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29/04/2012

Luc Ferry

littérature; philosophie; essai; livresLuc Ferry, L'anticonformiste - Une autobiographie intellectuelle (Denoël, 2012)

A lui seul, ce titre de Luc Ferry - des entretiens avec Alexandra Laignel-Lavastine - résume bien les sentiments ambivalents que l'on peut éprouver envers sa personne: mélange de respect et d'agacement, de curiosité et de sympathie, d'estime et de réserve. Anticonformiste, il l'est indiscutablement par son parcours atypique: les réminescences de son parcours personnel sont particulièrement chaleureuses et attachantes, à la campagne au sein d'une famille aimante ni brillante ou riche, un père résistant qui lui transmet des convictions - dont celle du gaullisme - et une filière dans ses études qui démarre de façon peu conventionnelle avec des cours par correspondance. Anticonformiste, il l'est aussi par son orientation politique plutôt ancrée à droite dans un milieu qui l'est peu. Il ne cache pourtant pas ses amitiés pour des penseurs de gauche, tels Cornelius Castoriadis ou André Comte-Sponville. Un esprit libertaire, impregné de spiritualité laïque et passionné par les bouleversements possibles du monde, pourrait-on dire. Anticonformiste, il l'est beaucoup moins dans son action gouvernementale au ministère de l'Education nationale qu'il quitte sans regrets ni remords, dit-il - on peine à le croire tout à fait - avec l'épreuve d'idées novatrices confrontées au choc des organisations, des hommes, du réel. Anticonformiste, il ne l'est plus du tout dans son personnage de playboy séducteur s'épanchant sur les plateaux de télévision, cédant aus sirènes de la peoplelisation où il distille ses impressions sur les grandes causes autant que sur d'autres agitations médiatiques dont on se passerait bien! Dommage...

Sincère - sans aucun doute - il ne faut cependant pas se laisser pièger par son sourire ou son verbe un brin cajoleurs, car derrière cette apparence se cachent souvent des jugements impitoyables: sur Stéphane Hessel par exemple, sur les réseaux sociaux, sur la politique française dont il a peut-être oublié qu'entre dire et faire, il y a tout un monde de concrétisations difficiles dont il a pourtant fait l'amère expérience. Un peu de retenue et de mémoire ne nuirait à personne, Monsieur Ferry!

Reste, au fil de ces pages, un profond humanisme, une passion pour le progrès, une force de conviction qui nous interpelle sur tous les sujets. Là est l'important. Tout le reste n'est qu'une histoire d'affinités philosophiques, culturelles ou politiques...