05/12/2010
Stéphanie Janicot
Bloc-Notes, 5 décembre / Les Saules
L'originalité n'est pas la caractéristique la plus répandue en littérature. Pourtant, elle tombe parfois entre nos mains, à l'improviste, comme un fruit mûr tombé du ciel. Cela m'est arrivé voici quelques années avec le roman de Stéphanie Janicot, Dans la tête de Shéhérazade - publié chez Albin Michel en 2008 et présenté dans ces colonnes.
Ce même auteur nous partage aujourd'hui son amour de la littérature avec cette plongée ébouriffante dans le monde des lettres, 100 romans de première urgence pour (presque) tout soigner: Je me doute que, comme tout un chacun, vous êtes parfois la proie de questions existentielles, de problèmes matériels, de petits riens agaçants qui vous rendent la vie quotidienne un peu pénible. Lorsque ces soucis se font plus pressants, vous êtes peut-être tentés de courir chez votre psychanalyste - non, ne rougissez pas, on l'a tous fait -, lequel, moyennant une somme exorbitante, va vous écouter en hochant la tête. Au mieux vous délivrera-t-il une petite dizaine de phrases qui vous auront coûté la bagatelle de 80 euros, tarif parisien moyen pour une demi-heure de thérapie. Autrement dit, chaque phrase vous aura coûté 8 euros. Savez-vous que pour ce même prix - 8 euros - vous pouvez obtenir des centaines e phrases, voire des milliers? Il vous suffit pour cela de trouver le roman - en livre de poche de préférence - adapté à votre problème. Et croyez-moi, il en existe toujours un car il n'est pas un problème sur cette terre qui n'ait été expérimenté par un écrivain et relaté sous la forme d'une bonne histoire.
Ainsi commence cette ballade littéraire composée d'une quarantaine de courts chapitres déclinés en symptômes, remèdes et conseils de lecture: En finir avec la famille, booster son ego, négocier avec l'amour, aimer son travail, garder le moral ou toucher le fond... C'est souvent drôle et les observations de l'auteur sur la vie - à coup sûr d'une battante - sont pertinentes, généreuses, pleines de bon sens et truffées d'anecdotes qui nous rappellent à tous, immanquablement, quelque chose!
Ses choix littéraires sont aussi des perles de savoir dans notre nuit parfois obscure. Ainsi, d'un thème à l'autre elle constitue un bouquet aux mille senteurs, évoquant - parmi d'autres - Stendhal, Stefan Zweig, Emily Brontë, Joyce Carol Oates, Jim Harrison, Jonathan Coe, Sandor Maraï, Assia Djebar, Léonora Miano ou Fatou Diome.
A titre personnel, je suis heureux que l'on se souvienne encore - grâce à Stéphanie Janicot - de La symphonie pastorale d'André Gide (sur le handicap), du Pavillon des enfants fous de Valérie Valère (sur l'anorexie) ou de La cloche de verre de Sylvia Plath (sur la dépression), à tort un peu négligés, depuis une dizaine d'années.
Une lecture savoureuse à laquelle - adultes ou adolescents - nous pourrons ajouter nos propres remèdes puisés dans les livres de nos bibliothèques et qui sait, un jour en faire un livre, jumeau de celui-ci...
Stéphanie Janicot, 100 romans de première urgence pour "presque" tout soigner (coll. Livre de poche/LGF, 2010)
15:29 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, H.B. dit Stendhal, Littérature étrangère, Littérature francophone, Stefan Zweig | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; chroniques; livres | | Imprimer | Facebook |
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