24/07/2011
La rentrée littéraire 1/3
Bloc-Notes, 24 juillet / Les Saules
L'édition française deviendrait-elle enfin raisonnable? Il semble bien que oui, car la production de la rentrée littéraire de cet automne est annoncée avec - enfin! - une baisse globale de 6.7 %, et 12.5 % en ce qui concerne les titres francophones uniquement. Pas de quoi pavoiser pour autant, puisque ces chiffres reflètent tout simplement la situation éditoriale de 2005, et mériteraient encore davantage d'être revus à la baisse afin de ne pas noyer sous un flot ininterrompu de romans peu attrayants, ceux qui se distinguent par une qualité de style, l'originalité d'un sujet, l'audace narrative.
Si les médias ne manqueront pas, sous peu, de nous décrire le dernier Amélie Nothomb, Tuer le père (Albin Michel), celui d'Eric-Emmanuel Schmitt, La femme au miroir (Albin Michel) ou d'Emmanuel Carrère, Limonov (P.O.L.), je préfère vous présenter en avant-première quelques titres choisis au gré de mes humeurs littéraires - parmi la production française - et qui seront évoqués au moment de leur parution, sur La scie rêveuse.
Les coeurs en skaï mauve de Sacha Sperling (Fayard), par exemple - auteur de Mes illusions donnent sur la cour - le négatif d'un Roméo et Juliette moderne, avec ses rêves d'un ailleurs possible, le temps d'un été. Une écriture d'une rare maturité pour cet auteur âgé d'à peine 21 ans, qui détourne les clichés habituels avec un humour parfois féroce mêlé à une lucidité impressionnante!
Sur un tout autre registre, il vaut la peine de découvrir La lanterne d'Aristote de Thierry Laget (Gallimard) - un admirateur fervent de Stendhal et de Proust - dont le héros est chargé par une comtesse de recenser la bibliothèque de son château et qui, à la manière de ses maîtres, saisit avec bonheur chaque émotion émanant de ce château, de ses dédales, de ses personnages, confrontant le narrateur à ses ombres propres ou ses lumières. Une langue magnifique pour explorer, entre autres choses, la résonance affective des livres.
Stéphane Audéguy, dans Rom@ (Gallimard) - comme son titre l'indique - exalte Rome. La ville au féminin et au masculin, parle. Vous êtes invités au bord du Tibre, dans les jardins de Lucullus, vous croisez Mussolini ou Audrey Hepburn pour une célébration poétique, lyrique, imaginative où le présent et le passé se confondent, se découvrent, se juxtaposent. Une fête de l'amour, toujours!
Avec Un amour de frère (Gallimard) Colette Fellous - après Avenue de France, Aujourd'hui et Plein été - poursuit l'exploration fragile et sensuelle de sa mémoire, avec cette fois-ci les souvenirs autour de son frère Georgy, disparu à l'âge de 27 ans. Illustré de quelques images, photographies et dessins, ce poignant récit né sous l'une des plus belles plumes de France, séduit par la qualité de son écriture et sa délicatesse.
On peut en rapprocher Delphine de Vigan qui, avec Rien ne s'oppose à la nuit (Lattès) nous parle de sa mère avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, de même que Laurence Tardieu qui, dans La confusion des peines (Stock) aborde la question du père absent, condamné pour escroquerie. Une quête douloureuse survenue au moment du décès de sa mère. Attachant ...
La plupart de ces titres seront disponibles en librairie, entre fin août et octobre 2011.
A suivre ...
image: Stéphane Audéguy
12:51 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Colette Fellous, Littérature francophone, Marcel Proust | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; livres | | Imprimer | Facebook |
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