12/02/2010
Noëlle Revaz - Efina 1
Noëlle Revaz, Efina (Gallimard, 2009)
Ce qui m‘épate, chez Noëlle Revaz, c’est son aisance – et probablement son plaisir – à prendre des risques ou changer de registre, d’un texte à l’autre, sans s’embourber dans une sempiternelle répétition d’un premier succès, au risque de désarçonner son public, ce qui pour l’heure n’est pas vraiment le cas. Il y a donc parfois une justice en littérature...
Son style demeure aussi magnifique et personnel que dans Rapport aux bêtes ou Quand Mamie, adoptant dans ce récit un angle de vue très original pour nous partager la liaison qui survit au pouvoir destructeur du temps par une correspondance s’étendant sur une vingtaine d’années, entre un acteur de théâtre T. et Efina, une de ses nombreuses admiratrices. Même s’ils partagent une brève aventure pas vraiment inoubliable, leurs chemins les conduisent au détachement, à l’éloignement l’un de l’autre. Pourtant ils ne parviennent pas à renoncer au besoin de s’écrire, scellant par cette fidélité, un sentiment peut-être plus fort que tout ce que la vie leur a donné, chacun de leur côté. Le théâtre s’imbrique dans leur relation tel un clair-obscur déroutant, souvent drôle ou dérisoire, mais au-delà des apparences, terriblement attachant.
00:22 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
11/02/2010
Les pièces de Shakespeare - 1b
01:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Théâtre, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; théâtre; livres | | Imprimer | Facebook |
Les pièces de Shakespeare - 1a
Comme il vous plaira
Comme il vous plaira est une comédie, ou mieux encore, une romance selon la terminologie anglo-saxonne. Quoique… mais jugez plutôt : Le jeune roi Fréderic, usurpateur du royaume, bannit son propre frère, le Duc qui se réfugie dans la forêt avec ses amis fidèles. Sa fille Rosaline, demeurée à la cour auprès de son amie inséparable Célia, fille de l’usurpateur, tombe sous le charme d’Orlando, lequel éprouve immédiatement les mêmes sentiments envers Rosaline. Mais jalousé, envié par son frère Olivier qui veut le réduire à néant, il part rejoindre le Duc et sa suite. Déguisées en garçons, les deux jeunes filles rejoignent les autres, et il s’en suit des quiproquos amusants – la jeune bergère qui veut épouser Rosaline travestie –, un air de frivolité légère contrastant avec les débuts, dont les thèmes chers à Shakespeare – l’ivresse du pouvoir, la trahison, la jalousie - sont proches de Hamlet ou de La tempête. A la fin de la pièce, Fréderic, converti par un ermite, rend le pouvoir au Duc et les noces de Rosaline et Orlando sont célébrées.
Rosalinde incarne sans doute l’une des plus belles créations féminines, avec son humour, sa générosité, son amour de la vie. Un autre personnage sort du lot : Jacques, qui, ayant abandonné les plaisirs de la cour et fui les mondanités, accompagne le Duc dans sa disgrâce. C’est à lui qu’on doit cette célèbre tirade : Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes n'en sont que les acteurs. Ils ont leurs sorties et leurs entrées et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.
En anglais, la musique des mots est plus enchanteresse :
All the world’s a stage,And all the men and women merely players :They have their exits and their entrances ;And one man in his time plays many parts.(Acte II, scène VII)Un bien agréable divertissement !
traduit par Yves Bonnefoy (Coll. Livre de poche, 2009)
00:15 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; théâtre; livres | | Imprimer | Facebook |
10/02/2010
Le poème de la semaine
Henri Michaux
La fortune aux larges ailes, la fortune par erreur
m'ayant emporté avec les autres vers son pays joyeux,
tout à coup, mais tout à coup, comme je respirais enfin heureux,
d'infinis petits pétards dans l'atmosphère me dynamitèrent
et puis des couteaux jaillissant de partout
me lardèrent de coups,
si bien que je retombai sur le sol dur de ma patrie,
à tout jamais la mienne maintenant.
La fortune aux ailes de paille,
la fortune m'ayant élevé pour un instant
au-dessus des angoisses et des gémissements,
un groupe formé de mille caché à la faveur de ma distraction
dans la poussière d'une haute montagne,
un groupe fait à la lutte à mort depuis toujours,
tout à coup nous étant tombé dessus comme un bolide,
je retombai sur le sol dur de mon passé,
passé à tout jamais présent maintenant.
La fortune encore une fois, la fortune aux draps frais
m'ayant recueilli avec douceur,
comme je souriais à tous autour de moi,
distribuant tout ce que je possédais, tout à coup,
pris par on ne sait quoi venu par en-dessous et par derrière,
tout à coup, comme une poulie qui se décroche,
je basculai,
ce fut un saut immense,
et je retombai sur le sol dur de mon destin,
destin à tout jamais le mien maintenant.
La fortune encore une fois, la fortune à la langue d'huile,
ayant lavé mes blessures,
la fortune comme un cheveu qu'on prend
et qu'on tresserait avec les siens,
m'ayant pris et m'ayant uni indissolublement à elle,
tout à coup comme déjà je trempais dans la joie,
tout à coup la Mort vint et dit:
"Il est temps. Viens."
La Mort, à tout jamais la Mort maintenant.
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
10:57 Écrit par Claude Amstutz dans Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : textes; poésie | | Imprimer | Facebook |
09/02/2010
In memoriam
Georges Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette (Le Castor Astral, 2009)
Certains chefs d’œuvres sont indisponibles depuis de longues années. Parmi ceux-ci, heureusement, il en est un récemment réédité, soit la Nouvelle histoire de Mouchette de Georges Bernanos.
Tragédie du mal sous toutes ses formes – conformisme social, matérialisme, violence ou mensonge – ce roman nous dévoile le destin de Mouchette, une jeune fille de 14 ans, confrontée à l’indifférence de sa famille : une mère à l’agonie, un père et ses grands frères qui cherchent dans l’ivresse à oublier leur condition misérable. A la faveur d’une tempête, rentrant de l'école, elle s'égare en forêt et croise le chemin d’Arsène le braconnier qui l'accueille, puis la séduit et sous l'emprise de l'alcool, abuse d’elle. Seule, rejetée dans cet environnement qui ne lui fait aucun cadeau – même son institutrice la livre aux moqueries de ses camarades de classe – elle choisit, pour en finir avec le désespoir, la honte et le dégoût qui submergent son innocence perdue, de mettre fin à ses jours.
Aucun roman contemporain ne m’aura à ce point ébranlé. De toute évidence, ce texte écrit en 1937, transposé dans un contexte plus universel, incite à penser que Mouchette est le visage de la France humiliée, bafouée, en proie à la folie des hommes - leur lâcheté, leur mépris - comme si seule une grâce divine saurait illuminer les ténèbres insinuées dans la moindre des réalités.
Bien des années plus tard, ce roman conserve un étonnant pouvoir de colère, de révolte, de fraternité douloureuse. Dans un autre décor social aussi glaçant que celui qui précède, on peut déceler aujourd’hui dans le drame de Mouchette, l’insupportable vérité des nouveaux pauvres, des exclus de la société, des victimes de la consommation, désormais jugés encombrants ou pire, inutiles …
Ne manquez pas le film de Robert Bresson, Mouchette, réalisé en 1967 d'après l'oeuvre de Georges Bernanos, avec la bouleversante Nadine Nortier. Un des dix plus beaux films de tous les temps! En prime, le Magnificat de Claudio Monteverdi, contrepoint saisissant à la noirceur de l'adaptation cinématographique.
11:09 Écrit par Claude Amstutz dans In memoriam, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
04/02/2010
Vive la Pomme
Bloc-Notes, 4 février / Les Saules
Une fois n'est pas coutume: Pas question d'aborder aujourd'hui la littérature. Et je suis sérieux! Donc, priorité à un sujet qui, tôt ou tard, nous concerne tous, notre ordinateur. Surtout quand il tourne mal, voisine dangereusement l'agonie, nécessite un bouche à bouche onéreux - dans mon cas, entre 1'500 et 4'000 F, merci IBM! - et que se profile le spectre de Windows Vista ou Windows 7, comme si la galère de Windows XP n'aurait pas suffi ...
Tout cela pour vous dire que si vous êtes séduits par les nouveaux défis, prêts à abandonner la famille Windows au bénéfice de celle des Mac - mais oui, il existe des divorces libérateurs! - deux livres peuvent vous aider à franchir le pas.
Le premier, Le livre de Mac Os X Snow Leopard - version 10.6 est l'oeuvre de Valéry Marchive, qui s'adresse à un public débutant ou intermédiaire dont je fais partie, évidemment. Une bible de 690 pages, claire, bien présentée, concrète qui dispose d'un bonus intelligent, soit une brochure intitulée Passer de Windows à Mac Os X: Un survol rapide des différences, des idées préconçues, des atouts et faiblesses de ces deux systèmes d'exploitation. Enfin, un chapitre capital consacré au déménagement de vos fichiers, documents, images, vidéos, carnets d'adresses, etc. L'occasion rêvée, soit dit en passant, de jeter à la poubelle - comme dans un changement de domicile - le 60 % de vos papiers virtuels. Une aubaine!
Le deuxième, s'intitule Mac Os X Snow Leopard réalisé par Christine Eberhardt, écrit pour le même public que l'ouvrage précédent. En 260 pages, il aborde la plupart des options qui constituent la logique du système, sa présentation, ses applications. Priorité dans ce livre au visuel, au pas à pas, à l'essentiel. Le livre idéal pour vous accompagner dans l'installation et l'organisation de votre premier Mac.
Ces deux titres sont complémentaires et indispensables, foi de nouvel utilisateur!
Bien sûr, vous l'avez compris: J'ai changé de famille - un sublime Macbook Pro de 15 pouces!- et vous souhaite un jour d'en faire autant, sauf toutefois, si vous êtes en priorité un adepte forcené des jeux. Mais pour les autres, le rapport qualité/prix étant devenu très voisin entre les deux univers, pourquoi se priver d'une approche plus ludique, imaginative ou conviviale, alors que la plupart de vos fichiers, dans votre environnement professionnel par exemple - Word et Excel en tête - sont lisibles sous Windows?
Evidemment, je prêche pour ma (nouvelle) paroisse ...
Valéry Marchive, Le livre de Mac Os X Snow Leopard (First, 2009)
Christine Eberhardt, Mac Os X Snow Leopard (Pearson, 2009)
07:10 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Le monde comme il va | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres; informatique | | Imprimer | Facebook |