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22/03/2012

Annie François

Bloc-Notes, 22 mars / Les Saules

littérature; essai; livres

Voici un livre tout à fait épatant, pour vous, amoureux des livres! Souvenirs de ce qu'évoquent ces milliers de pages lues au cours d'une vie: rythmes de nos émotions intimes, échos de notre vie personnelle, dans le couple ou face à la maladie, à la solitude choisie ou subie. Une radiographie affective en miroir pour nous montrer la magie des couvertures, les odeurs de ces papiers de tout âge, la musique des feuillets enchantant nos heures silencieuses, la diversité des typographies selon la nature du livre et des genres. Il y est aussi question d'agacements - la verrue de l'objet du plaisir qu'on appelle code-barre -, de boulimie de lecture alternant avec ces jours de grêve que nous connaîtrons tous jusqu'au dernier jour, ou de ces ingérences extérieures qui gâchent notre félicité et s'approprient l'espace: les bruits de la ville au dehors, l'étranger à notre lecture qui parle au mauvais moment ou même silencieux, a le malheur de tourner ses propres pages.

Décapante et pleine d'humour, Annie François revisite avec une délicieuse sensualité notre mémoire autant que la sienne: à propos du prêt des livres, de l'importance des bibliothèques publiques ou de la pathologie du lecteur. Sur l'édition, elle nous présente une jolie image sur l'imperfection, qu'il faudrait encadrer au-dessus de nos forêts de papier: J'adore que le livre témoigne encore de la faillibilité humaine, du malencontreux hasard. Bien sûr, une lézarde qui fait son chemin à travers les lignes mobilise trop mon attention au détriment de la lecture. Mais elles me fascinent, ces incongruités qui me sont pourtant aussi précieuses qu'aux philatélistes les varietés des timbres.

Alors, les bouquins: une passion exclusive, un vice ou une vertu, un objet de jalousie pour les uns autant que de personnes ou l'atelier secret de ceux qui - comme Georges Perros - pensent que la vraie vie est dans la littérature? Annie François nous en dessine les contours. A nous d'en faire notre propre tableau, avec ces balbutiements de pinceaux et de couleurs qui ne ressemblent à rien d'autre que ce que nous sommes devant notre bibliothèque ou les devantures des librairies: un peu toxicomanes, exaspérants, sectaires, mais aussi amoureux, comblés, heureux. C'est-à-dire uniques, pour tout dire...

Annie François, éditrice au Seuil, nous a quittés en juin 2009. Elle nous laisse, outre Bouquiner - Autobiobibliographie (2000), Fanes, épluchuchures et trognons (Le Zouave, 2000), Clopin-clopant - Autobacographie (Seuil, 2002), Scènes de ménage au propre et au figuré (Seuil, 2004), Contes pour lardons et moutardes (Gallimard Jeunesse, 2007) et Mine de rien - Autobobographie et De Guerre lasse (Seuil, 2012) qui vient de paraître en librairie. Il sera présenté dans ces colonnes, au cours du mois prochain.

Dans la catégorie Morceaux choisis, ici-même, sur La scie rêveuse, vous pouvez retrouver deux extraits de ce merveilleux bouquin.   

Annie François, Bouquiner (coll. Points/Seuil, 2012)

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

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