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02/01/2011

Anna Akhmatova 1b

Anna Akhmatova


La folie déjà de son aile

Recouvre la moitié de mon âme,

Et l'abreuve d'un vin brûlant

Et l'entraîne dans la sombre vallée.


Et j'ai compris, c'est à elle

 Que je dois céder la victoire,

Prêtant l'oreille à mon propre

Délire comme à celui d'un autre.


Et elle ne me laissera

Rien emporter avec moi

(J'aurai beau la supplier,

Et l'accabler de prières):


Ni les yeux terribles de mon fils -

Souffrance devenue pierre, - 

Ni le jour de l'orage,

Ni l'heure du revoir en prison,


Ni la fraîcheur aimée des mains

Ni l'ombre inquiète des tilleuls,

Ni ce bruit ténu, lointain -

Paroles d'ultime consolation.

 

extrait de Requiem, in L'églantier fleurit et autres poèmes (La Dogana, 2010)

10:02 Écrit par Claude Amstutz dans Anna Akhmatova, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

Anna Akhmatova 1a

akhmatova1.jpgAnna Akhmatova, L'églantier fleurit et autres poèmes (La Dogana, 2010)

Dans la même présentation soignée où ont vu le jour, en édition bilingue, Les élégies de Duino de Rainer-Maria Rilke - traduction: Philippe Jaccottet -, Quarante-sept poèmes d'Emily Dickinson - traduction: Philippe Denis -, Simple promesse d'Ossip Mandelstam - traduction: Philippe Jaccottet, Louis Martinez et Jean-Claude Schneider -, Hyperion de John Keats - traduction: Paul de Roux - et Les solitudes de Gongora - traduction: Philippe Jaccottet -, c'est au tour d'Anna Akhmatova de faire l'objet d'une magnifique anthologie, L'églantier fleurit et autres poèmes.

Traduits par Marion Graf et José-Flore Tappy - avec le texte original en regard - ces poèmes rendent hommage à l'un des plus grands auteurs russes du siècle dernier. Anna Akhmatova, elle-même traductrice de Victor Hugo, de Rabindranath Tagore et de Giacomo Leopardi, dans un style à la fois empreint d'un lyrisme inoubliable et d'une concision impressionnante. Amie d'Ossip Mandelstam, d'Amedeo Modigliani, de Joseph Brodsky, son oeuvre toute entière est un cri d'amour et de douleur dont Le requiem et Poème sans héros - traduction: Jean-Louis Backès, coll. Poésie/Gallimard - sont un témoignage bouleversant sur les horreurs du stalinisme.

Au poète Robert Frost qui lui rend visite dans sa datcha en 1962, elle écrit : J'ai tout eu: la pauvreté, les voies vers les prisons, la peur, les poèmes seulement retenus par cœur, et les poèmes brûlés. Et l'humiliation, et la peine. Et vous ne savez rien à ce sujet et ne pourriez pas le comprendre si je vous le racontais....

Elle s'éteint en 1966, à l'âge de 77 ans, et son oeuvre intégrale n'est publiée que vingt ans plus tard, à Moscou...

sources: http://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Akhmatova