24/09/2014
Le poème de la semaine
Claude Roy
L'enfant qui a la tête en l'air Si on se détourne, il s'envole. Il faudrait une main de fer pour le retenir à l'école. L'enfant qui a la tête en l'air ne le quittez jamais des yeux: car dès qu'il n'a plus rien à faire il caracole dans les cieux. Il donne beaucoup de soucis à ses parents et à ses maîtres: on le croit là, il est ici, n'apparaît que pour disparaître. Comme on a des presse-papiers il nous faudrait un presse-enfant pour retenir par les deux piedsl'enfant si léger que volant. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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17/09/2014
Le poème de la semaine
Georges Haldas
Humbles choses, que je vous aimeCours désertesRues sans voixChaises qui sous l'averse, attendezAttendez quoi?Comme nous, que surviennele temps de la rencontreet celui de l'éclairqui sera la présence Mais la présenceElle-même est un nuageElle vient et s'en vaEt maintenant vous revoilàCours désertesRues sans voixO chaises de l'absenceQui après la Venue- comme nous -attendez quoi? Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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10/09/2014
Le poème de la semaine
Jean-Claude Pirotte
Tu ne sauras jamais qui je suis dit l’enfant je passe mon chemin je vais vers les prairies lointaines, où l’herbe chante à minuit près des saules qui pleurent car c’est ainsi que s’ouvre à mon cœur la musique fidèle et que le monde enfin commence à vivre et que je commence à mourir tu ne me verras pas vieillir ni ne reconnaîtras mon ombre adossée au talus là où le sentier noir se perd dans un fouillis d’épines et les étoiles des compagnons blancs Tu as beau regarder sans cesse derrière toi comme si tu craignais l’orage et que tu te hâtais poursuivi par l’éclair jamais tu ne surprendras mon sourire tendrement cruel comme celui d’un tueur triste Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
03:07 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
03/09/2014
Le poème de la semaine
Alain Bosquet
Janvier pour dire à l'année " bonjour".Février pour dire à la neige " il faut fondre".Mars pour dire à l'oiseau migrateur " reviens".Avril pour dire à la fleur " ouvre-toi ".Mai pour dire " ouvriers nos amis".Juin pour dire à la mer " emporte-nous très loin ".Juillet pour dire au soleil " c'est ta saison ".Août pour dire " l'homme est heureux d'être homme ".Septembre pour dire au blé " change-toi en or ".Octobre pour dire " camarades, la liberté ".Novembre pour dire aux arbres " déshabillez-vous ".Décembre pour dire à l'année " adieu et bonne chance ".Et douze mois de plus par an,Mon fils,Pour te dire que je t'aime. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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27/08/2014
Le poème de la semaine
Guillevic
Prenez un toit de vieilles tuilesun peu avant midi. Placez tout à côtéun tilleul déjà grandremué par le vent. Mettez au-dessus d'euxun ciel de bleu, lavépar des nuages blancs. Laissez-les faireRegardez-les. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
20/08/2014
Le poème de la semaine
Patrice de la Tour du Pin
Les bois étaient tout recouverts de brumes basses, Déserts, gonflés de pluie et silencieux;Longtemps avait soufflé ce vent du nord où passentLes Enfants Sauvages, fuyant vers d'autres cieux, Par grands voiliers, le soir, et très haut dans l'espace. Après avoir surpris le dégel de ma chambre, A l'aube je gagnai la lisière des bois; Par une bonne lune de brouillard et d'ambre, Je relevai la trace, incertaine parfois, sur le bord d'un layon, d'un enfant de septembre. Les pas étaient légers et tendres, mais brouillés,Ils se croisaient d'abord au milieu des ornières Où, dans l'ombre, tranquille, il avait essayé De boire, pour reprendre ses jeux solitaires Très tard, après le long crépuscule mouillé. Et puis, ils se perdaient plus loin parmis les hêtres Où son pied ne marquait qu'à peine le sol; Je me suis dit: il va s'en retourner peut-êtreA l'aube, pour chercher ses compagnons de vol, En tremblant de la peur qu'ils aient pu disparaître Le jour glacial s'était levé sur les marais Je restais accroupi dans l'attente illusoire Regardant défiler la faune qui rentrait Dans l'ombre, les chevreuils peureux qui venaient boireEt les corbeaux criards aux cimes des forêts Et je me dis: je suis un enfant de Septembre, Moi-même, par le coeur, la fièvre et l'espritEt la brûlante volupté de tous mes membres, et le désir que j'ai de courir dans la nuit Sauvage,ayant quitté l'étouffement des chambres Il va certainement me traiter comme un frère, Peut-être me donner un nom parmi les siens; Mes yeux le combleraient d'amicales lumières S'il ne prenait pas peur, en me voyant soudain Les bras ouverts, courir vers lui dans la clairière. Mais les bois étaient recouverts de brumes basses Et le vent commençait à remonter au nord, Abandonnant tous ceux dont les ailes sont lasses,Tous ceux qui sont perdus et tous ceux qui sont morts,Qui vont par d'autres voies en de mêmes espaces! Et je me dis: Ce n'est pas dans ces pauvres landes Que les Enfants de Septembre vont s'arrêter; Un seul qui se serait écarté de sa bandeAurait-il, en ce soir, compris l'atrocité De ces marais déserts et privés de légende? Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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13/08/2014
Le poème de la semaine
Andrée Chedid
Parcourir l'Arbre Se lier aux jardins Se mêler aux forêts Plonger au fond des terres Pour renaître de l'argile Peu à peu S'affranchir des sols et des racines Gravir lentement le fûtEnvahir la charpenteSe greffer aux branchages Puis dans un éclat de feuilles Embrasser l'espace Résister aux orages Déchiffrer les soleils Affronter jour et nuit Evoquer ensuite Au cœur d'une métropole Un arbre un seul Enclos dans l'asphalteEloigné des jardins Orphelin des forêts Un arbre Au tronc rêche Aux branches tariesAux feuilles longuement éteintes S'unir à cette soif Rejoindre cette retraite Ecouter ces appels Sentir sous l'écorce Captives mais invincibles La montée des sèves La pression des bourgeons Semblables aux rêves tenaces Qui fortifient nos vies Cheminer d'arbre en arbre Explorant l'éphémère Aller d'arbre en arbre Dépistant la durée. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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06/08/2014
Le poème de la semaine
Paul Eluard
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,Un rond de danse et de douceur,Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécuC’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.Feuilles de jour et mousse de rosée,Roseaux du vent, sourires parfumés,Ailes couvrant le monde de lumière,Bateaux chargés du ciel et de la mer,Chasseurs des bruits et sources des couleurs,Parfums éclos d’une couvée d’auroresQui gît toujours sur la paille des astres,Comme le jour dépend de l’innocenceLe monde entier dépend de tes yeux pursEt tout mon sang coule dans leurs regards. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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30/07/2014
Le poème de la semaine
Georges-Emmanuel Clancier
Dans la paume de l'étéPercée de tramontane,Lettres des feuilles,Odeur et dessin qui scintillezPour nommer un instant,Et tendre, vive, une page sur l'espace,Des yeux je vous lis, des mains, du souffle,Jamais rassasié de ce simple récit,De la magnificenceQue vous répétez de buissons en forêtsA travers les âges légers. Que votre légende et votre oraisonD'étoiles vertes, de lunes et de lancesChantant chacune un air sous le vent,Accompagnent ma vie de ce cortègeQui vient d'avant le temps.Que je sois la lecture heureuseDe ces secrets à tous murmurésLorsque tremblentOu se figent, signes morcelés,Les feuilles du livreOù je suis et ne suis pas. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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23/07/2014
Le poème de la semaine
Roger Bodart
pour José M
Oui suis-je un peu d’eau de peau de clarté sous la paupière un souffle court qui bientôt sera poussière J’ai froid et j’ai peur soif et faim Sous les racines du jour l’ombre donne à boire pour transformer en sang le vin Qui peut dire d’où je viens où je m’en vais Je m’avance sur je ne sais quel chemin dans mon manteau de silenceJe parle De quoi Pourquoi Quand je siffle dans le bois c’est pour chasser un fantôme Qu’est-ce donc qui bouge en moi et fait que je suis un homme Une femme à mes côtésla mer entourant la terre le désert et la cité tout ce monde pour quoi faire Je voudrais ne pas songer Etre debout Un rocher qui ne sait pas s’il vit Mais comment faire pour se faire Où vont ces mots que je dis Je suis seul Voici la nuit Vit-il cet homme qui parle ou bien est-il une étoile éteinte depuis longtemps dont on voit l’éclat pourtant C’est un cri de bouche morte le trou béant d’une porte près d’un palais effondré Je fus Peut-être Ou serai Un songe interroge un songe C’est le rat du Rien qui ronge et ne peut ronger que rien Qu’est ce présent ancien un vin vieux dans une cave ou bien le jeune demain qui rit au bout du chemin Un chariot dans le ciel roule vers la Voie Lactée Cette galaxie est-elle une poussière éclatée Quand mon front ne sera plus qu’une écorce où seras-tu ruche où bourdonne l’idée Et toi l’amour Où fuira ton sang source au fond des bois tambour du coeur Toi qui passes comme un battement de cil. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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