Le poème de la semaine (29/08/2012)
René-Guy Cadou
J'ai toujours habité de grandes maisons tristesAppuyées à la nuit comme un haut vaisselier Des gens s'y reposaient au hasard des voyagesEt moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalierHésitant à chercher dans leurs maigres bagagesPeut-être le secret de mon identité Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froideLe doute d'être un hommeJe m'aimaisDans la splendeur imaginée d'un végétalD'essence blonde avec des boucles de soleil Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même Ébruitée doucement par un vol de vanneaux Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême Et c'était toujours les mêmes murs à la chauxLa chambre désolée dans sa coquille vide Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux Mais je m'aimais ah ! je m'aimais comme on élève Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté Et loin de moi je savais bien me retrouverEnsoleillé dans les cordages d'un poème Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
06:29 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
Il est une de mes scandaleuses lacunes en littérature. L'extrait publié, excellent, prouve à quel point j'ai tort.
Écrit par : Jean-Pierre Oberli | 29/08/2012