12/12/2013
Yves Navarre
Yves Navarre, Le jardin d'acclimatation (Editions H&O, 2009)
Après Le coeur qui cogne et Je vis où je m'attache, Yves Navarre revient une fois encore aux liens familiaux, mais cette fois-ci sous forme d'un sauvage réquisitoire contre la bourgeoisie: sa respectabilité, son hypocrisie, sa lâcheté. Car parmi les quatre enfants du père Henri Prouillan, ancien ministre du Général, se cache une infamie, un homosexuel qui, mineur, détournait du droit chemin un ami de la famille, le critique Romain Leval. Alors le ministre fait son devoir: il pousse le critique au suicide et fait opérer son fils d'une lobotomie. Qui donc est coupable? N'ont-ils ont pas tous laissé faire, la mère, les enfants, la fidèle Bernadette, la tante et son mari Jean, l'ami de Romain? Vingt ans plus tard, ils se retrouvent... Ce roman terrible, servi par une écriture classique - c'est un compliment - a vraiment mérité le prix Goncourt ... en 1980!
04:31 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
23/11/2013
Morceaux choisis - Yves Navarre
Yves Navarre
J'ai rêvé que j'étais humain et que je portais mon père sur mes épaules, j'ai rêvé que j'étais gosse et qu'Abel me portait sur les siennes. J'ai rêvé que j'entrais dans un bois et qu'aucun oiseau ne s'envolait sur mon passage, la plume et le poil, je les frôlais, ils n'avaient plus peur, je n'existais plus. J'ai rêvé d'une fin de vie, seul, les amies et les amis ne me rendaient plus visite ou ne me faisaient plus signe sous prétexte qu'on n'avait jamais rien pu me dire, que je ne voulais plus voir personne, tant et tant de prétextes par peur du texte vrai, pure et simple peur ou peut-être n'avais-je fait que les distraire, choquer ou amuser, un temps, et c'était la fin, je ne faisais plus que mettre de l'ordre chez moi et je ne me sentais bien que seul, est-il cruel de le noter?
J'ai rêvé d'une terrasse déserte, sous la pluie, au bord du lac Majeur, j'attendais quelqu'un et je ne savais plus qui. J'ai rêvé d'une barque, je ramais, ma mère était en face de moi, elle avait peur de chavirer. Elle avait les bras nus, une robe légère, le soleil s'était couché. Ma mère craignait que nous rentrions en retard et guettait le ponton, le sentier dans les orties. J'ai rêvé d'une valse avec elle et d'un père qui était heureux parce qu'aux repas on lui servait les premières asperges, les premières amandes fraîches, les premières framboises du jardin, des framboises blanches, si parfumées. J'ai rêvé ma vie. Quelle vie? J'étais intransigeant, exalté, moqueur, toujours insatisfait, foutu d'avance. J'ai rêvé de planeurs et de fjords. J'ai rêvé devant les armées de Xian et devant les stèles de Chine. J'ai rêvé d'endroits où je n'étais jamais allé, et de paysages que je n'avais jamais vus. Tiffany venait toujours interrompre mes rêves. Je m'occupais d'elle, même si je ne la léchais plus comme avant, j'essayais d'effacer mes rêves, taches, salissures, trahisons affectueuses. J'étais chat, et c'était mieux ainsi.
J'ai rêvé que j'étais Abel, que j'étais mort et qu'Abel n'avait plus qu'à écrire ma vie. Je lui tenais donc encore compagnie, après. Ou bien étais-je, en fait, entré en lui? Les amis ne faisaient pas la chaîne. Je ne me battais plus que pour tenir le coup et franchir le cap de chaque jour. Je n'avais plus de cerveau mais un grand trou à la place et une mémoire vivace, la mémoire du chat qui peut vivre mille fois.
Tiffany était vraiment très exigeante, pour ne pas dire capricieuse. Les caprices m'ont toujours agacé. Il y eut des fêtes, le dimanche, dès que la nuit tombait et jusque tard le soir. Tiffany allait se planquer derrière le réfrigérateur. Moi, je prenais place sur les manteaux de fourrure, dans la chambre d'amis qui servait de vestiaire. Mais où est le chat? Abel me brandissait devant tout le monde, par la queue, pour rire, ou dans ses bras, front contre front. Et l'autre? Abel disait elle est sauvage ou elle est coquette ou encore elle se fait un raccord-fraîcheur et change de toilette.
Drôles de fêtes. Des thés. Portes ouvertes ça défilait. Beaucoup de monde à chaque fois. Comme une foule. L'appartement était envahi, des jeunes, des vieux, des célèbres, des divines, quelques femmes sublimes et même des stars, le tout sur fond de mounons. Du passage. Vers la fin de chaque fête Cahin-caha cessait de préparer le thé, guettait les derniers départs et quelques têtes connues pour son livre d'or et des autographes. Tiffany ne réapparaissait que lorsque tout le monde était parti. L'appartement avait l'air dévasté. Je crois qu'Abel éprouvait un plaisir prégnant et subtil, aussi fort que celui de recevoir, à tout remettre en place. Comme avant. Ivre de fatigue, tard dans la nuit, il allait se coucher. Dans l'ombre de l'entrée, Tiffany jouait les minettes et s'approchait de moi: Alors, raconte...
Je lui parlais des fourrures, des laines, des châles de soie et des manteaux d'alpaga. Je tombais de sommeil. Elle me pressait de questions. Tu n'avais qu'à être là. Impossible me répondait-elle, c'était la nuit d'un dimanche à un lundi, ils n'aiment pas Abel. Elle l'aimait donc? Encore plus fort que moi? A la manière rebelle? J'ai rêvé qu'Abel était enfant. J'étais humain. Je le portais sur mes épaules. Nous entrions dans une forêt. A chaque fois, le rêve s'arrêtait là.
Yves Navarre, Une vie de chat (Albin Michel, 2013)
00:48 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
13/05/2013
Yves Navarre
Yves Navarre, Le coeur qui cogne (Flammarion, 1974 et LGF, 1980 - épuisés)
La famille Dauzan se réunit le temps d'un week-end au Rivier, douze ans après la mort du fils aîné. Autrefois lieu des réunions familiales épanouies, qu'en reste-t-il, sinon un théâtre d'ombres où la maladresse des uns et des autres fait mal. Une peinture acide de la bourgeoisie et des apparences trompeuses qui n'est pas sans rappeler l'univers de François Mauriac.
Disponible en version intégrale sur www.yves-navarre.ch au format PDF
07:30 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
19/01/2013
La citation du jour
La citation du jour
Ce sont les lecteurs, en fait, qui écrivent un livre. Les autres qui en fait, vivent notre vie. Toute lecture est écriture.
Yves Navarre, Biographie (Flammarion, 1981)
09:11 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
12/07/2012
Yves Navarre
Yves Navarre, Le temps voulu (Flammarion, 1979 et LGF, 1983 - épuisés)
Ce roman est l'histoire d'un coup de foudre entre Pierre Forgue, un professeur de lettres, et Daniel Carbon dit Duck, un jeune homme dont le coeur est trop grand pour habiter celui d'un seul homme. Le temps voulu est celui de l'espoir, de l'attente, de la rupture, de l'absence, thèmes chers à son auteur et abordés avec une sensibilité poignante. Sur le plan de l'écriture, le roman le plus abouti d'Yves Navarre.
Quand ça arrive, en fait, on ne s'y attend pas. On n'attend plus. Un petit moment d'étourderie, et quelqu'un entre dans votre vie, bouscule, caresse, attaque, prend place. Avant même que tout commence, c'est déjà trop tard. On ne sait pas qui choisit qui, quand, comment, pourquoi. On ne le sait qu'après, quand tout est terminé, l'un rejetant sur l'autre toute la responsabilité, et inversement. Et si je te raconte l'histoire du jeune homme de l'été dernier, ce ne sera pas pour l'accabler. Ce que nous avons vécu, ensemble, un temps, est accablant, vivant, exaltant, blessant, dérisoire. Je dois aller jusqu'au bout de cette histoire. Non pour m'en défaire mais pour la porter, comme un habit neuf, pour les jours à venir. (Yves Navarre, Le temps voulu)
à nouveau disponible (Editions H & O, 2010)
07:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
14/05/2012
Yves Navarre
Yves Navarre, Ce sont amis que vent emporte (Flammarion, 1991 et LGF, 1994 - épuisés)
Et si Ce sont amis que vent emporte n'était pas un roman de mort - une phase terminale de sida - mais de vie? Ni moralisateur, ni militant, ce texte bouleversant évite soigneusement les clichés, les poncifs, les tabous. L'histoire de Roch - un sculpteur - et de David - un danseur - est surtout une histoire d'amour avec les hauts et les bas propres à tous les couples. Le temps des choix aussi, du crépuscule et de la mémoire. Un style volontairement épuré pour dire les sept derniers jours de David. Déchirant.
Nous ne serons jamais assez grands pour notre liberté (...) notre génération s'est perdue dans l'ambiguïté et le tapage. (Yves Navarre, sur http://culture-et-debats.over-blog.com)
disponible aux Editions H&O (2009)
09:23 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
01/01/2012
Morceaux choisis - Yves Navarre
Yves Navarre
Oublier ce que j'ai appris, perdre ce que j'ai acquis, voyager, regarder, écouter, engendrer, bâtir, qui sait, je rêve en ne rêvant plus. Cette nuit-là est douce, encore. J'écoute les heures et les demi-heures, chaque fois deux fois, jusqu'au matin pour me lever alerte, décidée, nulle rancoeur pour qui que ce soit, sourire, servir, être là, présente, nulle importance portée à ce qui leur paraît important, toute prête à écouter s'ils désirent partager. Je me lève idéale et fière. La maison n'est plus une prison, j'en ai fait l'inventaire. Ma mère peut agiter toutes sortes d'éventails, gifler le vide, se taire et m'ignorer pour me blesser, elle ne peut exprimer sa tendresse que par violences. Jamais elle n'aura été autant aimée, observée, dessinée et désirée, autre qu'elle ne fut, plus que par moi, paradoxe, mon affection. Cette femme de deuil, infirme de la hanche, m'a tout donné en me refusant tout. Ce matin-là, je m'offre toute ma vie pour m'échapper. Toute une vie pour être, exister, m'abandonner à ce petit monde, cachant un plus grand, siècle où l'on ne vénère que ce qui a été. Passé composé à l'extrême. Au petit déjeuner, je souris. La dame en blanc me trouve pâle. "Vous avez des lèvres violentes." Je souris, souris encore. "Je dirai à Madame que vous lisez en cachette. Vous achetez des bougies, n'est-ce pas? Je sais que vous avez la clé de la bibliothèque de votre père." Je hausse les épaules. Elle me gifle. Je la regarde, imperturbable, un regard droit, un regard de petit nègre et je murmure: "Merci."
Yves Navarre, Je vis où je m'attache (Robert Laffont, 1978)
06:42 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
23/04/2011
Yves Navarre
Yves Navarre, Je vis où je m'attache (Robert Laffont, 1978 et LGF, 1989 - épuisés)
Un premier août au bord de la mer. Gabriel et Adrienne vont fêter leurs cinquante ans de mariage. Les quatre fils sont là, les belles-filles et les petits-enfants aussi. Tout prédispose à la fête... Il arrive que l'imagination et le vécu se mêlent, se croisent, se répondent pour donner naissance à un beau roman. Tel est le cas de Je vis où je m'attache qui n'est pas sans ressembler au monde entrevu dans Le coeur qui cogne, mais en plus tendre ou apaisé. Une atmosphère et des sentiments délicats, tracés d'une plume légère.
Disponible sur www.yves-navarre.ch au format PDF
05:47 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
25/01/2011
Devoir de vacances 1/3
Bloc-Notes, 25 janvier / Les Saules
Il est des tâches qu'invariablement, je retarde au fil des ans. Celle par exemple, de ranger ma bibliothèque, non pas en raison de la poussière qui s'y accumule comme sur une bonne réserve de Bordeaux, mais parce que tout l'espace de ma chambre est occupé par des livres en attente: sur ma table de nuit, au pied de mon lit, même sur l'unique fauteuil où une cinquantaine d'ouvrages manquent d'être lus ou relus, classés ou offerts, voire d'être intégrés avec un commentaire sur le blog de La scie rêveuse... Je repousse jusqu'au dernier instant cette ingrate besogne avec tout l'aplomb d'une paresse congénitale, car je sais qu'avant de m'y atteler, il me faut déménager une centaine de livres de ma bibliothèque actuelle et les déplacer à l'autre bout de l'étage de notre maison, dans le bureau de mon père, que je squatte, faute de place.
Le premier pas franchi, le plus difficile - mettre la main à la pâte, comme on dit chez nous -, je retrouve, comme un délicieux sortilège, ce contact physique au livre qui me confond au moment de sa lecture dans le temps, ce mélange d'odeurs, de papiers et d'encres qui porte la trace de voyages dans mes poches ou d'annotations, de passages significatifs tracés au stabilo. Tout un monde!
Et voici que je prends les livres de ma bibliothèque, l'un après l'autre - avec la menace d'une éviction - pour mesurer s'ils me sont encore d'une quelconque importance, porteurs d'apprentissage ou de vécu, et comme à chaque fois, j'accorde des grâces à profusion: A Maurice Blanchot dont la plupart des récits, tels Le dernier homme ou Au moment voulu ne parviennent plus à m'émouvoir mais ressemblent à un vitrail de jeunesse qui me bouleversait alors; à E.M. Cioran dont les écrits, à l'exception de La chute dans le temps, me confortaient dans un mal de vivre récurrent et qui aujourd'hui m'ennuient, me font rire ou me soulagent, m'aidant toutefois par leur présence singulière à mesurer le chemin parcouru; au peu sympathique Henry de Montherlant, dont Port-Royal et Mais aimons-nous ceux que nous aimons ont suscité à une certaine époque, de vrais bonheurs de lecture; à Julien Green qui, outre son Journal, m'a bouleversé avec Chaque homme dans sa nuit, un roman qui, je le crains, a dû terriblement vieillir.
Beaucoup de tendresse en revanche, à retrouver la trace personnelle d'écrivains dans ma vie. Ceux qui m'ont dédicacé un livre qui ne m'a jamais quitté: Hector Bianchiotti pour Sans la miséricorde du Christ, Virginie Lou pour Eloge de la lumière au temps des dinosaures, Yves Navarre pour Le coeur qui cogne, et plus près de nous, Jean-Louis Kuffer pour Les passions partagées, Olivier Adam pour A l'abri de rien, Katherine Pancol pour Vu de l'extérieur.
Sans oublier, entre deux ouvrages, involontairement dissimulées, les lettres ou cartes postales, dont un message sensible et reconnaissant de Jacques Chessex, à la parution de son recueil de poèmes Le désir de la neige...
Je me rappelle - ici, maintenant - devant l'étendue de tous ces livres, une phrase de Cicéron qui me chamboule tout soudain comme une évidence: Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut.
Il va à l'essentiel, le bougre...
(à suivre)
00:13 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Jacques Chessex, Jean-Louis Kuffer, Katherine Pancol, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : auteurs; littérature; livres | | Imprimer | Facebook |
15/03/2010
In memoriam
Bloc-Notes, 15 mars / Les Saules
Au cours de l’été 1981, j’ai eu le plaisir de vivre un des moments inoubliables de mon métier de libraire, en accueillant pour une rencontre avec ses lecteurs, dans une librairie des rues basses à Genève - aujourd’hui remplacée par une pharmacie – Yves Navarre, à la parution de son texte Biographie, chez Flammarion.
J’avais été conquis par son extrême sensibilité, sa discrétion, son charme un peu suranné – il dédicaçait ses ouvrages avec une plume Mont-Blanc - et une disponibilité rare. Venu tout exprès du Midi, il avait pris soin de prendre son temps avec tous ses fans ayant fait le déplacement pour cette visite exceptionnelle, dense, émouvante au-delà des mots.
Cela explique la douleur éprouvée à sa mort – il a mis fin à ses jours – un certain 24 janvier 1994, à l’âge de 54 ans.
Mais qui donc – parmi les jeunes – sait encore qui est cet écrivain exhumé dont la plupart des livres sont épuisés ? Je vais donc vous en dire un peu plus. Yves Navarre compte une quarantaine de publications à son catalogue – romans, pièces de théâtre, récits autobiographiques – parmi lesquels je mettrai en exergue quelques titres, recensés sur ce blog, méritent de survivre au pouvoir implacable des ans et… des éditeurs: Evolène écrit en 1972 (de magnifiques pages sur l’enfance, les paysages suisses et Ramuz), Les loukoums en 1973 (une préfiguration des années sida) et surtout Le cœur qui cogne en 1974 dont émane, aux côtés de Je vis où je m’attache en 1978 et Le jardin d’acclimatation en 1980 (prix Goncourt) une atmosphère très mauriacienne. Son roman le plus personnel – dans l’équilibre trouvé entre le style et la force des sentiments – est, en ce qui me concerne, Le temps voulu écrit en 1979 (la passion confrontée à la solitude, à l’attente, à l’absence) auquel fera écho Ce sont amis que vent emporte (le stade terminal du sida dans un couple) en 1991.
Si l’œuvre d’Yves Navarre est inexistante sur les rayonnages des librairies, à qui donc la faute ? Aux grandes maisons d’édition surtout – Flammarion et Robert Laffont en tête, Albin Michel et le Livre de poche ensuite – qui ont passé à autre chose... Au diktat de la nouveauté ensuite, qui privilégie bien souvent le traitement des standards, de l'actualité ou des célébrités du jour, tant chez les libraires que dans les sphères médiatiques.
Fort heureusement, les éditions H&O ont réédité certains de ses récits – pas forcément les meilleurs à ce jour – parmi lesquels Le jardin d’acclimatation en 2009, introuvable depuis de nombreuses années.
Autre bonne nouvelle, celle du site officiel de ce grand amoureux des chats - http://www.yvesnavarre.ch - très complet, régulièrement mis à jour, comportant de nombreux textes téléchargeables au format PDF.
Il vaut vraiment la peine de (re-)découvrir cet auteur injustement réduit à son homosexualité, relégué aux oubliettes, dont les propos dépassent – et de loin – sa quête personnelle et dont les interrogations n'ont rien perdu de leur modernité.
Un roman ne se raconte pas, il se vit. A chacun son émotion, des bruits de pas dans les aiguilles de pin. (Le temps voulu)
copiez le lien ci-dessous, et retrouvez un document rare de l'INA consacré à Yves Navarre:
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I00001223/interview-d-yves-navarre-prix-goncourt-1980.fr.html
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Charles Ferdinand Ramuz, In memoriam, Littérature francophone, Yves Navarre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; auteur | | Imprimer | Facebook |