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10/03/2012

Les pièces de Shakespeare - 7a

Peines d'amour perdues

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Cette pièce de théâtre, écrite probablement vers 1596 - l'époque de Songe d'une nuit d'été et de Roméo et Juliette - s'inscrit dans le cycle des comédies de Shakespeare, ou des romances dans la classification anglaise.

De quoi s'agit-il ici? De Ferdinand, roi de Navarre, ainsi que de ses trois compagnons: Biron, Longueville et Dumaine. Ensemble, ils font serment de se consacrer à l'étude et de renoncer à la frivolité, aux excès, aux plaisirs, et de redonner ainsi à la cour son sérieux, son intelligence, sa noblesse. Cette promesse - bien entendu - inclut le renoncement à toute conquête féminine... Ainsi, ils seront mis à très rude épreuve lorsqu'arrivent parmi eux la reine de France accompagnée de ses dames de compagnie: Rosalinde, Marie, et Catherine. Leurs coeurs vont s'enflammer comme fétus de paille, et les voici éperdument amoureux. Oubliés leurs engagements? Le destin - une fois encore - vient mettre un peu d'ordre dans cette comédie libertine: la princesse, apprenant la mort de son père, rejoint ses terres de France avec ses suivantes, non sans que toutes ensemble promettent à leurs galants, un an plus tard - le temps du deuil familial - un rendez-vous qu'on suppose prometteur pour ces jeunes gens, à la seule condition que, pendant leur absence, ils se consacrent à des oeuvres charitables afin d'effacer le parjure et leur prouver par ce sacrifice, la sincérité de leurs sentiments.

Injustement considérée comme une pièce mineure de Shakespeare, c'est pourtant l'une des seules qui soit tout à fait originale, c'est-à-dire non inspirée de textes antérieurs. D'autre part, pour qui ne maîtrise pas la langue anglaise classique, c'est l'une des oeuvres les plus ardues à lire, avec ses jeux de mots, son mélange d'érudition et de moquerie, de tendresse et d'insouciance, de prétention et d'ingénuité. Probablement un cauchemar pour les traducteurs!

Une romance vraiment, Peine d'amour perdues? Sans aucun doute, mais comme toujours avec cet auteur, sous les rires, les caricatures et la pétulence de la jeunesse, on peut y lire la précarité des voeux, la trahison des promesses, les vélléités de l'ascétisme et le passage difficile de la séduction à la preuve de l'amour. Pourtant, Peine d'amour perdues demeure une comédie pleine de charme qu'il vaut la peine de découvrir.

On y retrouve aussi l'un des plus beaux poèmes de Shakespeare: Si l'amour m'a rendu parjure, comment pourrai-je faire serment d'aimer? Ah! il n'est de serments constants que ceux qui sont faits à la beauté; quoique parjure à moi-même, je n'en serai pas moins fidèle à toi. Ces pensées, qui étaient pour moi comme des chênes, s'inclinent devant toi comme des roseaux. L'étude abandonne ses livres pour ne lire que dans tes yeux où brillent tous les plaisirs que l'art peut comprendre. Si la science est le but de l'étude, te connaître suffit pour l'atteindre. Savante est la langue qui peut bien te louer. Ignorante est l'âme qui te voit sans surprise... (Acte IV, Scène II)

On voudrait avoir écrit ces vers...

traduit par Pierre Messiaen (Comédies - Desclée de Brouwer, 1961)

02:42 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Théâtre, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; théâtre; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

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