dormirons pas dans des chambres offertes
À la complicité nocturne des amants
Nous avons en commun dans les cryptes d'eau verte
Le hamac déchiré du même bâtiment
Et nous veillons sur nous comme on voit les pleureuses
Dans le temps d'un amour vêtu de cécité
À genoux dans la gloire obscure des veilleuses
Réchauffé de leurs mains le front prédestiné.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

07:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/06/2013

Morceaux choisis - Ramon Gomez de la Serna

Ramon Gomez de la Serna

grande-a0ec979da0c83201862798a9e340861dfb81954a.jpg

Cher Ramon,

La moitié du monde veut attaquer l'autre moitié et la guerre qui prend aujourd'hui le nom de guerre froide est la sempiternelle guerre de toujours. L'ennui ce serait qu'on nous agresse et qu'on démantibule la table sur laquelle, noblement accoudés, nous écrivons, lisons et pensons. Dans cette agression des uns contre les autres même notre maison est sans dessus dessous et on la retrouve un jour à des milliers de kilomètres de là où elle était.

Les forces du monde ont augmenté et la loi veut que les unes soient toujours négatives et les autres positives, en une perpétuelle alternance, sans accord possible, sans qu'elles se confondent désastreusement. Stabiliser ces forces a été l'un des prodiges du passé, peut-être parce qu'elles n'avaient pas atteint le voltage d'aujourd'hui. Nous qui sommes nés avec assez d'humour, nous savons nous maintenir au milieu des deux courants, sans que l'inquiétude et la crainte soient trop pénibles. Nous gagnons des jours, des nuits, parfois des matins et grâce à nos blagues nous pouvons entretenir des correspondances superflues et constantes comme celle-ci.

Parce que nous pouvons dire ce que nous voulons nous damons le pion aux bornés et aux fanatiques. Au coeur de la violence il est beau de prononcer la phrase inouïe. Aujourd'hui, et sous l'enveloppe de cette lettre, nous passons au travers du feu criminel et je peux te dire qu'il y a des larmes qui sont des vers blancs et que le mouchoir est le linceul du nez.

Voler au faire le non-faire est l'un des charmes de la vie et les tasses qui ne servent pas sont plus heureuses que nous précisément parce qu'elles sont et ne servent pas. Tout est dans l'erreur et Dieu sourit à celui qui a l'habileté de ne pas se laisser prendre aux bobards et aux soucis, en profitant de ces moments neutres où il contemple les heures libres de devoir, sans ployer sous le fardeau d'aucune pensée solennelle. On veut nous enlever cette faculté d'enfants de Dieu d'affronter la tristesse et ce qui semble n'avoir aucun sens, comme les fleuves des draps qui vont se jeter dans la mer ou la tortue qui ne joue pas au violon. Pas de plus grand bonheur que de penser ce qu'on veut au lieu de penser ce que les autres veulent.

Nous profitons de l'absence de censure sur la correspondance pour dire l'indicible qui n'est pas ce qu'il est interdit de dire mais ce qui se satisfait de son inconscience, comme, par exemple, dire que les gilets avalent leurs boutons - ils ne les perdent pas - et que dans les couloirs on entend le bruit de l'obscurité qui fait craquer ses doigts.

Une lettre, tu le comprends très bien, ne rivalise avec rien et c'est pourquoi elle peut donner forme au rien, parler du rien, diriger l'escarmouche de la chiquenaude, embrouiller les ongles, mélanger les veinules du cerveau et les coiffer la raie au milieu, calomnier le couteau, soutenir que le compteur électrique est fou.

Ni fièvre, ni nominations, ni histoires d'enfants, mais tout simplement te dire que le papier hygiénique qui a ses propres télégrammes, même de l'étranger, annonce que la bourse invisible ruine le monde.

Je t'embrasse,

Ramon.

Ramon Gomez de la Serna, Lettres à moi-même / extrait, dans: Lettres aux hirondelles et à moi-même (André Dimanche, 2006)

image: Hamlet (loisirs.lemessager.fr)

24/06/2013

Lire les classiques - Charles-Marie Leconte de Lisle

C.M.R. Leconte de Lisle

1.jpg

Merci à Mira K

Mélodieuses voix qui chantiez mon aurore,
Extase, amour, génie, ô mes rêves perdus,
O mes rêves si doux, reviendrez-vous encore?
Essaims éblouissants, qu’êtes-vous devenus?...
 
Qu’êtes-vous devenus, parfums de ma jeunesse,
Qui jetiez sur ma vie une éclatante ivresse,
O rayons de mon âme, élans impérieux,
Qui, sur vos ailes d’or, m’emportiez dans les cieux?...
Oh! vous n’êtes donc plus, émotions berçantes,
Charmes intérieurs, promesses ravissantes,
Qui me faisiez, devant un avenir si doux,
Ainsi que devant Dieu, plier mes deux genoux?...
O rêves, pour mon cœur maintenant solitaire,
Le bonheur inconstant a déserté la terre,
Et, laissant se flétrir mon primitif amour,
Sur votre aile il a fui vers l’immortel séjour!...
 
Doux oiseaux, dont l’essaim se nomme poésie,
Vous qui m’avez sevré des gouttes d’ambroisie,
Et qui, portant au loin votre essor gracieux,
A mon regard éteint avez caché les cieux,
Songes jeunes et beaux, rayons lointains de gloire,
Intimes souvenirs que garde ma mémoire,
Espérance, bonheur que je pleure tout bas,
Adieu, tout est fini ;... vous ne reviendrez pas!...
Sur mon joyeux matin le soir jette son ombre;
Mon riant horizon devient muet et sombre;
Tout me fuit : ciel natal, doux espoir, frais amour...
Et mon cœur attristé s’est fermé sans retour.
 
Mélodieuses voix qui chantiez mon aurore!
Extase, amour, génie, ô mes rêves perdus,
O mes rêves si doux, reviendrez-vous encore?...
Essaims éblouissants, qu’êtes-vous devenus?...
 

Charles-Marie Leconte de Lisle, Premier regret, dans: Oeuvres complètes vol. 1 (Honoré Champion, 2011)

image: www.picstopin.com

09:04 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/06/2013

La citation du jour

Angèle de Foligno

angle.jpg

Ce n'est par pour rire que Je t'ai aimée.

Angèle de Foligno, L'amour vrai et l'amour menteur, dans: Le livre des visions et instructions (coll. Points Sagesse/Seuil, 1991)

image:  Angèle de Foligno (liebesiegt.com)

Musica présente - 70 Ingrid Haebler

Ingrid Haebler

pianiste autrichienne, née en 1929

*

Woléfgang Amadeus Mozart

7 Variations on a Dutch Song "Willem van Nassau", KV 25

pour Judith S


06:16 Écrit par Claude Amstutz dans Musica présente, Musique classique, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |