28/07/2012
Jean Giono
Jean Giono, Le chant du monde (coll. Folio/Gallimard, 2000)
Un jour d'automne, sur les bords d'un fleuve non nommé, Antonio, l'homme du fleuve, vivant dans l'île des Geais et qu'on appelle Bouche d'or - car il sait parler, inventer des chansons et séduire les femmes - reçoit la visite de son ami Matelot, un ancien marin. Ce dernier est devenu bûcheron et a eu deux fils, des jumeaux, des bessons, dont l'un est mort. L'autre, celui aux cheveux rouges, est parti chercher du bois au pays Rebeillard, dans le haut de la vallée, l'été dernier, mais il n'est pas revenu. Ils décident alors de partir à sa recherche. En chemin, ils rencontrent dans un bois Clara, une jeune aveugle sur le point d'accoucher. Ils l'aident, la mettent à l'abri chez la mère Delarue. Antonio en tombe amoureux. Mais ils comprennent que le propriétaire des pâturages, le riche Maudru, mène avec ses bouviers une chasse à l'homme sans pitié contre le Besson qui a enlevé la fille de Maudru, Gina, consentante bien que promise au neveu de son père. Le Besson évite un premier piège mais blesse mortellement le neveu Maudru. Antonio et le Matelot rejoignent le couple traqué chez Toussaint, le guérisseur bossu, beau-frère du Matelot. L'hiver est arrivé. Gina la vieille, soeur de Maudru et mère du mort, se joint à ceux qui veulent abattre le Besson. À la fin d'une fête villageoise, où Clara a retrouvé Antonio, le Matelot est battu à mort par les bouviers. Au comble de la fureur, le Besson, accompagné d'Antonio, met le feu à la ferme de Maudru...
Hymne à la vie où l'instinct, l'honneur et la passion brute font corps avec le paysage - le fleuve, la forêt, la montagne - ce roman respire d'un lyrisme, d'une sensualité et d'une profondeur rares, tout au long de cette histoire intime, tragique, sauvage qui pénètre le lecteur comme une mélodie dont on ne parvient pas à se défaire: On entendait chanter les pins là-bas devant et une autre odeur venait aussi, avivée et pointue, puis soyeuse et elle restait dans le nez, et il fallait se le frotter avec le doigt pour la faire partir. C'était l'odeur des mousses chevrillonnes; elles étaient en fleurs, écrasées sous de petites étoiles d'or.
Plongeant ses racines au coeur des complexités de l'homme, de son rapport aux autres hommes et à la nature indomptable charriant et mêlant aussi bien la vie que la mort avec une étonnante fraîcheur, ce roman est l'un de mes préférés de la littérature française contemporaine, que je lis et relis à chaque fois avec un même bonheur!
De l'œuvre de Giono - écrit Henry Miller - quiconque possède une dose suffisante de vitalité et de sensibilité reconnaît tout de suite le chant du monde. Pour moi, ce chant dont il nous donne avec chaque nouveau livre des variations sans fin, est bien plus précieux, plus émouvant, plus poétique, que le cantique des cantiques...
05:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
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