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30/11/2013

Morceaux choisis - Lewis Carroll

Lewis Carroll

Lisbeth Zwerger.jpg

Au fil d'une onde calme et lisse,
Le bateau indolemment glisse,
Imbu d'ineffables délices.
 
Chacune des trois douces soeurs,
Enchantée, écoutant l'histoire,
Est blottie auprès du conteur.
 
Le soleil à l'horizon sombre;
L'écho s'assourdit et le sombre
Automne étend déjà son ombre.
 
Mais toujours me hante l'image
D'Alice endormie, en voyage
Parmi d'étranges paysages.
 
Cependant qu'auprès du conteur,
Ecoutant la magique histoire
Se pelotonnent les trois soeurs.
 
Rêvant, rêvant au sans pareil
Pays des Monts et des Merveilles
Où brille un nocturne soleil.
 
Laissant s'enfuir l'heure trop brève
Dans l'or du beau jour qui s'achève...
Vivre, ne serait-ce qu'un rêve?
 

Lewis Carroll, De l'autre côté du miroir / extrait, dans: Tout Alice (coll. GF/Flammarion, 1979)

image: Lisbeth Zwerger (hannahbirdillustration.blogspot.ch)

28/11/2013

Morceaux choisis - Anna Akhmatova

Anna Akhmatova

1.jpg

Moi, comme un fleuve,
Une époque de fer m'a détournée.
On m'a changé de vie.
Elle a suivi un autre lit, vu d'autres paysages,
Et mes rivages me sont inconnus.
 
O combien de spectacles j'ai manqués,
Que de rideaux levés en mon absence et retombés!
Combien de mes amis je n'ai jamais croisés,
Combien de villes dont les contours
Auraient pu m'arracher des pleurs,
Alors que je n'en connais qu'une,
Que je saurais retrouver même en rêve
Et à tâtons.
 
Et combien de poèmes que je n'ai pas écrits:
Leur choeur secret,
Il rôde autour de moi, et un beau jour
Il se pourrait qu'il vienne m'étouffer...
 
Je connais tout, commencements et fins,
La vie après la fin, et quelque chose
Qu'il ne faut pas rappeler à présent.
Et quelqu'un d'autre,
Une femme inconnue a pris ma place, 
Mon unique place,
Et porte ici mon légitime nom,
Ne me laissant qu'un surnom
Dont j'ai fait tout ce que l'on pouvait,
je le crois bien.
 
Ma tombe, hélas, ne sera pas pour moi.
Mais qu'une folle brise de printemps,
Ou deux mots dans un livre de hasard,
Ou le sourire de quelqu'un 
M'entraînent soudain
Dans cette vie inaccomplie...
 
Cette année-là il serait arrivé ceci, et puis cela:
Partir au loin, voir et penser,
Se ressouvenir,
Entrer comme on ferait dans un miroir
Dans un amour nouveau,
Avec la sourde conscience de trahir,
Et une ride nouvelle,
Qui n'était pas encore là
Hier...
 
Si de là-bas pourtant
J'apercevais ma vie de maintenant,
Je connaîtrais enfin
L'envie...
 

Anna Akhmatova, Cinquième élégie, dans: Philippe Jaccottet, D'autres astres, plus loin, épars - Poètes européens du XXe siècle (La Dogana, 2005)

image: Anna Akhmatova (beautifulrus.com)

07:03 Écrit par Claude Amstutz dans Anna Akhmatova, Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/11/2013

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

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merci à Christiane H

Poète, ta fenêtre était ouverte au vent,
Quand celle à qui tout bas ton coeur parle souvent
Sur ton fauteuil posait sa tête:
-"Oh! disait-elle, ami, ne vous y fiez pas!
Parce que maintenant, attachée à vos pas,
Ma vie à votre ombre s'arrête;
 
Parce que mon regard est fixé sur vos yeux;
Parce que je n'ai plus de sourire joyeux
Que pour votre grave sourire;
Parce que, de l'amour me faisant un linceul,
Je vous offre mon coeur comme un livre où vous seul
Avez encor le droit d'écrire;
 
Il n'est pas dit qu'enfin je n'aurai pas un jour
La curiosité de troubler votre amour
Et d'alarmer votre oeil sévère,
Et l'inquiet caprice et le désir moqueur
De renverser soudain la paix de votre coeur
Comme un enfant renverse un verre!
 
Hommes, vous voulez tous qu'une femme ait longtemps
Des fiertés, des hauteurs, puis vous êtes contents,
Dans votre orgueil que rien ne brise,
Quand, aux feux de l'amour qui rayonne sur nous,
Pareille à ces fruits verts que le soleil fait doux,
La hautaine devient soumise!
 
Aimez-moi d'être ainsi! — Ces hommes, ô mon roi,
Que vous voyez passer si froids autour de moi,
Empressés près des autres femmes,
Je n'y veux pas songer, car le repos vous plaît;
Mais mon oeil endormi ferait, s'il le voulait,
De tous ces fronts jaillir des flammes!"
 
Elle parlait, charmante et fière et tendre encor,
Laissant sur le dossier de velours à clous d'or
Déborder sa manche traînante;
Et toi tu croyais voir à ce beau front si doux
Sourire ton vieux livre ouvert sur tes genoux,
Ton Iliade rayonnante!
 
Beau livre que souvent vous lisez tous les deux!
Elle aime comme toi ces combats hasardeux
Où la guerre agite ses ailes.
Femme, elle ne hait pas, en t'y voyant rêver,
Le poète qui chante Hélène, et fait lever
Les plus vieux devant les plus belles.
 
Elle vient là, du haut de ses jeunes amours,
Regarder quelquefois dans le flot des vieux jours
Quelle ombre y fait cette chimère;
Car, ainsi que d'un mont tombe de vivent eaux,
Le passé murmurant sort et coule à ruisseaux
De ton flanc, ô géant Homère!
 

Victor Hugo, Pendant que la fenêtre était ouverte, dans:  Les Voix intérieures - précédé de: Les Chants du crépuscule, et suivi de: Les Rayons et les Ombres (coll. Poésie/Gallimard, 2002)

image: Pierre-Auguste Renoir, Young Woman talking (blog.naver.com)

00:06 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/11/2013

Morceaux choisis - Hermann Hesse

Hermann Hesse

141.jpg

merci à Catherine A

Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
Toute matinée veut devenir soirée,
Sur terre rien n’est éternité,
Si ce n’est le mouvement, le temps qui fuit.
 
Même le plus bel été veut voir une fois
La nature qui se fane, l’automne qui vient.
Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
Lorsque le vent veut t’enlever au loin.
 
Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
Laisse les choses advenir sans heurts,
Laisse enfin le vent qui te détacha
Te conduire jusqu’à ta demeure.
 

Hermann Hesse, Feuille morte, dans: Eloge de la vieillesse (coll. Livre de poche Biblio/LGF, 2003)

image: Les Saules, Cologny / Suisse (2012)

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15/11/2013

Morceaux choisis - Yorgos Thèmelis

Yorgos Thèmelis

1.jpg

C'est pour toi que j'aime la lumière
Les hommes les arbres qui te ressemblent
Tout ce qui bouge et respire et la pierre éternelle
Et le flot partageant tes espaces
Et l'eau chantant l'amour
 
C'est pour toi et c'est toi
Qui marches dans les miroirs
Et partout dans les choses
Mes soeurs si proches
 
Et cette table tendre qui voit
Dans son sommeil les deux ailes de tes mains
Et cette table tendre qui entend
Ton écho secret dans son épais silence
 
C'est mon coeur qui te soutient comme un drapeau
C'est mon coeur qui t'accueille comme un ciel
 

Yorgos Thèmelis, C'est pour toi, dans: Michel Volkovitch, Anthologie de la poésie grecque contemporaine 1945-2000 (coll. Poésie/Gallimard, 2000)

image: Miroir - Grèce classique, Ve siècle avant J.C. / Le Louvre (pinterest.com)

17:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

11/11/2013

Morceau choisis - Marcelle Delpastre

Marcelle Delpastre

littérature; poésie; anthologie; livres

L’ai-je dit ?
Je l’ai dit souvent. Je le redirai.
 
Je suis l’arbre et le sable. La pierre.
Je n’ai guère fleuri ni porté de fruit.
Le feuillage ne me pesait guère.
Et sûrement qu’elle est perdue, la graine de ma race.
Mais ce que j’ai chanté je l’ai chanté.
Et ce que j’aurai dit sera dit.
 
Si je ne l’ai pas labourée, ma terre, je l’ai chantée.
Si je l’ai mal fauchée, j’ai parlé de ses fruits.
Pas une herbe au talus que je n’aie respirée,
Le moindre souffle d’air, j’en ai loué le bruit.
 
Ma terre, mon pays, la parcelle et le pré, la haie, le taillis.
L’eau, la fontaine, la rigole.
L’étang, le ruisseau, la forêt. L’arbre, sa feuille, l’écorce.
La graine, la fleur.
 
Pays proche, pays lointain.
Le fleuve, la source, la mer hauturière.
Et la neige, la brume,
Le soleil qui se lève et le blé qui fleurit.
Les vignes que je n’ai pas vues, et le vin dans la cave,
Le vin que je n’ai pas bu.
Terre ronde entre les bords du ciel, courbe, vallée,
Et la haute montagne et le pays de plaine, et la profonde mer,
Terre, t’ai-je chantée?
 
Ma terre abandonnée à la sauvagine,
Les genêts qui t’ont nourrie, les longues ronces
–terre de ce pays –
Terre de toute la terre, rongée des hommes et des rats,
De sel et de colère
– terre qui roule toute seule au ciel comme une lune morte –
Et la lune et les étoiles,
   Qui sont terre semblable,
Autre terre
– et le feu, ce qui éclate, ce qui luit –
Ce qui hurle dans le silence
– et ce qui ne dit rien –
Et toi même, homme vivant, chair tendre, âme droitière
Ne t’ai-je pas chantée, quand même!
 
Que vous êtes ma voix, ma parole.
Et que je suis le sang de votre sang.
Voici mon fruit, voici ma fleur.
Et mon feuillage.
 
Je l’ai dit. Je l’ai dit souvent.
Aussi longtemps que j’aurai un souffle de vie
je le dirai encore.

Marcelle Delpastre, Mon feuillage, dans: Les petits recueils (Lo Chamin de Sent Jaume/Meuzac, 2001)

image: Cologny / Suisse (2013)

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09/11/2013

Morceaux choisis - Hermann Hesse

Hermann Hesse

2.jpg

pour Catherine A

O pluie, pluie d'automne,
Montagnes drapées de gris,
Branches lasses traînant au sol!
Par les fenêtres embuées,
Tu vois partir l'année malade.
Tu sors, transi et ruisselant.
A l'orée des forêts, salamandre et crapaud
Marchent en titubant sur les feuilles jaunies.
Dans un bouillonnement sans fin,
L'au dévale inlassablement,
Et dans le pré, près du figuier,
Se forme une patiente mare.
Goutte à goutte, dans la vallée,
Le glas tinte au clocher, là-bas.
Le village enterre un des siens.
 
Ne pleure pas, ami, le voisin décédé,
Ni le bonheur disparu de l'été,
Ni les fêtes de la jeunesse!
Tout vit encor dans ta pieuse mémoire,
Tout reste dans le mot, le chant, l'image,
Et n'attend plus, pour fêter son retour,
Que de vêtir une forme nouvelle.
Que tout cela en toi vive et mûrisse,
Et tu verras bientôt que dans ton coeur
La foi joyeuse éclôt comme une fleur.
 

Hermann Hesse, Tessin - textes de prose et poèmes / avec 16 aquarelles hors texte (Metropolis, 2000)

image: Capolago, Tessin / Suisse (cdt.ch)

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31/10/2013

Morceaux choisis - Fernando Pessoa

Fernando Pessoa

5.jpg

Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n'être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n'avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie, il n'y a pas d'arbres:
il n'y a que des idées.
 
Il n'y a que chacun d'entre nous,
telle une cave.
Il n'y a aucune fenêtre fermée,
et tout l'univers à l'extérieur;
et le rêve de ce qu'on pourrait voir
si la fenêtre s'ouvrait,
et qui jamais n'est ce qu'on voit
quand la fenêtre s'ouvre. 
 

Fernando Pessoa, Poèmes désassemblés, dans: Le gardeur de troupeaux, suivi de: Poésies d'Alvaro de Campos (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

traduit du portugais par Armand Guibert

image: fond-ecran-image.com

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27/10/2013

Morceaux choisis - Forugh Farrokhzâd

Forugh Farrokhzâd

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merci à Fatiha OH

Quand viennent 
ces moments brefs et froids, 
tes yeux sauvages, silencieux, 
lèvent un mur autour de moi
 
Je fuis sur les chemins perdus
jusqu’à ce que des champs paraissent sous la poussière de la lune
jusqu'à ce que nous ne fassions 
qu'un 
dans les sources de lumière
jusqu'à la brume chamarrée des chaudes matinées d'été
 
Je fuis jusqu'à ce que ma robe déborde de lys du désert
jusqu'à ce que nous entendions
tous deux 
le coq qui appelle depuis le toit du villageois
jusqu'à ce que de tout son poids 
mon pied foule l'herbe du désert
ou que je m'y désaltère 
de rosée froide
 
jusqu'à ce que sur une grève
vide
du haut de ses rochers 
perdus dans l'ombre nébuleuse, 
j'échappe aux choréographies
des tempêtes sur la mer
 
jusqu'à ce qu'en un soir lointain,
- comme les pigeons sauvages, 
j'entreprenne le parcours 
des champs, du ciel, des montagnes
 
jusqu'à ce que les oiseaux 
du désert 
crient de joie
d’entre les broussailles sèches
 
je t'échappe pour que  - loin de toi
je trouve le chant de l’espoir, ainsi que tout ce qu’il contient 
 
mais avec leur cris éteints 
tes yeux me brouillent le chemin
vers la pesante grille d'or 
qui conduit au palais des songes,
levant un mur autour de moi, comme la destinée d'un jour,
au plus fort de son mystère
 
j'échappe à l'envoûtement des victimes hésitantes,
je me défais comme le parfum de la fleur coloriée 
des songes,
m’agrippe à l'onde des cheveux de la nuit dans le zéphyr, 
m'en vais accoster le soleil
 
dans un monde qu'un confort perpétuel a endormi 
je trébuche avec douceur sur un nuage doré,
la lumière lance ses griffes 
au travers du ciel égayé,
en une harmonieuse esquisse
 
C'est de cet endroit-là qu'heureuse
et libre, je fixe mes yeux 
sur un monde où le sortilège 
de ton regard construit un lien avec un regard confus
 
Un monde où tes yeux envoûtants,
au plus fort de leur mystère,
lèvent un mur sur leur secret.
 

Forugh Farrokhzâd, Le mur (lalapostings.blogspot.ch)

traduit du persan par  Sylvie M. Miller

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22/10/2013

Lire les classiques - Alfred de Musset

Alfred de Musset

Gustave-Jean Jacquet.jpg

Avec tout votre esprit, la belle indifférente,
Avec tous vos grands airs de rigueur nonchalante, 
Qui nous font tant de mal et qui vous vont si bien, 
Il n'en est pas moins vrai que vous n'y pouvez rien.
 
Il n'en est pas moins vrai que, sans qu'il y paraisse, 
Vous êtes mon idole et ma seule maîtresse;
Qu'on n'en aime pas moins pour devoir se cacher, 
Et que vous ne pouvez, Ninon, m'en empêcher.
 
Il n'en est pas moins vrai qu'en dépit de vous-même, 
Quand vous dites un mot vous sentez qu'on vous aime, 
Que, malgré vos mépris, on n'en veut pas guérir, 
Et que d'amour de vous, il est doux de souffrir.
 
Il n'en est pas moins vrai que, sitôt qu'on vous touche, 
Vous avez beau nous fuir, sensitive farouche, 
On emporte de vous des éclairs de beauté, 
Et que le tourment même est une volupté.
 
Soyez bonne ou maligne, orgueilleuse ou coquette, 
Vous avez beau railler et mépriser l'amour,
Et, comme un diamant qui change de facette,
Sous mille aspects divers vous montrer tour à tour;
 
Il n'en est pas moins vrai que je vous remercie,
Que je me trouve heureux, que je vous appartiens, 
Et que, si vous voulez du reste de ma vie,
Le mal qui vient de vous vaut mieux que tous les biens.
 
Je vous dirai quelqu'un qui sait que je vous aime:
C'est ma Muse, Ninon; nous avons nos secrets.
Ma Muse vous ressemble, ou plutôt, c'est vous-même; 
Pour que je l'aime encor elle vient sous vos traits.
 
La nuit, je vois dans l'ombre une pâle auréole, 
Où flottent doucement les contours d'un beau front;
Un rêve m'apparaît qui passe et qui s'envole; 
Les heureux sont les fous: les poètes le sont.
 
J'entoure de mes bras une forme légère;
J'écoute à mon chevet murmurer une voix; 
Un bel ange aux yeux noirs sourit à ma misère; 
Je regarde le ciel, Ninon, et je vous vois;
 
O mon unique amour, cette douleur chérie, 
Ne me l'arrachez pas quand j'en devrais mourir! 
Je me tais devant vous; - quel mal fait ma folie? 
Ne me plaignez jamais et laissez-moi souffrir.
 

Alfred de Musset, A Ninon, dans: Poésies complètes (coll. Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1986)

image:  Gustave Jean Jacquet (artrenewal.org)

07:46 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |