25/03/2011
Le Passe Muraille
Le Passe-Muraille, no 85, mars 2011
En préambule à ce nouveau numéro, Jean-Louis Kuffer nous parle - à propos de la naissance d'une nouvelle collaboration du Passe Muraille avec les éditions d'Autre Part - de nos désirs respectifs de passeurs, ajoutant: cela seul compte en effet, sur fond de saturation et d'empoigne, de gros tirages et de battage: que passent de nouvelles voix à travers le bruit... Telle est bien la vocation de ce journal depuis ses origines, et le sommaire de cette édition, une fois encore je l'espère, ne vous décevra pas sur ce point.
Sommaire du Passe-Muraille no 85, Mars 2011 - "Une nouvelle voix":
p.1
Editorial, "D'autre part, entre passeurs...", par Jean-Louis Kuffer
Inédit, "Le soleil", par Douna Loup
p.3
In memoriam, "Georges Haldas: La cotte des mots de Georges", par Georges Nivat
In memoriam, "Georges Haldas a rendu son passeport", par Serge Molla
p.4
In memoriam, "Georges Haldas: l'état de poésie ou la relation plénière", par Matthias Tschabold
p.5
Philip Roth, "L'effet papillon", par Matthieu Ruf
Andrés Barba, "Une force convulsive", par Claude Amstutz
p.6
Michel Layaz, "Vers la légèreté", par Pierre-Yves Lador
Nicolas Bouvier et Thierry Vernet, "Le fétiche de l'amitié", par Sébastien Meyer
p.7
Etienne Barilier, "La grâce, le vice et la vertu", par Pierre-Yves Lador
Jean-Yves Dubath, "Une épopée intimiste", par Jean-Louis Kuffer
Alain Bagnoud, "Bohème de province", par Jean-Louis Kuffer
p.8
Frédéric Jaccaud, "Plongée dans l'abîme", par Jean-François Thomas
In memoriam, "Anne-Lise Grobéty: dernier silence d'une musicienne", par Bruno Pellegrino
p.9
Poèmes inédits, "Horlogerie minutieuse de la mémoire", par Hughes Richard
p.10
Jean-Pierre Guéno, "L'âme des lettres", par Claire Julier
Xavier Mauméjean, "Magicien de l'uchronie", par Jean-François Thomas
p.11
Mathias Zschokke, "Un candide alémanique", par Jean-Louis Kuffer
Philippe Muray, "La prétention au bonheur", par Antonin Moeri
p.12
Jean-Louis Kuffer, "Comme un nouveau souffle", par Antonin Moeri
Pour s'abonner et communiquer: http://www.revuelepassemuraille.ch/
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01/02/2011
Jean-Louis Kuffer
Bloc-Notes, 1er février / Les Saules
Tout commence avec un jardin, la lumière dans la maison, le chant du merle, ces visages sur une photo sépia, ces voix convoquées au gré du temps qui passe, ces sensations qui forgent les images et les mots. Le narrateur du roman de Jean-Louis Kuffer, L'enfant prodigue, d'une seule envolée comme dans un poème symphonique qui se démultiplie sous nos yeux - je pense à la ballade de la Karelia Suite de Jean Sibelius, ou Au matin extrait de Peer Gynt d'Edvard Grieg - visite avec tendresse et nostalgie, les moments de son enfance qui à eux seuls sont tout un roman: Je réentends le vieux Coboye à travers les années ou mon grand-père le Président, notre père le taiseux ou sa mère, mère-grand la râleuse, ou Grossvater le sentencieux, Greta la prêcheuse ou Lena la rieuse toujours à claironner son allègre soprano: je les connais mieux, eux tous et leur voix, que je ne me connais moi-même dont je n'entends pas la voix.
Comme du chapeau d'un magicien, au rendez-vous de sa mémoire émerge le quartier des Oiseaux, le jeune Pilou - dont la mort est peut-être le passage le plus bouleversant du livre - Mickey de la tribu maudite, mêlés au souvenir des Pieds Nickelés et de Winnetou aiguisant le regard au dedans comme au dehors de celui dont la demoiselle Champoussin, son institutrice, note qu'il se laisse entraîner par son imagination.
Un peu bohème, voué à être artiste, futur scribe de rien comme il le dit lui-même, promenant sa plume ou son pinceau sous le choc de l'émouvante beauté de l'or du temps, il comprend très tôt que sa vraie vie sera dans la voie tangente et que toute conformité à la loi de tous relèverait d'un malentendu...
Si Jean-Louis Kuffer laisse danser les mots de son narrateur - auquel il doit souvent ressembler comme un frère - avec douceur, humour et gratitude sur la toile de l'univers célébrant l’émerveillement renouvelé des miracles de chaque jour et la mélancolie qui pèse sur les ombres du cimetière, c'est pourtant au vertige du présent, auprès de Ludmila et de leur enfant qui recrée le monde à lui tout seul dans un rire, qu'il voue sa plus durable reconnaissance: Il a suffi d'une paire de ciseaux en plastique bleu pour faire éclater le premier rire de l'enfant. L'enfant est devenu Quelqu'un en voyant le père jouer avec cette petite paire de ciseaux de plastique qui ne coupe rien mais peut faire le loup ou le crocodile, ou les oreilles de lapin, ou les oreilles d'âne.
Entre mémoire et devenir, entre singularité et filiation, Jean-Louis Kuffer dessine avec L'enfant prodigue - vie et mort inextricablement mêlées - un bien beau chant du monde:
Tout nous échappe de plus en plus, avions-nous pensé, mais c'est aujourd'hui de moins en moins qu'il faut dire puisque tout est plus clair d'approcher le mystère prochain, tout est plus beau d'apparaître pour la dernière fois peut-être - vous vous dites parfois qu'il ne restera de tout ça que des mots sans suite, mais avec les mots les choses vous reviennent et leur murmure d'eau sourde sous les herbes, les mots affluent et refluent comme la foule à la marée des rues du matin au soir - et les images se déplient et se déploient comme autant de reflets des choses réelles qui viennent et reviennent à chaque déroulé du jour dans son aura.
Jean-Louis Kuffer, L'enfant prodigue (coll. Le Passe Muraille/D'Autre Part, 2011)
01:08 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Edvard Grieg, Jean-Louis Kuffer, Le Passe Muraille, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
25/01/2011
Devoir de vacances 1/3
Bloc-Notes, 25 janvier / Les Saules
Il est des tâches qu'invariablement, je retarde au fil des ans. Celle par exemple, de ranger ma bibliothèque, non pas en raison de la poussière qui s'y accumule comme sur une bonne réserve de Bordeaux, mais parce que tout l'espace de ma chambre est occupé par des livres en attente: sur ma table de nuit, au pied de mon lit, même sur l'unique fauteuil où une cinquantaine d'ouvrages manquent d'être lus ou relus, classés ou offerts, voire d'être intégrés avec un commentaire sur le blog de La scie rêveuse... Je repousse jusqu'au dernier instant cette ingrate besogne avec tout l'aplomb d'une paresse congénitale, car je sais qu'avant de m'y atteler, il me faut déménager une centaine de livres de ma bibliothèque actuelle et les déplacer à l'autre bout de l'étage de notre maison, dans le bureau de mon père, que je squatte, faute de place.
Le premier pas franchi, le plus difficile - mettre la main à la pâte, comme on dit chez nous -, je retrouve, comme un délicieux sortilège, ce contact physique au livre qui me confond au moment de sa lecture dans le temps, ce mélange d'odeurs, de papiers et d'encres qui porte la trace de voyages dans mes poches ou d'annotations, de passages significatifs tracés au stabilo. Tout un monde!
Et voici que je prends les livres de ma bibliothèque, l'un après l'autre - avec la menace d'une éviction - pour mesurer s'ils me sont encore d'une quelconque importance, porteurs d'apprentissage ou de vécu, et comme à chaque fois, j'accorde des grâces à profusion: A Maurice Blanchot dont la plupart des récits, tels Le dernier homme ou Au moment voulu ne parviennent plus à m'émouvoir mais ressemblent à un vitrail de jeunesse qui me bouleversait alors; à E.M. Cioran dont les écrits, à l'exception de La chute dans le temps, me confortaient dans un mal de vivre récurrent et qui aujourd'hui m'ennuient, me font rire ou me soulagent, m'aidant toutefois par leur présence singulière à mesurer le chemin parcouru; au peu sympathique Henry de Montherlant, dont Port-Royal et Mais aimons-nous ceux que nous aimons ont suscité à une certaine époque, de vrais bonheurs de lecture; à Julien Green qui, outre son Journal, m'a bouleversé avec Chaque homme dans sa nuit, un roman qui, je le crains, a dû terriblement vieillir.
Beaucoup de tendresse en revanche, à retrouver la trace personnelle d'écrivains dans ma vie. Ceux qui m'ont dédicacé un livre qui ne m'a jamais quitté: Hector Bianchiotti pour Sans la miséricorde du Christ, Virginie Lou pour Eloge de la lumière au temps des dinosaures, Yves Navarre pour Le coeur qui cogne, et plus près de nous, Jean-Louis Kuffer pour Les passions partagées, Olivier Adam pour A l'abri de rien, Katherine Pancol pour Vu de l'extérieur.
Sans oublier, entre deux ouvrages, involontairement dissimulées, les lettres ou cartes postales, dont un message sensible et reconnaissant de Jacques Chessex, à la parution de son recueil de poèmes Le désir de la neige...
Je me rappelle - ici, maintenant - devant l'étendue de tous ces livres, une phrase de Cicéron qui me chamboule tout soudain comme une évidence: Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut.
Il va à l'essentiel, le bougre...
(à suivre)
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07/01/2011
Rentrée littéraire
Bloc-Notes, 7 janvier / Les Saules
Depuis mardi dernier, la rentrée littéraire marque son passage à l'an nouveau avec un livre très attendu, Des gens très bien d'Alexandre Jardin (Grasset) qui, contrairement au Roman des Jardin, revient avec une émotion douloureuse sur le passé de son grand-père aux commandes administratives d'une certaine rafle du Vel d'Hiv - de triste mémoire - et de son père pour un récit qui, dit-il, aurait pu s'intituler: Fini de rire... Controversé, haï ou adulé par des critiques qui ne l'ont probablement lu qu'en diagonale, il mérite, contrairement à d'autres de ses textes, une lecture plus attentive et réfléchie...
Chez les auteurs francophones, il est agréable d'évoquer aussi, brièvement - dans un premier temps! - Trésor d'amour de Philippe Sollers (Gallimard), un auteur qui vieillit plutôt bien. Une lecture jubilatoire qui nous emmène une fois encore à Venise, pour une histoire où se mêlent la célébration de la vie, de l'amour, de la beauté et de la musique, avec un personnage central qui n'est autre que Stendhal. Un autre univers - pas moins intéressant - nous est proposé avec La nonne et le brigand de Frédérique Deghelt (Actes Sud), où Lysange vivant une passion amoureuse avec Pierre découvre le manuscrit du journal écrit dans les années 50 par sa soeur Madeleine qui relate ses déchirements entre foi et amour, dont le contenu va modifier son regard sur sa propre vie. Quant à Aline Kiner - nouvelle venue dans le monde des lettres - elle nous offre, avec Le jeu du pendu (Liana Levi) l'un des meilleurs romans policiers français de ces dernières années, avec une intrigue solide qui se déroule en Lorraine dans un village où resurgissent les blessures secrètes de la guerre, la fermeture des mines de fer, les haines inavouables que déchiffrent tant bien que mal un couple d'enquêteurs fort sympathiques. Avec plaisir, nous retrouvons aussi Jean-Louis Kuffer qui, avec L'enfant prodigue (D'Autre Part) au rythme des saisons et des temps de la vie, de l'obscurité et de la lumière, nous livre des points de convergences et de rencontres où dansent les mots avec douceur et gratitude comme sur la toile d'un peintre, à jamais inachevée. Enfin, Les insurrections singulières de Jeanne Benameur (Actes Sud) scrute le monde ouvrier, le drame des délocalisations et du chômage à travers le destin d'Antoine, à lui seul la voix intime de ceux qu'on ne veut entendre...
Parmi les auteurs étrangers, est attendu Dernière nuit à Twisted River de John Irving (Seuil). Il y renoue avec ses thèmes de prédilection, les contrées sauvages - ici les bûcherons, les flotteurs de bois, les ours une fois encore - où se joue le destin d'un père et de son fils. Il en va de même pour La vie très privée de Mr. Sim de Jonathan Coe (Gallimard), l’histoire d’un quarantenaire raté qui est amené à percer les secrets de son propre passé. Mais la palme revient sans doute à Versions de Teresa de Andrès Barba (Bourgois) qui scrute les mécanismes du désir, de la passion et de la culpabilité dans ce roman choral abordant l'amour fou de Manuel pour Teresa, une jeune handicapée rencontrée dans un centre de vacances dont il est le moniteur. Le désir aussi de Véronica, sœur aînée de Teresa pour Manuel. Des voix - celles de Manuel et Veronica - qui se réverbèrent comme un écho, face au mondu du silence: Teresa. Une écriture lyrique, mais sobre échappant au dérapage ou au voyeurisme. Enfin, les fidèles de Donna Leon pourront retrouver le célèbre et sympathique commissaire Brunetti dans La petite fille de ses rêves (Calmann-Lévy), aux prises avec une secte, des secrets de famille et une fillette assassinée qui hante ses nuits...
Pour terminer, un document exceptionnel et un immense succès - mérité - à sa sortie en Italie: Dans la mer il y a des crocodiles - l'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari de Fabio Geda (Liana Levi), le récit d'un gamin de 10 ans qui fuyant son pays d'origine, l'Afghanistan, est abandonné par sa mère à la frontière pakistanaise. S'en suit un périple de cinq ans à travers l'Iran, la Turquie et la Grèce avant qu'il atteigne l'Italie. Dans cette réalité dure et cruelle, tout n'est pas noir et de nombreux personnages sont attachants, généreux, dépeints souvent avec humour. A ne manquer sous aucun prétexte, mais ce titre sera plus longuement évoqué dans les semaines qui suivent, ce qui vaut de même pour la plupart des textes cités dans cet article!
01:04 Écrit par Claude Amstutz dans Andrés Barba, Bloc-Notes, H.B. dit Stendhal, Jean-Louis Kuffer, Littérature étrangère, Littérature francophone, Littérature italienne, Littérature policière, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
04/01/2011
Dans le rétroviseur
Bloc-Notes, 4 janvier / Les Saules
Voilà, c'est reparti! Le très sérieux Livres Hebdo - revue professionnelle consacrée au livre - n'annonce pas moins de 510 nouveaux romans à paraître au cours des deux premiers mois de l'année, dont 329 voués à la littérature francophone, mais... pas si vite, car l'année 2010 à peine achevée, je prends plaisir à vous partager les petites ou grandes joies que la saison dernière aura suscitées, au nez et à la barbe des statistiques qui, au contraire de la résonance affective des uns et des autres, masquent souvent l'essentiel, heureusement!
Avec un constat très encourageant: Le lecteur actuel cède beaucoup moins que par le passé, aux sirènes des prix littéraires. S'il les lit ou les offre, c'est parce qu'il les découvre ou les aime, qu'il s'agisse de Michel Houellebecq avec La carte et le territoire (Flammarion), de Jean-Michel Olivier avec L'amour nègre (De Fallois/L'Age d'Homme), de Maylis de Kérangal avec Naissance d'un pont (Verticales), de Patrick Lapeyre avec La vie est brève et le désir sans fin (P.O.L.), de Fatou Diome avec Celles qui attendent (Flammarion) ou encore de Sofia Oksanen avec Purge (Stock) et de David Vann avec Sukkwan island (Gallmeister).
Il est aussi plus curieux, exigeant et surtout... prend son temps pour choisir ses livres! Ainsi, il a jeté son dévolu - pour mon plus grand plaisir! - sur Douna Loup avec L'embrasure (Mercure de France), Valérie Zenatti avec Les âmes soeurs (L'Olivier), Rosa Montero avec Instructions pour sauver le monde (Métailié), Erri de Luca avec Le jour d'avant le bonheur (Gallimard) ou Sarah Hall avec Comment peindre un homme mort (Bourgois) - à mon avis le plus beau roman de l'année! - sans oublier Kathryn Stockett avec La couleur des sentiments (Jacqueline Chambon) dont le succès repose pour une part prépondérante sur le bouche à oreille entre lecteurs et le coup de pouce des libraires, ou Jean d'Ormesson avec C'est une chose étrange à la fin que le monde (Laffont), bel exemple de fidélité entre le public et un auteur qui n'a cessé de se remettre en question, de partager ses passions, ses convictions, ses interrogations, auprès des plus jeunes et des autres...
Qu'on se le dise enfin: La poésie n'est pas reléguée aux oubliettes. Le succès de la correspondance entre René Char et Nicolas de Staël (Editions des Busclats), l'anthologie des Poètes de la Méditerranée (coll. Poésie/Gallimard) ou les écrits récents de Jean-Michel Maulpoix, Andrée Chédid et Charles-Ferdinand Ramuz en sont la preuve vivante.
Seuls auront manqué en 2010 quelques romans légers et attachants comme on les aime... Hormis une réédition - Les raisons du coeur de Mary Wesley (Héloïse d'Ormesson) - et une nouveauté, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi de Katherine Pancol (Albin Michel), je n'ai pas oublié - comme de nombreux lecteurs, ces plaisirs de lecture plus anciens que sont La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt (Actes Sud) ou Les bonnes dames de Jean-Louis Kuffer (Campiche) qui rencontrent aujourd'hui encore un succès aussi vif que celui des dernières parutions en librairie!
Pour en finir avec ce petit tour d'horizon de l'année écoulée, j'ajoute que le lecteur actuel - pour autant qu'il trouve dans les librairies ou bibliothèques ce qu'il cherche - n'est pas nécessairement conditionné par l'attrait de la nouveauté, ce qui me ravit! Savez-vous que le roman de Léon Tolstoï, Anne Karénine, demeure le roman le plus populaire de 17 à 87 ans, aux côtés de celui d'Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo, parmi les classiques? Que Lark et Termite, le chef d'oeuvre de Jayne Anne Phillips (Bourgois), paru en 2009, demeure l'un des choix préférés du public, avec L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon (Laffont et Livre de poche) paru en 2004? Qu'on lit toujours le roman d'Axel Munthe, Le livre de San Michele (Albin Michel) ou La montagne magique de Thomas Mann (Fayard et Livre de poche)?
Sur le site de Culture Café - http://500-livres.com/index.html - vous pouvez consulter les 500 meilleurs livres choisis par les internautes, en 2008 - peu de changements, sans doute, avec aujourd'hui - avec près de 5'000 votes et 3'000 titres proposés. Comme moi, vous y reconnaîtrez bien des vôtres...
image: Jean-Honoré Fragonard, La liseuse (National Gallery of Art, Washington)
12:35 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Bloc-Notes, Charles Ferdinand Ramuz, Douna Loup, Erri de Luca, Jayne Anne Phillips, Jean d'Ormesson, Jean-Louis Kuffer, Jean-Michel Maulpoix, Katherine Pancol, Littérature étrangère, Littérature francophone, Littérature policière, Mary Wesley, Nicolas de Staël, René Char, Rosa Montero, Sarah Hall | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auteurs; littérature; livres | | Imprimer | Facebook |
14/11/2010
Le Passe Muraille
Le Passe-Muraille no 84, par Jean-Louis Kuffer
Dans une semaine paraîtra la nouvelle livraison du Passe-Muraille, No 84. Le numéro est marqué par une cohérence particulière, fondée sur une série de lectures se faisant écho à de multiples égards, autour du thème central de l'Amérique vue et vécue, fantasmée ou critiquée. Auteurs américains et européens s'y croisent...
Au sommaire:
AMERIQUES
Jean-Stéphane Bron: Matthieu Ruf, jeune écrivain et rédacteur économique à L'Hebdo, analyse le film du réalisateur romand consacré à la crise des subprimes, Cleveland contre Wall Street.
Annie Dillard: René Zahnd présente Les Vivants, roman épique de la conquête de cette auteure majeure, encore trop peu connue, et Jean-Louis Kuffer rend compte d'un recueil de réflexions vertigineuses, intitulé Au présent.
Bret Easton Ellis: Bruno Pellegrino, écrivain et étudiant en lettres actuellement en séjour aux USA, commente le dernier roman traduit de l'observateur aigu du cauchemar climatisé à la manière californienne, dans Suite(s) impériale(s), où l'on retrouve le protagoniste de Moins que zéro vingt ans après...
Adam Haslett: Matthieu Ruf a lu L'Intrusion, roman de la crise américaine contemporaine qui met en scène une vieille prof d'histoire et un trader aux dents longues.
Barbara Kingsolver: Hélène Mauler, traductrice et critique, a lu Un autre monde, dernier roman paru en traduction de la romancière et essayiste.
John Kennedy Toole: Patrick Vallon, éditeur et critique, revisite un classique pré-punk de la littérature américain contemporaine, évoquant aussi les tribulations personnelles de l'auteur de La Conjuration des imbéciles.
Andy Warhol: Jean-François Thomas, critique spécialisé dans le domaine de la SF, décrit le roman très original de Philippe Lafitte, Vies d'Andy, qui offre une seconde vie à l'illustre plasticien, débouchant sur une histoire d'amour pour le moins atypique.
RENTREE 2010
Michel Houellebecq: Antonin Moeri, écrivain et critique, revient sur La carte et le territoire, Prix Goncourt 2010 et roman-essai captivant.
Maylis de Kerangal: Jean-Louis Kuffer détaille son coup de coeur de la rentrée, pour Naissance d'un pont, prix Médicis 2010.
Douna Loup: Claude Amstutz, libraire et critique, dit tout le bien qu'il pense de L'Embrasure, très beau premier roman de l'auteure genevoise.
LETTRES ROMANDES
Vincent Gessler: Jean-François Thomas présente un court roman âpre et captivant d'un jeune auteur roman de science fiction, intitulé Cygnis.
Sébastien Meyer: Jean-Louis Kuffer a aimé le nouveau roman du jeune auteur-éditeur, Wagner=1, qui tient de l'éducation sentimentale et où alternent grand désarroi et rêves fous.
Antonin Moeri: Jean-Louis Kuffer présente également Tam-Tam d'Eden, fresque sensible et drôle de notre dr'ole de société, modulée en un peu moins de vingt nouvelles.
Jean-Michel Olivier: Jean-Louis Kuffer a failli détester L'Amour nègre, satire carabinée de la société mondialisée, entre Hollywood, les îles de rêve et la Suisse, puis le deuxième degré pas immédiatement évident du roman lui est apparu...
INEDIT
Luisa Campanile: Comédienne et traductrice, elle nous offre deux poèmes extraits de son nouveau recueil, De l'eau et d'autres désirs, paru ces jours chez Samizdat.
Louis Imbert: Voyageur et reporter, il nous a confié des pages de ses Carnets new-yorkais de cette année.
Sébastien Meyer: Pour notre rubrique L'Epistole, le jeune auteur adresse une lettre au Passe-Muraille d'une très belle verve existentielle et poétique.
Le Passe-Muraille se trouve en vente dans certains kiosques et librairies de Suisse romande. On s'y abonne à cette adresse: http://www.revuelepassemuraille.ch/
00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Douna Loup, Jean-Louis Kuffer, Le Passe Muraille, Littérature étrangère, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essais; livres | | Imprimer | Facebook |
11/04/2010
Le Passe Muraille
Or, le problème est ailleurs, sans doute. Le problème est qu’une société littéraire, jalouse de ses prérogatives, est en train de disparaître, au profit d’une nouvelle nébuleuse de lecteurs-passeurs se déployant sur des sites et des blogs. La critique littéraire est-elle condamnée pour autant ? Là encore Michel Crépu calme le jeu, affirmant qu’ « il n’y a pas de critique littéraire, il n’y a que des lecteurs plus ou moins attentifs » et « qu’une lecture, plus ou moins suivie, profonde, disponible, libre». Dès lors, qu’importe que la lecture soit défendue sur le papier ou la Toile, si la Qualité résiste au déferlement de la Quantité ?
C’est le défi qu’a relevé Le Passe-Muraille dès sa création, en 1992, et c’est dans la même optique, peut-être plus ouverte encore, que son équipe rajeunie poursuit aujourd’hui son effort, sur le papier autant que sur la Toile - http://www.revuelepassemuraille.ch -, en préparant notamment une livraison, à paraître en mai 2010, consacrée tout entière à la défense et l’illustration de la lecture…
Sommaire du Passe-Muraille No 81. Avril 2010, «Magies de Rose-Marie Pagnard ».
p.1
Inédit, « Un très léger vertige » par Rose-Marie Pagnard
p.2
« Les leçons de mystère » à propos de Rose-Marie Pagnard, « Le Motif du Rameau », Zoé, 2010, 220p., par Bruno Pellegrino
p.3
« Portrait d'un homme mort » à propos de Sarah Hall, « Comment peindre un homme mort », Christian Bourgois, 348p., par Claude Amstutz
« La geste des enfants perdus » à propos de Sacha Sperling, « Mes Illusions donnent sur la cour », Fayard, 2009, 272p., par Matthieu Ruf
p.4
« Le chant d'amour pour Haïti » à propos de Dany Laferrière, « L'Enigme du retour », Grasset, 2009, 301p., par Luisa Campanile
« Un geste solidaire » à propos de Collectif, « Histoires cueillies pour Haïti », TheBookEdition.com, 2010, 146p., par Jean-Louis Kuffer
p.5
« Le héraut du neuf » à propos de J.G. Ballard, « La Vie et rien d'autre », Denoël, 2009, 291 p., par Jean-François Thomas
« A l'intérieur du gueuloir » à propos de Pierre-Marc de Biasi, « Gustave Flaubert, une manière spéciale de vivre », Grasset, 2009, 496p., par Matthieu Ruf
p.6
« Des éléphants et des lunes » à propos de Raphaël Aubert, « La Terrasse des Elephants », L'aire, 2009, 169p., par Jean Perrenoud
« Dans l'ample foulée de la vie » à propos de Pascal Rebetez, Je t'écris pour voir, Editions de l'Hèbe, 2009, 153p., par Jean-Louis Kuffer
« Autoportrait d'un « inutile » » à propos de Jean-François Sonnay, Hobby, Bernard Campiche Ed., 2009, 110p., par Janine Massard
p.7
« Le vertige de notre époque » à propos de Catherine Lovey, Un Roman russe et drôle, Zoé, 2010, 289p., par Bruno Pellegrino
« Une soif de lire très mobile » à propos de Gérard Delaloye, Le Voyageur (presque) immobile, L'Aire, 2008, 191p., par Jean Perrenoud
p.8
« Un humour pince-sans-rire » à propos de Jean Vuilleumier, Les Fins du voyage, L'Age d'Homme, 2009, 134p., par Patrick Vallon
« Une ville la nuit » à propos de Rosa Montero, Instructions pour sauver le monde, Métailié, 2009, 269p., par Claude Amstutz
p.9
« Lettres de l'intempestif » à propos de Louis-Ferdinand Céline, Choix de Lettres, Gallimard, La Pléiade, 2009, 2029p., par Antonin Moeri
p.10
Littérature Jeunesse
« Aventure entre deux mondes » à propos de François Place, La Douane volante, Gallimard-Jeunesse, 2010, 334p., par Sophie Kuffer
« Aimer lire en Corée » à propos de Eun-sil Yoo, Si j'étais Fifi Brindacier, Picquier Jeunesse, 2010, 198p., par Nasma Al'Amir
« A la poursuite de l'amour » à propos de Eglal Errera, Le Rire de Milo, Actes Sud Junior, 2009, 90p., par Nasma Al'Amir
P.11
« Romancier de l'empathie profonde » à propos de Louis Guilloux, d'une Guerre l'autre, Gallimard Quattro, 2009, 1117p., par René Zahnd
p.12
« Premier homme, dernière phrase » à propos de Albert Camus, Le premier Homme, Gallimard, 1994, 331p., par René Zahnd
« L'Epistole », Lettre de l'île de Chatham, par Damien Personnaz
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24/12/2009
Les bonnes dames, Acte 1
Bloc-Notes, 23 décembre / Les Saules
Les bonnes dames, cela vous rappelle quelque chose ? Non mais, souvenez-vous de l’histoire de Marieke, Clara et Lena qui décident un beau jour – pour changer de l’Italie ou du Général Guisan entre Ouchy et Evian - d’aller se royaumer en Egypte ? Pimpantes, pas amères pour deux sous, reconnaissantes envers la vie, les voici embarquées pour une aventure inoubliable. Même si les fissures du passé aux secrets trop longtemps cachés leur inspirent parfois un brin de mélancolie, ces bonnes dames ne se laissent pas aller, bien décidées à ne pas végéter dans un mouroir. Elles inspirent à la fois de la curiosité, de l’admiration et une immense tendresse. Leurs péripéties ou anecdotes parfois très drôles – l’histoire du boa qui mange l’âne – font écho à un quotidien traversé par les fragilités de l’âge, mais qui vient à bout de la banale adversité par un sens de la vie plutôt concret: Ne pas se plaindre de crainte d’ajouter à ce qui cloche dans le monde, ne pas demander un œuf à deux jaunes…
Si vous ne l’avez lu au moment de sa parution, rattrapez le temps perdu avec ce roman touchant de Jean-Louis Kuffer, plein d’humour, de douceur, de vérité qu’à chaque fois je relis avec bonheur et qui voisine La grand-mère de Jade et Rose sainte-nitouche dans ma bibliothèque, autres récits avec pour toile de fond, ce bel âge de la vie !
Jean-Louis Kuffer, Les bonnes dames (Bernard Campiche, 2006)
Frédérique Deghelt, La grand-mère de Jade (Actes Sud, 2009)
Mary Wesley, Rose sainte-nitouche (Héloïse d’Ormesson, 2009)
06:34 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Jean-Louis Kuffer, Littérature francophone, Littérature suisse, Mary Wesley | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: romans; livres | | Imprimer | Facebook |