25/08/2010
Le poème de la semaine
Louis Aragon
Ne t’en va pas mon cœur ma vie
Sans toi le ciel perd ses couleurs
Désert des champs jardins sans fleurs
Ne t’en va pas
Ne t‘en va pas où va le vent
Sans toi tous les oiseaux s’envolent
Et toutes les nuits sont des folles
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas où se perd l’eau
Méprisant le bonheur des verres
Et l’univers des arbres verts
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas comme le sang
Qui saute à la main qui me blesse
Ma chère force et ma faiblesse
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas où fuit le feu
Quand la paille à peine défaille
Qu’elle est cendre pour qu’il s’en aille
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas dans les nuées
Mon bel aigle ami des orages
Je peux mourir de ton courage
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas chez l’ennemi
Qui t’a pris la terre et tes armes
Crois en la mémoire des larmes
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas c’est félonie
Ces discours ces chansons ces fêtes
Hommes sachez ce que vous faites
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas où l’on te dit
Avec de grands mots pour enseignes
Quand c’est la blessure qui saigne
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas chez le tyran
Forger sa puissance toi-même
Et des fers pour ceux que tu aimes
Ne t’en va pas
Ne t’en va pas prends ton fusil
Siffle ton chien chasse les ombres
Chasseur chasseur tu es le nombre
Ne t’en va pas
Prends ton fusil
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
07:01 Écrit par Claude Amstutz dans Louis Aragon, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
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