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08/10/2010

René Char

9782361660048.gifRené Char et Nicolas de Staël, Correspondance 1951-1954 (Editions des Busclats, 2010)

Préfacée par Anne de Staël et annotée par Marie-Laure Char, cette correspondance inédite témoigne de l'amitié qui, bien au-delà de leur fulgurences créatrices mises en commun, unissait René Char à Nicolas de Staël, jusqu'à la mort de ce dernier.

De leurs rencontres, René Char éclaire les lettres présentées ici de sa lumière toute pariculière: Frère ami, je parle de vous (Nicolas et sa seconde épouse, Françoise) à mes compagnes et compagnons d'ici. Comme le Lord Jim de Conrad, je dis: ils sont des nôtres. Au revoir avec les mains du coeur. Ou encore: Tu étais frais comme le cresson de ma terre natale, et dispos comme un chardonneret sur la branche du cyprès, cher Nicolas, ce midi. 

Nicolas de Staël nous réserve d'aussi émouvantes preuves de leur lien hors du commun: Tu m'as fait retrouver d'emblée la passion que j'avais, enfant, pour les grands ciels, les feuilles en automne et toute la nostalgie d'un langage direct, sans précédent ce qui l'entraîne. Plus loin, il ajoutera: Il y a cela de vraiment merveilleux entre nous, c'est qu'on peut se donner tout ce qui est possible et impossible, sans limites, parce qu'on ne voit pas la fin de nos possibilités, si ce n'est par vague pressentiment et encore.

Dans ce cas précis, il est agréable de préciser que cet ouvrage est magnifiquement réalisé et mis en page comme seuls les éditeurs de textes poétiques savent le faire, illustré de fac-similés et de photographies de René Char et de Nicolas de Staël. Un écho au travail de l'artisan, humble et déterminé, qui saillit à chaque page de ces deux inoubliables artistes.

Et pour 15 euros à peine ...

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Nicolas de Staël, René Char | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: essais; correspondance; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/10/2010

Le poème de la semaine

Jacques Chessex


Blanche est déjà la lune

Silencieux le vent qui bouge

Et je ne choisis pas quel souvenir

M'accompagnera cette nuit

Le croissant ancien sur la colline

Ou la maison allée au bas du fleuve

Qui m'emplit de mélancolie entre les rives


(Et le vide à ne pas oublier de la neige)


Si plus aucune blessure

Ou le sol revenu herbe ou cendre

Comme si l'humide, la buée

Descendaient dans les choses, la terre

Maintenant terre de printemps


Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

05:24 Écrit par Claude Amstutz dans Jacques Chessex, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/10/2010

Laurent Terzieff 1b

Bloc-Notes, 3 octobre / Les Saules

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Voici quelques extraits de Seul avec tous. Il y manque - hélas - la voix, la douceur et la respiration de Laurent Terzieff...

Le passé est un avenir qui n'a pas tenu ses promesses.

*

La condition humaine, c'est de choisir dans l'ignorance, et c'est d'ailleurs ce qui rend possible les valeurs morales. Où serait le courage, où la responsabilité et la solidarité, si tout était clair et déterminé, si on savait ce que nous réserve l'Histoire?

*

Il n'est pas bon pour l'artiste de mettre des barrages, d'être protégé par des certitudes. Bien sûr, tout le monde tend naturellement à la clarté, rêve d'un monde globalement expliqué. Mais on n'a pas les clefs de l'existence. Et l'artiste, comme le savant, progresse en découvrant sans cesse davantage l'étendue de son ignorance.

*

Les loups me passionnent par-dessus tout. Il se dégage d'eux la force de l'indompté. On ne peut rien en faire. C'est ce que j'ai vu de plus sauvage. De plus irréductible.

*

On ne devient pas libre en passant par le compromis.

*

Je refuse de faire partie de la race des seigneurs qui écrase les petits, mais tout autant de la race des signeurs, qui pétitionne à tout va.

*

Je lui dois tout! Mon amour du théâtre, de ce théâtre visionnaire que j'étais fait pour aimer, le respect du texte, l'engagement au service d'auteurs inconnus (...) Je le voyais comme un éternel jeune homme avec une mystique de rebelle. Personne n'a incarné comme lui le refus du compromis. (sur Roger Blin)

*

Aucun ne pousse aussi loin le besoin fou de l'amour, la haine de la contingence, le dégoût et l'éblouissement devant la vie. (sur Oscar Venceslas de Lubicz-Milocz)

*

Il suffit de quelques phrases pour vous réconcilier avec l'humanité. (...) Il n'écrase jamais personne. Un des miracles de Tchehov, c'est de rendre les médiocres fraternels. (sur Anton Tchekhov) 

*

Eloquence négative fondée sur l'élimination du sens, la neutralité affective, l'apparente et massive banalité du constat. (...) Une tragédie où il ne se passe rien, où les acteurs n'ont pas appris leur texte, d'ailleurs il n'y a pas de texte. On a planté le décor, le metteur en scène n'est pas venu, ni l'auteur, ni le public. (sur Edward Hopper)

*

Il aura été le dernier pour moi à faire entendre la beauté en tant que produit pur du langage. (...) Il est le seul à me faire poser cette question: La poésie française a-t-elle eu raison d'abandonner la rime? (sur Louis Aragon)

*

Il réunit dans un même amour les forces de conservation et de destruction, tout ce qui illustre le passage de l'homme sur terre: l'ordre, la révolte, le bruit et la fureur, la tendresse et la douceur, la force maîtrisée. (...) Pas un, à mon avis, ne l'égale en France, aucun poète de la scène n'atteint cette luxuriance poétique et son souffle colossal. (sur Paul Claudel)

*

Dans la poésie, l'homme cherche cet autre qui gît dans le coeur de son coeur, plus lui-même que lui, et pourtant inconnu, le moi profond de son être, de son âme humaine, et en même temps tout ce qui vaut la peine de vivre pour lui tend vers un seul but: dépasser les frontières de son moi personnel, crever l'opacité de sa peau qui le sépare du monde.

Laurent Terzieff, Seul avec tous (Presses de la Renaissance, 2010) 

11:35 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteurs; citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Laurent Terzieff 1a

Bloc-Notes, 3 octobre 2010 / Les Saules

Laurent Terzieff.jpg

Laurent Terzieff nous a quitté le 2 juillet dernier, à l'âge de 75 ans. Cet être d'exception, révélé au cinéma par Les tricheurs et Tu ne tueras point de Marcel Carné, doit sa célébrité à une vie toute entière vouée au théâtre dont il aimait à dire: L'une des raisons qui me font aimer le théâtre, c'est que, contrairement au cinéma, il ne laisse pas de traces. (...) C'est l'art de l'instant présent, intensément vécu. Et j'aime qu'il ne reste rien de mon travail. Retour au texte pur." 

Exigeant, d'une insolente liberté face aux modes et aux courants de son époque, il a crée à la scène ou interprété Sophocle, Pierre Corbeille, Henrik Ibsen, Mikhaïl Boulgakov, Luigi Pirandello, Paul Claudel, Arthur Adamov, Slawomir Mrozek, Eugène O'Neill, John Arden, Edward Albee, James Saunders, Murray Schisgal parmi tant d'autres. Sur la mise en scène - à l'école de Roger Blin - il nous a laissé une très belle réflexion: Je voulais sentir le goût de l'époque et en exprimer la saveur. Participer à cette mutation constante de la vie. Me mettre à l'écoute du monde. En devenir la caisse à résonance. 

Toutes ces approches sensibles au service du texte, vous pouvez les retrouver dans le livre Seul avec tous qui s'ouvre avec un émouvant témoignage de Fabrice Luchini et de Marie-Noëlle Tranchant, suivi d'un florilège consacré aux thèmes majeurs de sa quête existentielle. Il y évoque sa jeunesse, son parcours politique, les événements qui ont secoué sa vie - la tragédie algérienne qui l'a transpercé au plus intime, les pages bouleversantes consacrées à sa compagne Pascale de Boysson - assumant ses contradictions avec un rare souci d'honnêteté, sans renier quoi que ce soit de son parcours, comme si chacun de ces repères biographique avait laissé s'épanouir une ride supplémentaire intégrée à sa personnalité, exigeante et douce, dont nous conservons le souvenir.

A Marie-Noëlle Tranchant reviennent les derniers mots de ce discret hommage. Je reprends dans votre dernier récital poétique, Florilège, ces vers d'Aragon qui mènent si bien vers vous: Il est plus facile de mourir que d'aimer. C'est pourquoi je me donne le mal de vivre, mon amour.

Sur Dailymotion, vous pouvez retrouver un moment exceptionnel de télévision, sur le plateau d'Apostrophes de Bernard Pivot, où Laurent Terzieff récite un poème inoubliable de Rainer Maria Rilke: Pour écrire un seul vers ...

http://www.dailymotion.com/video/xnet0_pivot-terzieff-recite-rilke_news

Laurent Terzieff, Seul avec tous (Presses de la Renaissance, 2010)

09:45 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Rainer-Maria Rilke, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature: essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/10/2010

Louis-Ferdinand Céline

Louis-Ferdinand Celine 2.jpgLouis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit - Mort à crédit (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2000)

Réunis en un volume, les deux chefs d’œuvres d’un auteur controversé qui aura passé toute la fin de sa vie à échapper à la plus grande chasse à courre de la littérature française du XXe siècle, méritent enfin d’être reconnus pour l’universalité de leur thématique et l’originalité de l’écriture de Céline, reconnaissable entre mille, souvent imitée, jamais égalée. Décidément, si Céline n’avait pas existé, il manquerait un génie aux lettres françaises. Non ?

05:30 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis-Ferdinand Céline | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; romans; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |