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14/07/2010

Le poème de la semaine

Jean Cocteau


Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,

La nuit, contre mon cou ;

Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,

Nous endormir beaucoup.


Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!

Est-il une autre peur?

Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille

Ton haleine et ton coeur.


Quoi, ce timide oiseau replié par le songe

Déserterait son nid !

Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge

Par quatre pieds fini.


Puisse durer toujours une si grande joie

Qui cesse le matin,

Et dont l'ange chargé de construire ma voie

Allège mon destin.


Léger, je suis léger sous cette tête lourde

Qui semble de mon bloc,

Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,

Malgré le chant du coq.


Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,

Où règne une autre loi,

Plongeant dans le sommeil des racines profondes,

Loin de moi, près de moi.


Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,

Par ta bouche qui dort

Entendre de tes seins la délicate forge

Souffler jusqu'à ma mort.

 


Quelques traces de craie dans le ciel,

Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

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