21/11/2013
André Pieyre de Mandiargues
André Pieyre de Mandiargues, Le musée noir (Coll. Imaginaire/Gallimard, 1990)
Marceline Caïn: on eût dit qu'elle était mêlée de cendre, de sable et de sang. À quatorze ans, elle n'aimait rien ni personne qu'un gros lapin jaune-orange, touffu, qu'elle appelait Souci. Tous les matins, en cette fin de printemps déjà brûlante, Marceline à peine vêtue et lavée courait ouvrir la porte découpée dans le flanc de la caisse où l'on mettait à dormir Souci pendant la nuit. Et la douceur inaugurale par laquelle elle faisait commencer chaque jour de sa vie était de précipiter la tête et les deux bras à l'intérieur de cette caisse chaude, où les derniers relents de tabac disparaissaient sous une quantité d'effluves domestiques qui, tous ensemble, font la véritable odeur de lapin...
Atmosphère lourde, sensuelle, voire inquiétante pour ces nouvelles dont Le sang de l’agneau est l’une des plus achevées. Par un des meilleurs auteurs français modernes, à l’univers proche du fantastique, mêlant les symboles de la vie, du sexe et de la mort avec l’exercice d’une beauté de la langue incomparable.
00:14 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; livres | | Imprimer | Facebook |
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