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27/10/2013

Morceaux choisis - Forugh Farrokhzâd

Forugh Farrokhzâd

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merci à Fatiha OH

Quand viennent 
ces moments brefs et froids, 
tes yeux sauvages, silencieux, 
lèvent un mur autour de moi
 
Je fuis sur les chemins perdus
jusqu’à ce que des champs paraissent sous la poussière de la lune
jusqu'à ce que nous ne fassions 
qu'un 
dans les sources de lumière
jusqu'à la brume chamarrée des chaudes matinées d'été
 
Je fuis jusqu'à ce que ma robe déborde de lys du désert
jusqu'à ce que nous entendions
tous deux 
le coq qui appelle depuis le toit du villageois
jusqu'à ce que de tout son poids 
mon pied foule l'herbe du désert
ou que je m'y désaltère 
de rosée froide
 
jusqu'à ce que sur une grève
vide
du haut de ses rochers 
perdus dans l'ombre nébuleuse, 
j'échappe aux choréographies
des tempêtes sur la mer
 
jusqu'à ce qu'en un soir lointain,
- comme les pigeons sauvages, 
j'entreprenne le parcours 
des champs, du ciel, des montagnes
 
jusqu'à ce que les oiseaux 
du désert 
crient de joie
d’entre les broussailles sèches
 
je t'échappe pour que  - loin de toi
je trouve le chant de l’espoir, ainsi que tout ce qu’il contient 
 
mais avec leur cris éteints 
tes yeux me brouillent le chemin
vers la pesante grille d'or 
qui conduit au palais des songes,
levant un mur autour de moi, comme la destinée d'un jour,
au plus fort de son mystère
 
j'échappe à l'envoûtement des victimes hésitantes,
je me défais comme le parfum de la fleur coloriée 
des songes,
m’agrippe à l'onde des cheveux de la nuit dans le zéphyr, 
m'en vais accoster le soleil
 
dans un monde qu'un confort perpétuel a endormi 
je trébuche avec douceur sur un nuage doré,
la lumière lance ses griffes 
au travers du ciel égayé,
en une harmonieuse esquisse
 
C'est de cet endroit-là qu'heureuse
et libre, je fixe mes yeux 
sur un monde où le sortilège 
de ton regard construit un lien avec un regard confus
 
Un monde où tes yeux envoûtants,
au plus fort de leur mystère,
lèvent un mur sur leur secret.
 

Forugh Farrokhzâd, Le mur (lalapostings.blogspot.ch)

traduit du persan par  Sylvie M. Miller

07:11 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

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