21/06/2013
Morceaux choisis - Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire
Me voici devant tous un homme plein de sensConnaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut connaîtreAyant éprouvé les douleurs et les joies de l'amourAyant su quelquefois imposer ses idéesConnaissant plusieurs langagesAyant pas mal voyagéAyant vu la guerre dans l'Artillerie et l'InfanterieBlessé à la tête trépané sous le chloroformeAyant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutteJe sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seulpourrait des deux savoirEt sans m'inquiéter aujourd'hui de cette querreEntre nous et pour nous mes amisJe juge cette longue querelle de la tradition et de l'inventionDe l'Ordre et de l'Aventure Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de DieuBouche qui est l'ordre mêmeSoyez indulgents quand vous nous comparezA ceux qui furent la perfection de l'ordreNous qui quêtons partout l'aventure Nous ne sommes pas vos ennemisNous voulons vous donner de vastes et étranges domainesOù le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillirIl y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vuesMille phantasmes impondérablesAuxquels il faut donner de la réalitéNous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se taitIl y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenirPitié pour nous qui combattons toujours aux frontièresDe l'illimité et de l'avenirPitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés Voici que vient l'été la saison violenteEt ma jeunesse est morte ainsi que le printempsO Soleil c'est le temps de la Raison ardenteEt j'attendsPour la suivre toujours la forme noble et douceQu'elle prend afin que je l'aime seulementElle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimantElle a l'aspect charmantD'une adorable rousse Ses cheveux sont d'or on diraitUn bel éclair qui dureraitOu ces flammes qui se pavanentDans les rose-thé qui se fanent Mais riez riez de moiHommes de partout surtout gens d'iciCar il y a tant de choses que je n'ose vous direTant de choses que vous ne me laisseriez pas direAyez pitié de moiGuillame Apollinaire, La jolie rousse, dans: Calligrammes (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
image: Poule Picote, La rousse (http://perlbal.hi-pi.com)
08:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
C'est le commencement de la fin de cet automne, qui se dépouille...peu à peuLes feuilles rousses sont passées au jaune malade, et ainsi elles jonchent le sol , et nos pas crissent sous tant de feuilles de platanes, de bouleaux et autres. Ainsi les branches se reposeront de leurssi jolies fardeaux, et nous, nous aurons un regard triste vers ce dépuillement...Triste ? oui, mais, que de richesses nous attendent...encore...Laissons la nature s'endormir...le temps de se renouveler...Et C'est l'espoir.
Écrit par : ATTUEL Josette | 02/11/2011
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