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07/12/2010

Le poème de la semaine

Jocelyne François


Toute la lumière du jour

absorbée par la vapeur de la terre, un peu avant le crépuscule.

L'éphémère éclat de quelques buissons d'aubépine

adoucit l'austérité de la colline.


Je t'attends.


Nous irons regarder comment meurt le cerisier,

blanc de fleurs en son centre sur sa couronne de bois sec,

là où le vallon se resserre entre les roches,

où le chant des oiseaux du soir rappelle l'âme à elle.


Au plus près des choses j'ai travaillé de longues heures.

Dans un silence augmenté encore de cette humidité

qui peu à peu mangeait la lumière.

Le strident de la lumière, par degré, s'assourdissait.

Je lavais les carreaux du sol jusqu'aux bords

où ils touchent les pierres des murs.

Je me suis souvenue de la force de l'argile

quand elle cherche à échapper au centrage du tour

et de sa docilité soudain

lorsque la tient l'axe vertical.


Je t'attends.


Quelque chose dans l'air

commence à ressembler au mercure,

le fluide lutte contre l'épais.

Les nuages s'accumulent au nord-est.

Pendant la nuit les portes bougeront sur leurs gonds,

inquiétant mon sommeil privé de ta présence.

Le vent gonflera les rideaux de coton brut

jusqu'à ce que je les tire, à l'aube,

sur un paysage de cumulus bordés de gris sombre

que je regarderai longtemps, couchée,

dérivant avec eux, poussée vers le nord

d'où tu vas revenir. 



Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:21 Écrit par Claude Amstutz dans Jocelyne François, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

Commentaires

Trés jolie scène de l'Attente ..J'aimerai connaitre le livre d'où est extrait ce poème?

Écrit par : Kass | 07/12/2010

Merci une fois encore pour votre sensibilité. Ce texte est extrait de "Signes d'air" paru au Mercure de France, de même que la plupart de ses écrits ou autres poèmes. Seul son dernier texte, hormis les tirages limités - "René Char, vie et mort d'une amitié" - est paru aux éditions de la Différence. A bientôt, Claude

Écrit par : Claude | 07/12/2010

"le fluide lutte contre l'épais.

Les nuages s'accumulent au nord-est.

Pendant la nuit les portes bougeront sur leurs gonds,

inquiétant mon sommeil privé de ta présence. "

Une douleur de l'attente qui se fond dans l'espoir et la conviction du retour...

Un beau poème.

Écrit par : Abbassia | 12/12/2010

Les commentaires sont fermés.