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10/08/2012

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

littérature; poésie; anthologie; livres

pour Catherine P

Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh! quel bonheur profond, intime, recueilli!
Amour! hymen d'en haut! ô pur lien des âmes!
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
Chérie, n'est-ce pas? cette vie est la nôtre!
Il a la paix du soir avec l'éclat du jour,
Et devient l'amitié tout en restant l'amour!

Victor Hugo, Toute la lyre - Poésie, vol. 4 (coll. Bouquins/Laffont, 2002)

image: Chemin de Ruth, Cologny

08:59 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone, Rosebud | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/08/2012

Morceaux choisis - Gesualdo Bufalino

Gesualdo Bufalino

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Que l'automne vienne nous dire
que nous sommes vivants,
assis sur le talus roux
à regarder l'eau qui s'en va.
 
Et que reviennent
les chiffons bleus aux grilles,
les dieux chastes de craie,
les roses déchirées, 
les habits florissants des fiancés,
que le temps
rénove ses apprêts de douceur.
 
Tandis que l'air
ravit dans son sommeil
les feuilles de sang,
et que ce séduisant soleil exilé
caresse délicatement mon front,
il est si doux de m'arrêter ici
pour te dire adieu,
ô ma jeunesse,
ma jeunesse.
 

Gesualdo Bufalino, Le miel amer / édition bilingue (L'Amourier, 2006)

traduit de l'italien par Renato Corona

image: photoree.com

29/07/2012

Morceaux choisis - Ingeborg Bachmann

Ingeborg Bachmann

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Ton chapeau se soulève légèrement,
il plane dans le vent,
ta tête découverte a jeté un charme aux nuages,
ton coeur a à faire ailleurs,
ta bouche s'incorpore de nouvelles langues,
l'amourette couvre tout
de son frêle tremblement,
l'été caressant couvre et souffle les asters,
aveugle de flocons tu relèves le visage,
tu ris, tu pleures et succombes à toi-même,
que doit-il encore t'arriver -
Amour, explique-moi!
 
Le paon solennellement étonné fait la roue,
la tourterelle remonte sa collerette,
gonflée de roucoulade,
l'air se dilate,
le canard crie,
tout le pays consomme ce miel sauvage,
et même dans le parc rangé
les plates-bandes sont ourlées de pollen d'or.
Le poisson rougit, dépasse l'essaim des autres
et se jette à travers grottes sur le lit de corail.
Le scorpion craintif danse au son du sable argent.
Le scarabée sent de loin la Merveilleuse.
Si j'avais seulement un sens,
je sentirais aussi 
que des ailes scintillent sous sa carapace
et prendrais le chemin du fraisier lointain!
Amour, explique-moi!
 
L'eau sait parler,
la vague prend la vague par la main,
le raisin gonfle dans les vignes, éclate et tombe.
L'escargot sort si innocemment de sa maison!
Une pierre sait en attendrir une autre!
Amour, explique-moi ce que je ne peux expliquer:
dois-je tout ce temps épouvantable et court
ne fréquenter que des pensées
et seule
ne rien connaître de cher,
ne rien faire de cher?
Faut-il que quelqu'un pense?
Ne manque-t-il pas à d'autres?
 
Tu dis:
un autre esprit compte sur lui.
Ne m'explique rien.
Je vois la salamandre passer à travers tous les feux.
Aucune averse ne la chasse,
et rien ne lui fait mal. 
 

Ingeborg Bachmann, Amour explique moi, dans: Anthologie bilingue de la poésie allemande (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1995)

image:  Tamilia, Emotions (tamilia.deviantart.com)

23:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/07/2012

Lire les classiques - Charles Baudelaire 1a

Charles Baudelaire

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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
 
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
 
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
 
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
 
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
 

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal / Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1961)

image: spleenetideaux.canalblog.com

16/07/2012

Morceaux choisis - Rafael Alberti

Rafael Alberti

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Laisse ton rêve.
Enroule-toi,
blanche et nue, dans ton drap.
On t'attend là
derrière les murs du jardin.
 
Tes parents meurent, endormis.
Laisse ton rêve.
Vite, allons, vite.
Les murs franchis,
on t'attend avec un couteau.
 
Repars chez toi, presse le pas.
Laisse ton rêve.
Vite, allons, vite.
Dans la chambre de tes parents
entre, nue et blanche, en silence.
 
Cours vite, vite, jusqu'aux murs.
Laisse ton rêve.
Saute.
Viens.
 
Quel rubis flambe dans tes mains
et brûle d'un feu noir ton drap?
Laisse ton rêve.
Vite, allons, vite.
... Ferme les yeux et dors.
 

Rafael Alverti, Matin à terre, suivi de L'Amante / L'Aube de la giroflée (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

traduit de l'espagnol par Claude Couffon

image:  Manuel Alvarez Bravo, The Daydream (artnet.com)

08/07/2012

Morceaux choisis - Octavio Paz

Octavio Paz

littérature; poésie; anthologie; livres

pour Jean-Louis Kuffer

 
L'encre verte crée des jardins, des forêts, des prés,
des feuillages où chantent les lettres,
des paroles qui sont des arbres,
des phrases qui sont de vertes constellations.
 
Laisse que mes paroles, oh blanche,
descendent et te couvrent
comme une pluie de feuilles un champ de neige,
comme le lierre la statue,
comme l'encre cette page.
 
Les bras, la taille, le cou, les seins,
le front pur comme la mer,
la nuque de forêt en automne,
les lèvres qui mordent un brin d'herbe.
 
Ton corps se constelle de signes verts
comme le corps de l'arbre de bourgeons.
Que t'importe tant de petites cicatrices lumineuses:
regarde le ciel et son vert tatouage d'étoiles.
 

Octavio Paz, Ecrit à l'encre verte (Le Temps de la Poésie no  5/GLM, 1950)

image: Sophie Delaporte (http://www.sophiedelaporte.com)

21/06/2012

Morceaux choisis - Octavio Paz

Octavio Paz

A l'ombre FB.jpg

Dans mon front a poussé un arbre.
Il a poussé au-dedans.
Ses racines sont des veines,
des nerfs ses branches,
ses feuillages confus des pensées.
Tes regards l’enflamment
et ses fruits d’ombres
sont orange de sang,
grenades de lumière.

Le jour se lève
dans la nuit du corps.
Là au-dedans, dans mon front,
l’arbre parle.
Approche, tu l’entends?
 

Octavio Paz, L'arbre parle (Gallimard, 1990)

traduit de l'espagnol par Frédéric Magne

image: photograff.blogspot.com

08:58 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature sud-américaine, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/06/2012

Morceaux choisis - Vlada Urosevic

Vlada Urosevic

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Elle se rêve au mileu d'une salle vide,
Fenêtres obscurcies par des étoffes noires.
Des tubes au néon s'allument tout autour
Leur lumière est blanchâtre et trouble.
 
Elle s'aperçoit qu'elle n'a pas de vêtement.
Des papillons de nuit l'effleurent
de leurs antennes.
Soudain l'étreinte de deux mains de pierre
l'emprisonne.
Des doigts de marbre
commencent à la caresser.
 
Un cri, alors, de ses lèvres jaillit.
A cet instant, très loin,
regard fixe, muettes, 
Frissonnent de passion,
sans que nul ne les voie,
Les statues d'hommes dans les musées obscurs.
 

Vlado Urosevic, dans: Les poètes de la Méditerrannée - Anthologie (coll. Poésie/Gallimard, 2010)

traduit du macédonien par jeanne Angélowski

image: Edvard Munch, Madone / fragment (1894)

19:36 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Morceaux choisis - Luis de Camoës

Luis de Camoës

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Amour est feu qui brûle et que l'on ne voit pas,
C'est blessure cuisante et que l'on ne sent pas,
Ravissement qui ne sait pas ravir,
Folle douleur qui ne fait pas souffrir.
 
C'est ne plus désirer qu'un seul désir,
C'est marcher solitaire dans la foule,
Jamais n'avoir plaisir à un plaisir,
Penser qu'on gagne alors qu'on se perd.
 
C'est librement vouloir être captif,
C'est servir sa conquête alors qu'on est vainqueur,
Garder sa loyauté à qui nous tue.
 
Mais comment ses faveurs font-elles naître
Une amitié entre les coeurs humains,
Si Amour à ce point se contrarie lui-même?
 

Luis de Camoës, Sonnets (Chandeigne, 2011)

traduit du portugais par Anne-Marie Quint et Maryvonne Boudoy

image: Sandro Botticelli / La naissance de Vénus

00:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

15/04/2012

Voix de femmes 1b

Bloc-Notes, 15 avril / Les Saules

Ci-dessous, voici quelques oeuvres photographiques choisies parmi une centaine illustrant ce tour du monde de la littérature féminine intitulé Voix de femmes - Anthologie / Poèmes et photographies du monde entier, témoignant de la diversité d'expression, de talent et de la sensibilité de toutes les femmes.

Brigitte Grignet

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Jane Evelyn Atwood

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Rania Matar

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Elina Brotherus

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Gillian Laub

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Véronique de Viguerie

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Erhan Turgut et Lionel Ray: Voix de femmes - Anthologie / Poèmes et photographies du monde entier (Turquoise, 2011)