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12/01/2011

Le poème de la semaine

Charles-Ferdinand Ramuz


 

C'est un petit pays qui se cache

parmi ses bois et ses collines;

il est paisible, il va sa vie

sans se presser sous ses noyers;

il a de beaux vergers et de beaux champs de blé,

des champs de trèfle et de luzerne,

roses et jaunes dans les prés,

par grands carrés mal arrangés;

il monte vers les bois, il s'abandonne aux pentes

vers les vallons étroits où coulent des ruisseaux

et, la nuit, leurs musiques d'eau

sont là comme un autre silence.


Son ciel est dans les yeux de ses femmes,

la voix des fontaines dans leurs voix;

on garde de sa terre aux gros souliers 

qu'on a pour s'en aller dans la campagne;

on s'égare aux sentiers qui ne vont nulle part

et d'où le lac paraît, la montagne, les neiges

et le miroitement des vagues;

et, quand on s'en revient, 

le village est blotti, autour de son église,

parmi l'espace d'ombre où hésite et retombe

la cloche inquiète du couvre-feu.

 


Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Charles Ferdinand Ramuz, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |