Morceaux choisis - Kathleen Ferrier 1a (29/03/2012)

Kathleen Ferrier

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Comment apparaît Kathleen Ferrier dans l'imaginaire ce ceux qui l'entendent aujourd'hui, cinquante ans après sa disparition? Sa voix est grave, la chanteuse n'est plus une jeune fille, elle n'en a ni l'aigu, ni la clarté. Même dans les enregistrements de chants folkloriques anglais, elle ne montre pas l'insouciance de la jeunesse.

Elle a commencé à chanter tardivement, cela s'entend dans sa voix dont le timbre grave n'aurait guère convenu à une adolescente. Elle ne prendra des leçons de chant qu'à vingt- sept ans mais décèdera à quarante et un. Quatorze ans d'une carrière que l'on dirait météorique si ce terme ne décrivait assez mal le cheminement tranquille d'une femme qui saura goûter, dans les quelques années de l'après-guerre que le destin lui accordera, les plaisirs les plus immédiats du rire, des réunions amicales, de la gourmandise retrouvée après les privations endurées de la guerre. Elle chante, dans la plénitude d'une féminité qui s'assume jour après jour, avec l'appétit d'une joie de vivre jamais rassasiée. Le fragment sonore d'une "party" à New York dans les années 1950 chez un ami, fait partager 6 minutes 47 de la vie de Kathleen Ferrier, rescapées dans un enregistrement à la volée où se manifestent son humour leste et son goût pour le travestissement des mots tandis qu'elle s'accompagne joyeusement au piano, partageant la bonne humeur de ses compagnons, que le disque restitue. Avec une interview à la BBC pour le festival d'Edimbourg en 1947, quelques mots d'une interview à la radio de Montréal et un fragment de film de sa descente d'avion à son arrivée en Hollande, ce sont les seuls documents audiovisuels qui attestent de la femme Kathleen. Les photos sont nombreuses, et quasiment tous les enregistrements sont disponibles, même les prises qui n'ont pas été utilisées pour les disques mis en vente de son vivant. Son journal et sa correspondance ont été publiés, mais ce qui dit le mieux Kathleen Ferrier, c'est son chant, c'est sa voix.

Boris Terk, A voice is a Person (Allia, 2010)

06:35 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; musique; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |