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02/10/2011

Marco Lodoli

Bloc-Notes, 2 octobre / Les Saules

littérature; roman; conte; livres

Il est bien triste que Marco Lodoli, l'une des plumes les plus atypiques et originales d'Italie, demeure si peu connu dans les pays francophones. Pourtant cet écrivain, avant la parution de Les prétendants, a déjà été traduit à sept reprises: Chronique d'un siècle qui s'enfuit (P.O.L., 1987), Le clocher brun (P.O.L., 1991), Les fainéants (P.O.L., 1992), Courir mourir (P.O.L., 1994), Boccacce (L'Arbre vengeur, 2007), Snack-Bar Budapest (Les Allusifs, 2010), sans oublier le merveilleux Iles - Guide vagabond de Rome (La Fosse aux Ours, 2009) déjà évoqué dans ces colonnes. 

Les prétendants rassemble trois courts romans dont les histoires, fort différentes les unes des autres, ressemblent néanmoins à un tableau de famille: La ville de Rome tout d'abord, fascinante et onirique dans La nuit, déjantée et inquiétante dans Le vent, étouffante et mortifère dans Les Fleurs. Ensuite, ces héros des temps modernes - Constantino, Luca et Tito - sont en quête d'un destin capable de les soustraire à une réalité injuste ou brutale, voire d'un lieu où être bien, heureux, en paix avec soi-même et les autres leur semble impossible. Avec une énergie sauvage et désespérée, ils veulent conjurer la mort - omniprésente dans chacun des récits - avec les pouvoirs redoutables mais fragiles qui leur sont propres: l'imagination, les songes, la compassion: Je ne sais pourquoi j'ai songé aux poissons du fleuve, combien ils doivent lutter face au courant pour ne pas être précipités dans l'eau salée de la mer. Le fleuve les entraîne sans relâche vers l'embouchure, et eux, si petits soient-ils, doivent pousser dans l'autre sens. S'ils s'assoupissent, s'ils rêvent à la paix dormante des lacs entre les montagnes, le fleuve les emporte avec lui, pont après pont, vers la mort salée. L'eau n'offre aucune prise et les poissons n'ont pas de mains pour s'agripper aux rochers, ils n'ont pas de pieds pour se camper solidement dans le sol, ni de maison avec une porte où se barricader, ils doivent nager jour et nuit à contre-courant, et pendant ce temps manger, déposer leurs oeufs et les protéger, essayer de déjouer le fleuve, les bateaux, les pêcheurs, et puis tâcher d'être heureux

Dans La nuit, Constantino est le dépositaire de messages reçus d'un homme mystérieux - puissant, riche, inquiétant - appelé le Fou, qui veut lui offrir rien de moins que le bonheur, au travers de rites de passages, tels la livraison d'étranges colis, les soins à prodiguer à un vieux cheval, l'entretien d'un jardin au coeur d'un territoire inhabité où une sirène le séduit et l'entraîne au pire: Nous pouvons comprendre les paroles des arbres en fleurs et des animaux blessés, le silence des pierres et la profondeur des sources, aimer sans avoir peur de l'ombre qui soutient la vie puis l'enveloppe, mais c'est déjà la fin. Sur le thème du paradis perdu, une fable cruelle au lyrisme profond, qui parle de la beauté, du plaisir et de la grâce, comme la traversée d'un songe qui se dissout dans l'eau qui lave la nuit sur le visage (...) comme si rien n'avait jamais été

Changement de cap avec Le vent: Luca conduit un taxi et assiste, au cours d'une nuit, à une rixe entre trois malfrats et un personnage - homme, femme, travesti? - surnommé le martien, qu'il embarque dans sa voiture tel une pantin désarticulé qui perd son sang et dont la vie semble se retirer. Il sait qu'il doit, avec l'aide de ses proches, agir vite pour le sauver. Une course à la montre pour cette histoire aux situations parfois fantasques - dignes d'une cour des miracles - s'emparant de ces protagonistes qui malgré le sentiment d'injustice ou de tristesse qui les taraude découvrent qu'ils ne sont finalement rien de plus, rien de moins que du vent sur une page.

Tito enfin, dans Les Fleurs, quitte son village pour devenir poète. Arrivé à Rome, il attend d'être reçu par le directeur d'une revue littéraire, La Tanière. Il attend avec les poésies dans sa besace, au pied de la bâtisse, longtemps, pendant plusieurs années, accompagné par deux marginaux, Aurelio et Morella: Nous étions tous les trois, nous jetions dans l'abîme d'infinies espérances, pareils aux gamins qui dans une pièce gelée inventent un feu, et qui brûlent des montagnes de désirs pour le maintenir vivant. Devenu directeur à son tour, il observe de sa fenêtre le jeune homme qui a pris sa place sur le banc et attend son tour d'être reçu.

Ces trois récits ressemblent à un théâtre de marionnettes dont d'obscurs sages tirent les ficelles: Le Fou dans La nuit, Le Directeur dans Les Fleurs, L'Ecrivain - Marco Lodoli lui-même - dans Le vent, ce dernier pratiquant une autodérision réjouissante: Au bar, j'ai lu quelques-unes de ses histoires à dormir debout, qui vont de l'avant en clopinant.

De très belles pages sur le temps qui passe, le pouvoir créateur, les fables ou l'importance de la poésie jalonnent ces textes qui s'apparentent aux contes, dont on n'a jamais dit qu'ils étaient réservés aux enfants sages: A quoi ça sert, les poésies? A maintenir en vie ce que la vie nous promet en vain. 

Davantage qu'une consolation: une promesse...

Marco Lodoli, Les prétendants: La Nuit - Le Vent - Les Fleurs (P.O.L., 2011)

08/09/2011

Relire Supervielle 1b

Bloc-Notes, 8 septembre / Curio

En complément au roman Le voleur d'enfants de Jules Supervielle, voici un film d'animation en deux parties consacré à un autre de ses livres, L'enfant de la haute mer. Réalisé par Laetitia Gabrielli, Pierre Marteel, Mathieu Renoux, Max Tourret, en 2000. La musique est signée René Aubry.



Jules Supervielle, Le voleur d'enfants (coll. Folio/Gallimard, 1973)

Jules Supervielle, L'enfant de la haute mer (coll. Folio/Gallimard, 1972)

00:14 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Contes, Jules Supervielle, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; conte; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Relire Supervielle 1a

Bloc-Notes, 8 septembre / Curio

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Le colonel Philémon Bigua n'est pas un homme comme tout le monde. Avec son épouse Desposoria, ils aiment les enfants, mais par un caprice malheureux de la nature, ce don précieux est refusé à leur couple. Alors, en plein Paris, le colonel vole ceux des autres, les invite dans sa demeure qui ressemble à une caverne d'Ali Baba, les installe et partage avec eux ses incroyables aventures vécues en Amérique du Sud, ses rêves, ses jeux, son affection forte et rassurante. Sont-ils effrayés, ces enfants? Pas le moins du monde, car ils sont soustraits à la pauvreté, aux situations familiales douloureuses ou à l'ennui. Leurs parents, par ailleurs ne s'en plaignent pas, une fois le premier étonnement surmonté. Antoine Charnelet, par exemple, est conquis par cet être exubérant, chaleureux, débordant d'imagination qui, de son léger accent étranger, lui a murmuré, avec beaucoup d'émotion dans la voix: N'aie pas peur, je suis déjà ton ami et tu vas voir que tu me connais.

Il éprouvait de la sympathie pour son ravisseur, à cause de la tendresse et des mystérieux égards que le colonel témoignait à l'enfant et à ses camarades. Comme il aimait aussi des objets exotiques qui les entouraient et dont chacun était un regard, un encouragement au caprice, un tournant de la géographie.

Et la magie opère, pour le bonheur de tous, jusqu'au jour où Bigua veut inviter tous ses amis pour leur montrer Antoine, son préféré. Desposoria le met en garde: Mon chéri, l'insouciance où tu vis de certains de tes actes, que j'admire mais qui sont punis par la loi, me paraît parfois effrayante. Tu vas et viens tranquillement, tu manges, bois avec des enfants volés. Ne vaudrait-il pas mieux quitter Paris? On te cherche certainement. Et si les petits te dénonçaient! Le danger est installé dans nos meubles.

Le colonel se laisse convaincre et projette de retourner en Amérique du Sud, à la seule condition d'emmener avec les enfants une jeune fille de Paris. Interpellé par Herbin - un père alcoolique que Philémon fera soigner dans une clinique - son rêve se concrétise avec sa fille Marcelle, pâle, sensible, tremblante, aux attaches très fines et, dans le regard, une douceur qui déborde l'enfance. Elle-même n'est pas insensible à Bigua, avec ses yeux noirs et chargés: Il représentait pour Marcelle tout ce qui lui avait manqué chez sa mère: Le luxe, la bienveillance et les pays étrangers. (...) Elle le trouvait beau avec son visage sans transitions, sa peau très blanche et ses cheveux très noirs, beaucoup plus beau et plus viril que tous les hommes qu'elle avait vu entrer chez sa mère, essouflés par une joie toute proche, et avec cette hâte dans le regard.

Mais Marcelle n'est plus tout à fait une petite fille, et son charme innocent va ravager le coeur du colonel tombé fou amoureux d'elle: Elle me regarde et je la regarde vivre et me regarder. Sa petite blouse est légère. Mon avenir y est contenu qui sommeille et parfois ouvre un oeil pour savoir où j'en suis et se refermer... La joie progressivement cède le pas à la jalousie, au tourment, à l'intolérance et tandis que les premiers émois de Marcelle marquent son passage à l'adolescence et la rapprochent des camarades de son âge tout en l'éloignant de ce second père auquel elle n'a plus rien à dire, Philémon au comble du désespoir réalise qu'il aime Marcelle plus que tout au monde, bien qu'elle lui échappe de plus en plus: Je me verrai condamné à une solitude infernale, même si je volais les uns après les autres tous les enfants de la terre.

Ce conte que Jules Supervielle publie en 1926, nous dit avec beaucoup de poésie le pouvoir de l'imagination, mais aussi combien le choc de la réalité peut, parfois cruellement, l'anéantir à tout jamais, tel notre malheureux colonel Bigua pour lequel l'impossibilité de cristalliser ses rêves aboutit à l'impossibilité de vivre, désormais... 

Jules Supervielle, Le voleur d'enfants (coll. Folio/Gallimard, 1973)

00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Contes, Jules Supervielle, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; conte; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

24/12/2010

Conte de Noël 5/5

Artaban, le quatrième roi mage (cinquième partie) par Henry Van Dyke

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Pendant qu'il réfléchissait, des soldats macédoniens franchissaient la porte de Damas, traînant une jeune fille à la robe déchirée et aux cheveux en désordre . Soudain, la jeune fille échappa à ses gardiens et vint se jeter aux pieds d'Artaban. "Pitié, pleura-t-elle, je suis de ton pays, je suis une fille de la vraie religion enseignée par les mages, mon père était négociant mais il est mort et pour payer ses dettes, j'ai été vendue comme esclave. Sauve-moi de ce sort pire que la mort !".

A nouveau, le vieux conflit ressurgit dans l'âme d'Artaban : par deux fois, le cadeau qu'il avait réservé à Dieu avait été dépensé au service de l'humanité. Cette troisième épreuve le mettait face à un choix irrévocable. 

Il sortit la perle de sa cachette et la regarda : elle ne lui avait jamais paru aussi brillante . Une seule chose est sûre, se dit-il, sauver cette fille de son triste sort serait un acte d'amour vrai, et l'amour n'est-il pas la lumière de l'âme ?

"Voici ta rançon, c'est le dernier de mes trésors, je l'avais gardé pour toi", dit-il  en tendant la perle à la fille.

Le ciel devint de plus en plus sombre, la terre se mit à trembler, les murs des maisons balançaient d'avant en arrière et des blocs de pierre se détachaient des murs s'écrasant au sol dans des nuages de poussière. Les soldats s'enfuyaient dans tous les sens, terrorisés, tournoyant comme des hommes ivres. Artaban et la fille qu'il avait sauvé se tapirent au pied du mur du prétoire.

La terre tremblait de plus belle, une lourde tuile tomba du toit et se brisa sur le crâne d'Artaban. Chancelant, le vieil homme revit défiler sa vie, il avait donné le dernier présent qu'il gardait pour le roi, il avait perdu tout espoir de le trouver, sa recherche avait échoué... Pourtant il se sentait étrangement bien, car il avait fait de son mieux jour après jour.

Sa tête reposait sur l'épaule de la jeune fille, le sang s'écoulait lentement de sa blessure. La fille entendit une petite voix, un murmure, comme une lointaine musique dont la mélodie serait claire, mais les paroles inaudibles... La fille se retourna mais ne vit personne. 

Alors, des lèvres du vieil homme s'échappèrent quelques mots en langue Parthe : "Mais quand t'ai-je vu affamé et t'ai-je donné à manger ?  Quant t'ai-je vu assoiffé et t'ai-je donné à boire ? Quand t'ai-je vu nu et t'ai-je donné des vêtements ? Quand t'ai-je vu malade ou en prison et suis-je venu vers toi ? Je t'ai cherché pendant trente-trois ans et je n'ai jamais vu ton visage, mon Roi"

La petite voix se fit à nouveau entendre, plus clairement, cette fois. "En vérité, je te le dis, tout ce que tu as fait aux plus petits de mes frères, c'est à moi que tu l'as fait"

Un rayon lumineux éclaira le visage d'Artaban, comme le premier rayon de l'aube sur une montagne enneigée et un long soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres.

Son voyage était fini, ses trésors avaient été acceptés, le quatrième  mage avait trouvé le Roi.

d'après "The other wise man" de Henry Van Dyke.

sources: http://club-vla-noel.voila.net/page2.html 

 

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23/12/2010

Conte de Noël 4/5

Artaban, le quatrième roi mage (quatrième partie) par Henry Van Dyke

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Artaban s'en alla donc vers l'Égypte, y cherchant sans relâche la famille qui avait quitté Bethléem. On le vit à Héliopolis, sous le feuillage du sycomore sacré, on le vit au pied des murs de la forteresse romaine de la Nouvelle Babylone, sur les bord du Nil… Mais la piste disparut peu à peu comme les empreintes de pas sur le sable...

Artaban se rendit alors près des pyramides pour chercher la signification de sa quête dans le regard impassible du sphinx : devrait-il errer éternellement à la poursuite d'une énigme sans réponse ou pouvait-il encore espérer ?

Plus tard, on le vit chez un rabbin hébreu d'Alexandrie. L'homme vénérable lui révéla les prophéties d'Israël et lui lut les passages parlant des souffrances de ce messie promis, rejeté par les hommes. "Souviens-toi, fils, lui dit le vieux rabbin, le roi que tu cherches ne se trouve pas dans un palais parmi les riches et les puissants. Si la lumière du monde et la gloire d'Israël avaient dû apparaître avec puissance dans la splendeur du monde, elle serait apparue depuis longtemps : aucun fils d'Abraham ne pourra jamais rivaliser avec la puissance que Joseph eut dans les palais d'Égypte, ni avec la magnificence de Salomon, trônant entre deux lions à Jérusalem. La lumière que le monde attend est au contraire une nouvelle lumière, sa gloire jaillira de la douleur et le Royaume qui doit être établi pour toujours est un nouveau royaume, celui de l'amour parfait et invincible. J'ignore comment cela va se passer, comment tous les peuples de la terre seront amenés à reconnaître le messie, mais je sais que ceux qui le cherchent doivent regarder parmi les pauvres, les souffrants et les opprimés".

Alors, Artaban chercha parmi les immigrés, pensant que la famille de Bethléem aurait pu se joindre à eux, il traversa des pays où les pauvres criaient famine, des villes frappées par la peste, il visita des prisons, des marchés aux esclaves, il vit le dur travail des galériens... Dans ce monde de misère et de souffrance, il ne trouva personne à adorer, mais beaucoup de pauvres à aider : il nourrit les affamés, vêtit ceux qui étaient nus, guérit les malades, soulagea les captifs.…

Les années passèrent plus vite que la navette du tisserand qui va et vient dans les deux sens, sans voir que la toile grandit et que la tâche s'accomplit… Artaban semblait avoir presque oublié sa quête, pourtant, quelquefois, il sortait de sa poche secrète la perle, dernier de ses bijoux. Son éclat semblait s'amplifier d'année en année, comme si elle avait absorbé celui du saphir et du rubis perdus…

Trente-trois ans s'étaient écoulés depuis qu'Artaban avait quitté Ectabane et il était toujours un pèlerin à la recherche de la lumière. Ses cheveux jadis plus foncés que les falaises de Zagros étaient maintenant blancs comme la neige et ses yeux autrefois brillants comme la flamme étaient aujourd'hui mats comme la braise couvant parmi les cendres. Usé et prêt à mourir, il était pourtant toujours à la recherche du Roi. Il avait décidé de revenir une dernière fois à Jérusalem, ville qu'il avait souvent visitée, cherchant des traces des Nazaréens qui avaient fui Bethléem il y a si longtemps.

Curieusement, ce jour, une agitation toute particulière animait la ville. Bien sûr c'était la Pâque et la ville était remplie d'étrangers, enfants d'Israël dispersés au loin et revenus pour célébrer la fête en famille… Mais il y avait autre chose, la foule semblait  très excitée.

Voyant un groupe de Juifs venus de son pays Parthe, il les interrogea sur la cause de ce tumulte.

"Nous allons, répondent-ils, au lieu nommé Golgotha, hors des murs de la ville pour assister à une exécution : deux voleurs célèbres vont être crucifiés, et avec eux un certain Jésus de Nazareth, un homme qui a fait des choses merveilleuses et qui est aimé par le peuple; mais les prêtres et les anciens ont dit qu'il devait mourir car il prétend être le fils de Dieu et Pilate l'a condamné à la croix parce qu'il se dit Roi des Juifs".

Ces mots résonnèrent curieusement dans la tête d'Artaban . Ils l'avaient mené par-delà les terres et les mers et voilà qu'ils lui revenaient comme un message de désespoir.

Ainsi, le Roi était bien venu, mais il avait été rejeté et condamné, et maintenant il était sur le point de mourir.

"Les voies de Dieu sont plus étranges que les pensées des hommes… Le Roi est entre les mains de ses ennemis, peut-être que j'arriverai à temps avec ma perle pour l'offrir comme rançon et lui sauver la vie…", pensa Artaban.

... (à suivre)

sources: http://club-vla-noel.voila.net/page2.html 

 

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21/12/2010

Conte de Noël 3/5

Artaban, le quatrième roi mage (troisième partie) par Henry Van Dyke

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Minuit était déjà passé depuis longtemps... Vasda  avait récupéré pendant cette halte imprévue et galopait de toutes ses forces...  Mais les premiers rayons du soleil éclairaient déjà la colline de Nimrod quand Artaban parvint au temple des Sept Sphères. 

Aucune trace de ses amis... Artaban monta sur la colline, regarda vers l'ouest mais ne vit que la désolation des marais qui s'étendaient jusqu'au désert.

Sur un petit monticule de pierres, coincé sous l'une d'elles, il vit un morceau de papyrus. Il put y lire "Nous t'avons attendu encore un peu après minuit, mais nous ne pouvons retarder plus longtemps le départ, nous allons trouver le roi, suis nous à travers le désert".

"Traverser le désert avec un cheval épuisé et sans nourriture, c'est impossible", pensa Artaban désespéré. "La seule solution, c'est de retourner à Babylone et d'y vendre mon saphir pour acheter des chameaux et des provisions pour le voyage. Seul Dieu sait si je ne vais pas perdre ma chance de voir le Roi pour avoir montré de la pitié".

Quelques jours plus tard, Artaban traversait le désert à dos de chameau. Dans ce Pays de mort , aucun fruit ne pousse, seulement quelques rares épineux et quelques bruyères. Les arêtes sombres des pierres  affleurent du sable telles les squelettes d'animaux morts et les collines de sable ressemblent à de gigantesques tombeaux. Les montagnes arides et inhospitalières sont sillonnées de canaux desséchés où coulaient jadis d'anciens torrents, horribles cicatrices blanches sur le visage de la nature…

Le jour, la chaleur était insupportable et aucun signe de vie ne se manifestait, à l'exception des minuscules gerboises courant dans les buissons desséchés et des lézards disparaissant dans les fissures des roches. La nuit, un froid intense succédait à la chaleur du jour, les chacals rôdaient et l'on entendait au loin l'écho des hurlements du lion…

Mais rien ne pouvait arrêter Artaban dans sa course. Il arriva finalement à Damas, la ville aux jardins et aux vergers luxuriants, arrosés par l'Abana et le Pharpar, dont les collines étaient couvertes de gazon et de fleurs parsemés de bosquets de myrrhe et de roses…

Plus tard, il passa encore par la vallée du Jourdain, longea les rives du lac de Galilée avec ses eaux si bleues et arriva enfin à Bethléem, trois jours après les autres mages. Les rues semblaient désertes ; Artaban chercha quelqu'un qui pourrait lui indiquer où étaient allés ses compagnons, dans quelle maison ils avaient présenté leur hommage, offert leurs cadeaux d'or d'encens et de myrrhe…

Une porte entr'ouverte laissait s'échapper le chant d'une femme. Il entra et trouva une jeune mère berçant son enfant. Elle lui dit que des étrangers venus d'Orient étaient effectivement passés trois jours plus tôt, qu'ils s'étaient rendus auprès d'une famille de Nazareth logeant dans une étable et lui avaient donné de très riches cadeaux, mais qu'ils avaient disparu aussi soudainement qu'ils étaient venus et que les Nazaréens étaient partis précipitamment vers l'Égypte…

La jeune mère posa l'enfant dans son berceau et proposa à l'étranger de partager son repas. Tandis qu'ils mangeaient, une clameur s'éleva dans les rues du village… Des cris d'horreur, des hurlements de femmes, des sons de trompettes, des bruits d'épée… Soudain, un cri retentit « les soldats d'Hérode ! Ils tuent nos enfants ! ». 

La jeune mère blêmit et se tapit immobile dans un coin. Artaban se dirigea vers la porte de la maison. Ses larges épaules emplissaient le portail et son chapeau blanc  de mage touchait le linteau. Les soldats descendaient la rue, les mains ensanglantées et les épées dégoulinantes… A la vue de l'étranger, ils hésitèrent, surpris de le voir là. Le capitaine tenta de le bousculer, mais Artaban ne broncha pas. Le visage calme et résolu, il montra discrètement le rubis scintillant au soldat et lui murmura "je suis seul dans cette maison… et j'attends le capitaine intelligent qui m'y laissera en paix en échange de ce bijou…"

Le capitaine stupéfait par la splendeur de la pierre, la prit de la main d'Artaban et hurla à ses hommes : "il n'y a pas d'enfant ici, la maison est vide, allons plus loin !".

Artaban rentra dans la petite maison et pria "Que le Dieu de la Vérité pardonne mon péché, j'ai menti pour sauver la vie d'un enfant… Et maintenant deux de mes cadeaux s'en sont allés ! J'ai dépensé pour l'homme ce qui était pour Dieu, serais-je jamais digne de voir le visage du Roi ?".

Mais la voix de la jeune femme le sortit de sa prière : « Tu as sauvé la vie de mon enfant, que Dieu te bénisse et te garde ! » 

... (à suivre)

sources: http://club-vla-noel.voila.net/page2.html 

 

00:25 Écrit par Claude Amstutz dans Contes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; contes; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

20/12/2010

Conte de Noël 2/5

Artaban, le quatrième roi mage (deuxième partie) par Henry Van Dyke

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Durant toute la nuit, Vasda, le plus rapide des chevaux d'Artaban, trépigna dans son écurie comme s'il partageait l'ardeur de son maître. Bien avant l'aurore, Artaban fut prêt. Il sella son cheval favori et entama le long voyage. Il lui faudrait une dizaine de jours pour atteindre Babylone et retrouver les autres mages. 

Chaque jour, Vasda galopait sans répit, dès avant l'aube et jusqu'après le coucher du soleil. Artaban et sa monture longèrent  ainsi le mont Orontes et traversèrent la plaine des Niséens. Les troupeaux de chevaux sauvages s'y retournaient sur leur passage et galopaient au loin, faisant un bruit de tonnerre avec leurs sabots, les oiseaux sauvages s'échappaient en nuées des marécages tournoyant en grands cercles et poussant des cris aigus de surprise. Puis vinrent les champs fertiles de Concabar où la poussière des aires de battage remplissait l'air d'une brume dorée cachant à moitié le monumental temple d'Astarte et ses quatre cent colonnes. Ils passèrent près des riches jardins du Baghistan, arrosés par des fontaines jaillissant de la roche, puis au pied de la montagne où est gravée la victoire de Darius piétinant ses ennemis et la liste de ses conquêtes. Après avoir traversé une région froide et désolée aux collines balayées par le vent, franchi de sombres gorges où coulait un fleuve déchaîné, ils passèrent par une belle région plantée de vignes et d'arbres fruitiers en terrasses puis par la forêt de chênes de Carine et par le défilé de Zagros. Ils traversèrent la ville de Chala où les prisonniers de Samaria avaient été gardés en captivité durant de longues années. Artaban vit l'image du grand prêtre des mages, sculptée dans la roche avec la main levée, bénissant les pèlerins depuis des siècles. Il passa encore par des vergers de pêchers et de figuiers, par des rizières, il traversa la ville de Ctesiphon où régnaient jadis les empereurs Parthes, puis celle de Seleucia, bâtie par Alexandre.

Enfin, il franchit le delta du Tigre et de l'Euphrate couvert de champs de maïs et arriva en vue de Babylone. 

C'était le dixième jour peu avant le coucher du soleil. Vasda était épuisé et Artaban serait bien entré en ville pour s'y arrêter un peu et permettre à sa monture de se rafraîchir et de se reposer, mais il restait encore trois heures de route pour atteindre le temple des Sept Sphères et ses trois amis ne l'attendraient pas plus tard que minuit... Aussi, il continua à travers les champs.

Au milieu de cette mer jaune pâle, une palmeraie se dressait comme une île sombre et triste. Alors qu'ils y pénétraient,  Vasda marqua le pas, comme s'il ressentait un certain danger. La plantation était silencieuse comme un tombeau : pas un chant d'oiseau, pas même le bruissement d'une feuille...  Le cheval s'arrêta soudain, les muscles tremblants, devant une masse sombre à demi cachée par l'ombre du dernier palmier...

Artaban descendit de cheval : la faible lumière des étoiles révélait une forme humaine allongée en travers de la route. Son vêtement humble et les traits de son visage blême semblaient indiquer qu'il s'agissait d'un de ces pauvres exilés Hébreux qui vivaient en grand nombre autour de la ville. Sa peau était pâle, sèche et jaune comme un parchemin. C'est la fièvre des marais, pensa Artaban, elle fait des ravages en automne et ce pauvre homme n'en a plus pour bien longtemps à vivre. Pris de pitié, il plaça le corps dans la position des morts, un étrange rite funéraire après lequel les Mages laissaient les vautours et autres animaux du désert faire leur office... Bientôt, il ne resterait plus qu'un tas dos blanchis sur le sable... 

Alors qu'il s'apprêtait à rependre la route, Artaban entendit un long et faible soupir s'échapper des lèvres de l'homme dont les doigts saisirent le bas de la robe du mage.

Le coeur d'Artaban s'arrêta un bref instant. Pas par crainte, mais parce que ce contretemps soudain était bien importun.  S'il restait une heure de plus ici, il n'atteindrait pas le rendez-vous à temps et ses amis partiraient sans lui... Mais s'il s'en allait maintenant, l'homme mourrait sûrement alors qu'il y avait  peut-être une chance de le sauver... Artaban hésitait : ne risquait-il pas de perdre la grande récompense de sa foi pour un simple acte de charité ? "Dieu de la Vérité et de la pureté", pria-t-il, "indique moi le chemin de la sagesse que toi seul connaît". Alors, il se tourna vers le malade, prit de l'eau dans un des petits canaux qui coulait au pied des arbres et lui humecta le front et les lèvres. Il prit dans sa ceinture un de ces remèdes simples et efficaces que les mages, médecins autant qu'astronomes, emportaient toujours avec eux. Il versa cette potion entre les lèvres du malade puis heure après heure, il s'occupa de lui en habile guérisseur et finit par le ramener à la vie. L'homme s'assit et demanda au mage "Qui es-tu ? Pourquoi m'as tu sauvé la vie ?" "Je suis Artaban", répondit le mage, "je viens d'Ectabane et je vais à Jérusalem à la recherche d'un nouveau-né qui doit être le  Roi des Juifs et le libérateur de tous les hommes. Je ne peux pas retarder plus longtemps mon voyage sinon la caravane partira sans moi... Je te laisse un peu de pain et cette potion, dès que tu en auras la force, retourne vers le quartier Hébreu de Babylone". Le Juif leva la main vers le ciel et demanda au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob de bénir le voyage de son sauveur et de le conduire en paix vers son but. Et il ajouta "Nos prophètes ont aussi parlé du Messie, il ne doit pas naître à Jérusalem mais à Bethléem, que Dieu t'y conduise en sécurité car tu as eu pitié d'un pauvre malade".

... (à suivre)

sources: http://club-vla-noel.voila.net/page2.html 

 

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19/12/2010

Conte de Noël 1/5

Artaban, le quatrième roi mage (première partie) par Henry Van Dyke

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Chacun connaît l'histoire des trois mages venus du lointain orient pour offrir leurs présents à l'enfant né dans une étable de Bethléem. Mais peu connaissent l'histoire du quatrième mage, qui lui aussi avait vu l'étoile et s'était aussi mis en route pour la suivre… C'est qu'il n'arriva pas jusqu'à l'enfant Jésus avec ses présents : sa quête dura trente-trois ans et s'acheva d'une étonnante façon. C'est cette histoire que je vais vous conter.

A l'époque où César Auguste régnait sur l'Empire romain et Hérode à Jérusalem, ce mage nommé Artaban vivait à Ecbatane, une cité des montagnes de Perse. Sa maison se trouvait à l'extérieur des sept murailles qui protégeaient le trésor royal. De son toit, il pouvait voir par dessus les sept murs le palais des empereurs Parthes scintillant de mille feux comme un bijou sur une couronne. La maison d'Artaban était entourée d'un beau jardin dont les fleurs et les arbres fruitiers étaient irrigués par une vingtaine de jets d'eau et une multitude d'oiseaux y chantaient joyeusement.

C'est dans cette belle demeure qu'Artaban reçut dans la douceur d'une nuit de septembre neuf de ses amis magiciens, adorateurs comme lui de Zoroastre. Après avoir chanté le bel hymne à  Ahura-Mazda, divinité du Bien, autour d'un petit autel d'où s'échappait le parfum des huiles parfumées, Artaban se tourna vers ses amis et leur dit : "Mes amis, fidèles disciples de Zoroastre, vous êtes venus ce soir à mon appel ranimer votre foi autour du feu de cet autel. J'ai quelque chose d'important à vous dire : une nouvelle lumière est venue à moi par le plus antique de tous les signes. Avec mes compagnons mages, Gaspard, Melchior et Balthazar, j'ai vu un nouvel astre briller une nuit puis disparaître. 

Nous avons étudié le ciel : cette année a lieu une grande conjonction de planètes dans le signe du poisson qui est la maison des Hébreux. Or la prophétie de Balaam, fils de Beor ne dit-elle pas qu'une étoile viendra du pays de Jacob et qu'un sceptre proviendra d'Israël ?"  Nous pensons que le signe venu du ciel annonce cet évènement. Mes trois frères observent le ciel depuis le temple antique des sept sphères à Babylone et moi-même je l'observe d'ici. Si l'étoile brille à nouveau, j'irai les rejoindre et nous irons ensemble à Jérusalem pour voir et adorer ce Roi d'Israël. Je suis sûr que le signe viendra et je suis prêt pour le voyage. J'ai vendu mes biens et acheté trois bijoux, un saphir, un rubis et une perle. Je les offrirai en hommage au nouveau Roi."

Tandis qu'il parlait, Artaban sortit d'un repli caché de son vêtement trois magnifiques pierres, l'une bleue comme un fragment du ciel, la seconde plus rouge qu'un lever de soleil, et la troisième plus pure que la neige au sommet d'une montagne.

"Mes amis, venez avec moi pour ce pèlerinage, nous aurons la joie de trouver ensemble ce prince digne d'être servi !"

Mais les amis portèrent sur Artaban un regard étrange. Ces affirmations étaient incroyables, le projet de voyage irréaliste... "Ton rêve est vain" dit l'un d'eux. "Il serait plus sage d'utiliser cet argent pour le nouveau temple à Chala" dit un autre "Aucun Roi ne sortira jamais de ce peuple vaincu d'Israël" dit un troisième…

Quant aux autres, ils montrèrent aussi peu d'enthousiasme : l'un ne pouvait s'absenter du Palais, retenu par son travail, un autre venait de se marier, un autre encore avait une santé trop fragile pour voyager… Bref, tous quittèrent la maison d'Artaban, le laissant seul avec son rêve...

Seul Agbarus, le plus âgé d'entre eux s'attarda après que les autres aient disparu et dit à Artaban : "Mon fils, il se peut que la lumière de la vérité soit dans ce signe qui est apparu dans les cieux. Alors elle te mènera sûrement au Prince. Mais si elle n'est que l'ombre de la lumière,  alors tu feras un long pèlerinage et une recherche stérile. Mais il vaut mieux suivre l'ombre du meilleur que se contenter du médiocre. Ceux qui entrevoient des merveilles sont souvent seuls dans leur voyage. Vas-y en paix, je suis trop vieux pour t'accompagner, mais mon coeur sera avec toi tout au long de ta quête."

Artaban se retrouva seul. Le ciel était clair, les rayonnements de Jupiter et Saturne entremêlés donnaient l'impression que les deux astres n'en formaient plus qu'un seul. Soudain, une étincelle d'azur jaillit de l'obscurité s'entourant d'un halo pourpre et lançant des rayons safran et orange puis se transformant en un point blanc d'une intense luminosité, comme si les trois bijoux cachés dans la ceinture du mage s'étaient unis et transformées en coeur vivant de lumière. 

"C'est le signe" s'écria Artaban "le Roi vient, je pars à sa rencontre !"

... (à suivre)

sources: http://club-vla-noel.voila.net/page2.html 

10:16 Écrit par Claude Amstutz dans Contes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; contes; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/01/2010

José Corti, éditeur

Bloc-Notes, 8 janvier / Les Saules

 

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Elle a un sacré culot, Fabienne Raphoz, aujourd’hui codirectrice des éditions José Corti, d’avoir su prolonger la qualité et l’originalité du catalogue de son fondateur, contre vents et marées, ce qui, en des temps parfois difficiles, mérite à lui seul un grand coup de chapeau !

 

Elle a fondé, entre autres, la collection Merveilleux, en 1998. Dans un entretien avec Philippe Lançon accordé au journal Libération en novembre 2003, elle en définit les principales spécificités : « Une sorte de collier, où le merveilleux se déclinerait, comme des reflets de perles, de toutes les façons possibles : contes, utopies, œuvres littéraires classiques où l’esprit du conte circule. Il y a trois états du conte : conte populaire collecté et retransmis tel quel ; conte collecté et retravaillé par l’auteur ; conte inventé par l’auteur à partir d’une ou plusieurs sources. Ce sont les trois pistes de la collection. »

 

Parmi les titres de la collection, figurent Mille et un contes, légendes et récits arabes (René Basset), La géante dans la barque et autres contes d’Islande (Jon Arnason), Les aventures du Baron de Münchhausen (Gottfried August Bürger), Les contes populaires juifs d’Europe orientale (Valery Dymchitz), Des Belles et des bêtes (Anthologie des fiancés amoureux), Sous la cendre : Figures de Cendrillon (Anthologie), L’aile bleue des contes : l’oiseau (Fabienne Raphoz) sans oublier Blanche-Neige (Robert Walser) ou encore Contes pour les enfants et la maison (les frères Grimm).


05:30 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Contes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; contes; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

02/01/2010

Rahel Hutmacher

Fille_hutmacher.jpgRahel Hutmacher, Fille (José Corti, 2010)

 

Ma fille est partie. Elle m’a arraché la moitié de mon cœur alors que je dormais, et elle est partie avec. Ma voix, elle me l’a volée dans ma bouche, alors que je l’appelais. Maintenant je ne peux plus crier Reviens. Je vous en supplie : Rendez-moi ma fille …

 

Ainsi commence ce singulier récit de la zurichoise Rahel Hutmacher qui explore, sur le mode d’un conte, en quarante-huit variations poétiques, la violence des relations filiales. Une cérémonie des adieux jamais achevée où la mère et la fille, comme au théâtre, empruntent tour à tour l’habit de la princesse, celui de la sorcière ou de l’esprit malin. Une impression douce baigne cette histoire troublante, incantation sans fin ni commencement, pour dire la douleur de la séparation, la fascination et la frayeur des territoires inconnus, les liens indéfectibles du sang.

 

En langue originale allemande, ce texte a paru en 1983.

00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Contes, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |