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26/03/2010

Les derniers jours de Stefan Zweig

Bloc-Notes, 26 mars / Les Saules

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La mode est - je le sais - à l'auto-fiction ou au récit biographique pour auteurs en mal de création, et si cette réflexion semble un peu caustique ou injuste, il existe fort heureusement quelques exceptions à la règle, tels Nuit ouverte de Clémence Boulouque, paru chez Flammarion - sur Regina Jonas, première femme rabbin ordonnée en 1935 - ou plus récemment, chez le même éditeur, Les derniers jours de Stefan Zweig, écrit par Laurent Seksik, dont le titre se passe de commentaire.

Si vous n'avez rien lu de Stefan Zweig - parmi ses chefs d'oeuvres: Lettre d'une inconnue, Le joueur d'échecs, Ivresse de la métamorphose, La confusion des sentiments, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, Le monde d'hier ou Voyage dans le passé - prenez vite ce livre qui se lit comme un roman, dresse un portrait saisissant des années 30 et de la guerre, et pénètre dans l'âme de cet incontournable écrivain en proie au pressentiment des barbaries à venir, à la désillusion sur ses semblables, à la nostalgie d'un passé révolu, à tout jamais. Bien que sérieusement documenté, ce livre est une oeuvre littéraire - une vraie - avec ses atmosphères vibrant au rythme du parcours de l'écrivain, de Vienne à New York et à Pétropolis enfin, où Stefan Zweig et son épouse Lotte se donneront la mort, le 22 février 1942.

Toute la tragédie humaine de cette époque est condensée dans ce récit. On y côtoie ses amis Joseph Roth - un autre auteur crépusculaire -, Ernst Feder - un journaliste berlinois - ou encore Georges Bernanos le conjurant de poursuivre sa littérature de résistance. Pourtant, parmi ces aspects sombres que l'Histoire a provoqués, Les derniers jours de Stefan Zweig est aussi une histoire d'amour, dramatique certes, à laquelle répondent comme un écho lointain ou un signe du destin ces vers de Heinrich von Kleist, cités par l'auteur: Seul peut goûter la joie de contempler le monde, celui qui plus rien ne désire... Jamais la vue n'est plus étincelante et libre qu'à la lumière du couchant.

Une magnifique évocation, qui ne peut qu'inciter à (re-)découvrir un des plus grands écrivains de sa génération.

Laurent Seksik est écrivain et médecin. Il a déjà publié La consultation (Coll. Pocket,2009), La folle histoire (Lattès, 2004) et Einstein (Coll. Folio Biographies, 2009).

Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig (Flammarion, 2010)

photographie: Stefan et Lotte Zweig (sur senat.fr)

 

 

00:20 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Stefan Zweig | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

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